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Malgré la découverte d’une arme qui pourrait être celle du crime, O.J. Simpson ne pourra pas être rejugé pour le double meurtre de son ex-femme et de son ami. Retour sur une affaire qui défraya la chronique dans les années 1990.
Principal suspect du double meurtre, l’ex-athlète promet de se rendre de lui-même à la police, mais il fait faux bond aux autorités. En fin de journée, un shérif repère sa Ford Bronco blanche roulant sur une autoroute. Plus de 90 millions d’Américains assistent en direct à la course-poursuite qui s’ensuit, filmée par une nuée d’hélicoptères de télévision. O. J. Simpson se laisse finalement interpeller.
La fuite retransmise par CNN
L’inculpé s’entoure des meilleurs avocats, dont Robert Kardashian (le père de la star de téléréalité, Kim) et Benjamin Brafman (qui deviendra l’avocat de Dominique Strauss-Kahn). Le 3 octobre, après trois heures de délibération et devant plus de 100 millions de téléspectateurs, O. J. Simpson est acquitté. Ce jugement figure parmi les plus controversés de l’histoire de la justice américaine.
Acquitté au pénal, l’ancien footballeur est en revanche reconnu coupable au civil et condamné à payer 33,5 millions de dollars de dommages et intérêts, dont une partie n’a toujours pas été versée. Cette condamnation ne le prive pas de sa liberté. S’il finit, en 2008, derrière les barreaux d’une prison du Nevada, où il est toujours détenu, c’est pour une affaire de vol à main armée.
Alors que l’affaire Simpson est l’objet d’une minisérie télévisée, la police annonce avoir récupéré un couteau. L’arme aurait été découverte en 1998 lors de la démolition de la propriété du footballeur et transmise à un policier, désormais retraité, qui l’aurait conservée après avoir tenté, en vain, de la remettre aux enquêteurs. Ayant déjà été acquitté pour meurtre, O. J. Simpson ne peut plus être jugé.
Lire aussi : Un couteau pour relancer l’affaire O.J. Simpson
C’est presque par hasard, au détour d’une promenade sur les îles grecques du Dodécanèse, que le photographe François Halard découvre, perdue au milieu des pins, la cité abandonnée de Campochiaro, rebaptisée Eleousa. Un village fantôme, témoin de la volonté du dictateur Benito Mussolini d’italianiser la région dans les années 1930.
Le Monde | 07.03.2016 à 15h14 |Par Louise Couvelaire
Prétendument attaqué par des terroristes, un enseignant d’une école juive de Marseille aurait tout inventé. Une affabulation qui en rappelle d’autres.
En juillet 2014, la militante féministe Amina Sboui, 19 ans, prétend que des salafistes lui ont rasé les sourcils et ont menacé de la violer, place de Clichy, à Paris. Une semaine plus tard, la police l’accuse de « dénonciation d’un délit imaginaire ». L’ex-Femen avouera son mensonge en septembre dans les colonnes de Libération.
Un chauffeur d’autobus de 23 ans est condamné à six mois de prison avec sursis pour avoir mis en scène son agression à Goussainville (Val-d’Oise) afin d’obtenir un arrêt de travail. Douze ans plus tôt, à Marseille, un chauffeur déclarait, lui, que deux jeunes avaient tenté de le brûler vif. L’homme voulait être muté dans les quartiers sud de la ville.
Un instituteur de 45 ans dit avoir été attaqué au cutter dans sa classe par un homme encagoulé ayant invoqué l’organisation Etat islamique (EI). Quelques heures plus tard, il avoue avoir tout inventé pour attirer l’attention sur les conditions de sécurité dans les écoles. Il a été relaxé mi-février pour vices de procédure. Le parquet de Bobigny a fait appel.
En novembre 2015, Tsion Sylvain Saadoun, enseignant dans une école juive à Marseille, affirme avoir été blessé au couteau par trois hommes se revendiquant de l’EI dans les quartiers nord de la ville. Trois mois plus tard, l’homme de 55 ans vient d’être déféré devant un magistrat du parquet. Il sera jugé le 13 avril pour « dénonciation mensongère ».
