Crédité de plus de 10 % dans les sondages, le candidat libertarien à la Maison Blanche pourrait bien gêner la course du magnat de l’immobilier.

Pour  participer aux débats présidentiels de l’automne, il faut obtenir 15 % dans cinq sondages nationaux, et Gary Johnson n’en est pas loin…

Homme de l’Ouest

Fils d’une employée du bureau des affaires indiennes et d’un enseignant, Gary Earl Johnson, 63 ans, a passé l’essentiel de sa vie dans l’Ouest. Individualiste, fan des grands espaces, pas franchement beau parleur. Tout le contraire de Donald Trump à qui il est en train de tailler des croupières dans l’Utah, l’Arizona et le Nevada. Si ces fiefs républicains traditionnels tombent dans l’escarcelle d’Hillary Clinton, ce sera grâce à lui. Un mur à la frontière du Mexique ?« De la folie. A l’heure qu’il est, Donald Trump doit être en train de regarder les Jeux olympiques pour voir à quelle hauteur sautent les perchistes mexicains. »

Gary Johnson à propos de Donald Trump, sur le plateau de CNN, en mai 2016 :

Gouverneur veto

Après des études de sciences politiques, il a fondé une compagnie de construction, Big J. Enterprises, dont il a fait l’une des plus importantes du Nouveau-Mexique, avec 1 000 salariés. Il en a tiré l’essentiel de sa philosophie : l’important, c’est le « ratio coût-bénéfices ». Elu gouverneur du Nouveau-Mexique en 1994 en tant que républicain, il a mis son veto à 750 projets de loi, procédé à 14 baisses d’impôts et licencié 1 200 fonctionnaires. Confortablement réélu en 1998, il a laissé son Etat avec un excédent d’un milliard de dollars.

Candidat libertarien

En 2012, il a quitté les républicains pour se porter candidat à la présidentielle sous l’étiquette du parti libertarien. Résultat : 0,99 % des voix. En 2016, profitant de l’impopularité record de Trump et de Clinton, il se voit créditer de 10 à 14 % des intentions de vote. Et de 23 % chez les moins de 30 ans. Johnson veut éliminer la Fed (la Réserve fédérale), supprimer le ministère de l’éducation, ratiboiser le budget militaire de 43 %… « Le gouvernement n’a pas à se mêler de mon portefeuille ni de ma chambre à coucher. »

Lire aussi : Etats-Unis : derrière Clinton et Trump, deux petits candidats en embuscade (édition abonnés)

Sportif de l’extrême

Gary a couru trois fois le championnat de triathlon, dit Ironman, à Hawaï. Une course de surhommes : 3,9 km à la nage ; 180 km à vélo, terminés par un marathon. Il a gravi les plus hauts sommets de la planète. Dont l’Everest, conquis en mai 2003 (au prix de quelques orteils gelés).

Fumeur de joints

Depuis 1999, il plaide pour la légalisation de la marijuana. PDG de la compagnie de culture de marijuana Cannabis Sativa, il a démissionné quand il a annoncé sa candidature et cessé de consommer (sauf « quelques Cheeba Chews », les chewing-gums au cannabis) il y a trois mois. Après Donald Trump et Bernie Sanders, les médias sont ravis d’avoir trouvé un nouveau candidat atypique. Son objectif est de participer aux débats présidentiels de l’automne (il faut pour cela obtenir 15 % dans cinq sondages nationaux). Slogan : « Make America sane again ». Une parodie de celui de Trump. Plutôt que la « grandeur », c’est la « salubrité d’esprit » que Gary Johnson veut rendre à l’Amérique.

Sur le compte Twitter du Parti libertarien, le slogan anti-Trump : « Make America Sane Again » :

Make America Sane Again with Gary Johnson https://t.co/ybTefXwh8R#Election2016#tlot@GovGaryJohnson

— Libertarian Party (@LPNational) 28 juin 2016

Le programme de Gary Johnson se résume en quelques mots : « Je suis fiscalement conservateur et socialement libéral. »
Gary Johnson, 63 ans, a remporté l’investiture au deuxième tour de scrutin face à Austin Petersen, le fondateur du magazine « The Libertarian Republic » et de John McAfee, le fondateur de la société de logiciels antivirus qui porte son nom.
« Elu, je réduirais le nombre de nos interventions militaires qui ont eu pour effet collatéral de rendre le monde moins sûr pour nous », a-t-il encore dit.
Austin Petersen, le fondateur du magazine « The Libertarian Republic », était aussi candidat face à Gary Johnson.
Vermin Supreme, un artiste et militant anarchiste qui se présente généralement coiffé d’une botte, et parfois équipé d’une brosse à dent, était aussi présent. En 2012, figurait dans son programme la promesse d’obliger la population à se brosser les dents.
Gary Johnson aimerait récupérer les déçus du Parti républicain et les déçus du Parti démocrate.
Le candidat libertarien table sur le désamour des électeurs pour les politiciens « classiques » pour attirer des voix. Des sondages le créditent de 10 % des voix.
Cette année, M. Johnson compte sur le possible chaos causé par la victoire de Donald Trump aux primaires républicaines et les problèmes d’image de Hillary Clinton pour dépasser son score d’il y a quatre ans, à peine 1 % des voix.
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Le programme de Gary Johnson se résume en quelques mots : « Je suis fiscalement conservateur et socialement libéral. »

KEVIN KOLCZYNSKI / REUTERS

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Convaincues que la cuisine est un moteur d’insertion, dix jeunes femmes ont garé leur camion-restaurant au camp de La Linière à Grande-Synthe. Au menu, des repas servis aux réfugiés et des cours de cuisine.

Les cuisinières du projet solidaire Le Recho prévoient de rester à La Linière jusqu’en septembre.

