[Chronique] Les spécialistes s’interrogent sur le style de jeu des Bleus. Mais, niveau style, la vraie question est ailleurs. Croyez-nous.

1991 : le « v » de victoire

En 1991.

Didier Deschamps n’a que 23 ans mais c’est déjà un fin tacticien. Prêté par Marseille à Bordeaux, il sait qu’il doit prouver sa loyauté à ses nouveaux supporteurs. Le voilà donc qui parade dans un pull-over orné d’un imposant scapulaire, semblable à celui qui barre historiquement le maillot des Girondins de Bordeaux. De toute évidence, le jeune Didier a déjà compris que le style importe peu : seul le résultat compte.

2003 : taille patron

Avec Pavel Neved de la Juventus de Turin, à Monaco, le 28 août 2003.

Vingt-deux ans plus tard, confirmation : le style, Didier s’en moque. Devenu entraîneur, il pose ici à côté de la star tchèque Pavel Nedved, vêtu d’un costume si ample qu’il

rappelle les zoot suits portés par les swingueurs américains des années 1930. Est-ce une

tactique destinée à montrer que le costume d’entraîneur n’est pas trop grand pour lui ? Sans doute. D’ailleurs, à la tête de l’AS Monaco, Didier remportera cette année-là son premier trophée – une Coupe de la Ligue.

2004 : une autre paire de manches

Avec Patrice Evra lors du match Monaco contre Porto en finale de la Ligue des champions, le 26 mai 2004.

Une Coupe de la Ligue, et puis l’exploit : avec les joueurs monégasques, Didier atteint la finale de Ligue des champions. Mais la marche est trop haute. Battus 3-0 par le FC Porto du très élégant José Mourinho, les joueurs de la Principauté pleurent et Didier montre ses limites : à en juger par la manche gauche de son manteau en cuir, il n’a pas le bras assez long pour soulever le trophée convoité.

2008 : blues jean

En 2008.

Quatre ans plus tard, « la Desch » est à l’arrêt. A la recherche d’un nouveau club, il profite de son temps libre pour s’occuper, enfin, de son style. En l’occurrence, il porte ce que les Américains appellent avec beaucoup de dédain un « smoking canadien », à savoir un jean et une veste en jean. Résultat ? Vite, qu’il retrouve un club !

2016 : grisé par les bleus

Dans les  locaux du « Parisien » à Saint-Ouen, le 22 février 2016.

Mieux qu’un club, il a fini par trouver une sélection. A 47 ans, Didier Deschamps s’apprête à disputer l’Euro à la tête des Bleus, et on le sent prêt, jusque dans les moindres détails : son costume brillant (c’est le problème avec le mohair) est même assorti à ses cheveux brillants (c’est le problème avec la laque de mauvaise qualité). L’un dans l’autre, on a hâte de voir le résultat. Puisqu’il n’y a que ça qui compte.

Le chef étoilé Daniel Patterson inaugure un nouvel établissement de qualité dans un quartier pauvre de San Francisco, où les produits frais sont rares.

Locol a recruté des jeunes exclus du système scolaire, d’anciens détenus, des employés de fast-food qui en avaient assez de se sentir exploités

Les gourmets de San Francisco l’ont connu à la tête du restaurant Coi, où il a introduit la cuisine moléculaire. Ce 25 mai, à Oakland, Daniel Patterson, lauréat de deux étoiles

au Michelin, inaugure un établissement d’un tout autre genre : Locol, un fast-food, où rien à la carte ne dépasse 7 dollars (6,28 euros). Vêtu d’un tee-shirt blanc et d’un tablier noir – les couleurs de Locol – le chef prépare lui-même les burgers rebaptisés « burgs », constitués de 70 % de bœuf et 30 % de graines et de tofu. Pas de frites au menu, ni de boissons sucrées, mais un lit de raifort aux oignons verts dans les sandwiches. Tout est sain et se veut savoureux. Pionnier de la haute cuisine californienne, Daniel Patterson entend démocratiser la gastronomie. Apporter la qualité dans les quartiers défavorisés, ces « déserts culinaires » où les produits frais sont rares. Le premier Locol a ouvert en janvier à Watts, le quartier de Los Angeles dont le nom reste associé aux émeutes raciales de 1965 et 1992. Il emploie aujourd’hui 50 personnes.