Organisées par des bénévoles, ces réunions ont pour but d’apprendre à tous les bases de la protection des informations que l’on stocke sur nos ordinateurs et smartphones. Reportage à Paris.
Ce soir-là, la réunion a lieu dans un bar du 9e arrondissement de Paris. Après une heure d’échanges, beaucoup de participants repartiront avec la certitude que l’on a « tous quelque chose à cacher sur Internet, ne serait-ce que sa vie privée », comme l’indique sur son site Café vie privée, qui organise ces soirées.
Caroline Lebizay, décoratrice d’une quarantaine d’années, découvre, effarée, que sur Facebook, si on clique sur « j’aime » sur la page d’une marque ou d’une entreprise, celles-ci ont aussitôt accès à toutes les données de notre profil. Premier silence dans la salle. « Chacun a sa place dans une cryptoparty, explique Herdir, un pseudonyme utilisé par ce responsable informatique afin d’isoler sa vie professionnelle de ces soirées. Il n’y a pas d’un côté les « sachants » et les « apprenants », mais plutôt l’envie de mieux faireconnaître la surveillance dont les gens font l’objet sans même s’en douter. » Et le désir d’apprendre à s’en protéger. Le public n’a pas un profil de geeks, à l’exception de deux ados venus avec leur père. La plupart sont là grâce au bouche-à-oreille.
Les cryptoparties sont nées en 2012 à l’initiative d’Asher Wolf. Cette journaliste australienne, néophyte en informatique, était très préoccupée par le vote dans son pays d’un nouvel amendement sur la cybercriminalité. Son idée va vite se répandre : des soirées s’improvisent aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou en Allemagne. A Paris, elles sont de plus en plus fréquentes, ravivées par l’actualité, qu’il s’agisse du bras de fer entre Apple et le FBI ou du vote de la loi française sur le renseignement.
A l’initiative de la soirée dans le 9e, Stéphanie Giraud, fondatrice de l’agence musicale Bonus Track, confirme : « J’avais assisté par curiosité à une première cryptoparty en novembre et cela m’a convaincue de sensibiliser les gens autour de moi. » Longtemps taxés de paranoïa, Herdir et ses « amis » ont vu leur discours reconsidéré à la suite des révélations du lanceur d’alerte américain Edward Snowden. « Nous ne sommes pas des hackeurs, mais un mouvement citoyen constitué de bénévoles. Nos soirées sont gratuites », insiste Herdir, le logo du Datalove tatoué sur la peau.
Ce symbole renvoie aux principes fondateurs de l’Internet libertaire : « Les données ne peuvent être possédées. Aucun homme, machine ou système ne doit interrompre le flux d’informations. » Le mouvement critique les G.A.F.A.M. (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), venus mettre à mal cet idéal en tentant de s’approprier le Net. Il n’est d’ailleurs pas sans ironie de voir aujourd’hui Apple se montrer si sourcilleux sur l’accès aux données de ses clients.
Au bout d’une heure d’évangélisation, la plupart des participants ont davantage pris des notes que « nettoyé » leur ordinateur. Sur leurs carnets, on retrouve les premiers gestes de la cryptographie : changer régulièrement son mot de passe, préférer des phrases à des dates de naissances facilement identifiables, vider son historique de navigation, occulter sa Webcam avec du scotch quand on ne s’en sert pas ou encore préférer les navigateurs Firefox ou Tor, plus libres et anonymes. Combien s’y mettront réellement une fois rentrés chez eux ?
Le photographe anglais Oliver Hadlee Pearch a voulu montrer ceux qui incarnent la créativité libanaise contemporaine, toutes origines, religions et classes sociales confondues. « Même moi, qui suis née au Liban, j’ai été surprise par la créativité, la combativité des gens », raconte la styliste Emilie Kareh, installée à New York, qui accompagnait le photographepour M Le magazine du Monde.
Il est l’un des enfants reconnus de feu Larry Hillblom, cofondateur de la firme DHL et amateur de jeunes Asiatiques. Devenu riche d’un coup, Junior Larry a perdu les pédales. Il vient d’être arrêté pour une affaire de drogue.
