Gérald Gérin est soupçonné d’avoir servi d’homme de paille pour dissimuler une partie de la fortune de l’ancien patron du FN dans une société offshore.

Gérald Gérin et Jean-Marie Le Pen forment un vieux couple. Le premier connaît par cœur les anecdotes du second, au point de pouvoirfinir ses phrases, mais il a la délicatesse d’opiner du chef pour encourager les récits de l’ancien président du Front national, 89 ans. Dimanche 1er-Mai, comme souvent quand il doit marcher, l’aîné va certainement s’appuyer sur l’épaule de son protégé à l’heure de rejoindre la statue de Jeanne d’Arc, place des ­Pyramides, à Paris. Le député européen a donné rendez-vous à ses soutiens pour rendre hommage à la pucelle d’Orléans. Un nouveau défi, peut-être le dernier, lancé à sa fille Marine, qui réunit au même moment les militants du Front national, porte de La Villette.

Gérald Gérin et son mentor, en janvier 2014.

Depuis qu’il appartient à l’entourage du député européen, la presse qualifie régulièrement Gérald Gérin de « majordome ». Mais cet homme de 41 ans ne supporte pas ce terme, qu’il juge dégradant. Il préfère celui d’« assistant personnel ». « C’est mon assistant parlementaire au Parlement européen, et mon assistant privé », précise Jean-Marie Le Pen. « Gérald n’a jamais fait une valise de sa vie », défend de son côté Lorrain de Saint-Affrique, conseiller en communication du patriarche. Quand il a été présenté à l’ancien patron de l’extrême droite, en 1995, il venait tout juste d’achever son service militaire, et son CV affichait un diplôme de l’école hôtelière, ainsi qu’un stage au ­Carlton de Cannes. Voilà, sans doute, qui explique l’emploi du mot « majordome ».

Un magot de 2,2 millions d’euros

Toujours est-il que l’intéressé ne lâche pas d’un soulier son grand homme. Y compris dans la chronique judiciaire. Le nom de Gérald Gérin est réapparu, début avril, à la faveur des révélations sur les « Panama papers » dans Le Monde. Le parquet national financier le soupçonne d’avoir servi de prête-nom à Jean-Marie Le Pen pour dissimuler une partie de sa fortune grâce à la société offshore Balerton Marketing Limited. Le magot de Balerton s’élève à 2,2 millions d’euros, en billets, en titres et en lingots et pièces d’or. Le majordome nie avoir joué les hommes de paille : il a fait savoir que cet argent dormait sur un compte pour « ses vieux jours ». Mais dans leur rapport, les enquêteurs de Tracfin, la cellule antiblanchiment du ministère des finances, disent s’interroger « sur le degré d’autonomie dont dispose M. Gérin pour les multiples opérations financières qu’il réalise ».

Depuis, le camp lepéniste tient à souligner avec force l’« indépendance » de « Gérald », qui habite, hasard ou nécessité, dans une annexe de la maison de Jean-Marie Le Pen, à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). L’homme est de plus trésorier des deux micropartis de M. Le Pen, Cotelec et Promelec, destinés à prêter de l’argent aux candidats du Front national. « L’expérience porte à prouver qu’il mérite ma confiance. Il a toujours été d’une fidélité irréprochable, il fait presque partie de la famille », assure à son propos Jean-Marie Le Pen. « Têtu comme une vieille chèvre grecque », comme on dit dans le clan, Gérald Gérin refuse de parler de lui aux journalistes. Le reste du temps, il sait pourtant se montrer volubile.

Chauffeur de stars

Le conseiller régional PACA a pris sa carte du FN en 1990, dans sa ville natale de Berre-l’Etang (Bouches-du-Rhône). C’est Catherine Mégret, maire de Vitrolles, qui l’a introduit auprès de Jean-Marie Le Pen. Un ­bienfait ne restant jamais impuni, il s’est présenté aux élections ­législatives de 2007 contre son époux Bruno Mégret, entre-temps devenu traître à la cause… Avant cela, Gérald Gérin avait été chauffeur de stars à mi-temps sur la Côte d’Azur : Michael Jackson, George Michael, Mylène Farmer et Lionel Richie se sont assis dans sa voiture. Pas son idole, Boy George. Qu’importe, il reste Le Pen. « Gérald se ferait tuer pour lui. Il est perdu quand il n’est pas là », jure un intime de la famille. Ce qui n’est pas à l’ordre du jour. Pour l’instant, le « Vieux » reste accroché à son épaule.

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« Loi travail », minima sociaux… Le discret député de Saône-et-Loire, grand rival d’Arnaud montebourg, est un habitué des dossiers sensibles.

Christophe Sirugue, le 18 avril à Matignon, lors de la remise de son rapport sur les minima sociaux.

L’ancien maire de Chalon-sur-Saône, social-démocrate assumé, a construit depuis trente ans une solide réputation de « bosseur », particulièrement porté sur les questions sociales et doué pour le compromis.

