L’autoproclamé plus grand artiste de tous les temps sort un nouvel album, « Waves ». Mais le ramage sera-t-il à la hauteur du plumage ?

2004 : jamais sans son ours


C‘est le rappeur qui monte. A 27 ans, Kanye West traîne avec des stars comme Mariah Carey, Jay-Z ou Alicia Keys. Mais il préfère encore la compagnie des ours en peluche. La pochette de son premier album, The College Dropout, le prouve. Cette photo aussi. Pourquoi tant d’amour pour l’animal de chambre ? Parce que le Polo Bear, logo mythique de la marque Ralph Lauren, est alors un puissant marqueur social, symbole absolu de réussite. Evidemment, le polo rugby de Kanye West est un Ralph Lauren. Sa  chemise à rayures bâton aussi. Preuve que la réussite est déjà là.

2006 : au garde-à-vous


Deux ans plus tard, fini le miel : Kanye a pris du galon, cela saute aux yeux. Sur la scène des Brit Awards, à Londres, « Monsieur Ouest » porte le fameux red coat à brandebourgs que les armées de Sa Majesté arborent, pour les grandes occasions, depuis le XVIIe siècle. Les autochtones y verront un hommage à leurs militaires. Les autres, un clin d’oeil à Michael Jackson, adepte de la même veste vingt ans plus tôt. Et, accessoirement, deuxième plus grand artiste de tous les temps. Derrière qui vous savez.

2010 : dur à cuir


Quatre ans plus tard, Kanye sourit pour masquer sa détresse. Après plusieurs années d’acharnement, et malgré ses succès musicaux, il renonce  officiellement à lancer sa propre marque de fringues pour homme. Le coup est dur pour le rappeur. Il l’est surtout pour ceux qui rêvaient de porter eux aussi un gilet en vison et un bandeau antitranspiration roulotté en cuir. Et ils sont nombreux. Bien plus qu’ils ne devraient.

2013 : mâle masqué


Kanye, 36 ans, est désormais en couple avec Kim Kardashian et plus rien n’arrête son ascension. Après l’avoir rejeté, même la mode s’incline devant lui. Ce jour-là, en route pour le défilé Margiela, Kanye semble d’ailleurs rendre hommage au créateur belge, qui a toujours préservé son anonymat en cachant son visage. A moins que ce ne soit encore un clin d’oeil à Michael Jackson, qui enfilait  parfois une cagoule pour faire ses courses, en pleine période parano. A l’époque où il était encore le plus grand artiste de tous les temps. Il y a bien longtemps.

2015 : du neuf avec du vieux


En pleine Fashion Week parisienne, l’Homme est venu faire le beau. Pour l’occasion, il a sorti ses nippes les plus usées. Provoc ? Non, démonstration de force. Car Kanye sait bien qu’au XVIIIe siècle les grands de ce monde se plaisaient à porter des habits vieillis. Certains disposaient même d’un butler, spécialement chargé de porter et d’user leurs vêtements. A en juger par cette image, Kanye dispose lui d’une armée de butlers. Voilà peut-être  ce qui manquait à ce pauvre MJ.

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La maire de San Germano Vercellese, élue de la Ligue du Nord, a interdit l’accès aux jeux publics et à la cantine scolaire aux enfants des parents qui ne payent pas les taxes municipales.

Les enfants de quelque 200 Italiens ou immigrés démunis sont visés par l'interdiction prise par la maire de San Germano Vercellese, élue du parti xénophobe de la Ligue du Nord.

De San Germano Vercellese, une petite commune de 1 700 habitants située à une cinquantaine de kilomètres de Turin et à une quinzaine de Vercelli (Piémont), on ne sait presque rien. Trois lignes sur Wikipédia, une latitude et une longitude. Principale ressource de la commune : les rizières, rendues célèbres par les cuisses nues de Silvana Mangano dans le film Riz amer (1949), de Giuseppe De Santis.

En revanche, on commence à bien connaître la maire du village, Michela Rosetta – trop peut-être. Cette élue du parti xénophobe de la Ligue du Nord, allié au Front national au Parlement européen à Strasbourg, a décidé de lutter à sa manière contre les mauvais payeurs des taxes municipales : l’IMU, sur la résidence principale, et la TARI, sur le ramassage des ordures. Une décision datée du 28 décembre 2015 interdit désormais aux enfants des parents en délicatesse avec le fisc l’accès au jardin public, au terrain de sport et à la cantine scolaire.

“Je n’accepte pas qu’on me fasse un procès en racisme ou en discrimination. Nous appliquons simplement la loi. Ceux qui ne sont pas contents n’ont qu’à partir.” Michela Rosetta, maire de San Germano Vercellese

La décision de la municipalité de San Germano ­Vercellese vise environ 200 personnes, en majorité parmi les plus pauvres, italiennes ou issues de l’immigration. « Je ne veux pas vraiment interdire, mais éduquer au respect du bien public. Les portes de mon bureau sont toujours ouvertes pour discuter au cas par cas,a expliqué Michela Rosetta au quotidien La Stampa, mais je n’accepte pas qu’on me fasse un procès en racisme ou en discrimination. Nous appliquons simplement la loi. Ceux qui ne sont pas contents n’ont qu’à partir. » « C’est une honte », réagit l’opposition. « Ce n’est pas la première fois qu’on cherche à nous atteindre », se plaint une association d’immigrés.

