[Chronique] Les spécialistes s’interrogent sur le style de jeu des Bleus. Mais, niveau style, la vraie question est ailleurs. Croyez-nous.
1991 : le « v » de victoire
Didier Deschamps n’a que 23 ans mais c’est déjà un fin tacticien. Prêté par Marseille à Bordeaux, il sait qu’il doit prouver sa loyauté à ses nouveaux supporteurs. Le voilà donc qui parade dans un pull-over orné d’un imposant scapulaire, semblable à celui qui barre historiquement le maillot des Girondins de Bordeaux. De toute évidence, le jeune Didier a déjà compris que le style importe peu : seul le résultat compte.
2003 : taille patron
Vingt-deux ans plus tard, confirmation : le style, Didier s’en moque. Devenu entraîneur, il pose ici à côté de la star tchèque Pavel Nedved, vêtu d’un costume si ample qu’il
rappelle les zoot suits portés par les swingueurs américains des années 1930. Est-ce une
tactique destinée à montrer que le costume d’entraîneur n’est pas trop grand pour lui ? Sans doute. D’ailleurs, à la tête de l’AS Monaco, Didier remportera cette année-là son premier trophée – une Coupe de la Ligue.
2004 : une autre paire de manches
Une Coupe de la Ligue, et puis l’exploit : avec les joueurs monégasques, Didier atteint la finale de Ligue des champions. Mais la marche est trop haute. Battus 3-0 par le FC Porto du très élégant José Mourinho, les joueurs de la Principauté pleurent et Didier montre ses limites : à en juger par la manche gauche de son manteau en cuir, il n’a pas le bras assez long pour soulever le trophée convoité.
2008 : blues jean
Quatre ans plus tard, « la Desch » est à l’arrêt. A la recherche d’un nouveau club, il profite de son temps libre pour s’occuper, enfin, de son style. En l’occurrence, il porte ce que les Américains appellent avec beaucoup de dédain un « smoking canadien », à savoir un jean et une veste en jean. Résultat ? Vite, qu’il retrouve un club !
2016 : grisé par les bleus
Mieux qu’un club, il a fini par trouver une sélection. A 47 ans, Didier Deschamps s’apprête à disputer l’Euro à la tête des Bleus, et on le sent prêt, jusque dans les moindres détails : son costume brillant (c’est le problème avec le mohair) est même assorti à ses cheveux brillants (c’est le problème avec la laque de mauvaise qualité). L’un dans l’autre, on a hâte de voir le résultat. Puisqu’il n’y a que ça qui compte.