Critiqué pour ne pas lutter contre la radicalisation des jeunes, Stéphane Gatignon se sent seul contre tous : « Je ne suis soutenu ni par l’Etat ni par le gouvernement ».

Stéphane Gatignon maire de la ville de Sevran depuis 2001.

N’allez surtout pas dire à Stéphane Gatignon, maire écologiste de Sevran (Seine-Saint-Denis), que sa ville est un Molenbeek français. Depuis que Gilles Kepel, professeur à Sciences Po et spécialiste de l’islam, a fait la comparaison au JT de TF1 le mardi 22 mars, l’édile n’en finit pas de se justifier.

Europe 1, Public Sénat, iTélé, LCI : depuis les attentats de Bruxelles, il écume les plateaux télé pour marteler l’inverse. « Ça va trop loin, déplore-t-il. J’entends dire que les services municipaux sont fermés le vendredi, que les cantines sont halal, que certaines activités ne sont plus mixtes. C’est déjà dur pour les gens de Molenbeek mais pour les habitants de Sevran, c’est extrêmement violent ! » Début mars, l’élu a été mis en cause par les parents d’un jeune homme de 23 ans tué en Syrie, accusé d’avoir fermé les yeux sur la présence de « recruteurs » de l’organisation Etat islamique à Sevran et de ne pas assez lutter contre la radicalisation dans cette ville de près de 50 000 habitants. Ce qu’il réfute tout en constatant une « radicalisation qui gangrène nos territoires ».

Lire aussi La tribune de Stéphane Gatignon : on ne peut pas « rejeter la faute de la radicalisation sur une seule commune »

Difficile de prétendre le contraire quand lui-même reconnaît que « douze à quinze jeunes » Sevranais sont partis en Syrie dont « trois à quatre » uniquement en 2015. Quant à la lutte contre la radicalisation, il assure que « le boulot de fond est fait ». Un communiqué de cinq pages a même été envoyé à toutes les rédactions pour démentir les « fausses accusations » et détailler son action : accompagnement d’une association, en lien avec le ministère de l’intérieur, pour organiser des cours de français en direction des imams, formation spécifique du personnel municipal ou encore initiatives pour favoriser le dialogue interreligieux.

« Tous les réseaux socialistes en banlieue ont explosé, le PS est vomi, les gens au pouvoir sont vomis car ils ont trahi. Valls ne peut pas rester dans cette simple posture du “on est en guerre”, on a besoin d’un chef de guerre qui dise à chacun quoi faire. »

Pas de quoi convaincre Clémentine Autain, conseillère municipale du Front de gauche, sa meilleure ennemie locale. « On n’a pas le sentiment d’un maire qui prend le problème à bras- le-corps, critique-t-elle. Il est très absent du terrain. »

Il est rare de voir Stéphane Gatignon sur la défensive. A 46 ans, l’homme est un habitué des coups médiatiques. Maire de la ville depuis 2001, cet ancien communiste s’est fait remarquer pour avoir plaidé en faveur de la légalisation du cannabis ou pour l’envoi de « casques bleus » dans les cités afin de lutter contre les trafics de drogue. Son fait d’armes le plus célèbre est une grève de la faim en 2012. Echarpe tricolore en bandoulière, l’élu avait planté sa tente devant l’Assemblée et cessé de s’alimenter durant quelques jours pour alerter sur la situation financière de sa ville. « Ça nous a sauvé la mise », affirmait-il à l’époque après avoir obtenu une rallonge de la part de l’Etat.

Un écologiste « réformiste »

Aujourd’hui, Stéphane Gatignon se sent de nouveau seul contre tous : « Je ne suis soutenu ni par l’Etat ni par le gouvernement et je le regrette. » Il en deviendrait presque paranoïaque. « On me cherche, moi », affirme-t-il sans que l’on comprenne très bien pourquoi il serait visé. Et de critiquer l’exécutif accusé d’être « complètement coupé du monde réel ». « Tous les réseaux socialistes en banlieue ont explosé, le PS est vomi, les gens au pouvoir sont vomis car ils ont trahi, accuse-t-il. Valls ne peut pas rester dans cette simple posture du “on est en guerre”, on a besoin d’un chef de guerre qui dise à chacun quoi faire. »

Des attaques surprenantes de la part de cet écologiste « réformiste » qui a quitté Europe Ecologie-Les Verts en 2015 dans les bagages d’un Jean-Vincent Placé devenu secrétaire d’Etat à la réforme de l’Etat. Il met en garde contre ceux qui « jouent avec le feu ». « Ici, ce que j’entends, c’est un désir d’autoritarisme, un désir énorme de Marine [Le Pen], souligne-t-il. Pour la gauche, la banlieue, c’est fini. »

Abigail Disney ou encore Steven Rockefeller souhaitent contribuer davantage aux finances publiques de l’Etat pour moderniser les infrastructures ou encore développer l’aide sociale.