Michela Rosetta, 48 ans, maire depuis 2013, ne cache pas sa sympathie pour Gianluca Buonanno, un ­parlementaire de son parti. Une sorte de modèle. Ce dernier est également un amateur de positions tranchées. Sur les homosexuels, à qui « tout serait dû », et la Gay Pride, qui le « dégoûte ». Plus récemment, il s’est rendu célèbre en apparaissant, sur sa page ­Facebooket à la télévision, un pistolet automatique à la main, afin de soutenir la légitime défense.

La Ligue du Nord fait sa pub

Reste maintenant à faireappliquer l’arrêté de la commune. Dans le passé, d’autres maires (issus eux aussi de la Ligue du Nord) ont déjà tenté de faire pression sur les enfants pour rappeler les parents à leurs devoirs. Généralement en pure perte. Qu’importe. Ce qui intéresse la Ligue du Nord, devenu le premier parti de droite en Italie, est d’occuper le terrain médiatique et de faire la preuve qu’elle se consacre aux choses concrètes dans les collectivités dont elle est chargée.

A San Germano Vercellese, il en ira sans doute de même, tant il paraît difficile d’envoyer un agent municipal au square avec pour mission d’empêcher les enfants dont les parents n’auraient pas réglé la taxe sur les poubelles d’utiliser le toboggan ou la balançoire… Mais jusqu’alors Michela Rosetta était une inconnue. Ce n’est plus le cas. Elle ne visait pas autre chose.

Pour aussi représentatif qu’il soit, un sondage en ligne du site Web de La Stampa, le quotidien le plus lu du Piémont, pointe que pour 68 % des personnes qui ont répondu à la question : « Êtes-vous d’accord avec la mesure prise par cette élue ? », la réponse était « oui ».

Lire aussi : En Italie, la Ligue du Nord cible ceux qui logent des migrants

Depuis 1999, Ou Zihang est engagé dans une série intitulée « Faire des pompes ». Dans le plus simple appareil, il effectue cet exercice dans des lieux symboliques. En janvier, il a réalisé cette performance artistique devant les locaux de « Charlie Hebdo » et face au Bataclan.

Il observe, attend. Un livreur décharge son camion. Des habitants promènent leur chien, des admirateurs de Charlie déposent des fleurs… Puis, hors de tout regard, il se déshabille et… commence à faire des pompes. Ce 20 janvier, le froid était pourtant perçant à Paris. Mais il n’a pas empêché l’artiste chinois Ou Zhihang de se livrer à cette performance, tout près des anciens locaux du journal satirique, rue Nicolas-Appert, à Paris. Comme un hommage aux onze personnes abattues par les frères Kouachi un an auparavant.

L'artiste chinois Ou Zihang devant les locaux de "Charlie Hebdo", à Paris, le 20 janvier.

Ancien présentateur de télévision, Ou Zhihang est célèbre en Chine pour les autoportraits qu’il réalise de lui, nu, en train de faire des pompes, devant des lieux emblématiques ou associés à un scandale. Une façon de se recueillir mais aussi de demander que la vérité

soit faite.

“La place Tiananmen aurait certainement mérité que j’y réalise ma performance, mais le faire signifierait l’enterrement immédiat de mon projet.”

Débutée en 1999, cette série, intitulée « Faire des pompes », n’a été connue du grand public qu’en 2007. A la veille des JO de Pékin, l’artiste participe à une exposition collective, présentant notamment des œuvres d’Ai Weiwei, qui déclenche une polémique nationale. Dès lors, « Faire des pompes » devient, sur les réseaux sociaux chinois, le symbole de la recherche de la vérité. Quand un scandale explose, les internautes pressent même Ou Zhihang de se rendre sur les lieux.

Ses œuvres sont régulièrement exposées dans de grandes galeries, comme celles de l’Espace 798 à Pékin. Cette série lui vaut pourtant de nombreux heurts avec les autorités chinoises. Ainsi, le 17 octobre dernier, la venue d’Ou ­Zhihang à Bijie, une municipalité reculée du Guizhou, province pauvre du sud-ouest du pays, a fortement déplu aux autorités. Réalisant sa performance pour dénoncer plusieurs scandales, notamment liés à des suicides d’enfants délaissés par leurs parents travailleurs migrants, Ou a dû supprimer ses photos sous les yeux des cadres locaux puis a été interrogé par la police pendant deux heures avant de se faire éjecter de la province.

