[Chronique] Politiquement, la situation du premier ministre ne pourrait pas être pire. Stylistiquement ? Elle pourrait être meilleure…
En 1991 : haut placé
Nom de dieu ! Manuel Valls est chargé de mission auprès du premier ministre Michel Rocard, sa cravate est correctement nouée d’un four-in-hand, sa chemise à col button down est en place, il est l’avenir du PS, le monde lui appartient. Sauf qu’une masse capillaire d’une hauteur proprement hallucinante, et symptomatique d’une non-maîtrise absolue du séchoir, repose sur son crâne. Et nous oblige à poser une question lourde de sens : un homme si mal coiffé peut-t-il vraiment avoir un « destin » ?
En 2002 : l’art de la diversion
La réponse à la question est évidemment « non ». L’ambitieux, devenu député et maire d’Evry, se plie donc en quatre pour régler le problème. L’introduction d’une raie aide un peu. Mais Valls mise surtout sur sa tenue pour faire diversion. Et cela marche. A côté de cette chemisette rose à poche à rabat et de ce Motorola StarTac accroché à la ceinture, sa coupe apparaîtrait presque décente. Le mot important dans cette phrase étant presque.
En 2007 : radar à l’orange
Cinq ans plus tard, le recours à un coiffeur et à un spray coiffant lui a permis de reprendre le contrôle de la situation. Mais il faut du temps pour refaire un vestiaire. Après le rose, l’orange. En kit. Ne manque que la pochette assortie. Mais gageons que Manuel la garde pour les grands jours.
En 2012 : mariage pour tous
Le ministre de l’intérieur du gouvernement Ayrault a, de toute évidence, retrouvé une certaine sérénité. Après être venu à bout d’une nature capillaire si récalcitrante, comment ne pas s’attaquer avec optimisme aux enjeux de sécurité ? Valls s’éclate dans son nouveau rôle. Au point d’arborer, ce jour-là, à Marseille, l’une de ces cravates de fête, en soie, couleur ivoire, que l’on observe plus communément dans les mariages.
En 2016 : comment faire le Jobs
La Valls est bel et bien terminée. Venu parlersport dans l’émission préférée des amateurs de cross-country et de water-polo, « Stade 2 », le premier ministre porte un pull col roulé qui rappelle furieusement celui, de la marque St. Croix, que ne quittait jamais Steve Jobs. Mais qui fait surtout craindre le moment du déshabillage. Rien de pire pour bousiller une coiffure que de retirer un peu vite un col roulé.
Manuel Valls dans l’émission « Stade 2 », le 27 mars 2016
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