Nicolas Hulot, le 31 mai 2016.

« Après mûre réflexion et nombre de consultations depuis plusieurs mois, j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle »,a annoncé l’écologiste Nicolas Hulot, mardi 5 juillet.

« Ce que je vois, c’est une société inquiète, fragmentée et désabusée par les crises qui la traversent et par l’absence de réponse politique. Mais ce que je vois aussi, c’est un élan pour inventer un monde meilleur, plus juste et solidaire. Ce que je veux, c’est fédérer et réconcilier ces aspirations et ces porteurs de solutions autour d’un même projet pour la France. »

« Ce que je ne peux pas, c’est endosser l’habit de l’homme providentiel et présidentiel. Je ne me sens ni suffisamment armé, ni suffisamment aguerri pour cela », poursuit l’ancien envoyé spécial de François Hollande pour la protection de la planète.

Des sondages favorables

Un appel en faveur de sa candidature avait pourtant recueilli en quelques semaines plusieurs dizaines de milliers de signatures. Des sondages le créditaient d’un score compris entre 9 et 11% au premier tour de la présidentielle.

Moins d’un Français sur trois (31%) souhaitait cependant que l’écologiste participe à cette élection, même s’il jouit d’une bonne image dans l’opinion, selon un sondage Odoxa pour Le Parisien/Aujourd’hui publié en mai.

« Une primaire s’impose »

Les regards se tournent désormais vers Europe Ecologie-Les Verts, qui souhaitait une candidature Hulot et n’entend pas participer à la primaire de la gauche initiée par le PS et qui devrait se dérouler en janvier. Le secrétaire national d’Europe écologie-Les Verts (EELV), David Cormand, a immédiatement réagi sur Twitter :

Triste de la décision de @N_Hulot mais respectueux de son intégrité et de son engagement désintéressé et constant.

— DavidCormand (@David Cormand)

Matthieu Orphelin, un très proche de Nicolas Hulot, a confié sur Twitter sa déception, mais a précisé qu’il respectait sa décision. « Nicolas Hulot ne sera pas candidat en 2017. Je respecte sa décision. Comme beaucoup, j’aurais aimé qu’elle soit autre », peut-on lire sur son compte Twitter.

La sénatrice EELV du Val-de-Marne Esther Benbassa est bien moins complaisante envers Nicolas hulot, qu’elle qualifie de « diva » :

Nicolas #Hulot veut bien jouer les divas, mais pas « l’homme providentiel et présidentiel ». On lui demandait juste d’incarner l’#écologie…

— EstherBenbassa (@Esther Benbassa)

Pour Karima Delli, députée européenne EELV, cette décision met en lumière la nécessité d’une primaire interne à EELV :

#2017 après le retrait de Nicolas #Hulot plus que jamais une primaire des #ecolos s’impose

— KarimaDelli (@Karima Delli)

Suspense

Cela faisait plusieurs semaines que Nicolas Hulot entretenait le suspense autour de sa candidature, qu’il avait promis de rendre publique à l’automne au plus tard. Dans son entourage, comme chez les écologistes, nombreux sont ceux qui le poussaient à se présenter. Une petite équipe gravitait déjà autour de lui : des politiques, comme Pascal Durand, ex-patron d’EELV, l’ancien parlementaire européen (EELV) Jean-Paul Besset, des intellectuels, tel le philosophe Dominique Bourg… Cécile Duflot, qui ne cache pas ses ambitions présidentielles, a toujours assuré qu’elle lui laisserait la place s’il décidait d’être candidat. Dans les sondages, il affichait une popularité insolente, entre 9 % et 11 % des intentions de vote.

Lire aussi : La valse-hésitation de Nicolas Hulot pour 2017

L’ancien animateur d’« Ushuaïa » demeurera donc à la tête de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme (FNH). Cette dernière avait changé de nom en 2011 – elle était devenue Fondation pour la nature et l’homme – lorsque son président avait démissionné de ses fonctions pour se lancer dans la bataille de la primaire écologiste pour la présidentielle de 2012. Après son échec face à Eva Joly, il en avait repris les commandes.

Lire aussi (en édition abonnés) : Présidentielle : Nicolas Hulot poussé par ses « amis » à accélérer

Sous ses faux airs de série B, ce film de 1965 a inspiré de nombreux cinéastes, dont Ridley Scott pour « Alien ». Une épopée à redécouvrir en version restaurée dès le 6 juillet.

Des astronautes qui débarquent sur une planète et se retrouvent confrontés à une forme de vie inconnue, c’est le scénario de « La Planète des vampires »… ou celui d’« Alien » ?

