Ta-Iset, une momie égyptienne retrouvée en 2000, rejoint le Musée d’histoire locale de la ville des Hauts-de-Seine.

Samedi 21 mai, à l’occasion de la nuit des musées, les 1 600 soldats de plomb napoléoniens du modeste Musée d’histoire locale de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) accueilleront une nouvelle pièce prestigieuse : une authentique momie égyptienne. Les visiteurs pourront faire sa connaissance au rythme de jeux-enquêtes autour des amulettes, des hiéroglyphes et de l’archéologie du pillage. Trois thématiques qui collent parfaitement à l’histoire mystérieuse de Ta-Iset (« celle d’Isis »), retrouvée, en juin 2000, dans les poubelles de Rueil-Malmaison, une commune aisée de l’Ouest parisien.

Origine, cause du décès, précédent propriétaire : seize ans après sa découverte, Ta-Iset est loin d’avoir livré tous ses secrets.

Quand il l’aperçoit, Joël Gaudichon, qui travaille aux encombrants, est formel : la boîte en bois sculpté, déposée parmi un tas de rebuts près de la caserne Guynemer, ne peut être qu’un cercueil. Avant de rejoindre ce service de la Ville, il était affecté au cimetière, il a donc reconnu du premier coup d’œil la forme si caractéristique déposée furtivement par une femme d’une trentaine d’années, la coupe au carré… L’objet est long d’un mètre de méchant bois de sycomore et tamaris. Des essences typiques de l’Egypte, comme il l’apprendra plus tard de la bouche de spécialistes. L’équipe prévient alors le musée de la ville.

« Nous avons lancé un appel pour découvrir l’identité de ses derniers propriétaires, mais personne ne s’est manifesté. »Olivier de la Serre, adjoint au maire de Rueil-Malmaison

Après un passage dans un cabinet vétérinaire pour quelques radiographies, le sarcophage se voit confié à des égyptologues. Les universitaires affirment aujourd’hui qu’il s’agit de la momie d’une petite fille âgée d’environ 5 ans, issue de la classe moyenne de l’époque ptolémaïque (entre 320 et 30 avant notre ère).

Cependant, après seize ans d’analyses et de restauration, de nombreuses questions demeurent. « Par exemple, le cartonnage orné de motifs a disparu au niveau du visage. Ce pourrait typiquement être l’œuvre de pillards qui arrachaient pour les revendre les plus beaux morceaux des momies. Cependant, en observant les dislocations au niveau du cou, je pense finalement que cette momie a été stockée dans une cave et détrempée par des infiltrations d’eau qui ont détruit cette partie », avance Cédric Magniez, égyptologue qui a longuement travaillé sur l’installation de Ta-Iset dans le musée.

Installation de la momie Ta-Iset au Musée d’histoire locale de Rueil-Malmaison, le 16 mai 2016.

Il s’interroge aussi sur la cause de son décès. « L’enquête a démontré que le squelette est complet, que la fillette n’a pas subi d’accident ou de chute. Elle serait donc morte de maladie, mais rien n’est sûr. De même, nous n’avons que peu d’indices sur sa région d’origine. »

Autre question en suspens : comment cette momie s’est-elle retrouvée à Rueil-Malmaison ? « Nous avons lancé un appel pour découvrir l’identité de ses derniers propriétaires, mais personne ne s’est manifesté. On ne sait donc pas à qui elle appartenait », déplore Olivier de la Serre, adjoint à la culture de la mairie de Rueil-Malmaison.

La personne aperçue par Joël Gaudichon n’a jamais été identifiée. Si la momie se trouvait chez des particuliers qui ont cherché à s’en débarrasser discrètement, la question de ses origines se pose naturellement. A-t-elle été rapportée d’une campagne d’Egypte par des soldats de Napoléon ?

Rien ne permet de l’affirmer avec certitude, mais cela n’aurait rien d’étonnant dans une ville où vécurent l’Empereur et sa cour de généraux et d’officiers. A la momie, désormais, de lancer de toute sa hauteur aux soldats de plomb qui l’entourent : « Vingt siècles d’histoire vous contemplent… »

La momie fait peau neuve, un reportage du « Parisien » :

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