Plus de 700 performances

Ou Zhihang n’est pourtant pas une tête brûlée. Il refuse par exemple de s’attaquer aux lieux les plus sensibles : « La place Tiananmen aurait certainement mérité que j’y réalise ma performance, admet-il. Mais le faire signifierait l’enterrement immédiat de mon projet. »

Il se contente d’être réactif. Ainsi s’est-il livré à ses célèbres pompes à Tianjin, en août dernier, sept jours après l’explosion meurtrière d’un entrepôt chimique à l’origine du décès de 173 personnes, selon les chiffres officiels. A peine deux semaines après sa visite, malgré les risques sanitaires, les lieux furent recouverts de pelouse. Sur Weibo (le Twitter chinois), l’artiste diffuse sa photo et lance : « Il ne faut pas dissimuler la vérité, sous prétexte d’améliorer la vie locale. »

La performance artistique d’Ou Zhihang devant le Bataclan

Ou Zhihang est lui-même surpris de la longévité de son projet en Chine où la censure se fait de plus en plus pesante. Il comptabilise près de 700 performances à ce jour. La dernière en date est celle qu’il a réalisée juste après son hommage aux victimes de Charlie Hebdo, lorsqu’il s’est rendu au Bataclan. « Normalement, il aurait dû y avoir des policiers, des vigiles, des caméras devant un lieu si sensible. D’autant plus, dans un pays en état d’urgence, remarque-t-il. Finalement, il n’y a eu ni contrôle ni contrainte. Cela m’a laissé perplexe. » Pas exactement ce à quoi il est habitué en Chine.

Par Zhulin Zhang

Le Monde | 03.02.2016 à 10h43 • Mis à jour le03.02.2016 à 18h48

Par Julien Guintard


Au gré de l’actualité, certains mots s’invitent à la “une”. “M” vous propose une plongée dans les archives du “Monde” pour retrouver leur première utilisation.

 

Dans son édition du 21 février 1979, Le Monde s’intéresse à la spéculation sur le marché des produits pétroliers. Où l’on découvre une nouvelle profession. « A Rotterdam, les prix flambent sous la pression spéculative de négociants ou de courtiers. A 320 dollars la tonne, par exemple, le supercarburant est trois fois plus cher que lors de la flambée de 1973. (…) Ces “traders” et jobers(…) font des achats de couverture à des prix aberrants ; des cargaisons stockées dans un but spéculatif changent ainsi plusieurs fois de main – sur le papier – avec un gain substantiel à chaque échange. » Une semaine plus tard, le journal reçoit une mise au point de M. Spuller, de la société Fretoil, « courtiers en pétrole depuis quarante-trois ans » : « Il y a une grande différence entre le négociant (trader), qui prend des positions spéculatives – et qui peut, en effet, tirer avantage d’une situation donnée – et le courtier, qui est rémunéré par une commission basée sur la quantité et qui ne peut, de ce fait, suivre les prix à son avantage, à la hausse comme à la baisse. » De grâce, ne mélangeons pas les torchons et les serviettes. Pas plus que le fioul lourd et l’essence légère.

Lire aussi, La première fois que “Le Monde” a écrit : “Ebola”

Chaque semaine, “M” vous sert sur un plateau une série de petites infos qui ont souvent tout autant de sens que les grandes.

Le podium


1 – Emirats Arabes Unis 2 – Qatar 3 – Koweït

 Il s’agirait des trois pays ayant la plus grande proportion d’immigrés sur leur sol, respectivement 88,4 %, 75,51 % et 73,64 % de la population, selon les statistiques 2015 de l’ONU analysées par The Telegraph. Cette proportion serait, en France, de 12,09 %.

Aux mots près


Ces derniers temps, il a été beaucoup de diesel. Que signifie-t-il vraiment ? Ses voisins de dictionnaires en disent presque autant que sa définition.

Dièse : signe d’altération ou d’accident qui élève d’un demi-ton chromatique la note devant laquelle il est placé.

Diesel : moteur à combustion interne dans lequel l’allumage est obtenu par compression.

Dies Irae : chant de la messe des morts, dans le rite catholique romain.

Un nombre, trois possibilités : 181


 1 – C’est, en milliards de dollars, le montant global des accords négociés par les banques, les courtiers et les organismes de crédits américains pour fairecesser les poursuites liées à la crise des subprimes de 2008. (source : Jeff Nielsen, du cabinet de litiges Navigant cité par The Wall Street Journal).

 2 – C’est, en milliers, le nombre de copies de Blackstar, le dernier album de David Bowie, écoulées aux Etats-Unis entre le 8 et le 14 janvier. Le meilleur démarrage jamais enregistré par la star britannique disparue le 10 janvier, à l’âge de 69 ans.

 3 – C’est le nombre de convives ayant participé, dimanche 10 janvier, au repas des aînés de Saint-Denis-de-Pile (Gironde) organisé par le Centre communal d’action sociale. Seul critère pour s’attabler : avoir plus de 70 ans.