Découvrir La Planète des vampiresaujourd’hui, cinquante ans après son tournage, c’est se lancer dans une sorte d’aventure archéologique. A première vue, tout y semble daté : les décors, les costumes, le jeu des acteurs, les effets spéciaux… Pourtant, malgré cet ensemble ripoliné et exubérant d’esthétique sixties, difficile de ne pas être frappé par l’impression que ce film a façonné une partie de notre imaginaire commun, de notre envie de nous projeter dans des épopées intergalactiques.

On pouvait ignorer son existence, et ce d’autant plus facilement qu’il n’est jamais vraiment sorti en France, n’ayant fait l’objet que d’éditions vidéo ou DVD peu fameuses jusqu’à sa récente restauration. Impossible, en revanche, de ne pas connaître ceux qu’il a inspirés plus ou moins directement. Au premier chef, Ridley Scott avec sa saga Alien et sa préquelle, Prometheus. Plus généralement, des pans entiers de la science-fiction actuelle, quand un vaisseau débarque sur une planète pas toujours accueillante.

L’alliance d’Edgar Poe et de Youri Gagarine

C’est un euphémisme dans le cas de La Planète des vampires (Terrore nelle spazio, en version originale). Tourné par Mario Bava au milieu des années 1960, il est une adaptation de la nouvelle Una notte di 21 ore (« une nuit de 21 heures »), de Renato Pestriniero. Une équipe d’astronautes atterrit dans un monde désertique, envahi de fumées et de lumières rosées. A peine le vaisseau se pose-t-il que tous se mettent à se battre, mus par une force étrange. Une fois calmés, ils sortent explorer ce nouveau monde et découvrent un autre vaisseau échoué, peuplé de cadavres qui prennent vie et veulent les dévorer. Toute la réussite tient à cette capacité à mélanger des univers, à faire frissonner comme dans un film d’horreur tout en donnant à rêver de conquête spatiale. Bref, à réunir Edgar Poe et Youri Gagarine.

« La Planète des vampires » dans sa version de 1965

La Planète des vampires est le seul de la très dense filmographie de Mario Bava à s’inscrire ouvertement dans le registre de la science-fiction. Né en 1914 à San Remo, mort en 1980 à Rome, ce réalisateur aura été une sorte d’homme à tout faire du cinéma de son pays, tour à tour chef op’, décorateur, auteur, cocréateur d’un genre, le « giallo » (ou thriller à l’italienne), parrain de toute une mouvance dont Dario Argento sera un héros. Le parcours de Bava illustre une autre époque de l’industrie du cinéma, lorsque Hollywood allait à Rome tourner à moindre coût des séries B, voire Z. En Italie, le même Bava, as de la débrouille, savait inventer du cinéma à partir de budgets ridicules. Raoul Walsh, avec qui il travailla sur un tournage à Cinecittà, dit un jour à son propos : « Tant qu’il y aura des hommes comme lui, on n’aura jamais à craindre un déclin de la production cinématographique. »

Cette créativité, cet humour aussi, tout cela se ressent dans La Planète des vampires. Certains des décors ont été conçus par Carlo Rambaldi, futur créateur de la marionnette E.T. En 1971, Bava racontait dans une interview comment était née cette planète peuplée d’esprits, de lumières psychés et de collines abruptes : « Il y avait le plateau de tournage, tout vide et minable, car les sous manquaient. Et je devais représenter une planète. Qu’ai-je fait alors ? Sur le plateau voisin, il y avait deux gros rochers en plastique, vestiges d’un quelconque film mythologique. »

As du cinéma à petit budget, Mario Bava a créé un univers de science-fiction avec quelques fumigènes et des rochers en plastique récupérés sur un plateau voisin. « La Planète des vampires » ont été conçus par Carlo Rambaldi, qui sera le créateur de la marionnette E.T.

Les faux blocs de pierre ont donc quitté la Rome antique pour le futur galactique. La Planète des vampires se situe donc quelque part entre le péplum, l’horreur, la science-fiction, l’érotisme… Et c’est sans doute ce qui en fait un film culte, objet de l’admiration de cinéastes aussi divers que Tim Burton, Quentin Tarantino ou Nicolas Winding Refn.

Norma Bengell, aïeule du lieutenant Ripley

On peut s’amuser au jeu des différences entre ce film et ses successeurs : voir dans ces squelettes d’humanoïdes qui jonchent la Planète des vampires les ancêtres de ceux d’Alien, constater les similitudes entre l’éveil féministe de l’actrice Norma Bengell – comédienne majeure du « cinema novo » brésilien – et celui du lieutenant Ripley-Sigourney Weaver dans le film de Ridley Scott. Et il est naturel de rire des effets spéciaux balbutiants, des maquettes de vaisseaux en carton-pâte tremblantes qui tranchent avec l’orfèvrerie numérisée des space operas actuels comme, par exemple, Jupiter : le destin de l’Univers, de Lilly et Lana Wachowski. Même si rien ne dit que ces films qui nous semblent aujourd’hui visuellement parfaits ne nous apparaîtront pas un jour grotesques.

