Vendredi dernier, j’ai exécuté un vol en hélico dans le ciel de Lyon. Je n’avais encore jamais grimpé à bord d’un tel appareil, pour le coup, et je suis tombé sous le charme. C’est assez hallucinant, de survoler la Terre en toute liberté ! Mais ce qui m’a réellement grisé, je pense, c’est l’appareil sur lequel j’ai embarqué. C’est quand même singulier, que des individus aient pu penser un truc comme l’hélicoptère !L’homme est une créature incroyablement prolifique. Mesurez ce qu’il a pu imaginer en deux siècles à peine : l’avion, le téléphone, ou encore l’hélico. On est en droit de se demander où nous en serons d’ici cinquante ans. Enfin, si nous sommes encore là, bien sûr. Parce que l’homme est également parvenu, en deux siècles, à créer un continent entier de plastique, à causer un changement climatique majeur, et à mettre sa propre vie en danger avec l’arsenal nucléaire. Je ne parierais pas trop sur lui, en fait. Dans les faits, cette imagination dont il fait preuve est malheureusement employée pour dominer. Le nucléaire est dans ce domaine un exemple frappant : il a été étudié dans l’espoir de devenir une source d’énergie. Les chercheurs souhaitaient améliorer la vie des gens. Mais il s’est véritablement imposé quand il a été financé pour créer la fameuse bombe H. La volonté de départ peut être excellente, mais dès qu’un investisseur apparaît, les cartes sont entièrement rebattues. Les chercheurs élaborent des technologies nouvelles, mais ceux qui les exploitent s’occupent surtout de gagner au maximum : ils sont donc moins regardants quant aux répercussions à moyen terme ; c’est le rendement à court terme qui compte. Ca ne manque pas de saveur, quand on y pense : la science oeuvre dans l’espoir d’obtenir un monde meilleur, mais ceux qui font une réalité de ses innovations peuvent obtenir l’exact contraire ! Toujours est-il que je vous invite à essayer le vol en hélico : ce n’est que du bonheur. Vous pouvez en apprendre plus sur ce site qui vous propose ce baptême en hélicoptère.
Sur une initiative de DroiteLib – mouvement libéral fondé par Virginie Calmels, proche d’Alain Juppé –, plus de 200 jeunes engagés dans la primaire de la droite et du centre, juppéistes, sarkozystes et lemairistes, s’associent à des soutiens d’Emmanuel Macron pour signer une tribune et dénoncer le projet de Jean-Luc Mélenchon. Un programme qu’ils jugent rétrograde et dirigiste.
Jean-Luc Mélenchon attire tous les projecteurs sur lui. Après l’indéniable succès de son meeting de Marseille, d’aucuns évoquent désormais sa potentielle victoire à l’élection présidentielle française. Ce qui était, il y a quelques semaines encore, de l’ordre du fantasme pourrait devenir réalité, consacrant le tribun d’une gauche radicalisée au rang de chef d’État de la cinquième puissance mondiale. Pourtant, derrière ses talents d’orateur et l’énergie qu’il dégage, Jean-Luc Mélenchon est tout sauf le candidat de la jeunesse et de la modernité. Il est le candidat de ces vieilles lunes socialistes qui ont marqué le XXe siècle. Il est, comme Marine Le Pen dans un autre registre, le candidat de tous les nostalgiques. Le candidat d’un parti qui ose se revendiquer d’une idéologie, le communisme, dont les concrétisations passées auront été si meurtrières. Le candidat des hommages réguliers à Chávez, Castro et autre Maduro, ces dictateurs qui n’ont cessé d’affamer ou de maltraiter leur peuple.
Certains d’entre eux – refusant d’enlever leurs œillères – nous accuseront d’extrapoler sa pensée et de tomber dans la caricature facile. Fort bien. Intéressons-nous donc, précisément, à son projet. Il faut savoir que les nouvelles dépenses envisagées par Jean-Luc Mélenchon sont évaluées à 273 milliards d’euros qui ne pourront être financés par l’emprunt, faute de prêteurs. Le candidat d’extrême gauche n’aura donc d’autre choix que de recourir massivement à la fiscalité : de la hausse de l’impôt sur le revenu à celle de la fiscalité des entreprises, M. Mélenchon rêve d’un grand soir de la folie fiscale. Une politique qui fera fuir les investisseurs et donc, en vertu d’un principe maintes fois constaté, diminuer les recettes, sauf à confisquer l’épargne des Français. Cette dernière option n’est malheureusement plus à exclure lorsqu’on confie son pays à un homme qui ne renonce à aucune dérive dirigiste pour construire sa société idéale.
En effet, même lorsque Jean-Luc Mélenchon propose des mesures d’économies, celles-ci sont privatives de libertés : la fin des subventions aux écoles privées empêcherait ainsi des millions de Français de choisir librement l’école de leurs enfants. Autre exemple : le retrait des aides à la presse pour les médias qui ne seraient pas « des médias d’information politique et générale » laisserait libre cours à l’arbitraire d’une puissance publique de nature à nous inquiéter.
Au-delà des questions budgétaires, le problème est donc bel et bien philosophique et moral : c’est celui de la préservation de nos libertés. Voulons-nous d’un dirigeant autoritaire pour qui l’État est la solution à tous les maux ? Voulons-nous d’un président qui considère que sa vision du bonheur doit s’imposer à tous ? Nous n’avons nul besoin des hommes politiques pour guider notre vie et nous imposer un carcan qui nous rapprocherait davantage de la France du XIXe qu’il nous en éloignerait. Une société où l’on travaille moins, où l’on prend des congés et où l’on part à la retraite simplement parce que la loi l’exige, ce n’est pas un paradis, c’est une prison dans laquelle l’égal partage de la misère est préféré à l’inégal partage de la richesse. Une prison isolée du monde, où, de nationalisation en nationalisation, de mesure protectionniste en mesure protectionniste, l’État deviendra le seul employeur du pays, écartant toute forme de concurrence et de remise en question de ses monopoles.
Jeunes, attachés à la liberté.
Battons-nous pour éviter à la France de s’isoler en défendant ardemment le libre-échange.
Battons-nous pour éviter à la France de détruire son économie en garantissant la liberté d’entreprendre.
Battons-nous pour éviter à la France de chercher à nous rendre heureux en exigeant simplement qu’elle se borne à être juste.
Battons-nous pour une France de la liberté.