Si dans la « jungle » de Calais les échoppes illicites sont la cible de batailles judiciaires à répétition, le camp de La Linière à Grande-Synthe, dans le Nord, compte lui plusieurs structures de restauration bénévoles solides. Et cette semaine, avec le soutien des associations déjà sur place, c’est un camion restaurant – le premier aux normes humanitaires – qui vient de débouler, avec à son volant et ses fourneaux dix jeunes femmes radieuses et survoltées.

« Nous voulons ramener un peu de plaisir là où il n’est plus question que de survie. » Vanessa Krycève, initiatrice du projet

Le Recho (acronyme de « Refuge, Chaleur, Optimisme ») est une initiative solidaire qui, à l’heure de la crise migratoire, met du baume au cœur. Composée de cuisinières mais aussi de comédiennes et de communicantes passionnées de gastronomie, l’énergique petite clique a imaginé ce food truck pour « nourrir, créer du lien et favoriser l’insertion des réfugiés à travers des repas et des ateliers de cuisine ». « Nous voulons ramener un peu de plaisir là où il n’est plus question que de survie, explique Vanessa Krycève, l’initiatrice de ce projet novateur qui a vu le jour au printemps. La cuisine est un vecteur de lien social fort, tourné vers la vie et la communauté. C’est aussi un moteur d’insertion, puisque la restauration en France représente plus de 200 000 emplois, dont 34 000 à pourvoir en cuisine : autant de chances pour ces réfugiés de se construire un avenir ici. »

Nourrir, rassembler, former, leur ambition est vaste. La fine escouade envisage, dans les mois à venir, de circuler de la France à la Grèce, en passant par des camps en Belgique ou en Allemagne, en utilisant la popote comme outil et langue universelle. Après avoir réussi leur campagne de financement participatif (32 500 euros levés sur KissKissBankBank en juin et juillet), les voilà lancées.

« Ces filles m’ont ému par leur courage et leur sincérité, commente le chef Akrame Benallal qui a souhaité s’associer à cette entreprise. Elles n’ont aucun agenda politique ou commercial, elles font juste ça pour faire du bien. Et la cuisine, c’est l’un des meilleurs moyens pour oublier ses soucis, échanger des émotions, partager du bonheur. »

100 à 200 déjeuners par jour

Jusqu’à début septembre, le Recho fera donc la tambouille à La Linière, à raison de 100 à 200 déjeuners par jour. Légumes, céréales, graines, les chefs veulent une assiette « gourmande, vivante, variée, nutritive, végétarienne parce que c’est plus consensuel mais aussi plus éthique, moins cher et plus facile à stocker ».

Pour la chef Vanessa Krycève (de face),  les cours de cuisine peuvent aider les réfugiés à se reconstruire un avenir.

L’après-midi, la troupe animera des « ateliers de cuisines croisées » de 20 à 25 personnes, où les cultures et les origines se rencontreront et se mélangeront. L’objectif est de produire 400 repas du soir, autour de recettes kurdes, afghanes ou syriennes, selon les nationalités des participants. Le Recho a aussi sollicité l’aide des Incroyables Comestibles et du mouvement Colibris pour créer, sur le site, un jardin potager communautaire.

Vanessa Krycève et ses acolytes sont convaincues que, loin d’être superflue, la gastronomie est une nécessité pour réparer et redonner de la dignité aux individus qui ont tout perdu : « Quand tu pars en exil, que tu laisses derrière toi toute ta vie, qu’est-ce qu’il te reste ? Des souvenirs, des mémoires de goût, des recettes. Pour ces gens-là, la cuisine est peut-être le dernier refuge, mais aussi un tremplin vers le futur. »

Pour sa série « Concrete Cowboys », qu’on pourrait traduire par Macadam cowboys, ce photojournaliste installé à Philadelphie, en Pennsylvanie, a suivi la vie d’une petite écurie du quartier défavorisé de Southwest Philly. Son propriétaire Malik Divers, lui-même issu du quartier, recrute des jeunes en difficulté. Son pari : que les chevaux les aident à régler leurs problèmes et à trouver calme et sérénité. Plus qu’une occupation, une thérapie qui leur enseigne aussi éthique et sens des responsabilités.

Le travail de Charles Mostoller est publié par les plus grands journaux américains, du National Geographic au New York Times en passant par The Wall Street Journal. Le photographe s’intéresse particulièrement aux questions d’immigration et à l’Amérique latine.

Le 8 août 2016, dans une exceptionnelle allocution télévisée, le très populaire empereur du Japon Akihito a ouvert la voie à son abdication. D’autres, avant lui, ont cédé leur place, de gré ou de force.

L’empereur du Japon Akihito.

Août 2016 : la déclaration d’Akihito

Sur le trône depuis vingt-sept ans, le souverain japonais a, ces dernières années, surmonté une grippe, un pontage coronarien, une pneumonie et une tumeur à la prostate. Le 8 août, sans utiliser le mot « abdication » – la loi ne le permet pas encore –, Akihito, 82 ans, a annoncé à la télévision ne plus pouvoir assumer longtemps les devoirs liés à sa charge. Son fils Naruhito devrait donc lui succéder avant sa mort.

Juan Carlos Ier avec son fils Felipe et sa petite-fille la princesse Leonor, au palais de La Zarzuela à Madrid, le 2 juin 2014.

Juin 2014 : la partie de chasse de Juan Carlos Ier

A vouloir traquer l’éléphant du Botswana aux frais des contribuables étranglés par une lourde politique d’austérité, le roi d’Espagne Juan Carlos en vient à trébucher… et à chuter. Ebranlé à nouveau par l’affaire Nóos, qui révèle le détournement par la famille royale de 6,5 millions d’euros de fonds publics, il est contraint d’abdiquer à l’âge de 76 ans en faveur de son fils, le prince Felipe.

Albert II de Belgique.

Juillet 2013 : le flambeau d’Albert II

Au royaume des Belges, abdiquer est une affaire de famille. Critiqué pour son rôle trouble pendant la seconde guerre mondiale, Leopold III fut contraint, en 1951, de céder le pouvoir à son fils Baudouin. Puis, fatigué par ses vingt ans de règne, Albert II, décide à son tour « de passer le flambeau à la nouvelle génération ». La presse salue un règne « fort, courageux, chaleureux ».