Après avoir écumé les bordels du Vietnam et de Manille, le cofondateur du célèbre service postal avait développé un penchant pour les jeunes vierges d’Océanie. Dans la seconde moitié de sa vie, il était devenu le « roi » de Saipan, la plus grande île des Mariannes du Nord, contrôlant sa principale banque et profitant de sa fiscalité avantageuse.
A la disparition du millionnaire, une flopée de demandes de reconnaissance de paternité – et des plaintes pour détournements de mineurs – émergèrent. Mais sa villa fut mystérieusement vidée, et tout objet permettant une identification ADN passé à l’acide. Par peur de voir 600 millions de dollars leur échapper, ses frères refusèrent de se prêter aux tests ADN pouvant prouver le lien de parenté de huit enfants d’Asie-Pacifique avec « King Larry ».
Or, rien n’empêchait les demandeurs de comparer leur patrimoine génétique. Il fut établi que quatre enfants, un Vietnamien, deux Philippines et Imeong disposaient d’un socle commun. La promesse d’un don de 1 million de dollars et d’une villa en France persuada leur présumée grand-mère de se prêter aux analyses ADN. A l’issue d’une bataille juridique lourde et une fois la filiation attestée, les quatre héritiers empochèrent 50 millions de dollars chacun.
Du jour au lendemain, Junior abandonna son adolescence modeste pour mener grand train dans une villa de luxe avec vue sur un golfe paradisiaque. Cette fortune soudaine lui fit perdre les pédales. Son dernier fait d’armes : payer deux Philippines pour transporter 160 grammes de cristal méthamphétamine de Manille aux Palaos, crime qui justifia son arrestation, le 17 février.
Le lendemain, profitant de la visite de son avocat, peu après 17 heures, Junior Larry Imeong Hillbroom prit ses jambes à son cou et s’enfuit par la porte principale de la prison de Koror, plus grande ville de l’archipel des Palaos, un Etat de Micronésie entre les Philippines et Guam. Filant dans un pick-up blanc au volant duquel l’attendait un complice, il blessa un officier qui tentait de le retenir par la chemise.
Le 19 février, plus de vingt-quatre heures plus tard, la police rattrapa Hillbroom, peu avant minuit, sur une plage. Il tentait à nouveau de s’enfuir, cette fois en plongeant dans la mangrove. Le jeune homme de 31 ans avait sur lui deux canettes de bière afin, expliqua-t-il, de faire un peu la fête avant de retourner en prison. « S’il sort de sa cellule pour parler à son avocat, il sera menotté et ligoté aux jambes », a précisé le ministère de la justice des Palaos, cité par le journal de Guam, le Pacific Daily News.
Extrait d’une vidéo sur la vie de Larry Hillblom et sur son fils Junior (CNBC, le 16 janvier 2013, 1’08, en anglais)
Le choix de ne pas utiliser de produit d’origine animale pourrait être sanctuarisé dans la province canadienne de l’Ontario, ouvrant la porte à des scénarios ubuesques.
Engagée dans une procédure de révision des textes sur les droits de l’homme (Human Rights Code), la commission ad hoc de la province a rendu ses conclusions selon lesquelles « une croyance non religieuse qui influence de manière substantielle l’identité, la vision du monde et le mode de vie d’un individu, peut être considérée à l’égal d’une religion ». Autrement dit, les végans pourraient être assimilés à des catholiques ou à des bouddhistes et bénéficier des mêmes protections que celles en vigueur contre toute discrimination raciale, sexuelle ou religieuse.
Lire aussi : La philosophie à l’épreuve de la viande
Dans ses considérations, la commission ne mentionne pas spécialement le véganisme, mais ses adeptes ont été les premiers à se réjouir. Ainsi Camille Labchuk, directrice exécutive de l’ONG Animal Justice, qui milite en ce sens, précise sur son blog que, si la mesure était votée,
« une école ou une université aurait l’obligation d’« accommoder » [to accommodate] tout étudiant en biologie qui refuserait de pratiquer une dissection animale en raison de sa croyance ; un employeur aurait l’obligation d’« accommoder » un salarié qui ne pourrait porter une tenue comportant des éléments d’origine animale (cuir, laine, fourrure, etc.) en raison de sa croyance ; un employeur devrait développer une culture d’entreprise n’excluant pas les végétariens ou les végans lors d’événements professionnels qui auraient lieu dans un steakhouse et offrant une solution alternative tenant compte de leur croyance ».