L’actrice Norma Bengell, joue Sanya, héroïne de « La Planète des vampires ».

Si La Planète des vampires séduit aujourd’hui, c’est qu’il est en résonance avec la nostalgie sixties actuelle. Mais il plaît aussi par ce sens du style, sa façon d’habiller ses personnages de combinaisons de cuir noir gansé de jaune, au croisement entre l’uniforme SM et celui des motards. La scène dans laquelle un vampire sort du caveau où il a été enterré et que flotte dans les airs le sac plastique qui lui servait de linceul est un pur moment de cinéma.

En 1965, Bava dépoussière l’épouvante, le conte gothique, et l’envoie dans une autre galaxie. Et c’est dans ce cinéma réputé de seconde zone que sont nées les formes innovantes qui continuent de titiller les cinéastes d’aujourd’hui. Ce qui rend ce long travail d’exhumation et de restauration de films cachés d’autant plus salutaire.

« La Planète des vampires » dans sa version restaurée

La Planète des vampires, de Mario Bava, avec Barry Sullivan, Norma Bengell… 1 h 26. En salles le 6 juillet.

Par Clément Ghys

Sous ses faux airs de série B, ce film de 1965 a inspiré de nombreux cinéastes, dont Ridley Scott pour « Alien ». Une épopée à redécouvrir en version restaurée dès le 6 juillet.

Des astronautes qui débarquent sur une planète et se retrouvent confrontés à une forme de vie inconnue, c’est le scénario de « La Planète des vampires »… ou celui d’« Alien » ?

Découvrir La Planète des vampiresaujourd’hui, cinquante ans après son tournage, c’est se lancer dans une sorte d’aventure archéologique. A première vue, tout y semble daté : les décors, les costumes, le jeu des acteurs, les effets spéciaux… Pourtant, malgré cet ensemble ripoliné et exubérant d’esthétique sixties, difficile de ne pas être frappé par l’impression que ce film a façonné une partie de notre imaginaire commun, de notre envie de nous projeter dans des épopées intergalactiques.

On pouvait ignorer son existence, et ce d’autant plus facilement qu’il n’est jamais vraiment sorti en France, n’ayant fait l’objet que d’éditions vidéo ou DVD peu fameuses jusqu’à sa récente restauration. Impossible, en revanche, de ne pas connaître ceux qu’il a inspirés plus ou moins directement. Au premier chef, Ridley Scott avec sa saga Alien et sa préquelle, Prometheus. Plus généralement, des pans entiers de la science-fiction actuelle, quand un vaisseau débarque sur une planète pas toujours accueillante.

L’alliance d’Edgar Poe et de Youri Gagarine

C’est un euphémisme dans le cas de La Planète des vampires (Terrore nelle spazio, en version originale). Tourné par Mario Bava au milieu des années 1960, il est une adaptation de la nouvelle Una notte di 21 ore (« une nuit de 21 heures »), de Renato Pestriniero. Une équipe d’astronautes atterrit dans un monde désertique, envahi de fumées et de lumières rosées. A peine le vaisseau se pose-t-il que tous se mettent à se battre, mus par une force étrange. Une fois calmés, ils sortent explorer ce nouveau monde et découvrent un autre vaisseau échoué, peuplé de cadavres qui prennent vie et veulent les dévorer. Toute la réussite tient à cette capacité à mélanger des univers, à faire frissonner comme dans un film d’horreur tout en donnant à rêver de conquête spatiale. Bref, à réunir Edgar Poe et Youri Gagarine.

« La Planète des vampires » dans sa version de 1965

La Planète des vampires est le seul de la très dense filmographie de Mario Bava à s’inscrire ouvertement dans le registre de la science-fiction. Né en 1914 à San Remo, mort en 1980 à Rome, ce réalisateur aura été une sorte d’homme à tout faire du cinéma de son pays, tour à tour chef op’, décorateur, auteur, cocréateur d’un genre, le « giallo » (ou thriller à l’italienne), parrain de toute une mouvance dont Dario Argento sera un héros. Le parcours de Bava illustre une autre époque de l’industrie du cinéma, lorsque Hollywood allait à Rome tourner à moindre coût des séries B, voire Z. En Italie, le même Bava, as de la débrouille, savait inventer du cinéma à partir de budgets ridicules. Raoul Walsh, avec qui il travailla sur un tournage à Cinecittà, dit un jour à son propos : « Tant qu’il y aura des hommes comme lui, on n’aura jamais à craindre un déclin de la production cinématographique. »