L’émir du Qatar Hamad Ben Khalifa al-Thani, à Doha en mai 2013.

Juin 2013 : le devoir accompli de l’émir du Qatar

Il avait renversé son père pour accéder au pouvoir. Hamad Ben Khalifa Al-Thani, émir du Qatar depuis 1995, qui a modernisé son pays et créé la chaîne d’information Al-Jazira, jouissait d’une popularité inébranlable. En 2011, le « printemps arabe » ne l’a pas même effleuré. Deux ans plus tard, il se retire du pouvoir au profit de son fils, Tamim Ben Hamad.

Il conserve le titre d’« émir-père ».

Le roi Norodom Sihanouk et son fils Norodom Sihamoni, à Phnom Penh, le 20 octobre 2004.

Octobre 2004 : la retraite du roi du Cambodge

Couronné en 1941, Norodom Sihanouk a abdiqué plusieurs fois. D’abord en 1955, au profit de son père, afin d’intégrer le gouvernement. Destitué en 1970 par un régime proaméricain, il revient soutenir son pays en guerre. Libéré des Khmers rouges après quatre ans de captivité, l’« incoulable » remonte en 1993 sur le trône pour abdiquer pour de bon en 2004 au profit de son fils.

Rencontre avec Alé de Basseville, qui a vendu au « New York Post » d’anciens clichés nus de la femme du candidat républicain à la Maison Blanche.

Les clichés scandaleux du photographe français Alé de Basseville, publiés les 31 juillet et 1er août 2016 par le « New York Post ».

On ne pouvait pas le rater, ce 2 août, pic du creux de l’été, à cette terrasse parisienne peuplée de touristes. Bague à chaque doigt, cuissardes en cuir et catogan délavé, le photographe qui venait peut-être de fairebasculer la campagne présidentielle américaine était attablé là, au cœur du 6e arrondissement de Paris. Exceptionnellement dépourvu de kilt (le mois d’août, sans doute), Jarl Alexandre Alé de Basseville (dit Alé de Basseville) venait d’atterrir d’Albanie, où il réalisait un shooting photo pour un magazine des Balkans. Et d’atterrir tout court : la veille et le jour précédent, la publication de ses photos avait provoqué un séisme politico-people international. Pendant quarante-huit heures, son téléphone n’a cessé de sonner. SMS, appels, e-mails disaient : « Bravo », « Merci », « Félicitations », « Formidable »…

Les photos de Melania Trump nue, publiées deux jours d’affilée dans le New York Post, c’est lui. Les sous-titres ironiquement ravageurs jouaient leur rôle de cerise sur le gâteau : « Donald Trump pense qu’elle fera une très bonne première dame : voilà des raisons de le croire » ; ou encore : « Une potentielle future première dame comme vous ne l’avez jamais vue. »

Passés entre les filets du « vetting »

« Ça fait un an que l’idée de les publier tournait dans les magazines », confie-t-il. Mais en juillet, le New York Post a emporté la mise. Alé de Basseville jure qu’il n’a pas été payé plus que le minimum syndical, mais pour un « coup » pareil, difficile de croire que le quotidien américain friand de scoops n’a pas fait monter les enchères… Quelques jours plus tôt, le Français Jean-Yves Le Fur, à la tête du magazine Lui, s’était d’ailleurs vu refuser les photos : sa proposition financière n’était pas assez alléchante. « Ça m’a intéressé de les publier dans le New York Post, explique Alé de Basseville, parce qu’ils ont un lectorat très populaire qui ne peut pas connaître mon travail artistique. Surtout, ils sont très conservateurs, j’adorais l’idée », ajoute-t-il en souriant.

Alé de Basseville dans les années 1990, époque où il a photographié Melania Trump. Il évoluait dans le milieu de la mode et était alors marié avec le mannequin Inés Rivero.

Le 15 avril, en effet, le journal officialisait son soutien à Donald Trump. Trois mois

et demi plus tard, il ressort ces clichés plus que suggestifs apparemment passés entre les mailles des filets du vetting, cet examen minutieux réalisé par les équipes des candidats pour nettoyer tout ce qui est susceptible de perturber ou d’entacher la campagne de leur poulain.

Les clichés datent de 1995. A l’époque, Alé de Basseville a 25 ans, Melania aussi. Après avoir fait ses premières armes très jeune dans la peinture, ce Français grandi en Suisse s’est lancé, contre l’avis de sa famille, dans la photo. Il conçoit des séries remarquées pour le magazinePhoto, côtoie le monde de la mode et propose à Marc Dolisi (alors rédacteur en chef de l’édition française de Max) de faire revenir le roman-photo dans ses pages. Les clichés de Melania Trump sont issus d’une de ces séries, publiée dans Max en 1996. A l’époque, il shoote au Pentax 6X7 : de l’argentique, pas de Photoshop et des coûts élevés (film, développement).

« Melania était une inconnue, on l’a choisie sur un échantillon de cent femmes. » Alé de Basseville

La jeune femme qui enlace Melania Trump s’appelle Emma Eriksson. Elle est très connue. « Comme les mannequins Amber Valletta, Kate Moss, Inés Rivero », précise-t-il. Il en sait quelque chose, il a été marié à cette dernière, l’un des tops starisés des années 1990. A contrario, « Melania était une inconnue, on l’a choisie sur un échantillon de cent femmes. Elle allait bien avec Emma, ça faisait un choc culturel entre la Suédoise et la fille de l’Est ».