Ils sont cinquante et un, ils sont millionnaires, certains milliardaires, tous new-yorkais et signataires d’une lettre adressée fin mars au gouverneur de l’Etat intitulée : « Plan fiscal pour les 1 % ». Une nouvelle supplique pour payer moins d’impôts ? Tout le contraire. Ils réclament une augmentation du montant de la dîme qu’ils versent aux pouvoirs publics.

Parmi les signataires figurent l’héritière de Walt Disney, Abigail Disney, ou l’administrateur du Rockefeller Brothers Fund, Steven Rockefeller. « En tant que New-Yorkais qui ont contribué et profité du dynamisme économique de notre Etat, nous avons à la fois la capacité et la responsabilité de participer à l’effort commun, peut-on lire dans la lettre. Nous pouvons largement payer nos impôts, et nous pouvons aussi en payer plus. »

Le Rockefeller Center à Manhattan. Son administrateur Steven Rockefeller fait partie des signataires du "Plan fiscal pour les 1%".

Une petite révolution au pays de l’Oncle Sam, où les nantis sont d’ordinaire plus enclins à distribuer leurs deniers aux associations qu’à miser sur les pouvoirs publics. « Sauf qu’il y a de nombreux domaines auxquels la philanthropie ne s’intéresse pas, comme la réparation des conduites d’eau, la création d’une ligne de bus dans certains quartiers défavorisés… », souligne Mike Lapham, le directeur de projet du Responsible Wealth, un réseau de 500 riches Américains, à l’initiative de cette lettre.

C’est justement l’objectif de cette hausse des cotisations : rafraîchir les infrastructures vieillissantes (rénovation des ponts, des tunnels, des voies navigables et des routes). Mais aussi développer l’aide sociale aux sans-abri, financer l’éducation publique et lutter plus activement contre la pauvreté infantile.

« Les riches Américains peuvent payer plus, ça ne changera rien à leur vie, mais ça changera la vie de l’Etat de New York. » Dal LaMagna, surnommé le pape de la pince à épiler

Mis au point en collaboration avec le think tankFiscal Policy Institute, réputé plutôt de gauche, cet appel, également adressé à la législature de l’Etat, vise surtout à pérenniser une mesure temporaire appelée « la taxe des millionnaires ». Mise en place en 2009 à la suite d’une lettre similaire signée par une centaine de New-Yorkais, et renouvelée deux ans plus tard, elle est censée expirer fin 2017. Avec ce Plan pour les 1 %, l’Etat de New York pourrait arrondir son budget de 2,3 milliards de dollars supplémentaires.

L’un des signataires, Dal LaMagna, 69 ans, surnommé Tweezerman – le pape de la pince à épiler – (du nom de la société qu’il a créée en 1980 et vendue en 2004), fut un candidat éphémère à l’investiture démocrate pour la présidentielle de 2008. Aujourd’hui patron de IceStone USA (fabrication de comptoirs de cuisine à partir de verre recyclé et de ciment), il dit agir en « capitaliste responsable » : « Les riches Américains disent toujours qu’il faut baisser leurs impôts pour qu’ils puissent continuer à investir, mais c’est totalement faux ! Cet argument sert uniquement les intérêts des plus riches pour qu’ils deviennent encore plus riches, s’insurge-t-il. Comme moi, ils peuvent payer plus, ils ne s’en rendront même pas compte, ça ne changera rien à leur vie, mais ça changera la vie de l’Etat de New York. »

Dans une tribune au "New York Times", Warren Buffet avait appelé à augmenter les impôts des plus riches. Ici, en août 2015.