Les opposants à cette « équivalence droit de l’homme » accordée aux végans soulignent que c’est la porte ouverte aux scénarios les plus absurdes. Que va-t-on faire des allergiques au gluten, des intolérants au lactose ou de celui qui se fait embaucher dans un restaurant « BBQ » (barbecue) et se plaint de n’être pas « accommodé » ? Plus sérieusement, l’absence de menu végétarien à un séminaire d’entreprise relève-t-elle des droits de l’homme au même titre que la discrimination raciale ou la persécution religieuse ? Il est permis d’en douter et on cherche en vain des agressions ou des attentats antivégans commis par des terroristes carnivores.
Cette nouvelle foi végane a pourtant le vent en poupe (le glacier Amorino vient de sortir des sorbets 100 % végans), portée par des arguments imparables – lutte contre la souffrance animale, préservation de la planète, principes éthiques – qui s’attachent plus à détruire un mode de vie séculaire qu’à décrire un futur végan.
Lire la tribune de Florence Burgat : « L’alimentation carnée n’a rien de naturel »
On peut aisément en imaginer les grandes lignes en se fondant sur le dogme : ni viande, ni poisson, ni lait, ni œufs pour s’en tenir aux seuls versets alimentaires. Ce qui signifie plus d’élevage, plus de pêche, plus d’aquaculture, plus de vaches dans les prés, plus de basse-cour dans les fermes. Ce qui entraîne la disparition des bouchers-charcutiers, des poissonniers, des pêcheurs, des conserveurs, des bergers, des fromagers, des pâtissiers, etc.
Lire aussi : Qu’allons-nous manger demain ?
Et la perspective d’une alimentation à base de fruits et légumes, riz, algues, graines germées ou non, avec le soja comme principal gisement de protéines. Un univers de soupes, tofu et ersatz industriels bourrés d’additifs, tel le steak in vitro ou la mayonnaise sans œufs. Il faut effectivement avoir la foi pour y croire.
Pour le moment, pas de buffet. Un petit film rigolo et une présentation à bugs. C’est assez rassurant quand les journalistes sont maladroits en communication. « Je vous assure qu’on est meilleur à l’écrit », promet l’un d’eux sur scène en déroulant les spécificités du site – plus de rubriques mais un traitement de l’actualité sous forme de feuilletons par « obsessions ».
« Tu sais qui c’est ? », glisse une voix quand Julia Cagé, longs cheveux bruns, arrive sur scène. La réponse mondaine n’est pas : « une économiste spécialiste des médias », mais « la femme de Piketty ». Les économistes sont aussi des êtres vivants. Au milieu de la scène, sursautant en évoquant les dangers que fait courir la concentration des médias, elle a l’air presque habitée, mi-animatrice de conférence TED, mi-Pina Bausch. Elle conclut que la manière la plus simple d’avoir des médias indépendants, c’est de les créer. « Et si Les Jourssont un succès, ça donnera envie à d’autres médias de se constituer. »
Est-ce parce qu’on nous a dit : « Vous avez des questions avant qu’on aille boire un verre ? », que personne n’a de question ?
Et le buffet donc, tout au fond de la salle du Carreau du Temple, dans le 3e arrondissement. Des pizzas. Au saumon. Au jambon fumé. A la ricotta. Servies dans leurs boîtes sur leur lit de carton. Vin blanc ou rouge ? C’est Charlotte Rotman, une autre ex-journaliste de Libération, passée derrière le bar, qui pose la question.