Les principaux signataires :
Alexandre Fongaro, Cofondateur DroiteLib. Sacha Benhamou, Référent départemental Les Jeunes avec Macron – Isère. Mathieu Le Cossec, Cofondateur DroiteLib. Diane Zeitoun, Responsable des jeunes LR 92, élue Courbevoie. Tristan Atmania, Responsable UDI Moselle-Est. Quentin Chollet, Vice-président LR Sciences Po Paris. Candice Foehrenbach, Référente Jeunes avec Macron Essonne. Erik Tegnér, Responsable jeunes DroiteLib. Christophe Seltzer, Coordinateur national / Students for Liberty en France. Thierry Tsagalos, Responsable d’un comité En marche !. Gabriel Deligny, Responsable des jeunes avec BLM Languedoc-Roussillon. Kevin Duvivier, Référent NKM Seine-Maritime. Arthur Laurençon, En marche !. Christine Samandel, Président Think Libéral Sciences Po Paris. Rafaël Amselem, Coprésident #HackLaPolitique. Maxence Lemasson, Reponsable des Jeunes Républicains 5e circonscription Pas-de-Calais. Charles Givadinovitch, Secrétaire général Les Progressistes, Élu à Maisons-Laffitte. Loïc Lebrun, Ancien Responsable Comité Jeunes Avec Juppé Sambre Avesnois. Matthieu Gariel, En marche !. Abel Melman, RDJA Paris NKM. Samuel Chapelle, Responsable-adjoint UNI Nanterre. Lucas de Rouvray, Responsable com’ DroiteLib. Oscar Boiteux, En Marche. Hugo Hervieu, Responsable des Jeunes Républicains 3ème circonscription de l’Eure. Thomas Harbor, Think Libéral Sciences Po / European Students for Liberty. Thomas Buisson, Responsable Les Républicains – Sorbonne. Paul Zein, En Marche. Yama Darriet, Contributeur à la veille et l’analyse Droite Lib. Florian Cronier, Responsable de la 8eme circonscription jeunes républicains du 92. Léo Garcia, Responsable Départemental des Jeunes Republicains de l’Ariège. Frédéric Jollien, Membre des jeunes libéraux radicaux suisse. Hugo Lhermite, Ancien animateur Jeunes avec Juppé. Louis Nauwelaerts, Coordinateur Student For Liberty Nanterre. Salomé Petremand, Déléguée Centrale des Jeunes de la Droite Populaire. Jean-Charles Vitaux, Délégué circonscription LR Somme. Louis-Charles Wiart, RDJA Les Républicains. Quentin Kermen, Conseiller National (LR). Antoine Goulard, Responsable des Jeunes Républicains des Côtes-d’Armor. Antonin Garré, Ancien délégué Jeune LR. Arthur Chaboute, Les Républicains, Students for Liberty, UNI. Thomas Boucher, Référent de circonscription LR. Augustin Bœuf, Délégué National des Jeunes Républicains. Baptiste Drouilhet, Responsable Réseaux Jeunes Droitelib. Maxime Viens, Student For Liberty. Samuel Tamba, Jeunes avec Fillon. Olivier Roques, Equipe com’ DroiteLib. Maxime Le Pendeven, Conseiller national LR. Charles Bosselut, Responsable-adjoint des Lycéens Républicains de Paris. Louis Bauer, Equipe com’ DroiteLib. Alexandre Colin, Contributeur à la veille et l’analyse DroiteLib. Guillaume Moukala Same Think, Libéral Sciences Po Grenoble et SFL (Nancy). Gonzague de Chantérac, Conseiller national LR.
Dans les années riches de l’antisémitisme, les Dhuicq de l’époque dénonçaient comme juifs des gens qui ne l’étaient guère , aujourd’hui on s’en prend aux homosexuels. Il est un homme qui, de sa sinécure parlementaire, injurie des Français qui, supposons-le, ne jouissent pas comme lui. En d’autres temps, ce qu’est Nicolas Dhuicq, député LR de l’Aube, siégeait à l’extrême-droite et vitupérait les juifs comme cet élu s’en prend aux homosexuels. Il s’agit bien, dans le style comme dans le propos, d’une variante évolutive du fascisme, et ceci n’est qu’une classification sans esprit polémique. Chez Dhuicq s’allient la basse politique et l’obsession récurrente; circonstanciellement, il s’agit d’affaiblir Emmanuel Macron. Dhuicq a tiré la première salve dans un entretien au site pro-russe Sputnik: «Concernant sa vie privée, c’est en train de devenir public. Emmanuel Macron est un chouchou, un chéri des médias français, qui appartiennent à un petit nombre de personnes, comme chacun sait. L’un de ses soutiens est le fameux businessman Pierre Bergé, un partenaire d’affaires et vieil amant d’Yves Saint Laurent, qui est ouvertement homosexuel et défend le mariage gay. Il y a donc tout un riche lobby gay derrière lui. Cela dit tout.» Confronté à ses propos, Dhuicq, couard comme souvent les médisants, en a rabattu un peu devant les caméras de C à vous, mais la haine étant une maladie plus forte que la lâcheté, a confirmé son propos. «Je n’ai jamais dit qu’il y avait un lobby gay. J’ai dit qu’il y avait un riche lobby qui se trouve être gay derrière Emmanuel Macron, en ciblant monsieur Bergé.» Passons le ridicule et constatons la permanence. Dans les fantasmes orchestrés par Monsieur Dhuicq, on comprend que: Macron, soutenu par un lobby gay, doit bien en être; que ce lobby gay tient les médias; que Bergé, millionnaire de gauche, co-actionnaire du Monde, qui soutint de son verbe et de ses moyens quelques personnages notoirement hétérosexuels (Mitterrand, Royal, Peillon), doit pour la circonstance être réduit à sa propre homosexualité; que l’homosexualité transcende et dépasse tout ce qui fait la vie d’un homme, et est, finalement, transmissible à son entourage; une peste donc; et une lecture du monde. Jadis –encore aujourd’hui– c’étaient les juifs qui étaient la peste, tenaient les médias, manipulaient leur entourage, subvertissaient la politique, les arts, et puis la France, dont ils n’étaient pas vraiment. Ça se disait à la Chambre. J’imagine ainsi Nicolas Dhuicq au printemps 1936, applaudissant de son banc son ami Xavier Vallat, qui dénonçait cette profanation: un juif, Léon Blum, devenait Président du Conseil. «Votre arrivée au pouvoir, monsieur le président du Conseil, est incontestablement une date historique. Pour la première fois, ce vieux pays gallo-romain sera gouverné par un Juif. (…) pour gouverner cette nation paysanne qu’est la France, il vaut mieux avoir quelqu’un dont les origines, si modestes soient-elles, se perdent dans les entrailles de notre sol, qu’un talmudiste subtil.» Dhuicq aurait bien ri. Vallat, sous Pétain, serait Commissaire