Le Monde | 08.01.2016 à 20h02

Le million d’exemplaires imprimés du numéro spécial de Charlie Hebdo publié un an après l’attentat contre sa rédaction n’aura pas suffi. Le journal satirique a annoncé vendredi 8 janvier qu’il procéderait à un nouveau tirage. Le magazine va réapprovisionner des kiosques samedi, « pour répondre à une demande plus forte qu’attendu ».

Mercredi, le numéro 1224 du journal, avec à la « une » un Dieu armé, à la barbe tachée de sang, était mis en vente, tiré à un million d’exemplaires. Un an plus tôt, l’imprimeur avait réparti sur plusieurs sites la sortie en urgence du « numéro des survivants », le 14 janvier, qui avait été tiré à 8 millions d’exemplaires.

Chaque semaine, Charlie Hebdo vend environ 80 000 exemplaires en kiosque et a gagné 200 000 abonnés après l’attentat qui a décimé sa rédaction.

Lauréat du prix « Paysage » de la Bourse du Talent 2015, Laurent Kronental, né à Courbevoie en 1987, expose, jusqu’au 7 février à la Bibliothèque nationale de France à Paris, une série de photographies sur le thème des grands ensembles. Des lieux aux architectures étonnantes où il a fait poser des habitants. « Il y a un parallèle à faire entre le vieillissement de ces quartiers et les personnes âgées qui les habitent : les seniors sont eux aussi toujours là, debout », confie-t-il. Son objectif est de « mettre en valeur la beauté de ce patrimoine architectural ».

Lire la critique : Laurent Kronental regarde vieillir l’utopie des grands ensembles

A Rishikesh, l’Etat d’Uttarakhand va rénover l’ermitage dans lequel le groupe de Liverpool a séjourné quelques semaines avec son gourou en 1968.

De gauche à droite, John Lennon, Paul McCartney, le Maharishi Mahesh Yogi, George Harrison; l'actrice américaine Mia Farrow et le chanteur anglais Donovan, lors de leur séjour en Inde en 1968. Ringo Starr ne figure pas sur la photo.

Un petit bout abandonné de la légende des Beatles est en train de renaître. Un ashram dans le nord de l’Inde, à Rishikesh, rendu célèbre pour avoir accueilli le groupe quelques semaines en 1968, va être converti en attraction spiritualo-touristique par l’Etat d’Uttarakhand, qui a entrepris de rénover le site. Naguère, l’on venait s’y retirer du monde, dans le dénuement, pour se livrer à la méditation transcendantale. Demain, ce sera plus prosaïquement un lieu de culte aux Beatles, où l’on fera un peu de yoga et de méditation.

Les pétales de fleurs et la fumée d’encens ont déserté l’endroit depuis bien longtemps. Seuls les chiens et les serpents occupaient les lieux, avant sa réouverture en ce mois de décembre, et la transformation à venir. Cet ashram comprend 84 abris en forme de cône, décorés de galets ramassés dans le lit du Gange. Ces igloos en ciment étaient censés faciliter le transfert des énergies et des vibrations. Les seuls gardiens de la mémoire de ce monument étaient des ermites, qui jouent aux cartes sous un arbre.

Ringo Starr n’a tenu qu’une semaine

Contre quelques centimes d’euros, ces conservateurs en chef du site faisaient visiter l’ashram des « singers from Amrika » aux rares visiteurs. Ils doivent désormais laisser leur place à de vrais gardiens. L’entrée a été fixée à 150 roupies (2 euros) pour les Indiens et 700 roupies pour les étrangers.

L’ashram est le dernier vestige d’une époque où l’Occident matérialiste espérait être sauvé de lui-même par des messagers de l’amour et de la paix aux longs cheveux et à la barbe hirsute. Les Beatles ont vite déchanté. Ringo Starr, qui était arrivé avec une valise remplie de boîtes de conserve de haricots blancs, est malgré tout reparti une semaine plus tard à cause

de problèmes à l’estomac.

Un graffiti représentant les Beatles sur un mur de l'ashram, à Rishikesh.

John Lennon pensait trouver la paix dans la méditation, mais il a souffert de terribles insomnies à cause du manque de drogue. Un des disciples de l’ashram, appelé « jungle Jim », était par ailleurs bien encombrant : il prenait régulièrement son fusil, après avoir médité, pour tuer les tigres dans la forêt d’à côté. L’ambiance n’était ainsi pas toujours très « peace and love ».

48 chansons écrites

Les quatre membres du groupe ont aussi été déçus par l’attitudedu Maharishi Mahesh Yogi. Celui qui prônait le détachement et l’état d’éveil à la conscience cosmique n’a-t-il pas fait des avances à la jeune mannequin Mia Farrow, également présente sur place ?

Au bout de six semaines, les Beatles ont donc laissé de côté la méditation transcendantale et fait leurs valises pour l’Europe. De cet épisode, il restera tout de même 48 chansons, écrites lors de leur séjour, parmi les meilleures du groupe, dont I’m so Tired et Across the Universe.

Un panneau rappelle que les Beatles ont séjourné avec leur gourou Maharishi Mahesh Yogi à Rishikesh, en 1968.

Cette mésaventure n’a pas empêché le yogi de poursuivre sa carrière ailleurs, en Europe et aux Etats-Unis, et d’amasser des millions de dollars, toujours en louant la paix intérieure et l’amour universel. Jusqu’à sa mort — ou plutôt sa réincarnation — en 2008.

Tirant les leçons du passé, les responsables du nouvel ashram ne veulent plus changerle monde, mais augmenter la fréquentation touristique. Sauf que l’endroit se trouve

en lisière d’une réserve protégée de tigres, théoriquement interdite aux visiteurs. A moins de convertir les bêtes à la méditation et au yoga…

Lire aussi :Maharishi Mahesh Yogi, le gourou des Beatles