Cette créativité, cet humour aussi, tout cela se ressent dans La Planète des vampires. Certains des décors ont été conçus par Carlo Rambaldi, futur créateur de la marionnette E.T. En 1971, Bava racontait dans une interview comment était née cette planète peuplée d’esprits, de lumières psychés et de collines abruptes : « Il y avait le plateau de tournage, tout vide et minable, car les sous manquaient. Et je devais représenter une planète. Qu’ai-je fait alors ? Sur le plateau voisin, il y avait deux gros rochers en plastique, vestiges d’un quelconque film mythologique. »

As du cinéma à petit budget, Mario Bava a créé un univers de science-fiction avec quelques fumigènes et des rochers en plastique récupérés sur un plateau voisin. « La Planète des vampires » ont été conçus par Carlo Rambaldi, qui sera le créateur de la marionnette E.T.

Les faux blocs de pierre ont donc quitté la Rome antique pour le futur galactique. La Planète des vampires se situe donc quelque part entre le péplum, l’horreur, la science-fiction, l’érotisme… Et c’est sans doute ce qui en fait un film culte, objet de l’admiration de cinéastes aussi divers que Tim Burton, Quentin Tarantino ou Nicolas Winding Refn.

Norma Bengell, aïeule du lieutenant Ripley

On peut s’amuser au jeu des différences entre ce film et ses successeurs : voir dans ces squelettes d’humanoïdes qui jonchent la Planète des vampires les ancêtres de ceux d’Alien, constater les similitudes entre l’éveil féministe de l’actrice Norma Bengell – comédienne majeure du « cinema novo » brésilien – et celui du lieutenant Ripley-Sigourney Weaver dans le film de Ridley Scott. Et il est naturel de rire des effets spéciaux balbutiants, des maquettes de vaisseaux en carton-pâte tremblantes qui tranchent avec l’orfèvrerie numérisée des space operas actuels comme, par exemple, Jupiter : le destin de l’Univers, de Lilly et Lana Wachowski. Même si rien ne dit que ces films qui nous semblent aujourd’hui visuellement parfaits ne nous apparaîtront pas un jour grotesques.

L’actrice Norma Bengell, joue Sanya, héroïne de « La Planète des vampires ».

Si La Planète des vampires séduit aujourd’hui, c’est qu’il est en résonance avec la nostalgie sixties actuelle. Mais il plaît aussi par ce sens du style, sa façon d’habiller ses personnages de combinaisons de cuir noir gansé de jaune, au croisement entre l’uniforme SM et celui des motards. La scène dans laquelle un vampire sort du caveau où il a été enterré et que flotte dans les airs le sac plastique qui lui servait de linceul est un pur moment de cinéma.

En 1965, Bava dépoussière l’épouvante, le conte gothique, et l’envoie dans une autre galaxie. Et c’est dans ce cinéma réputé de seconde zone que sont nées les formes innovantes qui continuent de titiller les cinéastes d’aujourd’hui. Ce qui rend ce long travail d’exhumation et de restauration de films cachés d’autant plus salutaire.

« La Planète des vampires » dans sa version restaurée

La Planète des vampires, de Mario Bava, avec Barry Sullivan, Norma Bengell… 1 h 26. En salles le 6 juillet.

Par Clément Ghys

[Chronique] A 79 ans, le Cavaliere se remet tranquillement d’une opération à cœur ouvert. Avouons-le : nous avons plus de mal à nous remettre de certains de ses looks. Ici en 1986, taille patron. On dit que le costume fait l’homme. Mais, ici, il fait surtout le patron. Fils de banquier, devenu vendeur d’aspirateurs puis chanteur de charme, Silvio Berlusconi dirige désormais la holding Fininvest, deuxième groupe d’Italie. Autant dire qu’il doit soigner sa carrure. Son costume croisé 3 x 2 (trois lignes de deux boutons) vient de la maison Caraceni, célèbre pour avoir habillé Humphrey Bogart, Yves Saint Laurent, mais surtout Gianni Agnelli, patron de Fiat, le… premier groupe d’Italie. Sous-entendu : Silvio ne se contentera pas longtemps d’une place de dauphin.

Afin de lutter contre la concurrence étrangère, un décret royal réduit la teneur en matière grasse et œuf de la mayonnaise. Sacrilège !