général aux questions juives. Dhuicq sera-t-il un jour commissaire général aux invertis? Présidera-t-il une exposition, «le gay et la France», qui dénoncera nos jouissances perverses, comme au Palais Berlitz, «le juif et la France», en 1941, avait décrit un pays soumis à Israël? Les circonstances font les hommes. Au commencement sont leurs obsessions. Il y a peu, le même Dhuicq listait, parmi les causes probables du terrorisme, les familles homoparentales. Tout va bien. Aujourd’hui on cherche le gay sous l’hétéro, le pédé qui se masque, comme avant le youpin sous le gentil On nous dira qu’Emmanuel Macron n’est pas homosexuel, si Blum était bien juif, et que chez Dhuicq, la manipulation précède la manie? Et donc? Écrire ceci est déjà entrer dans la logique des fascistes. On ne devrait pas avoir à répondre aux immondices, ni à démentir ce qui n’aurait, normalement, aucune importance. Macron y a consenti avec humour, dans la blague des hologrammes; il fait avec l’air empuanti du temps, comment le lui reprocher. Mais notons bien. Dans l’obsession fasciste, «être» ou «ne pas être» l’objet de la haine est indifférent. Dans les années riches de l’antisémitisme, les Dhuicq de l’époque dénonçaient comme juifs des gens qui ne l’étaient guère, baptisés mais ne détestant pas le peuple détesté. Pour Lucien Rebatet, Jacques Maritain, philosophe catholique, «était enjuivé de corps et d’âme». Le même Rebatet voyait dans l’église «une judéophilie» éperdue, et Céline, dont on s’obstine à trouver les sécrétions poétiques, affirmait que même le Pape était juif, «de son nom véritable Isaac Ratisch» et que le Vatican était «un ghetto». Ainsi, aujourd’hui, on cherche le gay sous l’hétéro, le pédé qui se masque, comme avant le youpin sous le gentil. On débusque, on démasque, on suppute, on ricane. Le mal court. Le mal se ressemble. Qui est juif? Qui est homo? On affirmait jadis que les juifs asservissaient l’âme de la France; on dit désormais que le lobby homosexuel préempte la conscience des enfants, dans les théories perverses que ses complices instilleraient dans les programmes scolaires. Il en est des amis des gays aujourd’hui comme jadis des enjuivés, que des exaltés vouent aux gémonies, en attendant, qui sait, de leur faire un sort? Exagère-t-on? Veut-on essayer? Depuis les débats du Pacs, puis du mariage pour tous, on sait la dose de haine qu’inspire à une droite la perspective d’une normalisation de l’homosexualité dans la société; on a entendu suffisamment d’horreurs, grasseyantes, bondieusardes, affolées, pour ne pas s’illusionner. Les homosexuels qui parfois se suicident ou se font assommer sont les objets de quelques petits pogroms contemporains, que fomentent les paniqués. La masse molle se sent agressée. On lui vole son paysage. On la manipule. Jadis, ce n’était pas le juif échappé du ghetto qui enrageait les antisémites, mais bien le juif intégré, français, indécelable, accepté. Le juif qui était en nous. L’homosexuel en nous. Comment l’extirper? Comment le reconnaître? Au nez crochu? A la démarche chaloupée? A son accent? A ses manières? A sa solidarité de race, de genre? Ce pauvre Monsieur Dhuicq doit avoir bien peur. Il n’est pas très original. Il a, des fascistes de toujours, les stigmates. Il a peur de l’ennemi intérieur; il croit au complot; il a l’âme du délateur; il cultive une fascination pour les régimes autoritaires et leurs dictateurs –Assad dans son cas, Poutine aussi– qui doivent réconforter sa testostérone. Il fait semblant, aussi, de détester l’argent. Bergé est son Rothschild. Ce bon Monsieur Dhuicq ne ressemble à rien. Il ressemble aux anciens. On a fait grand bruit depuis hier des propos de Nicolas Canteloup, humoriste sur Europe 1, qui avait extrapolé sur les violences policières d’Aulnay-sous-Bois, imaginant l’impatience de «nos amis gays» de connaître à leur tour les joies de la matraque dans l’anus. Culture du viol et homophobie. Canteloup a choqué, Canteloup s’est excusé. Mais? Il n’y a pas de mais? Les paillardises ne sont pas innocentes des haines environnantes. Dans les années trente, Ray Ventura pouvait, sans qu’on le soupçonne un instant, ironiser dans «Ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine», sur la circoncision. Dans les années riches de l’antisémitisme, les Dhuicq de l’époque dénonçaient comme juifs des gens qui ne l’étaient guère , aujourd’hui on s’en prend aux homosexuels. Il est un homme qui, de sa sinécure parlementaire, injurie des Français qui, supposons-le, ne jouissent pas comme lui. En d’autres temps, ce qu’est Nicolas Dhuicq, député LR de l’Aube, siégeait à l’extrême-droite et vitupérait les juifs comme cet élu s’en prend aux homosexuels. Il s’agit bien, dans le style comme dans le propos, d’une variante évolutive du fascisme, et ceci n’est qu’une classification sans esprit polémique. Chez Dhuicq s’allient la basse politique et l’obsession récurrente; circonstanciellement, il s’agit d’affaiblir Emmanuel Macron. Dhuicq a tiré la première salve dans un entretien au site pro-russe Sputnik: «Concernant sa vie privée, c’est en train de devenir public. Emmanuel Macron est un chouchou, un chéri des médias français, qui appartiennent à un petit nombre de personnes, comme chacun sait. L’un de ses soutiens est le fameux businessman Pierre Bergé, un partenaire d’affaires et vieil amant d’Yves Saint Laurent, qui est ouvertement homosexuel et défend le mariage gay. Il y a donc tout un riche lobby gay derrière lui. Cela dit tout.» Confronté à ses propos, Dhuicq, couard comme souvent les médisants, en a rabattu un peu devant les caméras de C à vous, mais la haine étant une maladie plus forte que la lâcheté, a confirmé son propos. «Je n’ai jamais dit qu’il y avait un lobby gay. J’ai dit qu’il y avait un riche lobby qui se trouve être gay derrière Emmanuel Macron, en ciblant monsieur Bergé.» Passons le ridicule et constatons la permanence. Dans les fantasmes orchestrés par Monsieur Dhuicq, on comprend que: Macron, soutenu par un lobby gay, doit