Le Bourguignon

Alors qu’en 1986, le projet de loi Devaquet sur la réforme de l’université pousse la jeunesse à descendre dans la rue, Christophe Sirugue adhère au Parti socialiste. Il a 20 ans. Soutenu par l’homme fort de la région et ex-ministre de l’industrie André Billardon, il fait carrière chez lui, en Saône-et-Loire. Et devient président du conseil général en 2004.

Le concurrent

Député de Saône-et-Loire en 2007, maire de Chalon-sur-Saône en 2008… Sur ses terres, son grand ennemi est Arnaud Montebourg, qui lui succède à la présidence du conseil général. A l’ex-ministre de l’économie, qui lui reproche en 2011 de cumuler les mandats, il rétorque que le « champion du non-cumul » a été à la fois « député et président du conseil général pendant quatre ans ».

Le bosseur

Homme de dossier, souvent décrit comme un « bosseur », Christophe Sirugue est proche des sujets sociaux. Il a été rapporteur, en 2015, du projet de loi sur la réforme du dialogue social et a remis un texte sur les minima sociaux au gouvernement le lundi 18 avril 2016. Son nom avait circulé en septembre pour remplacer François Rebsamen au ministère du travail.

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Le synthétique

Au sein du Parti, il incarne le consensus. Proche du courant « social-démocrate, mais pas social-libéral », il a été président du groupe de gauche de l’Assemblée des départements de France. Pour les avoir côtoyés, il connaît bien les ministres et contente même les frondeurs.

Le démineur

Nommé le 22 mars rapporteur du texte de la « loi travail », il a pris le temps de réfléchir au poste et posé ses conditions. « S’il n’est pas modifié je ne pourrai pas être le rapporteur de ce texte », a-t-il averti. En proposant des amendements pro-PME, le député espère trouver l’équilibre entre le gouvernement et la majorité socialiste.

Par Valentin Ehkirch

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[Chronique] Le patron de l’information de France Télévisions vient d’essuyer une motion de défiance. Son style heurte les journalistes. D’un point de vue vestimentaire, on peut les comprendre.

En 1973 : rebelle capillotracté

Manifestation du 9 mai 1973 contre la loi Debré.

La jeunesse est dans la rue, et Michel Field est au premier rang. A 19 ans, cinq ans après son entrée à la LCR, il est l’une des figures de la protestation contre la loi Debré. Après tout, comment le rater ? Sa coupe afro lui assure une visibilité et lui confère une ressemblance subtile avec les rebelles kenyans qui, au début du XXe siècle, cultivaient leur volume capillaire pour lutter contre l’occupant italien. L’afro est politique et Michel y pense en se coiffant chaque matin.

En 1992 :nom d’une pipe

Michel Field présentant l'émission "Le cercle de minuit " en 1992.

Plus d’afro, plus de rébellion ? Pas si sûr. Devenu agrégé de philo, puis chroniqueur dans « Ciel, mon mardi ! », ce qui n’est donc pas incompatible, Field présente « Le Cercle de minuit » une pipe à la main. Faut-il y voir une allusion lourdingue à son roman érotique Impasse de la nuit ? Un homme qui porte sa veste croisée ouverte, au mépris de toutes les règles d’élégance, est capable du pire.

En 2002 :bling-bling

Michel Field devant l'Hôtel de Ville, à Paris, en 2002.

Dix ans plus tard, Michel Field a l’air vingt ans plus jeune. Chemise hors du pantalon, lunettes de clubbeur, baskets à bulles d’air… Après une crise d’adolescence communiste, l’homme semble traverser une crise de la quarantaine bling-bling. A moins qu’il n’ait tout simplement tenté de se faire un look « cool » pour assister au défilé de Jean-Charles de Castelbajac. Dans les deux cas, le ratage est terrible.

En 2005 : chauffé à blanc

Michel Field avec sa compagne au Festival de Cannes , le 19 mai 2005.

Trois ans plus tard après le défi Castelbajac, Michel Field est toujours jeune, et toujours paumé. A Cannes, pour fouler le tapis rouge, il a carrément choisi de chausser du blanc. Une bonne idée ? Puisque lui-même, sur LCI, demande désormais à ses invités politiques de répondre à une série de questions par « oui » ou « non », faisons simple : costume noir ? oui ; costume noir et chaussures blanches ? non.

En 2016 : au pied du mur

Michel Field et ses deux fils Armand et Léopold au Parc des Princes, à Paris, le 13 février 2016.

Michel Field a finalement été nommé patron de l’info de France Télévisions mais les choses se passent moyennement bien. Au point de guetter avec inquiétude, enfoncé dans une parka à la capuche ourlée d’une fourrure visiblement synthétique, l’arrivée d’un SMS fatidique de Delphine Ernotte ? Peut-être. Mais, celle-ci ne peut s’en prendre qu’à elle-même. Avant d’embaucher un candidat, il faut regarder ses chaussures. Tout le monde le sait.