Pour cette séance de plus de six heures, il soutient que l’actuelle épouse de Trump n’a pas été payée. Quant au caractère lesbien de la photo, « l’idée vient entièrement de moi », précise Alé de Basseville. « Dans ma vie, j’ai eu beaucoup d’expériences avec deux filles, n’hésite-t-il pas à raconter. Et je recrée souvent ma vie personnelle dans mes photos. »

Original passé par la case prison

Le jour de la séance, il faisait – 10 degrés sur le toit de l’immeuble situé derrière Union Square, à New York. Vingt et un ans plus tard, il se souvient de la docilité des deux poseuses, de la maquilleuse qui passait sans cesse pour faire une retouche au pinceau sur les corps nus et de cette photo non publiée où Melania est fouettée par Emma. Toutes deux vêtues en John Galliano et Alexander McQueen.

Vingt et un ans plus tard, il n’est pas surpris non plus que la jeune femme se retrouve dans les magazines par d’autres biais que sa carrière. « Ce n’est pas étonnant. Toutes ces filles venaient de l’Est. Quels choix ont-elles à part se marier avec un type vieux et riche ? », ose cet aristo rebelle qui se dit membre fervent du mouvement punk.

La réaction de Trump évoquant une manipulation de Rupert Murdoch l’a fait sourire : « Je n’en sais rien. Mais là-bas, tous les coups sont permis », constate celui qui a été « résident mais pas citoyen américain » pendant près de quinze ans.

A 46 ans, cet original, passé par la case prison en 2007 pour trafic de drogue et blanchiment d’argent, s’amuse aujourd’hui à « tacler tout le monde ». Retiré de la photo de mode, revenu en France, il se dit aujourd’hui très mal à l’aise avec le fait que les femmes soient utilisées « comme des trophées ». Une déclaration qui ne manque pas d’ironie dans la bouche de celui qui vient d’offrir un scandale de plus au palmarès de Donald Trump.

Lire aussi : Bill Clinton versus Melania Trump

Série « Concerts mythiques » (4/6). Le 6 juin 1987, le rocker rassemble 60 000 personnes à Berlin-Ouest.

David Bowie devant le Mur de Berlin, en 1987.

A quoi pense Bowie, qui déambule déjà dans Berlin ? Il joue le 6 juin. Est arrivé le 3, au lendemain de son concert en Belgique. Rarement les tournées mondiales de pop star laissent autant de jours libres d’affilée entre deux dates. Mais cette fois, il a du temps. Peut-être parce que c’est Berlin. Dix ans plus tôt, il a vécu ici avec Iggy Pop, deux années devenues mythiques, pour lui, pour la musique et pour la ville. Sur le Mur, un discret graffiti proclame : « Berlin Ost. KZ – Berlin West : Bonnie’s Ranch. » (Berlin-Est. Camp de concentration Berlin-Ouest : maison de fous). Tout est dit.

Mais en cette année 1987, on n’entend plus que les gros sabots de l’Histoire, les discours officiels et bipolaires du socialisme en marche et du monde libre. Berlin fête ses 750 ans, c’est la concurrence des célébrations, le face-à-face des modèles. Devant le Reichstag, à l’Ouest, une immense scène est en construction. Concert for Berlin aura lieu les 6, 7 et 8 juin. Le soft power anglo-saxon, que les instances dirigeantes de l’Est appellent avec mépris et appréhension le « yeah yeah yeah », est à l’œuvre. C’est pour ça qu’il est là, Bowie.

La ville des gens fous

Il revient sur ses pas. Il frappe à la porte de son ancien appartement, dans le quartier de Schöneberg, au premier étage du 155 Hauptstrasse. Des jeunes vivent là en communauté. Ils savent qui les a précédés. Quel choc lorsqu’ils ouvrent ! Bowie, en chair et en os, veut revoir les lieux. Il passe ensuite probablement au Neues Ufer, au 157 de la même rue, le premier bar gay à avoir eu pignon sur rue à Berlin. Il y prenait chaque jour son café et payait les réparations quand une bande d’homophobes venait casser la vitrine. Le bar est encore là, vitres aussi intactes que le souvenir qu’il a laissé. Berlin-Ouest est en plein ravalement de façades.

Dix ans plus tôt, la ville laissait encore voir les béances et les impacts des balles de la seconde guerre mondiale. Elle était d’une noirceur fascinante, balafrée d’une dualité unique. Elle était une poche frondeuse, aux libertés et aux folies d’autant plus exacerbées qu’elle était cernée par la dictature. Elle offrait des squats dans des appartements magnifiques, vastes et froids, des clubs qui promettaient des nuits sans fin. Elle vivait loin de Bonn, alors capitale, loin du terrorisme de la Fraction armée rouge. Elle disait autrement sa haine du passé et sa peur de l’avenir. Découpée en zones anglaise, française et américaine.

« Bowie, ici, s’éloignait de son personnage, pouvait aller au supermarché, prendre le métro. Tout le monde savait qui il était, mais on ne le traitait pas en star »

Mark Reeder, Britannique installé à Berlin

Mark Reeder, arrivé de Manchester en 1978 et jamais reparti, raconte « la ville des gens fous. On y croisait de vieilles femmes étranges, des Traumafrauen qui avaient été violées à la fin de la guerre, de jeunes Allemands qui venaient à Berlin parce qu’on y était exemptés du service militaire, des artistes, des gays, des immigrés turcs. Bowie, ici, s’éloignait de son personnage, se laissait pousser la moustache, pouvait aller au supermarché, prendre le métro. Tout le monde savait qui il était, mais on ne le traitait pas en star, tout le monde était artiste. Ici, onvenait chercher qui on était ».

Fil tendu entre deux périodes

Knut Hoffmeister avait 20 ans, l’âge où son père s’engagea dans les rangs nazis. Il venait de Hanovre, conduisait comme tant d’autres un taxi pour financer ses films underground. Chaque soir, il sortait au Dschungel. Il y croisait Bowie, qui passa une nuit avec son ex – « J’étais très fier qu’il passe après » –, mais il préférait rouler des joints avec Iggy. « Un copain fournissait de l’herbe à un soldat américain chargé d’écouter les Russes. Les soldats anglais étaient saouls très tôt. C’était cool. » Bowie disait avoir connu ici un grand sentiment de libération et de guérison.