bien en être; que ce lobby gay tient les médias; que Bergé, millionnaire de gauche, co-actionnaire du Monde, qui soutint de son verbe et de ses moyens quelques personnages notoirement hétérosexuels (Mitterrand, Royal, Peillon), doit pour la circonstance être réduit à sa propre homosexualité; que l’homosexualité transcende et dépasse tout ce qui fait la vie d’un homme, et est, finalement, transmissible à son entourage; une peste donc; et une lecture du monde. Jadis –encore aujourd’hui– c’étaient les juifs qui étaient la peste, tenaient les médias, manipulaient leur entourage, subvertissaient la politique, les arts, et puis la France, dont ils n’étaient pas vraiment. Ça se disait à la Chambre. J’imagine ainsi Nicolas Dhuicq au printemps 1936, applaudissant de son banc son ami Xavier Vallat, qui dénonçait cette profanation: un juif, Léon Blum, devenait Président du Conseil. «Votre arrivée au pouvoir, monsieur le président du Conseil, est incontestablement une date historique. Pour la première fois, ce vieux pays gallo-romain sera gouverné par un Juif. (…) pour gouverner cette nation paysanne qu’est la France, il vaut mieux avoir quelqu’un dont les origines, si modestes soient-elles, se perdent dans les entrailles de notre sol, qu’un talmudiste subtil.» Dhuicq aurait bien ri. Vallat, sous Pétain, serait Commissaire général aux questions juives. Dhuicq sera-t-il un jour commissaire général aux invertis? Présidera-t-il une exposition, «le gay et la France», qui dénoncera nos jouissances perverses, comme au Palais Berlitz, «le juif et la France», en 1941, avait décrit un pays soumis à Israël? Les circonstances font les hommes. Au commencement sont leurs obsessions. Il y a peu, le même Dhuicq listait, parmi les causes probables du terrorisme, les familles homoparentales. Tout va bien. Aujourd’hui on cherche le gay sous l’hétéro, le pédé qui se masque, comme avant le youpin sous le gentil On nous dira qu’Emmanuel Macron n’est pas homosexuel, si Blum était bien juif, et que chez Dhuicq, la manipulation précède la manie? Et donc? Écrire ceci est déjà entrer dans la logique des fascistes. On ne devrait pas avoir à répondre aux immondices, ni à démentir ce qui n’aurait, normalement, aucune importance. Macron y a consenti avec humour, dans la blague des hologrammes; il fait avec l’air empuanti du temps, comment le lui reprocher. Mais notons bien. Dans l’obsession fasciste, «être» ou «ne pas être» l’objet de la haine est indifférent. Dans les années riches de l’antisémitisme, les Dhuicq de l’époque dénonçaient comme juifs des gens qui ne l’étaient guère, baptisés mais ne détestant pas le peuple détesté. Pour Lucien Rebatet, Jacques Maritain, philosophe catholique, «était enjuivé de corps et d’âme». Le même Rebatet voyait dans l’église «une judéophilie» éperdue, et Céline, dont on s’obstine à trouver les sécrétions poétiques, affirmait que même le Pape était juif, «de son nom véritable Isaac Ratisch» et que le Vatican était «un ghetto». Ainsi, aujourd’hui, on cherche le gay sous l’hétéro, le pédé qui se masque, comme avant le youpin sous le gentil. On débusque, on démasque, on suppute, on ricane. Le mal court. Le mal se ressemble. Qui est juif? Qui est homo? On affirmait jadis que les juifs asservissaient l’âme de la France; on dit désormais que le lobby homosexuel préempte la conscience des enfants, dans les théories perverses que ses complices instilleraient dans les programmes scolaires. Il en est des amis des gays aujourd’hui comme jadis des enjuivés, que des exaltés vouent aux gémonies, en attendant, qui sait, de leur faire un sort? Exagère-t-on? Veut-on essayer? Depuis les débats du Pacs, puis du mariage pour tous, on sait la dose de haine qu’inspire à une droite la perspective d’une normalisation de l’homosexualité dans la société; on a entendu suffisamment d’horreurs, grasseyantes, bondieusardes, affolées, pour ne pas s’illusionner. Les homosexuels qui parfois se suicident ou se font assommer sont les objets de quelques petits pogroms contemporains, que fomentent les paniqués. La masse molle se sent agressée. On lui vole son paysage. On la manipule. Jadis, ce n’était pas le juif échappé du ghetto qui enrageait les antisémites, mais bien le juif intégré, français, indécelable, accepté. Le juif qui était en nous. L’homosexuel en nous. Comment l’extirper? Comment le reconnaître? Au nez crochu? A la démarche chaloupée? A son accent? A ses manières? A sa solidarité de race, de genre? Ce pauvre Monsieur Dhuicq doit avoir bien peur. Il n’est pas très original. Il a, des fascistes de toujours, les stigmates. Il a peur de l’ennemi intérieur; il croit au complot; il a l’âme du délateur; il cultive une fascination pour les régimes autoritaires et leurs dictateurs –Assad dans son cas, Poutine aussi– qui doivent réconforter sa testostérone. Il fait semblant, aussi, de détester l’argent. Bergé est son Rothschild. Ce bon Monsieur Dhuicq ne ressemble à rien. Il ressemble aux anciens. On a fait grand bruit depuis hier des propos de Nicolas Canteloup, humoriste sur Europe 1, qui avait extrapolé sur les violences policières d’Aulnay-sous-Bois, imaginant l’impatience de «nos amis gays» de connaître à leur tour les joies de la matraque dans l’anus. Culture du viol et homophobie. Canteloup a choqué, Canteloup s’est excusé. Mais? Il n’y a pas de mais? Les paillardises ne sont pas innocentes des haines environnantes. Dans les années trente, Ray Ventura pouvait, sans qu’on le soupçonne un instant, ironiser dans «Ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine», sur la circoncision.
Comme dirait une certaine pub, c’est une vraie bonne nouvelle : depuis début mars, les policiers et gendarmes, dès lors qu’ils procèdent à des contrôles d’identité, doivent filmer leur intervention avec des caméras-piétons, et ce dans 23 zones de l’Hexagone déterminées par le ministère de l’Intérieur. Ces zones comprennent des ZSP en Île-de-France, tout comme des départements au nombre desquels les Alpes-Maritimes.
