Le Monde | 19.02.2016 à 18h21 • Mis à jour le19.02.2016 à 21h41 |Par Roxana Azimi

Ce riche financier conseille un fonds souverain de son pays, rattrapé par un important scandale. Il vient de se délester de toiles de maîtres à des prix inhabituellement bas pour éponger ses dettes. Fin de partie ?

« La philanthropie, c’est cool. C’est tendance. Est-ce bon pour le business ? Bien sûr ! », déclarait Low Taek Jho au magazin “Forbes” au printemps dernier.

Un héritier doué

Qui aurait soupçonné que derrière trois gros lots dispersés en février chez Sotheby’s se cachait le Malaisien Low Taek Jho ? Ce financier de 34 ans basé à Hongkong a tout du nouveau riche. La fortune familiale remonte pourtant à son grand-père, un Chinois qui a investi dans une raffinerie d’alcool et des mines en Thaïlande et en Malaisie. Son père a poursuivi dans l’immobilier. Low Taek Jho (également appelé Jho Low), lui, a su tirer parti de son réseau moyen-oriental tissé lors de ses études à Harrow, prestigieuse école britannique.

Un mondain philanthrope

Low Taek Jho aime les projecteurs. Le play-boy joufflu fraie avec les célébrités, de la party girl Paris Hilton au rappeur Usher. Il a même demandé en mariage la chanteuse taïwanaise Elva Hsiao – qui a décliné sa proposition –  en lui offrant 2 millions de dollars de bijoux lors d’une hallucinante fête privée (mais filmée) qui lui aurait coûté près de 1 million de dollars. Le fêtard donne aussi dans le caritatif grâce à une fondation créée en 2012. « La philanthropie, c’est cool. C’est tendance. Est-ce bon pour le business ? Bien sûr ! »,déclarait-il au magazine économique Forbes au printemps dernier.

Un conseiller sulfureux

Le nom de Low Taek Jho a surgi l’an dernier dans un scandale financier impliquant le premier ministre malaisien Najib Razak. Ce dernier préside le fonds d’investissement souverain malaisien, 1MDB, dont près de 4 milliards de dollars auraient été détournés. Conseiller de ce fonds, Low Taek Jho a été entendu par la justice. D’après le New York Times, il aurait aussi vendu des biens immobiliers américains à une société écran détenue par le beau-fils de Najib Razak.

Un amateur d’art flambeur

En à peine deux ans, Low Taek Jho aurait dépensé 200 millions de dollars dans des œuvres d’art. Selon Bloomberg, il aurait récemment cédé chez Sotheby’s trois œuvres de Claude Monet, Pablo Picasso et Jean-Michel Basquiat pour un total de 54 millions de dollars, une valeur nettement inférieure à leur cote. La vente aurait été réalisée pour rembourser une dette de 100 millions de dollars contractée auprès des services financiers de la maison de vente.

  • Roxana Azimi

    Journaliste au Monde

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