Le couperet est tombé : l’arrêté royal « mayonnaise » a été publié au Moniteur belge, vendredi 10 juin. Traduction ?Le Journal officiel du royaume a inscrit dans la loi un texte qui ébranle l’un des fondements de sa culture et de sa gastronomie : la « mayo », qui nappe les barquettes de frites, caractérise la célèbre recette de tomates-crevettes et lie le filet américain – le steak tartare « made in Belgium » –, vit ses derniers jours sous sa forme ancestrale.


Sous le couvert d’une « modernisation de la législation alimentaire, parfois vieille de trente ou soixante ans », le ministre flamand de l’économie et de la consommation, Kris Peeters, a posé un acte qui confine au sacrilège. La teneur minimale en matière grasse de la mayonnaise sera abaissée de 80 % à 70 % et celle en œufs, de 7,5 % à 5 %.

Un appel à consommer plus « light »

Souci sanitaire ? Industriel plutôt : les entreprises belges devraient être mieux armées face à la concurrence étrangère qui, préservée des règles en vigueur au royaume, produit déjà des sauces à moindre coût, car comportant moins de matière grasse et d’œufs. Il fallait donc aider un secteur alimentaire qui compte « parmi les meilleurs au monde » – c’est le ministre qui le dit – et, surtout, pèse 90 000 postes de travail. L’indigeste réforme, qui a déclenché un torrent de protestations, semble d’autant plus inacceptable à beaucoup de puristes qu’elle est assortie d’un appel, jugé hypocrite, à consommer plus « light ».

Il est vrai, toutefois, que 45 autres textes de la loi belge sont en cours de révision tandis que la ministre de la santé publique Maggie De Block vient de signer une convention avec l’industrie alimentaire – des chocolatiers, des chaînes de fast-food et des cuisines collectives. Le but : réduire de 5 % la consommation de graisses, de sel et de sucres. L’intention est noble

et l’engagement du secteur, prétendument sincère.

Une image d’emblème national

On relève cependant que, faute de moyens, les contrôles seront presque inexistants. En outre, des nutritionnistes redoutent l’apparition, dans les aliments, de substances peut-être plus nocives que celles dont on veut limiter la présence.

Auréolée de son image d’emblème national, au même titre que le waterzooi de Gand, le sirop de Liège ou la tarte au riz de Verviers, la sauce mayonnaise déclenche les passions. Sur les réseaux sociaux, Kris Peeters est vilipendé, accusé de favoriser des produits qui contiendront des œufs de synthèse et de l’huile de palme. « Quand notre cher Auguste Escoffier[grand cuisinier français, mort en 1935] va apprendre ça, il va se retourner dans sa tombe », écrit un lecteur sur le site du Soir de Bruxelles.

Un autre, qui dénonce cette polémique « incroyable, alors qu’il y a des événements plus graves à traiter », se fait vertement rabrouer par un contradicteur : « Ah ! Et la mayonnaise sur vos frites, c’est pas primordial, peut-être ? » Précision – non superflue : redoutant sans doute l’impopularité, Kris Peeters a, en réalité, assorti sa loi d’un discret appendice disposant qu’un label « mayonnaise traditionnelle » sera autorisé. Plus chère, celle-ci devra comporter… 80 % de matière grasse et 7,5 % d’œufs ! Magique, le compromis à la belge.

2012, COUPÉ DÉCALÉ. Kim Jong-un a 30 ans, ou 29, ou peut-être 24, on ne sait pas trop, mais il vient de ­succéder à papa Kim Jong-il à la tête de la Corée du Nord, et il se plaît visiblement sur le trône. Comment pourrait-il en être ­autrement ? Déjà, les jeunes du pays se ­précipitent dans les salons de coiffure pour se rafraîchir la raie et se dégager le tour d’oreille. Bientôt, sa coupe bénéficiera de deux appellations officielles : « Ambition » et « Jeunesse ». Car qui a envie d’une coupe « Sénilité » ?

Le Monde | 17.06.2016 à 14h42 • Mis à jour le18.06.2016 à 14h59 |Par Agnès Gautheron

La photographe allemande Lia Darjes a recueilli pendant deux ans images et témoignages de musulman homosexuel.

La série « Ame musulmane-Cœur gay » est le fruit de rencontres avec des homosexuels et transgenres de confession ou de culture musulmane. Ici, Asma et son amie à Londres.

« Homosexualité et islam sont-ils irréconciliables ? » C’est en rencontrant un imam parisien prônant l’ouverture envers les homosexuels que la photographe allemande Lia Darjes a eu envie de se pencher sur cette question. Interpellée par le sort réservé aux gays dans la plupart des Etats de culture musulmane, elle a cherché à comprendre les racines de cette homophobie. Cette même haine qui a poussé Omar Mateen à commettre un massacre dans une boîte gay d’Orlando, dans la nuit du 11 au 12 juin.

