Dernièrement, je me suis rendu à Edimbourg pour un colloque, et j’ai pu bavarder avec d’autres d’un danger qui me paraît particulièrement affolant de nos jours : les fake news. Car celles-ci sont particulièrement destructrices et ne prêtent pas à sourire, contrairement à ce qu’on pourrait croire. Si elles sont longtemps restées cloîtrées dans les tréfonds d’internet, elles se sont dernièrement très largement répandues : elles ont désormais un large public, au point de pouvoir faire élire un magnat de l’immobilier à la tête d’une grande puissance ! Ce danger a d’ailleurs été discerné par de grandes entreprises telles que Google, qui entend contrôler l’authenticité des informations publiées sur sa plateforme avec le partenariat d’autres rédactions. En juin dernier, nous avons encore eu une preuve flagrante de l’influence des fake news : la NASA a dû combattre l’idée selon laquelle elle enverrait des enfants esclaves sur Mars. Une rumeur colportée par InfoWars. Ce dernier est réputé pour ses théories toutes plus délirantes les unes ques les autres. Alex Jones, son fondateur, est carrément un roi de la fake news. C’est lui qui a notamment assuré le succès de la Pizzagate, une fake news faisant état d’un réseau pédophile impliquant des proches d’Hillary Clinton (une histoire 100% bidon pour laquelle le présentateur a dû présenter des excuses publiques). Cette émission a donc reçu un ancien agent secret qui pensait (ou affirmait, en tout cas) que la NASA avait envoyé des enfants esclaves sur Mars. Il y a dix ans, une théorie de ce genre n’aurait même pas fait l’objet d’une réponse. Mais apparemment, quelque chose a changé : la NASA a choisi de contester ces attaques et répéter qu’aucun homme – et encore moins un enfant – n’a jamais foulé le sol de la planète rouge. Ceci dit, cela arrivera peut-être un jour. Une entreprise américaine voudrait y acheminer les premiers explorateurs aux alentours de 2023. Mais c’est un aller-simple. A part ça, ce colloque m’a bien plu. Voilà quelques photos de l’événement, si vous voulez voir à quoi ça ressemblait. Je vous laisse le lien vers le site spécialiste de l’organisation de séminaire à Edimbourg.

La mode est une machine industrielle mondiale lancée dans une course au produit et au pouvoir. Cet aspect pragmatique peut faire peur, en tout cas, il produit aussi des emplois. Cela dit, les derniers défilés hommes de la fashion week parisienne mettent en valeur un autre aspect des choses : la nature quasi existentielle du vêtement. Au-delà de son côté mercantile et superficiel, il sert aussi à dire qui on est, comment on se sent face au monde et à la société, où l’on s’y situe. C’est complexe et subtil, mais c’est passionnant.  Olivier Rousteing, directeur artistique de Balmain, réfléchit aux valeurs historiques de la France et à ses propres origines. Nourrie par ce qui est moins une crise d’identité qu’un élan d’expression de soi, la collection s’inspire du style personnel de son auteur. On retrouve donc son « uniforme » quotidien sur le podium : des vestes tailleurs ¬déclinées en mosaïque de matières luxueuses (cuir, laine, soie, peaux exotiques, motifs fauves, clous) et des pantalons étroits. Avec un parfum de liberté sous influence américaine qui s’exprime dans les boots pointues ou les motifs de drapeau et d’étoiles des tee-shirts aux nuances noires et blanches patinées. Egalement sur scène, les mannequins filles présentent la précollection printemps et chaloupent dans des robes sculptures en dentelles et cuir, perchées sur des cuissardes-collants lacées. Le tout exprime un goût du maximalisme joyeux et populaire. Mais derrière l’éclat baroque existe aussi une forme de résilience, qui consiste à briller pour cacher des failles. Ici se croisent la personnalité du designer et celle de son client, deux figures qui dialoguent toujours, même inconsciemment, dans la mode. Les Suédois d’Acne studios ont choisi d’inverser les codes de ce rapport pour leur présentation : les invités passent par les cou¬lisses et « défilent » sur une scène pour observer les modèles assis sur des rangées de chaises. Les costumes à pantalons extra-amples aux couleurs faussement neutres, les débardeurs et gilets de mailles aux accents rétro et les maxi-manteaux à carreaux traduisent avec subtilitéce bizarre-chic-cool propre à la marque. Et si les vêtements sont assez simples, leurs détails étranges interpellent. Cette complexité inhérente à tout être humain résonne dans la collection de la marque japonaise Sacai. Avec ses mailles irlandaises transformées en blousons, ses pièces qui fusionnent imagerie western et sport, ses constructions acrobatiques et expressionnistes, elle transcrit avec beaucoup de grâce, d’originalité et d’évidence l’esprit en ébullition d’une jeune personne moderne.