Ce n’est pour le moment qu’une simple expérience, qui prendra fin dans un an. Mais c’est à mes yeux une initiative très positive. Ce système est utilisé depuis des années chez nos voisins, et a franchement démontré son influence. Le but de ce dispositif est de calmer la relation des deux côtés de la barrière : les fonctionnaires peuvent ainsi démontrer qu’ils ont agit selon les règles, et les citoyens ne sont pas les mains vides si les forces de l’ordre sortent du cadre légal. C’est clairement un système où tout le monde est gagnant. Au passage, ces caméras permettent de faire l’économie d’une longue description textuelle, ce qui devrait réduire drastiquement la lenteur administrativeEt peut-être que d’ici quelques années, nous n’aurons pas, comme aux Etats-Unis, une émission télé montrant les interventions de nos chers policiers ? :)Au terme de cette année d’expérimentation, la police et la gendarmerie fourniront au ministre de l’Intérieur un rapport concernant l’effet de cette procédure sur le bon fonctionnement des interventions. Si ce système est appliqué à l’échelle nationale, des interventions comme celles de Théo en Seine-Saint-Denis ne devraient donc plus faire la une de l’actualité. L’initiative a été bien accueillie par tous les acteurs ! Ces 2600 caméras-piétons seront d’ailleurs bientôt doublées.
Le candidat Benoit Hamon suggère d’affecter un revenu d’existence de six cent cinquante euros par mois sans condition, notamment de revenu, graduellement à l’ensemble de la communauté. Son prix annuel à terme atteindrait 700 Mrds d’euros, ce qui représente la moitié des charges d’Etat. Le revenu fût suggéré par des fonctionnaires que beaucoup qualifieraient de libéraux, fréquemment en l’accolant à une taxe corrélatif au patrimoine global pour le verser. Une contribution sociale généralisée au taux de 37 % pourrait en conséquence régler une charge de 600 milliards d’euros. Ce système, salaire d’existence et une charge proportionnel, assurerait, suivant ses promoteurs, un standing de vie plancher à chaque Français également en l’exhortant à bosser davantage que dans la méthode en vigueur. En effet, chaque euro complémentaire remporté par son effort lui attribuerait 0,62 euros après imposition alors que, maintenant, il emporte en net simplement 0.45 € généralement, parce qu’il sent réduire ses contributions sociales et empirer ses impositions et cotisations sociales. Pour les spécialistes, ce revenu commuterait la plupart des fournitures sociales et des services publics dont l’emploi est individualisable. Chacun obtiendrait le minimum vital pour exister, l’augmenterait par une activité professionnelle, le dépenserait pour des prestations de son choix et se barderait individuellement contre les risques, dont les courants risques de santé. Le total des provisions sociales approchant pratiquement 600 Mrds d’euros, le revenu universel n’accroîtrait de ce fait pas les dépenses d’Etat et saurait être réglé sans rehausser les charges obligatoires. Il faudrait cependant transformer une partie d’entre eux, surtout les cotisations, par une charge sociale à 38.5 %. Le pays renoncerait à intercéder pour proposer des services aux communautés. Les conclusions de l’instauration d’un salaire d’existence sur la compétitivité des entreprises, l’attractivité du lieu, l’engagement et l’emploi, ou encore la fraude fiscale et administrative, seraient effroyables. Ce n’est incontestablement pas la vision du candidat socialiste, qui n’a pas confirmé l’annulation de fonctions de l’Etat. Il est possible de toutefois deviner que le revenu universel remplacerait les minima sociaux (soit 28 Milliards €) et les compensations familiales (10 Milliards Euros), chaque enfant y cédant droit, cependant ces réductions de dépenses ne changeraient pas la source du problème : il faudrait augmenter les impôts obligatoires d’environ 545 milliards Euros, soit de 53.5 %. Les conséquences de la création d’un « revenu universel d’existence » sur la compétitivité des entreprises économiques, l’attractivité du territoire, le financement et l’responsabilité, ou aussi la fraude fiscale et administrative, deviendraient effroyables.
Dans sa proclamation qui suit la prise d’Alger et la reddition d’Hussein Dey, le général de Bourmont déclare, le 5 juillet 1830 : « Vingt jours ont suffi pour la destruction de cet Etat dont l’existence fatiguait l’Europe depuis trois siècles. » Depuis le XVe siècle, toutes les flottes occidentales ont en effet bombardé la ville afin que cessent les activités des pirates, fonds de commerce de la régence d’Alger, possession turque dont l’autorité sur les tribus arabes de l’arrière-pays n’est que très relative. C’est donc avec la bénédiction des puissances européennes-hormis l’Angleterre-que Charles X décide de conquérir Alger. Quinze ans après le congrès de Vienne, qui a ramené la France napoléonienne aux frontières de la Révolution, cette expédition doit lui permettre de reprendre sa place dans le monde, mais aussi de distraire une opposition intérieure de plus en plus vigoureuse. Elle doit aussi mettre fin à un contentieux qui remonte au Directoire, celui-ci n’ayant pas honoré une dette due à trois négociants algériens. La rupture intervient le 30 avril 1827, quand le dey d’Alger soufflette d’un coup de chasse-mouches le consul Deval. Le 16 mai 1830, la flotte commandée par les amiraux Duperré et de Rosamel appareille de Toulon. Le débarquement des 30 000 hommes a lieu le 14 juin à Sidi-Ferruch et l’attaque aboutit à la prise de la ville. La conquête peut commencer. Elle sera terrible.