El-Farouk et son mari Troy, à Toronto. « Quand vous êtes gay et que vous grandissez dans une famille juive, chrétienne ou musulmane acquise à ce genre d’interprétation, la violence spirituelle consiste à vous bourrer le crâne de l’idée que vous avez un défaut terrible, irrémédiable. C’est pourquoi les gays finissent souvent par perdre la foi. »

« C’est l’histoire de Sodome et Gomorrhe qui sert habituellement de référence dans le Coran comme dans la Bible », note-t-elle dans le texte de présentation de son travail « Ame musulmane – Cœur gay ». S’appuyant sur les études de spécialistes des religions, elle relève que tout est affaire d’interprétation : « Selon des musulmans progressistes, le Coran ne dit pas clairement que l’homosexualité est un péché », écrit-elle. De 2013 à 2015, elle est allée à la rencontre de musulmans gay pour comprendre comment ils vivent cette double identité.

« Pourquoi les gens ne peuvent-ils pas comprendre qu’il y a différentes façons d’être musulman ? Pourquoi sont-ils capables de l’accepter pour le christianisme et le judaïsme et pas pour l’islam ? » Samira, Toronto

El-Farouk et Troy à Toronto, Daayie à Washington, Ludovic à Paris… Tous affirment avoir dû faire face doublement aux préjugés. « Je viens d’un pays où être lesbienne peut vousvaloir la peine de mort », lui a confié à Toronto Samira, d’origine iranienne, qui, bien qu’athée, se considère de culture musulmane. « J’ai grandi dans une famille non pratiquante mais après

le 11-Septembre, je suis soudainement devenue musulmane dans le regard des autres. Pourquoi les gens ne peuvent-ils pas comprendre qu’il y a différentes façons d’être musulman ? Pourquoi sont-ils capables de l’accepter pour le christianisme et le judaïsme et pas pour l’islam ? 
» Au lendemain de l’attaque d’Orlando, le travail de Lia Darjes prend une nouvelle résonance.

Daayie, imam, à Washington. « Je me suis converti à l’islam il y a 34 ans. En tant qu’imam ouvert et homosexuel, je comprends les souffrances des gays musulmans. L’islam  n’est pas uniquement une religion ou une croyance, c’est aussi un projet de vie qui dépend de la culture environnante. À partir du moment où Allah démontre que la création est un lieu d’une grande diversité, la question devient : la respectons-nous ? »

Lire aussi : Orlando : le tireur était un client régulier du Pulse

  • Agnès Gautheron

    Journaliste au Monde

Le Monde | 16.06.2016 à 17h08 |Par Pierre Jaxel-Truer

A Kusadasi, en Turquie, un vieil Airbus vient d’être coulé pour attirer des plongeurs. Objectif : relancer la fréquentation touristique. Original ? Pas vraiment.

Juin 2016 : un avion plongé en mer Egée

A Kusadasi, en Turquie.

Aux grandes crises, les gros moyens. Dans la station balnéaire de Kusadasi, en Turquie, les réservations se font rares, sur fond de crise au Moyen-Orient. Afin de relancer le tourisme, les autorités ont donc décidé de couler un vieil Airbus A 300 en mer Egée, en espérant attirer les fans de plongée dans la région, avec cet appât aéronautique.

Février 2016 : des sculptures sous-marines aux Canaries

L’artiste britannique Jason deCaires Taylor au milieu de ses statues à Lanzarote aux Canaries.

Au large de Lanzarote, dans les îles Canaries, en Espagne, les touristes palmés peuvent d’ores et déjà nager au milieu des sculptures rassemblées dans le troisième musée sous-marin imaginé par l’artiste britannique Jason deCaires Taylor, qui sera inauguré cet été. Un geste artistique et politique : ces 250 statues représentent des migrants.

Novembre 2015 : un navire immergé dans le Pacifique

Rosarito Beach au Mexique, le 21 novembre 2015.

Plus imposant encore qu’un avion de ligne, mais moins incongru en mer, un ancien patrouilleur de l’armée mexicaine a été immergé fin 2015 au large de Rosarito Beach, en Basse-Californie, au Mexique. C’est le point de départ d’un plus vaste projet, censé devenir une sorte de parc d’attractions sous-marin.

Mai 2011 : un Tupolev coulé en mer Noire

Baie de Varna, Bulgarie.

Pour attirer le chaland à palmes et bonbonne d’oxygène, la Bulgarie n’a pas hésité à couler le Tupolev de Todor Jivkov, l’ancien dirigeant communiste du pays. Une sorte de plongée dans l’histoire… L’avion repose dans la baie de Varna, en mer Noire, à une vingtaine de mètres de profondeur.