En 2011, le milliardaire Warren Buffett avait défrayé la chronique en publiant une tribune dans le New York Times appelant les autorités à augmenter les impôts des plus riches. Dans la foulée, il avait rendu public sa feuille d’impôts, soulignant qu’il n’avait versé à l’Etat fédéral que 17,4 % de son revenu imposable, soit un taux nettement plus bas que de nombreux Américains (jusqu’à 41 % pour les salaires les plus modestes), y compris sa secrétaire. Mais sa revendication avait été classée sans suite. « La réalité, c’est que plus vous êtes riche, moins vous payez d’impôts », confirme Mike Lapham, du Responsible Wealth.

Le thème a été repris par la candidate à l’investiture démocrate dans la course à la Maison Blanche, Hillary Clinton, qui s’est engagée à relever de 4 % l’impôt des Américains les plus riches. La promesse a été baptisée la « règle Buffett ». De son côté, l’autre candidat démocrate, Bernie Sanders, a proposé un taux progressif : plus on est riche, plus on paie. « Il y a vingt ans, personne ne dénonçait les inégalités aux Etats-Unis, constate Mike Lapham. Aujourd’hui s’il n’y a pas de consensus, au moins le sujet est sur la table. » « Depuis les années Reagan, les Américains voient le gouvernement comme un problème, juste bon à s’occuper de sécurité nationale, regrette Dal LaMagna. Or, c’est à lui de réduire les inégalités, et pour qu’il puisse faire le boulot, il faut le financer ! » Depuis la publication de la lettre, une dizaine de millionnaires ont spontanément rejoint le rang des volontaires.

Lire aussi : Pourquoi Bernie Sanders résiste à Hillary Clinton

C’est une question que je suis en droit de me poser : porterai-je bientôt un sac banane lorsque j’irai en vacances ? Parce que ça y est, c’est officiel : je suis un vieux croûton. En effet, il y a peu, j’ai participé à un voyage de groupe à Athènes avec mon épouse. Un sacré changement, comparé à nos vacances habituelles ! Parce que nous avons toujours voyagé par nous-mêmes, établissant nous-mêmes nos trajets et le détail du programme. Nous réservions les transports, planifions nos visites, etc. Nous avons quelquefois vécu quelques galères. Mais même alors, nous ne pensions pas qu’on puisse voyager sans tout faire par nous-mêmes. Mais cette époque est désormais finie. Je ne sais pas trop pourquoi, mais cette fois, j’en ai eu ras-la-casquette de tout ce temps consacré à l’avant-voyage (qui est quand même sacrément chronophage). Cette fois, j’ai voulu qu’un professionnel s’occupe pour nous des préparatifs, pour que nous puissions profiter du voyage en toute tranquillité. Du coup, cela m’a donné envie de vous présenter les avantages et les défauts de ce type de voyage. Dans la colonne des plus, j’ai adoré le fait de laisser quelqu’un prendre en charge la partie administrative et le timing. Ne plus avoir à stresser parce que la nuit tombe et qu’on n’a toujours pas trouvé l’hôtel dans lequel on est censé dormi est un luxe plutôt appréciable. Si je n’avais qu’un reproche à faire au voyage de groupe, je dirais qu’on est en groupe, justement, et donc un peu moins libre de ses mouvements. Pour autant, je ne me suis jamais senti vraiment prisonnier du groupe. Au contraire, les organisateurs semblent avoir compris que voyage en groupe ne veut pas forcément dire rester rivé aux autres. Nous avons ainsi pu bénéficier de instants de « relâche » où ma femme et moi sommes partis en promenade en amoureux, histoire de respirer un peu. J’étais assez dubitatif avant ce voyage de groupe en Grèce, mais ce dernier s’est finalement avéré être une surprise de taille. A telle enseigne que nous restons aujourd’hui en contact avec certains participants, et parlons avec eux de refaire un voyage ensemble, un de ces quatre ! Bref, ma conversion à ce type de vacances semble être complète. Je vous mets d’ailleurs un lien vers l’agence qui a préparé notre voyage de groupe, si vous êtes vous aussi fatigué de toute la partie organisationnelle qui précède les vacances. Suivez le lien pour en savoir plus.

[Chronique] C’est en raison de son projet controversé de centre d’hébergement pour sans-abris que la maire de Paris est actuellement attaquée. Mais un jour, ce seront les tenants du bon goût qui lui tomberont sur le paletot.