En 1987, David Bowie a adopté les codes de la pop et du spectacle. Ici, son entrée en scène, en costume, le 6 juin 1987.

Est-il nostalgique, en ce mois de juin 1987 ? Peut-être pas. Il a survécu aux transgressions et aux drogues, il va se marier, effacer sa bisexualité et déclarera bientôt : « Je ne suis pas tout à fait convaincu, finalement, que ce soit si facile de se comporter en héros. » Etrange fil tendu entre deux périodes, la meilleure et la pire, dirait-on aujourd’hui. Son dernier album, Glass Spider, s’est fait laminer par la critique. Ex-figure de l’underground, il est désormais dans les bagages de la normalisation. Bientôt, il dansera sur la grande scène. Comme un prélude au discours de Ronald Reagan, qui viendra six jours plus tard réclamer la chute du Mur, sûr que l’Allemagne tombera dans l’escarcelle américaine.

La jeunesse en colère

Mais Berlin la frondeuse bouge encore un peu. C’est le « Honkel Sommer ». Honkel est une référence au bruit des pierres contre une surface de métal, un résumé du ferment chaotique de Berlin-Ouest, sa créativité, les affrontements de la jeunesse alternative avec la police. Quelques semaines plus tôt, le 1er-Mai, un supermarché a brûlé.

En ce mois de juin, à l’angle de Kurfürstendamm et de Joachimsthaler Platz, parmi les sculptures installées pour les célébrations, on peut voir l’œuvre du Berlinois Olaf Metzel, un enchevêtrement de grilles et de barrières de contrôle dont se sert la police. Au sommet, un chariot de supermarché – la société de consommation repose elle aussi sur un socle policier. L’œuvre s’appelle 13.4.1981, en souvenir de manifestations violentes à cet endroit. Le maire chrétien-démocrate l’a décrite comme un tas d’ordures et demandé son retrait rapide. Bowie ne l’a peut-être pas vue.

En juin 1987, Bowie, qui a vécu à Berlin en 1977, retrouve, au Meistersaal, salle de concert historique (baptisée "The big hall by the wall"), Eduard Meyer, ingénieur du son avec qui il avait enregistré  « Low » et « Heroes ».

Le lendemain, jeudi 4 juin, il a réservé un studio pour la journée. Le Hansa Studio 2, au Meistersaal, 38 Köthener Strasse. Il revient donc là où, en 1976 et 1977, il enregistra Low et Heroes, tandis qu’Iggy Pop composait The Idiot. Tout a changé, a été rénové. Tant de groupes sont venus ici dans leur sillage que l’argent a coulé à flots. Désormais, ça se passe dans les étages, dans un vrai studio aux normes, et non dans l’ancienne salle de bal des SS, qui offrait une si belle réverbération. Seul l’ingénieur du son, Eduard Meyer, n’a pas bougé. « Le titre à enregistrer était Time Will Crawl.Nous étions surpris, puisque la chanson figurait sur l’album. David avait réservé le studio demanière très formelle, nous avons donc travaillé avec les musiciens pour obtenir un son fantastique. En début d’après-midi, David est venu me dire que lui ne chanterait pas et que toute cette session était bidon. Les syndicats britanniques exigent que les musiciens soient occupés au moins un jour si deux dates d’une tournée sont trop éloignées. » Pèlerinage pour cause syndicale, donc.

« J’ai beaucoup parlé avec des jeunes de l’autre côté, hier. Je crois qu’ils vont venir ce soir »

David Bowie, le 6 juin 1987

Le vendredi, David Bowie passe à l’Est avec les facilités d’un citoyen britannique qui n’a qu’à se présenter au check point Charlie. Il retrouve là des connaissances qui lui font visiter la ville. La Stasi est sur leurs talons. Avant même son arrivée à Berlin, dès le 2 juin, sa venue a fait l’objet d’un rapport alarmiste : « Beaucoup de jeunes vont se rassembler dans la capitale pour éventuellement écouter une partie du concert. »

Quelques amplis orientés vers le Mur

Le jour du concert arrive. Devant les caméras de télévision ouest-allemandes, Bowie confirme les angoisses de la Stasi : « J’ai beaucoup parlé avec des jeunes de l’autre côté, hier. Je crois qu’ils vont venir ce soir. » Dans un long manteau noir ceinturé, il rejoint la scène pour faire les balances. Il est détendu, enchaîne trois chansons. Une brise fait onduler les bâches noires tendues en fond de scène. Le vent pourrait être favorable, souffler vers l’Est. David Bowie demande que l’on oriente quelques amplis vers le Mur.

Il y a un moment que la musique joue le saute-ruisseau avec le rideau de fer. La jeunesse est-allemande a toujours eu interdiction de porter des jeans à l’école et peut se faire arrêter et raser la tête par la police si elle a les cheveux longs. Mais elle a une arme : la radiocassette. Tout se copie, à défaut d’être autorisé. « Quand j’achetais un disque, ce n’était pas que pour moi, je savais que je le transférerais sur cassette. Je devais les aider, leur donner ce qu’ils n’avaient pas », se souvient Mark Reeder. Britannique, il passe facilement à l’Est. Il distribue les cassettes, les dépose dans les clubs clandestins, organise même un concert illégal du groupe Die Toten Hosen dans une église. Il retrouvera tous ses faits et gestes dans les archives de la Stasi, qui a parmi les punks quelques recrues. Toute musique est suspecte, même celle qui hurle la misère du capitalisme. Elle sème trop de colère.

« Dans une dictature, au plus tard à partir de la deuxième génération, une danse populaire peut devenir plus dangereuse pour le régime qu’un nouveau parti révolutionnaire », prédisait l’écrivain allemand Ernst Jünger.