Début 2008 : de l’art subaquatique à Cancun

A Cancun, au Mexique.

Le plus grand musée sous-marin du monde est né de l’imagination de Jason deCaires Taylor. Au large de Cancun, au Mexique, on peut circuler dans trois galeries sous-marines, entre trois et six mètres de fond. Environ 500 sculptures de cinq artistes ont été créées pour ce projet.

  •  Pierre Jaxel-Truer

    Journaliste au Monde
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Malgré la censure et les contraintes économiques, de jeunes cinéastes assurent la relève.

Le cinéma iranien profite-t-il de la (relative) ouverture de la République islamique ? Dans la foulée du double prix décerné à Cannes au Client, d’Asghar Farhadi, le festival Cinéma(s) d’Iran, qui vient de se tenir à Paris, a permis de constater la richesse du septième art persan. Pour sa quatrième édition, la manifestation a mis à l’honneur la comédie, un genre qui permet mieux que tout autre de critiquer la société. Quelques semaines plus tôt, à Téhéran, pas moins de 140 films étaient présentés au Festival Fajr, le rendez-vous de la production locale.

Mêlant films populaires et indépendants, le cinéma iranien ne s’est jamais aussi bien porté.

Si le cinéma iranien ne s’est jamais aussi bien porté, « il est aussi à l’image du pays qui le produit : rempli de paradoxes, souligne Nader T. Homayoun, président du festival Cinéma(s) d’Iran et réalisateur des Pieds dans le tapis. Nous possédons un cinéma très énergique, qui produit beaucoup. Et, en même temps, tout reste assez confidentiel, faute d’un modèle économique qui en permette la distribution. »

Deux catégories de films se distinguent : d’un côté, un cinéma populaire, subventionné et contrôlé par l’Etat, qui ne sort pas du pays car inadapté à un public étranger ; de l’autre, un cinéma indépendant, peu vu en Iran, mais apprécié des festivaliers et des cinéphiles. « Quelques films font exception, à l’image de ceux d’Asghar Farhadi qui sont populaires aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de nos frontières », résume Nader T. Homayoun.

L’élection du modéré Hassan Rohani en 2013 avait créé un espoir de libéralisation de ce secteur. Mais dans les faits, peu de chose a changé, au grand regret des cinéastes iraniens. « Nous sommes accueillis avec le sourire, et le ministère de la culture donne l’impression d’une relative bienveillance, explique Nader T. Homayoun. Je n’ai pas vu pour autant une plus grande liberté d’expression. »

Un puissant système de censure

Le système de censure, instauré depuis la révolution, est toujours puissant, et chaque film qui souhaite obtenir une autorisation de tournage doit voir son script approuvé par les censeurs. Pas de sexe, pas de politique et, globalement, pas de films qui jouent de près ou de loin avec les interdits de la société iranienne. Les limites ne sont pas explicites et charge aux réalisateurs de se mettre à la place des censeurs et d’imaginer ce qui passera ou pas. « Depuis quelques années, apparaît une nouvelle génération de réalisateurs, capables de sortir des films à petits budgets et sans soutien de l’Etat. Ils représentent l’espoir du cinéma iranien », constate Negar Eskandarfar, directrice de la très réputée école de cinéma Karnameh, à Téhéran.

De gauche à droite : l’actrice Taraneh Alidoosti, le réalisateur Asghar Farhadi et l’acteur Shahab Hosseini lors d’une conférence de  presse à Téhéran, le 30 mai 2016. Leur film « Le Client » a été primé au Festival de Cannes.

Ces trentenaires connaissent bien les contraintes économiques parce qu’ils ont commencé par le court-métrage et le documentaire avant de se lancer dans le long-métrage. C’est le cas de Behtash Sanaeeha, qui a tourné Probable pluie acide, son premier film, grâce à des financements privés. Le propre de cette génération est aussi d’avoir appris à se jouer de la censure en usant de procédés toujours plus créatifs – comme une conversation au téléphone, qui suggère plus qu’elle ne montre.

« La reconnaissance du public »

Des films comme Une rébellion ordinaire, de Hamed Rajabi (qui raconte l’histoire d’une femme se révoltant après une fausse couche) ou Au cas où, de la réalisatrice Faezeh Azizkhani traitent de sujets qui demeurent délicats pour la censure. Et impossible de savoir à l’avance s’ils passeront à travers les mailles de son filet, car les limites de ce qui est permis ou pas ne sont jamais clairement définies.