Une collaboration de chefs célèbres

Après Oakland, la chaîne compte s’implanter dans le quartier de Tenderloin, le fief des sans-abri de San Francisco. A terme, Daniel Patterson rêve de repas économiques de qualité dans les hôpitaux publics, les prisons, les écoles… Locol est un nom qui joue sur loco, fou en espagnol, et local, comme les produits utilisés en cuisine, tous achetés auprès de producteurs qui ont accepté de rogner leurs marges.

Daniel Patterson s’est associé à Roy Choi, le cuisinier de Los Angeles qui a fait fortune dans les food trucks et fait entrer le taco coréen dans les guides gastronomiques. Chad Robertson, de Tartine Bakery, le Poilâne de San Francisco, a apporté sa spécialité de pain au koji (riz fermenté) pour le burger. René Redzepi, le fondateur de Noma, le grand restaurant de Copenhague, soutient le projet.

Une collecte sur le site de financement participatif Indiegogo a rapporté 130 000 dollars, avec l’aide du réalisateur Jon Favreau et de l’actrice Gwyneth Paltrow. Le restaurant d’Oakland est meublé de cubes et de tables en bois. Au mur, un poster géant, en noir et blanc, représente un jeune accoudé sur son scraper bike, ce vélo aux rayons décorés qui fait fureur dans les quartiers.

Locol a recruté des jeunes exclus du système scolaire, d’anciens détenus, des employés de fast-food qui en avaient assez de se sentir exploités. « Ma mère cumulait trois jobs, elle n’avait jamais le temps de cuisiner, explique Bam, le responsable du recrutement. On a grandi avec des trucs à réchauffer au micro-ondes, des pizzas. » L’objectif de Locol n’est rien moins que « redéfinir le fast-food ».

En rejoignant, le 19 mai, le groupe socialiste à l’Assemblée nationale, l’ex-député EELV a choisi la voie du pouvoir.

Portrait de François de Rugy, à Blois, le 26 août 2015.

Nantais pur jus

Né à Nantes en 1973, ­François de Rugy a construit sa carrière politique dans la Cité des ducs. En 1995, à peine diplômé de Sciences Po Paris, il fonde et préside l’association Ecologie 44 puis se présente, en 1997, à ses premières législatives en Loire-Atlantique. Perdant, mais revanchard, il est élu conseiller municipal de Nantes et vice-président de la communauté urbaine en 2001. Depuis 2007, il est député de la Première circonscription de Loire-Atlantique, regroupant Nantes et la ville voisine d’Orvault.

Jeune loup pressé

« C’est un ambitieux », dit de lui son ami Jean-Vincent Placé. Président d’un mouvement écologiste à 22 ans, conseiller municipal à 27, député à 33, « FDR » est un animal politique précoce. En 2012, à 38 ans, il prend la présidence du groupe EELV à l’Assemblée nationale, qu’il dirigera en tandem avec Barbara Pompili. Il rêve alors d’un portefeuille ministériel et le fait savoir à Jean-Marc Ayrault, qui ne ­l’appellera jamais. La démission de Denis Baupin, soupçonné de harcèlement sexuel, lui permet, le 17 mai, de prendre l’une des six places de vice-­président de l’Assemblée.

Anti-Notre-Dame-des-Landes

Longtemps adjoint chargé des transports d’Ayrault à Nantes, dont il vante les qualités d’écoute et les méthodes de gouvernance, François de Rugy s’est ­pourtant écharpé avec ­l’ex-premier ministre sur un sujet : l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Contre ­le projet, il accuse l’Etat de passer en force et de ne pas privilégier l’extension de l’actuel aéroport de Nantes. L’une des rares prises de position du dirigeant écolo contre le gouvernement socialiste.

Socialiste de fraîche date

François de Rugy a souvent flirté avec le Parti socialiste. En 2007, celui qui se décrit comme « un mitterrandiste » gagne sa circonscription grâce à une alliance avec le PS, à rebours des consignes internes des Verts. Son virage vers le rose se confirme aujourd’hui : après avoir quitté EELV en août 2015, il rejoint le 19 mai dernier le groupe socialiste à l’Assemblée nationale avec cinq autres députés verts, provoquant la dissolution du groupe. Prochaine étape : la primaire du Parti socialiste. Ambitieux, vous dit-on.

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