« Le 6.06.1987, il se produisit un attroupement important de jeunes à l’allure décadente. Les personnes suivaient la retransmission en live des médias de masse de l’Ouest »

Extrait d’un rapport de la Stasi

Quelques notes suffisent. « Je me souviens, au début des années 1980, je suis allé m’asseoir à l’arrière du Reichstag, il faisait nuit, raconte Knut Hoffmeister. De l’autre côté du Mur, il y avait une école de musique, une fenêtre ouverte où je voyais une jolie fille jouer du violon. Le son venait vers moi, c’était si spécial, je me sentais bizarre. Il y avait ce Mur, elle était magnifique, je pouvais la voir, elle ressemblait à Brigitte Bardot. »

Belle histoire aussi que celle d’Eduard Meyer, la première fois qu’il se retrouve avec Bowie en 1976, à travailler sur Low. Il fait nuit, là encore. Le Mur serpente au pied de l’immeuble. La console est devant la fenêtre, l’ingénieur a devant lui le mirador de Potsdamer Platz. Sous les yeux ébahis de Bowie, il agite une lampe. C’est un signal envoyé au veilleur du Mur. Ça veut dire : « On va travailler tard. »

De l’autre côté de la porte de Brandebourg, la police est-allemande interdit aux quelques centaines de personnes présentes de s’approcher du Mur.

Eduard Meyer ne s’est pas rendu au concert. Knut Hoffmeister non plus. Mark Reeder en a fait une affaire de principe. « Je ne voulais pas le voir en costume chanterLet’s Dance. » Une autre époque avait commencé. New Model Army et Nina Hagen lancent le show. Puis, sur les coups de 22 heures, dans un costume croisé rouge, assis dans un fauteuil, David Bowie descend du ciel. 60 000 personnes se massent devant le Reichstag. Ils ont payé 50 Deutsche Mark (25 euros) pour les trois jours de concerts. Peter Frampton est à la guitare. Tout est parfaitement huilé. Grand-messe pop d’alors, avec trop d’effets, trop de décors, de danseurs, de choristes. C’est de l’autre côté que le spectacle commence.

Les camions de l’armée tentent de couvrir la musique

Ils ne sont pas si nombreux à approcher sur Unter den Linden. Une grosse centaine de lycéens, d’étudiants ou de jeunes travailleurs. Ils n’obéissent à aucun mot d’ordre. Aucun intellectuel, aucun mouvement n’est à leur tête. Ils veulent simplement écouter. La Stasi fait son rapport :

« Le 6.06.1987, dans la période comprise entre 19 heures et 22 heures, il se produisit un attroupement important de jeunes à l’allure décadente dans le secteur de la Hermann-Matern-Strasse/Viadukt à Berlin-Mitte. Les personnes transportaient pour certaines des postes de radio et suivaient la retransmission en live des médias de masse de l’Ouest. La musique en provenance de la scène à Berlin (Ouest) était audible dans cette zone. Vers 19 heures, le regroupement avait atteint une taille d’environ 250-300 personnes. »

Certains ont escaladé les toits des ruines industrielles au bord de la Spree, mais la police antiémeute est rapidement venue les déloger. Thomas Martin a 23 ans, il est technicien au Deutsches Theater.

« Comme tout le monde, j’avais entendu parler de ce concert à l’Ouest. Alors avec deux amis, on avait décidé de monter sur le toit du théâtre ; de là-haut, on voyait bien le Reichstag. Je n’avais pas de fascination particulière pour la pop ou Bowie. L’intérêt venait du fait que c’était interdit, inaccessible. La Lune ou le Reichstag, c’était la même chose ! »

Devant le Reichstag, le concert de Bowie rassemble des dizaines de milliers de spectateurs côté Ouest.

Ils montent sur le toit tandis que la police s’emploie à bloquer les rues et intensifie les contrôles d’identité. Bientôt, les agents en faction sur Albrechtstrasse, devant l’ambassade de Yougoslavie, les repèrent. « Ils ont braqué leurs lampes vers nous, ont sorti leur porte-voix et ont crié de descendre. Ce qu’on a finipar faire. Ce concert, ce n’était pas grand-chose, mais par l’ampleur de leur réaction, ils reconnaissaient qu’ils étaient débordés. »

Les images montrent des vestes en jean, des crêtes punk, des minivagues dans les cheveux des filles. Ils sont nés après la construction du Mur et ressemblent à ceux de l’autre côté. Ils bougent et dansent sur Virchowstrasse. Ils allument leurs briquets sur certaines chansons. Entendent-ils Bowie saluer en allemand ceux qui sont « auf der anderen Seite » (de l’autre côté) ? Les camions de l’armée laissent tourner leur moteur pour couvrir la musique. Mais le vent pousse les accords et les mots de Heroes, qui franchissent par bribes le Mur le long duquel ils ont été composés : « Oh nous pouvons être des héros, le temps d’une journée. »

La chute du Mur ? Impensable

C’est ça. Juste un jour, un soir comme ce soir. Il n’y a pas de revendication politique. Que du plaisir. Un des participants dira dans les journaux : « Je voulais une fois dans ma vie être le plus près possible des rock stars, peut-être que ça n’arriverait plus jamais. » Personne ne pense que le Mur va bientôt tomber. Vraiment personne.

La police pousse et repousse, alors c’est la spirale, bousculades, sifflets, huées et interpellations. Le jeune Thilo Schmied n’a que 13 ans, il a découvert Bowie avec Ashes to Ashes. Il est fan, il court :

« Tout le quartier était bouclé quand nous sommes arrivés. Nous n’avons pas insisté, nous n’avions que 13 ans, nous avions peur de la police et de la Stasi. »

Le jeune refoulé est aujourd’hui le meilleur connaisseur des années berlinoises de Bowie. Il propose des Music Tours, qui passent par Hauptstrasse et les studios Hansa. Mais il veille à ce que la légende ne déborde pas trop. « Attention, les gens à l’Est n’ont pas chanté Heroes, ils ont fini par chanter l’Internationale. » En bon enfant de la RDA, il corrige les légendes occidentales.

Le lendemain du concert, encouragés par la rumeur, de plus en plus de jeunes Est-Allemands se pressent pour venir écouter Genesis.

