Le Monde | 27.03.2016 à 13h03 |Par Louise Couvelaire
Sous la houlette de Philippe de Villiers, le Puy-du-Fou vient d’acquérir un anneau qui aurait appartenu à Jeanne d’Arc. Une récupération de la guerrière devenue icône de l’extrême droite. Ce qui n’a pas toujours été le cas.
XIXe siècle : adulée à droite et à gauche
La pucelle d’Orléans a longtemps été ignorée. C’est après la défaite de la France contre la Prusse que naît son culte, avec l’apparition du concept politique de « nation ». Deux camps s’arrachent l’icône : il y a, d’un côté, la Jeanne de droite – guerrière, monarchiste et pieuse –, et de l’autre, celle de gauche, issue du peuple, trahie par le roi et brûlée par l’Eglise.
Début du XXe siècle : écartelée entre de Gaulle et Pétain
Jeanne d’Arc est béatifiée en 1909 et canonisée en 1920. Pendant la seconde guerre mondiale, le général de Gaulle ne cesse d’utiliser son souvenir tandis que Vichy veut la récupérer en la substituant à Marianne. La figure est peu à peu délaissée par la gauche, puis, à la fin des années 1970, par tous les républicains. Avant d’être rattrapée par le Front national.
Années 1970 : confisquée par l’extrême droite
Même si les partis dits traditionnels tentent régulièrement de se réapproprier la sainte, l’extrême droite a mis la main sur le symbole dès la fin des années 1970. Le FN a commencé par participer aux défilés créés en son honneur par l’Action française (extrême droite royaliste) avant d’organiser dès le 1er Mai 1988 sa propre manifestation.
20 mars 2016 : récupérée par Jean-Marie Le Pen
Jean-Marie Le Pen, exclu du Front national, annonce sur France 3 vouloir lancer des comités baptisés « Jeanne d’Arc, au secours ! », dont l’objectif serait d’« influencer autant que faire se peut la marche du Front national ». Une référence à l’appel lancé le 1er mai 2015 lors de la manifestation du FN, place des Pyramides, à Paris.
20 mars 2016 : vénérée par Philippe de Villiers
5 000 personnes se pressent au Puy-du-Fou pour suivre le cortège rapportant l’anneau qui aurait appartenu à Jeanne et qu’a racheté le parc de loisirs à une vente aux enchères à Londres pour 377 000 euros. Une cérémonie orchestrée par Philippe de Villiers : « C’est un petit bout de France qui revient, une parcelle de nos grandeurs déchues. »
- Louise Couvelaire