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Les débordements de joie qui ont déferlé sur le Twitter iranien lorsque Le Client a remporté ses prix, et les centaines de personnes qui ont accueilli Asghar Farhadi à l’aéroport de Téhéran montrent l’engouement et la fierté des Iraniens pour leur cinéma. Attirés par les succès internationaux et aidés par les facilités du numérique, les jeunes réalisateurs et acteurs sont chaque jour plus nombreux. « Le talent existe déjà dans le cinéma indépendant iranien, conclut la directrice de l’école Karnameh. Il ne manque que le système économique qui leur permette d’avoir la reconnaissance du public. »

Jonathan Vayr

La pénurie d’hébergements pour les migrants contraint les autorités néerlandaises à ouvrir les établissements pénitentiaires laissés à l’abandon.

Des Syriens, des Afghans, quelques Libyens, deux ou trois Algériens, un Marocain : tous sont demandeurs d’asile aux Pays-Bas. Et profitent de la liberté que leur offre le royaume… en prison. Confrontées à des difficultés pour accueillir les réfugiés, les autorités néerlandaises ont décidé de loger un bon nombre d’entre eux dans des établissements pénitentiaires à l’abandon, parfois promis à la démolition. Sirattulah, Fadi, Amina et quelques centaines de leurs compatriotes habitent ainsi d’anciennes cellules de la prison De Koepel, à Haarlem, dont les portes sont désormais grandes ouvertes.

Un couple de réfugiés afghans dans leur chambre-cellule de la prison de Koepel, à Haarlem.

L’un sirote un café devant sa chambre-cachot, les pieds posés sur la rambarde ; l’autre épile les sourcils de sa compagne. Un troisième observe, depuis sa fenêtre, sa sœur en train d’apprendre à monter à vélo, aidée par une bénévole d’un groupe de soutien local. Dans la grande cour, des jeunes gens de toutes nationalités devisent dans un anglais approximatif.

« C’est vrai, c’est peut-être un peu bizarre au début, mais après ce que nous avons vécu, l’essentiel, c’est d’être en sécurité… » Ayman, une migrante syrienne

Et sous l’immense préau, deux équipes multinationales s’affrontent, hilares, dans un match de minifoot. « C’est parfait, non ? Un bel espace, une grande cuisine, des installations modernes », se réjouit un responsable de l’Organe central pour l’accueil des demandeurs d’asile, interrogé sur la dimension, quand même très symbolique, de cet accueil à la néerlandaise. « Oh, vous savez, les symboles… » « C’est vrai, c’est peut-être un peu bizarre au début, mais après ce que nous avons vécu, l’essentiel, c’est d’être en sécurité… », renchérit

Ayman, qui a fui la Syrie avec deux de ses amis.

Dans la foulée d’Haarlem, d’autres villes comme Arnhem et Zeist vont aussi se lancer. A Amsterdam, la mairie devrait installer dès juillet, et pour dix-huit mois au moins, plusieurs centaines de demandeurs d’asile dans l’institution pénitentiaire d’outre-Amstel, les Bijlmerbajes. Cet enfilement de bâtisses à l’allure austère devait être rasé pour faire place à un nouveau quartier.

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Une partie des murs a finalement été détruite et les grilles des fenêtres enlevées. « Un tel bâtiment est parfaitement adapté à l’accueil temporaire », commente la mairie. Une vision pragmatique largement partagée dans le royaume, où l’installation des réfugiés dans des prisons a suscité peu de débats. Grâce à la baisse de la délinquance et au recours massif aux peines alternatives, beaucoup d’établissements pénitentiaires sont vides. D’ailleurs, les Pays-Bas louent déjà une partie de leurs prisons à la Belgique.

400 projets de réaménagement

L’association VluchtelingenWerk est l’une des rares à avoir élevé des objections. « Le plus important, pour les réfugiés, est de pouvoiroublier leurs expériences traumatiques, et je ne pense pas qu’on puisse y parvenir en prison », explique sa directrice, Dorine Manson. Elle demande donc au gouvernement de faire au moins enlever, dans les établissements concernés, tout ce qui rappelle un peu trop leur vocation première : grilles, verrous, caméras, etc.

Le royaume ne compte toutefois pas en rester là pour résoudre ses difficultés d’accueil des demandeurs d’asile. Pragmatiques, les Néerlandais savent aussi faire preuve d’imagination. Et au populiste Pim Fortuyn – assassiné en 2002 – qui avait lancé : « Les Pays-Bas sont pleins », pour demander l’arrêt de toute immigration, l’architecte Floris Alkemade réplique : « Les Pays-Bas sont vides. » Avec un groupe de confrères, il a lancé un appel et reçu 400 projets de réaménagement destinés au logement de nouveaux arrivants en utilisant notamment tous les espaces vacants (écoles, bureaux, magasins). En mai, il est même allé détailler ses idées devant les Nations unies.