Le concert de Bowie s’est terminé dans le calme des deux côtés. Le lendemain, Bruce Hornsby puis Eurythmics sont sur scène. A l’Est, attirés par les récits de la veille, ils sont plus de mille à se rassembler, bien qu’il y ait eu dans l’après-midi un contrôle massif des papiers. Noms et adresses sont notés. La police repousse la foule, elle extrait des jeunes, les traîne jusqu’aux camions. Les coups pleuvent. Les chiens policiers aboient.

Et l’on entend un cri que l’on n’entendait pas le samedi soir : « Gorbi ! Gorbi ! » Les enfants de l’Est en appellent à Moscou, où Gorbatchev a lancé la perestroïka. Au troisième jour, c’est l’escalade. Les plus âgés rejoignent les 14-20 ans, entre la Friedrich-strasse et la porte de Brandebourg. « Le Mur doit tomber ! » crient-ils. La police antiémeute patrouille. Les canons à eau sont sortis. De l’autre côté du Mur, c’est au tour de Genesis de jouer. Et c’est maintenant qu’à l’Est on entonne l’Internationale, chant de colère d’un peuple contre ses dictateurs.

Quelques mois plus tard, Bob Dylan vient chanter de ce côté-là, au Treptower Park. L’année d’après, c’est Bruce Springsteen. Des foules immenses. Le régime a changé de stratégie, et a capitulé devant le « yeah yeah yeah ». Trop tard. Le Mur tombe en novembre 1989.

David Bowie lors concert du 6 juin 1987 à Berlin Ouest.

Il est écrit « OST » en grosses lettres sur le toit de la Volksbühne, grand théâtre de l’Est dont Thomas Martin est devenu le dramaturge en chef. « Pour ne pas oublier d’où l’on vient. Il y a eu un rêve, qui n’a rien à voir avec la société dans laquelle on vit aujourd’hui, un rêve d’une société alternative. Nous aurions voulu que l’Ouest ne mange pas l’Est, qu’on invente quelque chose. » Il y a eu un rêve alternatif aussi à Berlin-Ouest. Disparu, comme Bowie. Une plaque sera officiellement posée cet été au 155 Hauptstrasse. La première version a été recalée. Quelques lignes trop plates. Comment résumer cette histoire-là ?

Le 11 janvier 2016, lendemain de la mort du chanteur, un tweet du ministère des affaires étrangères allemand le remercie d’avoir « aidé à abattre le Mur » : « Good-bye, David Bowie. You are now among #Heroes.Thank you for helping to bring down the #wall. #RIPDavidBowie »

Good-bye, David Bowie. You are now among #Heroes. Thank you for helping to bring down the #wall. https://t.co/soaOUWiyVl#RIPDavidBowie

— GermanForeignOffice (@GermanyDiplo) 11 janvier 2016

1975, l’été sera chaud

La belle vie ? Méfiez-vous des apparences. Premier ministre depuis un an, Chirac ne peut déjà plus encadrer Giscard et sa politique de rigueur. « Le plan de refroidissement a assez duré », balance-t-il avant de filer sur la Côte. Au côté de sa fille Claude, le futur maire de Paris se réchauffe habillé de ce qu’il convient d’appeler un boxer. Et pour cause : ladite pièce a été mise au point en 1925 par Jacob Golomb, fondateur de la marque d’accessoires de boxe Everlast. Jacques Chirac semble prêt au combat. Pourtant, un an plus tard, il jettera l’éponge.

[Chronique] Avec l’intronisation d’Hillary Clinton et de Donald Trump par leurs partis respectifs, voici le match dans le match dans la course à la Maison Blanche.

Bill clinton et Melania Trump.

Bill Clinton

Menteur Bill Clinton s’est montré brillant lors de la convention démocrate. Alors que son épouse Hillary pâtit de son image d’iceberg, il n’a cessé de l’humaniser, en racontant son parcours, leur rencontre. Il a toutefois évité d’évoquer l’affaire Lewinsky, qui avait fait vaciller leur couple en 1998. Il était passé près de la destitution pour avoir menti sous serment sur sa relation adultère.

Populaire Le passage de Bill Clinton à la Maison Blanche a été émaillé de nombreux scandales. Mais il n’a pas entamé sa popularité. Ses deux mandats restent, pour les Américains, ceux d’une période de prospérité. Il est l’un des ex-présidents les plus regrettés, derrière JFK et Ronald Reagan.

Encombrant La popularité de Bill Clinton va-t-elle servir celle de sa femme ? Son charisme, sa chaleur soulignent en creux les qualités qui manquent à Hillary. Naguère, les mauvaises langues estimaient que c’était elle qui portait la culotte à la Maison Blanche. Elles instruiront probablement, cette fois, le procès inverse.

New school Quel rôle jouera Bill si Hillary est élue ? Il serait non seulement le premier First Gentleman de l’histoire américaine, mais aussi le premier à avoir été chef d’Etat. En mai, la candidate a affirmé qu’elle lui confierait une « mission » pour « dynamiser l’économie ». En attendant, la fondation philanthropique de l’ex-chef d’Etat a déjà fait le ménage dans les Etats donateurs.

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Melania Trump

Plagiaire Lors de la convention républicaine qui vient d’investir Donald Trump, candidat des républicains, Melania Trump a passé son premier grand oral. Raté. Elle s’est fait épingler pour avoir plagié un discours de Michelle Obama, en 2012.

Impopulaire Selon l’institut Gallup, dans un sondage réalisé la veille de la convention républicaine, Melania Trump ne bénéficie que de 28 % d’opinions positives. En 2008, Michelle Obama était à 53 %. Ancien mannequin d’origine slovène, Melania a fait naguère les couvertures de GQ, Vanity Fair oud’Elle. Mais cette image en papier glacé ne fait pas fondre le cœur de l’Amérique.