C’est une histoire comme une autre. Celle d’une famille de cultivateurs alsaciens d’Oberheim, dans le Bas-Rhin, les Farny, qui, placée sur la route de l’émigration allemande, décide, en 1832, d’échapper à la misère en gagnant le Nouveau Monde. Parvenus au Havre et escroqués par les « passeurs » de l’époque comme 73 autres familles candidates au grand départ, le couple et ses cinq enfants sont alors déroutés vers l’Algérie. Si les troupes françaises menées par le général de Bourmont ont conquis Alger deux ans plus tôt, elles ne contrôlent guère que quelques enclaves placées sur la côte. Les Farny, comme leurs 500 compatriotes, sont alors installés dans la plaine de la Mitidja, au sud de la capitale. Dix ans plus tard, le père et trois de ses fils sont morts des fièvres, la mère et son dernier garçon ont disparu lors de la razzia d’une tribu d’Abd el-Kader, deux des enfants seulement ont survécu. Cinq générations plus tard, leurs descendants boucleront leurs valises pour regagner cette métropole qu’ils connaissent à peine. Ce qu’ont découvert les Farny à leur arrivée, c’est le Far West. La conquête de ce Sud sauvage est l’affaire des militaires auxquels il faudra dix-sept longues années pour obtenir la reddition d’Abd el-Kader, proclamé à 24 ans commandeur des croyants et chef de la guerre sainte lancée contre l’envahisseur. Ces tout premiers colons sont des pionniers, des hommes et des femmes d’un autre temps, durs à la tâche, sans cesse confrontés à la violence des hommes et des éléments mais qui sont résolus à écrire une page encore vierge. On est alors bien loin du décor de carte postale de cette Algérie française insouciante, de ces villes, véritables reproductions de petites cités françaises, avec poste, monument aux morts, église et bar-tabac où l’on sirote paisiblement l’anisette en tentant d’échapper à la chaleur.
Ces premiers arrivants succèdent aux affairistes, aventuriers, aux prostituées qui ont suivi l’armée comme une pente naturelle. Pour eux, pas question de profiter d’Alger la Blanche. Il faut survivre au milieu des marécages, habiter dans une cabane de planches aux murs percés de meurtrières, planter, « le fusil à l’épaule et la quinine dans la poche », à peine de quoi manger, se protéger des lions et des hyènes et, surtout, des tribus qui multiplient les raids. Car, de part et d’autre, on ne s’épargne pas. Par coutume, les guerriers arabes égorgent leurs adversaires dont ils décapitent les corps pour en planter les têtes sur les murailles de leurs villes insoumises. Quant aux tribus ralliées aux troupes françaises, ce ne sont pas des scalps qu’elles rapportent aux officiers de l’armée d’Afrique mais des colliers d’oreilles.
Aucun militaire ne nie le formidable courage de cet ennemi, encore moins de leur chef. Le jeune Arthur Rimbaud, dont le père, le capitaine Frédéric Rimbaud, a combattu en Algérie, compare Abd el-Kader, dans un poème en latin écrit à l’âge de 14 ans, au « nouveau Jugurtha ». « Une résistance admirable. Des hommes qu’il fallait tuer deux fois », s’exclame, en 1836, le futur maréchal Achille de Saint-Arnaud dont Victor Hugo dira plus tard, en raison de ses exactions, qu’il avait « les états de service d’un chacal ». On ne s’en prive donc pas. Les Français multiplient les razzias, massacrent les populations, détruisent les récoltes, enfument des tribus entières réfugiées dans des grottes. C’est la tactique du général Bugeaud, adepte de la conquête totale, de la soumission la plus absolue. Un seul homme, qui a vécu en Amérique, pressent ce qui peut résulter d’une telle violence. Entre ses deux voyages en Algérie en 1860 et 1865, Napoléon III déclare qu’il « refuse d’infliger [à la population arabe] le sort des Indiens de l’Amérique du Nord, chose impossible et inhumaine ». Il sera le seul souverain à vouloir créer un royaume arabe où Français et musulmans connaîtraient l’égalité. La défaite de Sedan fait disparaître tous ces rêves. En 1871, après la dernière grande rébellion, celle d’El-Mokrani en Kabylie, l’armée remet le sabre au fourreau. Après de longues hésitations des différents gouvernements, c’est décidé, l’Algérie, au contraire des autres territoires possédés par la métropole, sera une colonie de peuplement. C’est donc aux colons – ils sont maintenant 100 000 – que revient de bâtir cette Algérie française, mirage du système colonial, joyau de l’Empire.
Un formidable melting-pot
Ceux-ci, au fil des années, ont solidement pris pied en Algérie. Ils viennent d’abord de France. Mais le territoire n’est guère attirant en raison de ses rébellions endémiques et de la dureté de son climat. Il faudra même attendre 1856 pour que les naissances l’emportent sur les décès. Tremblements de terre, épidémies de choléra, famines, soleil hurlant et pluies qui transforment les oueds paisibles en torrents meurtriers, sans oublier cet ennemi qui peut frapper à tout instant. Il faut donc organiser de véritables campagnes publicitaires pour attirer les volontaires, comme, en 1848, les ouvriers parisiens sans travail, partis du port de Bercy sur des péniches et dont le gouvernement a financé le retour à la terre. S’ajoutent ceux auxquels on ne demande par leur avis, comme les déportés de la révolution de juin 1848 ou de la Commune. Suivent ensuite les Alsaciens et les Lorrains, qui préfèrent fuir leur pays annexé par les Prussiens, ainsi que les Corses et les paysans du sud de la France, exclus de la révolution industrielle. Ce curieux mélange de réfractaires et d’hommes de la terre donnera à ces colons « une mentalité de petits propriétaires terriens […] amalgame d’individualisme paysan et d’attachement à la liberté », comme l’écrit Benjamin Stora. C’est l’époque où l’Algérie se constelle de fermes fortifiées puis de villages et de bourgades dont les noms évoquent la grandeur française, celle des victoires militaires ou des grands penseurs : Jemmapes, Valmy, Marengo, Wagram, Solferino côtoient ainsi Voltaire, Tocqueville ou Victor Hugo.
Seules les références à la France émergent alors que ses citoyens sont loin d’être les seuls à coloniser ce nouveau monde. Un formidable melting-pot s’est créé en Algérie, agrégeant des populations venues d’Espagne, d’Italie, de Malte et qui vont devenir ceux qu’on nommera les « Européens », puis les « pieds-noirs ». Les Espagnols, originaires du sud de la péninsule, des régions d’Alicante et de Valence, s’installent, au plus près, dans l’Oranais. En 1911, il y a dans cette région deux Espagnols – naturalisés ou étrangers – pour un Français. Travailleurs endurants, sobres, ils sont cultivateurs quand les Siciliens, présents à l’Est, sont pêcheurs et les Piémontais, carriers ou maçons. Les Maltais tiennent de petits commerces ou sont cultivateurs ou éleveurs. En 1886, la population européenne est également partagée entre 219 000 Français d’origine et 211 000 étrangers et la loi du 26 juin 1889 naturalise tous ceux qui naîtront dorénavant en Algérie. Enfin les juifs, minorité de 20 000 personnes présente depuis des siècles en Algérie, deviennent des Français à part entière avec le décret du 24 octobre 1870 d’Adolphe Crémieux, ministre de la Justice.
