Lions, léopards, éléphants, tigres, gorilles, rhinocéros, ours polaires : le statut d’icône conféré à ces grands mammifères semble leur porter davantage préjudice que chance. Paradoxalement, la fascination que nous inspirent ces majestueux animaux nous mène non pas à assurer leur sauvegarde, mais à les capturer, les chasser, les commercialiser.

Traquées par millions afin d’alimenter le commerce international des trophées, des peaux et d’autres parties de leur corps qui serviront à fabriquer des médicaments ou seront utilisées comme objets de décoration, ces créatures sont également convoitées pour remplir les zoos et les cages de cirques. Victimes de leur succès, la plupart des animaux emblématiques de notre civilisation sont aujourd’hui menacés par la cupidité et l’anthropocentrisme de notre propre espèce.

Folie humaine

La chasse aux trophées, qui consiste à tuer une bête afin d’exposer tout ou partie de sa dépouille, est un exemple frappant de cette folie humaine. Toujours avides d’embellir leur collection, les tueurs d’animaux sauvages favorisent des espèces rares et imposantes. Parmi elles : le zèbre de Hartmann, le léopard, l’ours – brun et noir –, le babouin chacma, l’hippopotame, le crocodile du Nil, le guépard… et le lion, roi de l’Afrique sauvage.

Cette forme particulière de chasse a été mise en lumière il y a un an par la traque illégale du lion Cecil, icône du parc national Hwange, au Zimbabwe. En juillet 2015, ce félin âgé de 13 ans fut abattu par un dentiste Américain qui l’avait attiré à l’extérieur de son habitat, puis pisté pendant quarante heures, avant de le tuer et de le décapiter. L’indignation, alimentée par la presse et les réseaux sociaux, fut mondiale – sans que le tueur soit pour autant inquiété par la justice du Zimbabwe, puisqu’il avait obtenu l’autorisation nécessaire.

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Le lion d’Afrique risque ainsi de n’être bientôt plus qu’un mythe. Alors qu’on en comptait près de 200 000 il y a un siècle, seuls 20 000 sont recensés aujourd’hui. Sa population poursuit sa baisse : elle a diminué de 62 % entre 1993 et 2014 dans la plupart de ses zones de répartition, et n’occupe plus désormais que 8 % de son aire historique.

Réguler un commerce effréné

Menacé par les massacres commis par les populations locales, par le commerce des peaux, des os et autres parties de l’animal (pattes, griffes, crânes, queues, canines) qui appro­visionnent le marché de la médecine traditionnelle, le lion est aussi touché par le rétrécissement de son habitat et la raréfaction de ses proies. L’espèce est classée dans la catégorie « vulnérable » du ­dernier ­rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), paru en 2015.

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La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites), dont la prochaine grande réunion se tiendra fin septembre à Johannesburg (Afrique du Sud), a pour objectif de réguler le commerce effréné des animaux sauvages. Elle vise à éliminer le trafic et à garantir que le commerce légal des spécimens ne menace pas la survie des espèces. Mais il semble également nécessaire de revoir la relation que l’on entretient avec ces habitants de notre planète si nous ne voulons pas qu’ils fassent bientôt partie de la liste des espèces disparues. Plutôt que les considérer comme des sources de divertissement et de profits, il s’agit maintenant, plus que jamais, d’apprendre à cohabiter avec eux.

Manon Dené

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