La dernière fois qu’il y a eu autant d’anciens journalistes de Libération dans une salle, c’était pour la fête de déménagement du quotidien quelques semaines plus tôt (le journal a quitté le site de la rue Béranger, que les précédents actionnaires de Libération avaient déclaré vouloir transformer en « Flore du xxie siècle »). Les différentes strates de plans sociaux sont représentées : entre ceux qui ont trouvé du travail ailleurs, ceux qui se demandent si ce qu’ils font maintenant justifiait d’en partir et les derniers partis, encore perdus dans les papiers administratifs. « Oui, tu vas voir, Pôle emploi, au début ils te contactent beaucoup, après ça se calme… » Tous ont en commun d’être convaincus que le « vrai Libé » a duré jusqu’à leur départ, quelle qu’en soit la date. Au milieu de ces quinquas, d’autres bandes, celles des journalistes de moins de 30 ans qui ont commencé avec les sites d’information et ont déjà eu le temps d’en connaître plusieurs générations.
Des Jours, on parle assez peu. D’abord parce que le premier soir, personne n’en a encore rien lu, sauf les conjoints des journalistes qui trouvent le site vraiment très bien. Quant au modèle économique, alors que les rédactions abritent autant d’analystes média en puissance que de sélectionneurs d’équipe de foot, on en parle prudemment. Entre les visionnaires convaincus, il y a huit ans, que Mediapart et Edwy Plenel n’avaient rien compris au Web, les enflammés par les promesses journalistiques de feu OWNI(2009-2012) ou les éblouis par la présence de Frédéric Taddei derrière le site Newsring (2011-2013), l’histoire des lancements de médias en ligne a appris la circonspection.
Le député parisien Patrick Bloche est là, mais ça ne suffit pas à faire une soirée people. Une pile de sacs en toile au logo des Jours a été posée sur une table – les sacs en toile ont remplacé les tee-shirts et les clés USB dans les cadeaux d’entreprise cool. Sont-ils réservés à ceux qui ont participé à l’opération de crowdfunding ? Dans la présentation qui a précédé, on a appris que ceux qui avaient contribué pour cinq euros au nouveau site recevraient au moins un e-bisou. « Je ne me souviens plus si j’ai donné », s’interroge un invité. C’est le drame du financement participatif de croire que des pensées bienveillantes finiront par se transformer en capitaux.
Le Monde | 22.02.2016 à 06h40 |Par Ghazal Golshiri
A Téhéran, un groupe d’anonymes a lancé Gershad, une application collaborative permettant à chaque habitant de signaler sur une carte la position des agents de la police chargée de contrôler le respect des codes vestimentaires.
Les contrevenants écopent au mieux d’un avertissement, au pire d’une amende, voire d’une interpellation et de quelques heures au poste. Pour contourner ces vigies installées la plupart du temps sur les places des grandes villes, un groupe de programmeurs iraniens anonymes a lancé début février l’application Gershad. Conçue selon la même logique que Waze (l’application de navigation qui géolocalise bouchons, accidents et contrôles de police partout dans le monde), elle permet à chaque Iranien de signaler la position de la brigade des mœurs sur une carte de Téhéran. Un petit policier apparaît sur le plan si un nombre suffisant d’utilisateurs l’a indiqué au même endroit.
Les programmeurs de Gershad, qui souhaitent rester anonymes, sont des militants qui ne veulent plus « être humiliés » et souhaitent se battre pour leur « droit le plus évident », celui de « choisir [leurs] propres vêtements ».« Selon le chef adjoint de la police, entre mars 2013 et mars 2014, trois millions de personnes ont reçu des avertissements », peut-on lire sur leur site. « Nous avons décidé de nous battre pour résister et récupérer une partie de nos libertés de manière pacifique et avec moins de risques », expliquent-ils. Il faut dire que même si le président modéré Hassan Rohani – au pouvoir depuis août 2013 – avait promis davantage de libertés individuelles, pour l’instant, les mœurs sont toujours aussi surveillées.
L’annonce de la création de cette application a suscité des réactions très positives sur le Web iranien. Mais, sur Facebook, les questions fusent quant aux risques encourus par les utilisateurs de Gershad. « Et si la cyber-police arrive à accéder à notre adresse IP ? » Car, en Iran, recourir à une application pour contourner la loi n’a rien d’anodin. Les développeurs de Gershad ont encore fort à faire pour obtenir la confiance des internautes.
Le tutoriel vidéo de Gershad