C’est ce brassage de populations, totalement original dans l’Histoire, qui va donner à l’Algérie française ses plus doux accents. Personne mieux qu’Albert Camus n’a décrit ce que fut ce pays de cocagne. Il y a d’abord la mer, « en flammes sous le soleil », ces flots éblouissants dans lesquels les pêches de rougets et de mérous sont miraculeuses, mais aussi les parties de chasse dans la montagne où l’on déjeune, à l’ombre des oliviers, de soubressade et de rosé. Le soir, on profite de la douceur de l’air pour déambuler sur les boulevards ou sortir les chaises au seuil des maisons et regarder passer les jolies filles à la peau cuivrée. Le bistrot, où elles ne vont jamais, reste le royaume des hommes, qui discutent avec enthousiasme de politique mais aussi de football, sport roi pour toutes les communautés. Il y a aussi ces petites rues avec les chicanes « d’éventaires présentés par des marchands arabes et où se trouvaient pêle-mêle des cacahouètes, des pois chiches séchés et salés, des lupins, des sucres d’orge peints en couleurs violentes et des acidulés poisseux ».
Même si la période s’avère particulièrement chargée, niveau travail, je m’en moque totalement : quoiqu’il arrive, je reste zen en toutes circonstances, ces derniers temps. Chaque fois qu’un collègue me fait part de son stress, il me suffit de repenser à ce que j’ai fait dernièrement pour retrouver aussitôt le calme et le sourire. Il y a peu, j’ai en effet pratiqué un vol en avion de chasse dans le ciel de Marseille, et comme vous vous en doutez certainement, c’était au-delà de toute description. Les sensations qu’on a là-haut, et notamment durant le vol acrobatique, sont comme les créatures de Lovecraft : indicibles ! Toutefois, j’ai tout de même essayé de décrire ce vol avec mes collègues, et j’ai été assez effaré de la réaction de certains d’entre eux : à les entendre, ils n’admettaient tout simplement pas que j’aie pu investir autant d’argent pour une simple dose d’adrénaline. J’ai été tellement scotché par leurs propos que je n’ai rien trouvé à leur répondre sur le moment. Mais avec le recul, je présume qu’eux et moi avons une conception du monde si différente que toute compréhension est impossible entre nous. Et ce, même si j’avais tenté de leur expliquer des heures durant. Je reconnais que j’aurais pu employer ce capital pour m’offrir le dernier téléphone à la mode. Oui mais voilà : je ne veux pas d’un nouveau téléphone. Celui que j’ai est certes une antiquité, mais il me va. Ce dont j’ai réellement besoin, c’est d’adrénaline, de moments forts et uniques. Il faut remettre les choses par ordre d’importance. Tout le temps qu’on passe sur son iPhone est du temps qui ne marque pas, bon sang ! Alors que la demi-heure que j’ai passée dans ce cockpit restera gravée au fer rouge dans ma mémoire. C’est à cela que ça se résume, au fond : à une manière d’envisager la vie. Qu’est-ce qui est le plus important : le matériel ou les souvenirs ? Pour ma part, j’ai réalisé mon choix il y a de ça pas mal d’années. Et tant pis si certaines personnes me pensent fou de défendre ce point de vue ! Voilà le site par lequel je suis passé pour ce vol en avion de chasse, si vous vous sentez pousser des ailes. Mais autant vous prévenir : on en ressort changé ! Ce n’est pas tous les jours qu’on s’essaye à 5G ! Suivez le lien pour en savoir plus sur ce vol en avion de chasse.
Le candidat écologiste à l’élection présidentielle juge que les discussions engagées avec Benoît Hamon en vue d’un « projet commun » pour la présidentielle « n’avancent pas assez vite ». « Ma responsabilité aujourd’hui est de discuter avec d’autres candidats qui le souhaitent pour faire un projet commun », a déclaré Yannick Jadot jeudi sur RFI. « Après, la question des personnes est seconde, elle n’est pas secondaire, elle est seconde », a-t-il ajouté comme on lui demandait s’il y aurait bien un bulletin Jadot à la présidentielle.
« Le mandat que je considère avoir reçu dans cette primaire écologiste, c’est de faire en sorte que le prochain quinquennat soit écologique, social, européen », a-t-il précisé.
Une première réunion ce week-end
Interrogé sur les avancées d’un possible rapprochement avec le vainqueur de la primaire organisée par le PS, Benoît Hamon, Yannick Jadot a répondu : « On a commencé à discuter, on verra bien. » Il a ajouté qu’il trouvait que les discussions « n’avancent pas assez vite ».
Il a précisé que « ce week-end » aurait lieu « une première réunion sur le projet ». « On discute régulièrement avec Benoît Hamon, simplement il ne faut pas qu’on se prépare pour 2022 ». « Je trouve qu’elles n’avancent pas assez vite parce que la politique c’est de la dynamique. Il y a eu une dynamique autour de sa candidature, et sa candidature n’est certainement pas le fait de rejoindre un Parti socialiste usé dans un vieux bus diesel », a-t-il dit.
Avec Mélenchon, « ce sera compliqué »
Quant au candidat de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, il l’a appelé, mais il ne lui « a pas répondu » et ne l’a « pas rappelé ». « Je considère que si Jean-Luc Mélenchon ne clarifie pas ses positions sur la démocratie comme sur l’Europe, pour moi ce sera compliqué, voilà (…) après il faut discuter. »
Sur RTL, Cécile Duflot, battue à la primaire EELV, a estimé que les courants de gauche avaient « une responsabilité historique qui est de ne pas rater les moments où on peut converger sur le fond, sur un projet. Ce n’est pas un compromis, ce n’est pas un (plus) petit commun dénominateur ».
Elle a aussi assuré que Yannick Jadot avait réuni « un peu plus de 400 » parrainages sur les 500 nécessaires à une candidature à l’Élysée. « Je le dis parce que certains racontent le contraire, ils peuvent venir vérifier ils sont physiquement présents les papiers. »
Nous n’en sommes encore qu’aux hypothèses, mais elles s’annoncent moroses pour Manuel Valls et Solférino. Que se passera-t-il si le candidat désigné par le scrutin de janvier ne parvient pas à distancer Emmanuel Macron dans les sondages ? Qui serait responsable d’un probable 21 avril ? Et quid d’une faible participation à la primaire du 22 janvier ? De quelle dynamique disposera le candidat désigné par de maigres troupes de sympathisants ? Et au terme d’une campagne éclair d’à peine quelques semaines ? Les éditorialistes reviennent sur ce scrutin conçu pour asseoir la légitimité d’un candidat et qui pourrait tourner au fiasco pour les socialistes.
