[Chronique] Le patron de l’information de France Télévisions vient d’essuyer une motion de défiance. Son style heurte les journalistes. D’un point de vue vestimentaire, on peut les comprendre.
En 1973 : rebelle capillotracté
La jeunesse est dans la rue, et Michel Field est au premier rang. A 19 ans, cinq ans après son entrée à la LCR, il est l’une des figures de la protestation contre la loi Debré. Après tout, comment le rater ? Sa coupe afro lui assure une visibilité et lui confère une ressemblance subtile avec les rebelles kenyans qui, au début du XXe siècle, cultivaient leur volume capillaire pour lutter contre l’occupant italien. L’afro est politique et Michel y pense en se coiffant chaque matin.
En 1992 :nom d’une pipe
Plus d’afro, plus de rébellion ? Pas si sûr. Devenu agrégé de philo, puis chroniqueur dans « Ciel, mon mardi ! », ce qui n’est donc pas incompatible, Field présente « Le Cercle de minuit » une pipe à la main. Faut-il y voir une allusion lourdingue à son roman érotique Impasse de la nuit ? Un homme qui porte sa veste croisée ouverte, au mépris de toutes les règles d’élégance, est capable du pire.
En 2002 :bling-bling
Dix ans plus tard, Michel Field a l’air vingt ans plus jeune. Chemise hors du pantalon, lunettes de clubbeur, baskets à bulles d’air… Après une crise d’adolescence communiste, l’homme semble traverser une crise de la quarantaine bling-bling. A moins qu’il n’ait tout simplement tenté de se faire un look « cool » pour assister au défilé de Jean-Charles de Castelbajac. Dans les deux cas, le ratage est terrible.
En 2005 : chauffé à blanc
Trois ans plus tard après le défi Castelbajac, Michel Field est toujours jeune, et toujours paumé. A Cannes, pour fouler le tapis rouge, il a carrément choisi de chausser du blanc. Une bonne idée ? Puisque lui-même, sur LCI, demande désormais à ses invités politiques de répondre à une série de questions par « oui » ou « non », faisons simple : costume noir ? oui ; costume noir et chaussures blanches ? non.
En 2016 : au pied du mur
Michel Field a finalement été nommé patron de l’info de France Télévisions mais les choses se passent moyennement bien. Au point de guetter avec inquiétude, enfoncé dans une parka à la capuche ourlée d’une fourrure visiblement synthétique, l’arrivée d’un SMS fatidique de Delphine Ernotte ? Peut-être. Mais, celle-ci ne peut s’en prendre qu’à elle-même. Avant d’embaucher un candidat, il faut regarder ses chaussures. Tout le monde le sait.
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