La réalisatrice de 41 ans a, dès son plus jeune âge, eu l’occasion de se faire les dents sur les plateaux. Son troisième long-métrage, « Le Voyage de Fanny », sort en salles le 18 mai.

Lola Doillon.

Fille du réalisateur Jacques Doillon et de la monteuse Noëlle Boisson, Lola Doillon a commencé à fréquenter les plateaux de tournage si jeune qu’elle ne saurait dire quand. Le souvenir qu’elle en a, sans être désagréable, n’a rien d’une parenthèse enchantée. Ses parents travaillaient énormément, et les mercredis après-midi passés dans le silence en salle de montage n’étaient pas, à quelques détails près (griffonner sur un morceau de pellicule au lieu d’une feuille de papier), si différents de ceux que bien des enfants passent au bureau de leurs parents en attendant le signal du départ.

L’apprentissage avec Jacques Doillon

La vocation de la réalisatrice, dont le nouveau film, Le Voyage de Fanny,sort mercredi 18 mai en salles, est née lorsqu’elle a commencé à mettre la main à la pâte. A 16 ans, le bac en poche, elle fait des petits boulots – photographe de plateau ou assistante réalisatrice – sur les tournages de son père. Le virus la prend alors très vite : en devenant un maillon de la chaîne, elle découvre une sorte de « grande colonie de vacances dans laquelle on travaille beaucoup », s’enthousiasme pour l’énergie qui se dégage de ces efforts conjugués autour d’un même projet.

Lire la critique du « Voyage de Fanny » : L’incroyable épopée d’une passeuse de 13 ans

Elle apprend sur le tas, réalise quelques courts-métrages, puis un premier long remarqué, Et toi, t’es sur qui ?(2006). Elle se partage depuis lors entre télévision (la série « Dix pour cent ») et cinéma, au gré d’envies qui ne se ressemblent pas : le portrait de jeunes filles en fleur, ou d’adultes tourmentés par le syndrome de Stockholm (Contre toi, 2009).

De cette joie première de la « colonie de vacances », Lola Doillon a gardé un goût certain pour le travail à quatre, six, cent mains. Elle est fière de raconter comment, mis au défi de réaliser « Dix pour cent » dans un temps très court, son mari Cédric Klapisch, Antoine Garceau et elle, co-réalisateurs de la série, ont décidé, à rebours des pratiques habituelles, d’appliquer au tournage le principe du pot commun. Choix des décors, casting, planning : tout était décidé ensemble, et le trio tournait en même temps, faisant valser d’un plateau à l’autre les acteurs habitués à ce que chacun tourne ses épisodes indépendamment des autres. « C’était beaucoup de temps gagné, et surtout le plaisir rare de travailler avec d’autres réalisateurs ! », raconte Lola Doillon.

Pour « Le Voyage de Fanny », Lola Doillon a renoué avec la direction d’enfants acteurs.

Le défi d’un jeune casting

Alors qu’elle signait seule le scénario de ses deux précédents longs-métrages, c’est à quatre mains, avec Anne Peyregne, qu’elle a écrit celui de son nouveau film, Le Voyage de Fanny : une « belle première fois » que cette co-écriture, adaptant le livre autobiographique de Fanny Ben-Ami, dans lequel cette dernière racontait ses souvenirs d’enfance pendant la seconde guerre mondiale.

Véritable épopée enfantine dans laquelle la jeune Fanny se retrouve chargée d’un groupe d’enfants juifs fuyant vers la Suisse, ce film a donné à Lola Doillon l’occasion de retrouver avec bonheur, après Et toi, t’es sur qui ?, l’exercice délicat du tournage avec un (très) jeune casting. Un travail parfois épuisant, souvent chronophage, car il faut « trouver les mots et le ton pour parler à chaque enfant, le mettre en confiance ». A la clef, un défi dont on comprend sans peine qu’elle s’y soit donnée à cœur joie : la recréation d’une vraie dynamique de groupe, dont la fraîcheur irrigue cette jolie épopée des temps de guerre à hauteur d’enfants.

« Le Voyage de Fanny », de Lola Doillon, avec Léonie Souchaud, Fantine Harduin, Juliane Lepoureau, Ryan Brodie, Cécile de France, Stéphane de Groodt… 1 h 34. En salles le 18 mai.

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