2001, parée au combat

A Paris, le 22 février 2001.

En centre-ville ? En pleine campagne, plutôt. A 41 ans, la méconnue Anne Hidalgo, candidate à la mairie du 15e, bat le pavé en quête de suffrages. Pour ce faire, elle a enfilé un manteau de circonstance, ostensiblement inspiré par la M 51, la parka à queue de poisson portée par les soldats américains lors de la campagne de Corée. Chacun sa campagne, chacun son adversaire. En l’occurrence, celui d’Anne Hidalgo n’est autre qu’Edouard Balladur.

2006, un cou pendable

Lors d'un match de soutien à Ingrid Betancourt.

La campagne du 15e s’est soldée par une défaite, mais l’ex-inspectrice du travail a su rapidement retrouver un poste. Désormais première adjointe au maire de Paris, elle joue ici au foot en soutien à Ingrid Betancourt, retenue en otage par les FARC. L’intention est louable mais un détail cloche. Anne Hidalgo porte un collier alors même que le règlement de la FIFA interdit strictement le port de bijoux pendant un match. Cette grave erreur confirme au moins une chose : elle n’a aucun lien avec l’ancien sélectionneur des Bleus, Michel Hidalgo.

2013, un look pointu

Dans le parc des Buttes-Chaumont à Paris, le 7 juillet 2013.

C’est la fin du match et Anne Hidalgo, candidate aux municipales à Paris, a organisé un pique-nique aux Buttes-Chaumont pour ses supporteurs. L’occasion idéale de lever le pied quelques instants, et de dévoiler les semelles pointues de ses chaussures. Pour désigner ce genre de modèle, les Anglais ont un terme bien à eux : « winklepicker », ou « pic à bigorneaux ». Drôle de pique-nique, quand même.

2015, pleine ligne

Au stade Roland-Garros à Paris, le 7 juin 2015.

Bigorneaux ou pas, le pique-nique est très bien passé. Désormais maire de Paris, Anne Hidalgo semble à son aise dans son nouveau rôle et prête à tout pour flatter ses interlocuteurs. Ici, pour arpenter les allées de Roland-Garros, elle a même enfilé la seule robe qui s’imposait, parcourue de lignes blanches. Après s’être mis à dos le monde du football, pourquoi ne pas se refaire dans le tennis ?

2016, prise de court

Avec le président cubain Raul Castro, à l'Hôtel de Ville de Paris, le 2 février 2016.

Tiens, justement, un match amical. Sous les dorures de l’Hôtel de ville, Anne Hidalgo échange quelques balles avec le président cubain, Raúl Castro. Mais le « bas » blesse vraiment. Sur le court, seules les chaussures plates sont autorisées. Et à la ville, les couleurs de tous les cuirs d’une même tenue doivent être rigoureusement coordonnées. Comme quoi, les règles de l’élégance sont aussi précises que celles du tennis.

Lire aussi : Fronde contre un centre de sans-abris dans le 16e : « J’ai honte de mon quartier »

Le Monde | 27.03.2016 à 13h03 |Par Louise Couvelaire

Sous la houlette de Philippe de Villiers, le Puy-du-Fou vient d’acquérir un anneau qui aurait appartenu à Jeanne d’Arc. Une récupération de la guerrière devenue icône de l’extrême droite. Ce qui n’a pas toujours été le cas.

XIXe siècle : adulée à droite et à gauche

La statue de Jeanne d'Arc, à Paris.

La pucelle d’Orléans a longtemps été ignorée. C’est après la défaite de la France contre la Prusse que naît son culte, avec l’apparition du concept politique de « nation ». Deux camps s’arrachent l’icône : il y a, d’un côté, la Jeanne de droite – guerrière, monarchiste et pieuse –, et de l’autre, celle de gauche, issue du peuple, trahie par le roi et brûlée par l’Eglise.

Début du XXsiècle : écartelée entre de Gaulle et Pétain

Le général de Gaulle à Orléans, en 1959.

Jeanne d’Arc est béatifiée en 1909 et canonisée en 1920. Pendant la seconde guerre mondiale, le général de Gaulle ne cesse d’utiliser son souvenir tandis que Vichy veut la récupérer en la substituant à Marianne. La figure est peu à peu délaissée par la gauche, puis, à la fin des années 1970, par tous les républicains. Avant d’être rattrapée par le Front national.