Premier problème souligné par Olivier Pirot dans La Nouvelle République du Centre-Ouest : les délais, extrêmement courts. « Dans quel état de forme vont arriver les candidats de la primaire de la gauche ce jeudi pour ce premier débat ? Quatre débats en quinze jours, deux tours d’élections que les protagonistes aborderont en ayant déjà aligné les meetings, les réunions publiques, les plateaux télés et les émissions de radio. Le tout dans un temps très restreint […] Avant le premier tour de la primaire de la droite, il s’était écoulé quasiment un mois entre le 1er et le 3e débat. De quoi prendre le temps de digérer et d’observer la montée en puissance de François Fillon. Cette fois-ci […], on peut se demander ce qu’au final les électeurs retiendront du processus de cette Belle Alliance populaire calibrée au départ pour que François Hollande y participe. En tout état de cause, le vainqueur devra sûrement faire preuve de beaucoup de pédagogie et de clarté pour s’extirper de ce maelstrom annoncé. »
« Deux rock stars »
Deuxième obstacle, la participation, qui pourrait ne pas être à la hauteur, s’inquiète Florence Chédotal dans La Montagne: « La primaire pourrait jouer un bien mauvais tour au camp socialiste […] Une primaire devant servir à compter ses troupes et s’imposer au sein d’une force politique, ce serait un naufrage assuré pour Solférino si les électeurs boudaient les bureaux de vote. Car la politique est une affaire de dynamique […] Pour l’heure, à regarder le taux de remplissage des salles de meeting et le nombre de spectateurs refoulés faute de place, il semblerait qu’elle soit du côté de l’insoumis Mélenchon et du libéral Macron […] Ces deux visages d’une gauche irréconciliable, mais dont la dynamique électorale est potentiellement destructrice pour le PS, si elle devait durer. Deux rock stars qui parasitent avec une délectation assumée cette primaire, alors que les grands débats vont débuter […] »
Troisième enjeu, l’incertitude totale dans laquelle sont les observateurs quant à l’issue de la bataille. Dans Midi Libre, Yann Marec agite le spectre de « la malédiction des favoris » à l’avant-veille du premier débat qui va opposer les candidats. « Attention danger. Pour les sept candidats à la primaire, la semaine qui s’avance ressemble au décollage d’une fusée […] Tout va dépendre de l’air du moment. Pour le favori Manuel Valls parti à la conquête de toutes les étoiles du parti, chaque mot compte. Entre des propositions séduisantes et un semblant de reniement, l’exercice est complexe. À tel point que le Premier ministre, qui pourtant avait juré qu’il ferait jouer son droit de réserve, est venu lui taper la claque. Alors quid des outsiders ? Arnaud Montebourg et Benoît Hamon possèdent un coup d’avance avec une stratégie parfaitement lisible : retrouver le cœur de la gauche. Ça plaît. C’est efficace. Et du coup, cette primaire paraît incertaine. En tout cas, les cartes sont tellement rebattues que le favori pourrait tomber. Comme si la malédiction des favoris de 2016 allait frapper. »
Cette menace qui plane sur la primaire socialiste a poussé le Premier ministre, « qui ne devait pas s’impliquer dans la primaire [à monter] en première ligne, au secours de son prédécesseur à Matignon », souligne Hervé Chabaud dans L’Union/L’Ardennais. « […] À Évry-Courcouronnes, on a usé de superlatifs capables de transformer l’ancien chef du gouvernement en étoile de la Belle Alliance populaire dont l’éclat resplendira demain dans les urnes […] Si le Premier ministre ne s’imaginait pas en porte-parole de son aîné, il l’est devenu par devoir et surtout par son appétence douce pour passer à la moulinette l’ambitieux Macron […] Cette prise de position avant la succession de débats […] répond au calendrier de soutien d’urgence alors qu’ils sont nombreux à vouloir faire payer à Valls le bilan de Hollande dont Macron s’est affranchi avec la roublardise d’un premier de la classe qui n’assume pas. »
Embuscade
En effet, le dernier nuage, et non des moindres, qui assombrit le scrutin de janvier, c’est Emmanuel Macron, cette « bulle » qui devait exploser en quelques semaines et qui ne cesse au contraire de grossir jusqu’à boucher l’horizon du candidat qui sera désigné. Car « de quoi parlent les responsables socialistes depuis quelques jours […] De Macron, croit savoir Cécile Cornudet des Échos. […] La primaire socialiste n’est pas passée que s’échafaudent déjà des scénarios. Si elle désigne Arnaud Montebourg ou Benoît Hamon, une partie des responsables et des élus socialistes pourraient rejoindre Emmanuel Macron […] Si Manuel Valls l’emporte, pas d’hémorragie immédiate, mais une question. Que faire si Emmanuel Macron continue de creuser l’écart dans les sondages ? […] Au nom de l’unité, le Parti socialiste tente de pousser Macron à jeter l’éponge pour éviter tout risque Le Pen […] Mais […] s’il s’avère qu’en mars Emmanuel Macron est le seul capable d’être présent au second tour, alors cet appel s’inversera […] Les sondages ne sont pas prédictifs, mais ils continuent à jouer un rôle majeur dans la vie politique. Ils peuvent transformer un vote séditieux en vote utile. C’est dire. »
Le phénomène Macron s’installe, constate aussi Jean-Louis Hervois dans la Charente Libre. « Par touches subtiles et sans appuyer trop fort sur le trait, Emmanuel Macron s’applique à installer son portrait encadré au centre du paysage politique […] Tous ceux qui attendaient la chute imminente de l’amateur en sont pour leurs frais. La mécanique de communication tourne comme une horloge […] Si les candidats de gauche devaient être d’accord sur un point, c’est contre Macron qu’ils signeraient la pétition […] Macron obsède ou fascine jusqu’à l’extrême droite. Il pique des parts de marché à toute la classe […] Trois débats télévisés à la suite pourraient définitivement ruiner l’esprit de camaraderie […] Emmanuel Macron et son logiciel surprise se tiennent en embuscade. À l’approche des derniers cent jours de la présidentielle, l’heure de vérité ne va plus tarder. »