C’est presque par hasard, au détour d’une promenade sur les îles grecques du Dodécanèse, que le photographe François Halard découvre, perdue au milieu des pins, la cité abandonnée de Campochiaro, rebaptisée Eleousa. Un village fantôme, témoin de la volonté du dictateur Benito Mussolini d’italianiser la région dans les années 1930.

Le Monde | 07.03.2016 à 15h14 |Par Louise Couvelaire

Prétendument attaqué par des terroristes, un enseignant d’une école juive de Marseille aurait tout inventé. Une affabulation qui en rappelle d’autres.

Juillet 2004 : fausse attaque dans le RER D

Marie-Léonie Leblanc, qui avait inventé son agression dans le RER D, en juillet 2004.

Une femme de 23 ans déclare avoir été victime d’une agression antisémite dans le RER D. Des jeunes issus de l’immigration armés de couteaux lui auraient dessiné des croix gammées sur le ventre et tailladé le visage. L’enquête révèle vite qu’il s’agit d’une affabulation. La jeune femme, non juive, a été condamnée à quatre mois de prison avec sursis.

Septembre 2014 : prétendu délit Place de Clichy

L'ex-Femen Amina Sboui, en juillet 2014, à Paris.

En juillet 2014, la militante féministe Amina Sboui, 19 ans, prétend que des salafistes lui ont rasé les sourcils et ont menacé de la violer, place de Clichy, à Paris. Une semaine plus tard, la police l’accuse de « dénonciation d’un délit imaginaire ». L’ex-Femen avouera son mensonge en septembre dans les colonnes de Libération.

Décembre 2014 : mise en scène dans le Val-d’Oise

En décembre 2014, un employé de la compagnie des Courriers d'Ile-de-France a simulé son agression pour obtenir un arrêt de travail.

Un chauffeur d’autobus de 23 ans est condamné à six mois de prison avec sursis pour avoir mis en scène son agression à Goussainville (Val-d’Oise) afin d’obtenir un arrêt de travail. Douze ans plus tôt, à Marseille, un chauffeur déclarait, lui, que deux jeunes avaient tenté de le brûler vif. L’homme voulait être muté dans les quartiers sud de la ville.

Décembre 2015 : fiction à Aubervilliers

Des enquêteurs devant l'école maternelle Jean-Perrin, à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, le 14 décembre 2015.

Un instituteur de 45 ans dit avoir été attaqué au cutter dans sa classe par un homme encagoulé ayant invoqué l’organisation Etat islamique (EI). Quelques heures plus tard, il avoue avoir tout inventé pour attirer l’attention sur les conditions de sécurité dans les écoles. Il a été relaxé mi-février pour vices de procédure. Le parquet de Bobigny a fait appel.

Février 2016 : dénonciation mensongère à Marseille

Tsion Sylvain Saadoun (ici à son domicile à Marseille le 19 novembre 2015 ) affirme avoir été victime d'une agression antisémite.

En novembre 2015, Tsion Sylvain Saadoun, enseignant dans une école juive à Marseille, affirme avoir été blessé au couteau par trois hommes se revendiquant de l’EI dans les quartiers nord de la ville. Trois mois plus tard, l’homme de 55 ans vient d’être déféré devant un magistrat du parquet. Il sera jugé le 13 avril pour « dénonciation mensongère ».

  • Louise Couvelaire

Organisées par des bénévoles, ces réunions ont pour but d’apprendre à tous les bases de la protection des informations que l’on stocke sur nos ordinateurs et smartphones. Reportage à Paris.

Les « cryptoparties » sont nées en 2012 à l'initiative d'une journaliste australienne. Depuis, elles se sont multipliées dans le monde entier.

« Jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour vousprotéger ? », interroge d’emblée l’animateur, Herdir, parmi l’assemblée d’une vingtaine de personnes, ordinateur en cours de démarrage sur les genoux. Assez vite, le trentenaire entre dans le vif du sujet et enchaîne des « mots-sésames » tels que serveur, cookies ou proxy… Bienvenue dans une « cryptoparty ».

Ce soir-là, la réunion a lieu dans un bar du 9e arrondissement de Paris. Après une heure d’échanges, beaucoup de participants repartiront avec la certitude que l’on a « tous quelque chose à cacher sur Internet, ne serait-ce que sa vie privée », comme l’indique sur son site Café vie privée, qui organise ces soirées.

Un public de “non geeks”

Caroline Lebizay, décoratrice d’une quarantaine d’années, découvre, effarée, que sur Facebook, si on clique sur « j’aime » sur la page d’une marque ou d’une entreprise, celles-ci ont aussitôt accès à toutes les données de notre profil. Premier silence dans la salle. « Chacun a sa place dans une cryptoparty, explique Herdir, un pseudonyme utilisé par ce responsable informatique afin d’isoler sa vie professionnelle de ces soirées. Il n’y a pas d’un côté les « sachants » et les « apprenants », mais plutôt l’envie de mieux faireconnaître la surveillance dont les gens font l’objet sans même s’en douter. » Et le désir d’apprendre à s’en protéger. Le public n’a pas un profil de geeks, à l’exception de deux ados venus avec leur père. La plupart sont là grâce au bouche-à-oreille.

Les cryptoparties sont nées en 2012 à l’initiative d’Asher Wolf. Cette journaliste australienne, néophyte en informatique, était très préoccupée par le vote dans son pays d’un nouvel amendement sur la cybercriminalité. Son idée va vite se répandre : des soirées s’improvisent aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou en Allemagne. A Paris, elles sont de plus en plus fréquentes, ravivées par l’actualité, qu’il s’agisse du bras de fer entre Apple et le FBI ou du vote de la loi française sur le renseignement.

Lors des « cryptoparties », on apprend les actions basiques qui permettront de sauvegarder et de sécuriser ses données.

A l’initiative de la soirée dans le 9e, Stéphanie Giraud, fondatrice de l’agence musicale Bonus Track, confirme : « J’avais assisté par curiosité à une première cryptoparty en novembre et cela m’a convaincue de sensibiliser les gens autour de moi. » Longtemps taxés de paranoïa, Herdir et ses « amis » ont vu leur discours reconsidéré à la suite des révélations du lanceur d’alerte américain Edward Snowden. « Nous ne sommes pas des hackeurs, mais un mouvement citoyen constitué de bénévoles. Nos soirées sont gratuites », insiste Herdir, le logo du Datalove tatoué sur la peau.

Ce symbole renvoie aux principes fondateurs de l’Internet libertaire : « Les données ne peuvent être possédées. Aucun homme, machine ou système ne doit interrompre le flux d’informations. » Le mouvement critique les G.A.F.A.M. (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), venus mettre à mal cet idéal en tentant de s’approprier le Net. Il n’est d’ailleurs pas sans ironie de voir aujourd’hui Apple se montrer si sourcilleux sur l’accès aux données de ses clients.

Au bout d’une heure d’évangélisation, la plupart des participants ont davantage pris des notes que « nettoyé » leur ordinateur. Sur leurs carnets, on retrouve les premiers gestes de la cryptographie : changer régulièrement son mot de passe, préférer des phrases à des dates de naissances facilement identifiables, vider son historique de navigation, occulter sa Webcam avec du scotch quand on ne s’en sert pas ou encore préférer les navigateurs Firefox ou Tor, plus libres et anonymes. Combien s’y mettront réellement une fois rentrés chez eux ?