Années 1970 : confisquée par l’extrême droite

Jean-Marie Le Pen lors de la fête de Jeanne d'Arc, le 12 mai 1985, à Paris.

Même si les partis dits traditionnels tentent régulièrement de se réapproprier la sainte, l’extrême droite a mis la main sur le symbole dès la fin des années 1970. Le FN a commencé par participer aux défilés créés en son honneur par l’Action française (extrême droite royaliste) avant d’organiser dès le 1er Mai 1988 sa propre manifestation.

20 mars 2016 : récupérée par Jean-Marie Le Pen

Jean Marie Le Pen, lors du défilé du FN du 1er-mai 2014.

Jean-Marie Le Pen, exclu du Front national, annonce sur France 3 vouloir lancer des comités baptisés « Jeanne d’Arc, au secours ! », dont l’objectif serait d’« influencer autant que faire se peut la marche du Front national ». Une référence à l’appel lancé le 1er mai 2015 lors de la manifestation du FN, place des Pyramides, à Paris.

20 mars 2016 : vénérée par Philippe de Villiers

L'anneau ayant prétendument appartenu à Jeanne d'Arc, acheté par le Puy-du-Fou.

5 000 personnes se pressent au Puy-du-Fou pour suivre le cortège rapportant l’anneau qui aurait appartenu à Jeanne et qu’a racheté le parc de loisirs à une vente aux enchères à Londres pour 377 000 euros. Une cérémonie orchestrée par Philippe de Villiers : « C’est un petit bout de France qui revient, une parcelle de nos grandeurs déchues. »

  • Louise Couvelaire

Le Monde | 25.03.2016 à 18h04 |Par Magali Cartigny

Cette semaine, Toc-Toc, la rubrique de « L’Epoque », le supplément du « Monde », rend hommage aux victimes des attentats belges.

Le 24 mars 2016.

J’ai des frissons quand sonne le téléphone, l’émission sur la télé résonne. Il pleut sur Bruxelles. J’ai froid, j’ai peur, le soir se penche. Cruel duel celui qui oppose Paris névrose et Bruxelles abruti. Comme si c’était tout comme dans les prières, qui emprisonnent et vous libèrent. Quand il s’agit d’enterrer en plein centre-ville au nom de Dieu, auquel il faut croire. Je l’ai prié pendant des heures, on m’a dit qu’il était trop vieux pour nos pleurs. Les hommes, ils en ont tant vu que leurs yeux sont devenus gris. Et là tu t’dis que c’est fini, car pire que ça ce serait la mort. Quand tu crois enfin que tu t’en sors, quand y en a plus et ben y en a encore. Les saint Jean bouche d’or qui prêchent le martyre. Mourir pour des idées, c’est le cas de le dire. C’est leur raison de vivre, ils ne s’en privent pas. Le cas du kamikaze, l’abc du condamné. Bombez le torse, bombez ! Prenez des forces, bombez ! Ne pas s’enfuir ne pas s’en faire. Dans toutes les rues de Paris, on traite les braves de fous. Et les poètes de nigauds. Mais dans les journaux de partout, tous les salauds ont leur photo. Moi, je veux vivre dans un monde où les chiens embrassent les chats. Et où.. ils dansent.. Ils dansent une rumba. Que ça plane pour moi, être the king of the divan. A demain sur la Lune, aux quatre coins des dieux. Quand on a que l’amour, que la force d’aimer, nous aurons dans nos mains, amis, le monde entier.

(Lio, Bashung, Barbara, Dick Annegarn, Stromae, Brassens, Brel, Arno, Plastic Bertrand, Philippe Lafontaine)

  •  Magali Cartigny

    Journaliste au Monde
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Les 23 et 24 mars, à Paris, le salon Connections Paris, réservé aux professionnels de l’image et dont « M Le magazine du Monde » est partenaire, rassemblera jeunes talents et grands décideurs du secteur créatif. Le Danois Jacob Aue Sobol, lauréat du prix M x Le Book 2015, présente son projet « Tokyo » jusqu’au 9 mai, à la galerie Polka, à Paris.