Embarrassante Avant la convention, Melania Trump s’est montrée très discrète. « Je suis mère à plein-temps et j’adore ça », a-t-elle expliqué en début de campagne. Fin juillet, l’ex- mannequin s’est de nouveau retrouvée au cœur d’un scandale : le tabloïd américain New York Post a exhumé des clichés datant de 1995 et pris à Manhattan et sur lesquels elle apparaît nue.

Old school Melania Trump a déjà averti qu’elle se coulerait dans les habits les plus traditionnels de la First Lady, si son mari est élu. Le rôle de première dame est très codifié, entre réceptions et bonnes œuvres. L’épouse du président bénéficie d’une équipe d’une douzaine de personnes pour l’y aider.

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L’alliance des « lolcats » et du TOILETPAPER magazine, une évidence ? Selon Maurizio Cattelan et Pierpaolo Ferrari, ses deux fondateurs, la voie est toute tracée entre l’addiction des réseaux sociaux aux matous et la publication italienne issue « d’un processus de digestion à l’œuvre après une overdose d’images ». De cette alliance est née une série d’images très travaillées, aux couleurs explosives, toutes construites à la prise de vue.

Les canaux d’Amsterdam vont vibrer une nouvelle fois au son de la techno, samedi 6 août, pour la Canal Parade, version locale de la Gay Pride qui fait gonfler de près de moitié la population de la ville pour quelques heures de fête déchaînée. Au moins 200 000 personnes du monde entier, peut-être jusqu’à 400 000 si la météo est de la partie, sont attendues dans le centre historique, avec ses canaux enjambés par des ponts en brique et fer forgé, bordés par d’étroites demeures du XVIIe siècle. Certains spectateurs campent dès la veille dans de petites embarcations arrimées aux quais pour pouvoiradmirer au plus près les 80 péniches aux décors excentriques.

Fidèle à sa réputation festive

Alors que La Baule a décidé d’annuler son traditionnel feu d’artifice du 15-Août, faute de pouvoir sécuriser son front de mer, et que de nombreuses manifestations en France sont perturbées par le risque d’attentat, la cité néerlandaise reste fidèle à sa réputation festive. Moins de deux mois après l’attaque ­d’Orlando, le message des organisateurs est clair : il n’est « pas question de céder au ­terrorisme ». En Floride, le 12 juin, un Américain d’origine afghane avait tué 49 personnes dans une discothèque gay, un massacre revendiqué par l’organisation Etat islamique (EI).

Entre 200 000 et 400 000 personnes sont attendues dans le centre historique d’Amsterdam.

Reste que le contexte« a certainement influencé la préparation de la Gay Pride », a reconnu dans la presse néerlandaise, à l’ouverture des festivités le 23 juillet, Lucien Spee, patron de l’association qui organise l’événement : « Je me suis régulièrement retrouvé autour de la table avec le ­coordinateur national de la lutte ­antiterroriste. »

Si les organisateurs refusent d’entrer dans les détails – tout comme la municipalité –, la menace terroriste est prise au sérieux. Le chiffre de 4 000 policiers, vigiles et secouristes mobilisés a été cité dans la presse, et le dispositif de sécurité est plus ­coûteux que d’habitude. Parmi les mesures prises, les bagages sont davantage contrôlés et les vigiles formés à détecter les comportements suspects. Jasper Karman, porte-parole du maire ­ Eberhard van der Laan, insiste sur le fait que le risque zéro n’existe pas pour « un ­événement qui a pour cadre la ville entière ». Que les services ­d’urgence et les blocs ­opératoires de tous les hôpitaux de la ville se tiennent prêts, ce jour-là, à tourner à plein régime, « c’est classique pour un gros ­événement, ce n’est pas lié à une menace ­sécuritaire », relativise-t-il.

Premier pays à légaliser le mariage homosexuel

Les Pays-Bas, fiers de leur réputation de terre « gay friendly », ont été le premier pays au monde à légaliser le mariage homosexuel, en 2001. Le mot d’ordre de ce « samedi rose », comme l’appellent les Néerlandais, est d’ailleurs « Join our Freedom » (Rejoignez notre liberté). « Nous avons préparé des scénarios mais il n’y a pas, à ce stade, d’indication de menace. C’est une fête de la liberté. Il n’est pas question de se laisserrepousser dans le placard », a commenté Lucien Spee. La parade de samedi est le point d’orgue des festivités de la Gay Pride amstellodamoise, qui prendra fin dimanche.

Les Pays-Bas ont jusqu’ici été épargnés par les attaques djihadistes. Mais le spectre

d’un attentat est dans tous les esprits, car le pays – dont les F-16 ont effectué des frappes en Irak et en Syrie – participe, comme la France ou la Belgique voisine, à la coalition internationale contre l’EI. Depuis 2013, la menace ­terroriste y est évaluée à un niveau 4 sur une échelle de 5. Elle est jugée « substantielle », c’est-à-dire réelle, sans pour autant que des informations concrètes puissent conduire à la considérer comme imminente. Un niveau qui n’a pas été modifié, malgré les attaques djihadistes à Saint-Etienne-du-Rouvray, à Nice ou en Allemagne.

Le 23 juillet, lors de la Marche des fiertés qui marque l’ouverture des festivités.

Mais les autorités ont récemment dû prendre des mesures en raison de « signaux » concernant des lieux publics très fréquentés. Depuis le 30 juillet, l’aéroport international d’Amsterdam-­Schiphol est en sécurité renforcée, « visible et invisible ». Le 2 juillet, c’est ­ l’Amsterdam ArenA, stade hôte du célèbre club de football de l’Ajax, qui avait dû subir des mesures exceptionnelles à ­l’occasion d’un grand show rassemblant des milliers de personnes. Mais « on sent que ce n’est pas l’état d’urgence comme à Paris, il n’y a pas de climat de psychose », témoigne, depuis Amsterdam, le Français Jérôme Beaugé, ­organisateur de la Marche des fiertés parisienne. A ses yeux, le port chanté par Jacques Brel reste « un symbole », synonyme d’« une certaine liberté ».