Le Monde | 21.03.2016 à 17h00 • Mis à jour le21.03.2016 à 17h02
« M Le magazine du Monde » consulte les archives du « Monde », à la recherche de la première utilisation d’un terme qui revient à la « une » de l’actualité.

Par Julien Guintard


« Le regain d’activité des groupes islamistes dans le Maghreb a été tragiquement confirmé en Algérie, mercredi 11 avril, écrit le quotidien dans son édition du 13 avril 2007. Deux attentats simultanés à la voiture piégée, conduits par trois kamikazes, ont frappé Alger, faisant au moins 24 morts et 222 blessés, selon le bilan officiel. Les cibles choisies – le Palais du gouvernement et des bâtiments de la police à Bab Ezzouar, visés deux fois représentent un véritable défi au régime du président Abdelaziz Bouteflika. Celui-ci a lancé, fin mars, une vaste opération militaire dans la région de Bejaïa, en Kabylie, pour traquer des militants du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Le GSPC a officiellement changé de nom en janvier, devenant Al-Qaida pour le Maghreb islamique (AQMI). L’organisation a ainsi confirmé sa volonté de s’inscrire dans un djihad global, tout en continuant à déstabiliser par tous les moyens le pouvoir algérien. »

Neuf ans plus tard, le groupe terroriste a rappelé, en frappant une station balnéaire de Côte d’Ivoire le 13 mars, que l’organisation Etat islamique n’avait pas le monopole de l’horreur djihadiste.

Edifié à la gloire de l’empire khmer et financé par Pyongyang, l’Angkor Panorama Museum représente une manne financière pour le régime nord-coréen, qui cherche à contourner les sanctions internationales liées à la relance de ses essais nucléaires.

C’est la pièce maîtresse de l’Angkor Panorama Museum, qui vient d’ouvrir à Siem Reap, au Cambodge. Une fresque à 360 degrés, de 13 mètres de haut et 120 mètres de long, que l’on contemple juché sur un gradin central censé représenter le sommet du Phnom Bakheng,

le temple-colline dominant la plaine d’Angkor. Guerre entre les Khmers et les Chams, édification du temple du Bayon, vie quotidienne à l’âge d’or khmer… 45 000 personnes sont représentées sur cette composition. Les travailleurs ont des corps vigoureux, les femmes pilent le riz gaiement, on danse et on trinque à l’époque de Jayavarman VII.

Maquette de l'Angkor Panorama Museum qui a été inauguré le 11 février, à Siem Reap, au Cambodge.

« Il y avait quand même des esclaves », nuance notre guide cambodgien, en pointant un garde

muni d’un fouet. Il nous signale aussi ces visages aux traits coréens qui se sont glissés parmi la foule. « Les peintres ont travaillé à partir de photos », explique le jeune homme. Car ce musée à la gloire de l’empire khmer (802-1431) — bâtisseur de la merveilleuse cité-Etat d’Angkor, inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1992 — est une œuvre 100 % nord-coréenne. Il a été réalisé par le Mansudae Art Studio, un atelier d’Etat employant 5 000 personnes dévoué à la propagande de Kim Jong-un. Plus d’une année a été nécessaire à 63 « artistes méritants » pour réaliser l’immense fresque.

Un coût de 24 millions d’euros

On y accède moyennant un billet d’entrée de 15 dollars (13,30 euros), moitié moins pour les Cambodgiens. Un tarif dissuasif pour les uniques visiteurs rencontrés ce matin de février, une famille malaisienne qui s’est rabattue sur la salle de cinéma. Pour 5 dollars, ces touristes ont apprécié le petit film en images de synthèse qui retrace la construction des temples sur une musique épique. Le musée aurait coûté 24 millions d’euros à la Corée du Nord. Le contrat prévoit qu’elle empoche les revenus engrangés par l’établissement pendant dix ans, puis qu’ils soient partagés équitablement avec l’Autorité pour la protection du site et l’aménagement de la région d’Angkor (Apsara) les dix années suivantes, avant d’être

entièrement transférés à l’organisme cambodgien.

La fresque à 360 degrés, de 13 mètres de haut et 120 mètres de long, a été réalisée par 63 artistes nord-coréens et relate l'histoire de la Cité-Etat d'Angkor.

Lors de l’inauguration, Sok An, le vice-premier ministre chargé d’Apsara, a rejeté catégoriquement les critiques sur ce partenariat avec la dictature ermite. « L’investissement de Mansudae contribue non seulement au développement socio-économique du Cambodge, mais aussi à renforcer l’amitié et la coopération entre nos deux nations », a-t-il déclaré à la presse.

« Pyongyang cherche à identifier de nouvelles sources de liquidités à l’étranger. Cela lui permet de faireentrer du cash en contournant les sanctions économiques internationales » Greg Scarlatoiu, président du Comité pour les droits de l’homme en Corée du Nord

Ce lien entre Corée du Nord et Cambodge n’est pas nouveau. Le roi Norodom Sihanouk et Kim Il-sung se sont rencontrés, en 1961, au sein du mouvement des non-alignés. Après avoir été renversé par un coup d’Etat en 1970, le monarque avait trouvé asile dans un palais de 60 chambres à Pyongyang, où il put s’adonner à sa passion pour le cinéma en tournant quelques films. Mais ces dernières décennies, sous la houlette du premier ministre Hun Sen, Phnom Penh s’est davantage rapproché de Séoul, devenu le deuxième investisseur au Cambodge.

La construction de l’Angkor Panorama Museum est-elle une manière de contrebalancer cette influence dans le petit royaume ? Plusieurs observateurs rappellent que ces grands projets sont avant tout une manne financière pour le régime du Juche. « Pyongyang cherche à identifier de nouvelles sources de liquidités à l’étranger. Cela lui permet de faire entrer du cash en contournant les sanctions économiques internationales instaurées en réaction à ses essais nucléaires », analyse Greg Scarlatoiu, président du Comité pour les droits de l’homme en Corée du Nord. Selon lui, ses activités extérieures permettraient à la dictature d’encaisser

de 120 à 230 millions de dollars par an.

Vidéo : visite virtuelle du musée

Par Eléonore Sok

[Revu et… corrigé] La chronique hebdomadaire de Lucien Jedwab, correcteur au « Monde ».

C’est la Semaine de la langue française et de la francophonie. Vais-je faire la moue ? Non. Quoique… Il aura été question des « menaces » qui pèsent sur le français, et même de sa « survie ». Un mot, en ­particulier, aura été écrit et prononcé : « invasion ».

En cause, l’anglo-américain, « cheval de Troie » d’une économie pas si virtuelle. Mais est-ce un hasard si les « firmes » de la Vallée de la Silicone ne s’appellent pas « Fenêtres » ou « Pomme » ? En tout cas, dans la patrie de Jeanne d’Arc, la résistance a tissé ses réseaux. Et quelques-uns de ces bug , chip , download , e-mail , hacker , hashtag , plug&play , reset , ­ smartphone , streaming ou worm ont été supplantés par des mots ­compris à Domrémy comme puce ou ver. Alors même que d’autres peinent à s’imposer (on ne gagne pas une « guerre » au premier coup tiré) : ainsi mot-dièse ou téléphone intelligent. Et que d’autres encore font jeu égal, comme courriel (dû à nos amis québécois, qui sont sur la ligne de front) ou pirate.

Il faut dire qu’il y eut des précédents, au XIXe siècle, avec la Perfide Albion, qui prétendait contribuer à la ­régénération ­morale et physique de notre jeunesse. Nous y gagnâmes, entre autres, le tennis, le football ou le golf (pas le cricket, thank God ! ). Mais le français n’en est pas mort pour autant… Autre précédent, où des ­puristes, déjà, montèrent au créneau (les châteaux forts allaient pourtant perdre les leurs) : la Renaissance, avec son « envahissement » de mots italiens qui nous donnèrent ballet, banque, bombe, courtisane, escale, mascarade ou violon.

Conclusion ? Il n’y a pas de langue « pure ». Nos voisins par-delà le « Channel » en savent quelque chose : plus de la moitié de leur vocabulaire est d’origine… française. Et je ne pense pas aux « c’est la vie », « déjà vu » ou « bon appétit ». Mais à blue jean (bleu de Gênes) ou denim (toile de Nîmes) ; manager (­ménager) ou ticket (estiquet) ; caddie (cadet) ou hockey (hoquet) ; ­ poney (poulenet) ou poultry (pouletrie). Même tennis (« tenez ») et… sport (desport, « amusement ») en sont. Alors, un partout, la balle au centre ?