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Ravagés par le chomâge, l’alcoolisme et l’oubli, des dizaines d’Amérindiens du Nord canadien mettent fin à leur jour. Le chef d’une communauté particulièrement touchée par cette vague de suicides a déclaré l’état d’urgence.

Dans le village canadien d'Attawapiskat, plus de 100 Indiens Cris ont tenté de se suicider depuis septembre.

Ils sont cinq jeunes, ce vendredi 15 avril, à avoir tenté de se suicider. La semaine précédente, ils étaient 13, dont un garçon de 9 ans, à avoir conclu un sinistre pacte : mettre fin à leurs jours. Alertées par un adulte ayant surpris leur conversation, les autorités les avaient immédiatement conduits à l’hôpital pour une évaluation psychologique.

« J’implore le gouvernement »

Car à Attawapiskat, on ne prend pas ce genre d’intention à la légère. Dans ce village de 2000 habitants dans le nord de l’Ontario, 86 membres de la nation Cris ont essayé de mourir en septembre dernier. Ils étaient 28 en mars. Même s’il est plus marqué chez les jeunes, le phénomène touche tous les âges, de 11 à 71 ans. Si bien que le chef d’Attawapiskat, Bruce Shisheesh, a déclaré l’état d’urgence et donné l’alarme. « J’implore nos amis et le gouvernement, nous avons besoin d’aide. J’ai des cousins et amis qui ont tenté de se suicider », a-t-il déclaré à la télévision canadienne.

Ce village autochtone n’est pas le seul à faire face à une vague de suicides. En mars, une autre tribu Cris, Pimicikamak, plus à l’ouest, dans le Manitoba, avait elle aussi déclaré l’état d’urgence après la mort de plusieurs adolescents et 140 tentatives et menaces de suicide en trois mois. Même phénomène chez les Inuits de Kuujjuak, dans l’Arctique québécois, avec le suicide de cinq jeunes, âgés entre 15 et 20 ans.

« Il y a depuis longtemps de graves questions de santé mentale et de toxicomanie dans certaines communautés. » Un porte-parole du ministère de la santé

L’Assemblée des Premières Nations, l’organisation qui représente les 634 communautés amérindiennes à travers le Canada, décrit « une tragédie nationale qui exige une action immédiate ». Sa présidente, Perry Bellegarde, a réclamé la mise en place d’« une stratégie nationale de lutte contre le suicide ». Pour l’heure, à Attawapiskat, une équipe d’intervention de crise de 18 personnes, composée de travailleurs sociaux et d’intervenants en santé mentale, a été dépêchée en urgence. « Il y a depuis longtemps de graves questions de santé mentale et de toxicomanie dans certaines communautés », a reconnu un porte-parole du ministère de la santé dans la presse canadienne.

En 2007 déjà, une étude publiée par la Fondation autochtone de guérison (aujourd’hui dissoute) avait révélé que le taux de suicide chez les jeunes autochtones du Canada (Premières Nations, Inuits et Métis) était cinq à six fois supérieur à la moyenne nationale canadienne. Des communautés par ailleurs plus exposées à l’alcoolisme et à la violence. Les conditions de vie de ces populations sont pointées du doigt. Insalubrité des abris (sans eau ni électricité), surpeuplement (les familles s’entassent souvent à quinze dans quelques mètres carrés), taux de chômage élevé (jusqu’à 80 % dans certaines réserves), isolement (la ville la plus proche d’Attawapiskat, par exemple, est à 500 kilomètres)…

Les conséquences d’un « génocide culturel »

Autant de maux qui viennent s’ajouter à un traumatisme plus ancien : des générations ont été marquées par les séjours forcés en pensionnats organisés par le gouvernement jusque dans les années 1990. Des internats destinés à « évangéliser » et « assimiler » les enfants des réserves. En décembre dernier, la Commission de vérité et réconciliation du Canada a estimé que cette pratique avait constitué un « génocide culturel »…

Ce n’est pas la première fois que les tribus autochtones tentent d’alerter les autorités sur les conditions de vie déplorables des 1,4 million d’Amérindiens, Métis et Inuits qui composent un peu plus de 4 % de la population du Canada. En octobre 2011 déjà, la chef de la réserve d’Attawapiskat avait elle aussi décrété l’état d’urgence. Un an plus tard, elle avait planté son tipi dans la neige sur l’île de Victoria, près du Parlement canadien, à Ottawa, avant d’entamer une grève de la faim. Sans beaucoup de succès.

Cette fois-ci, le gouvernement de Justin Trudeau a prévu d’injecter 8,4 milliards de dollars en cinq ans pour améliorer les infrastructures, les logements et l’éducation. Dans un tweet daté du 10 avril, le premier ministre canadien a écrit que ces événements lui « brisaient le cœur » et promis d’« améliorer les conditions de vie pour tous les peuples autochtones ».

Le Monde | 20.04.2016 à 16h59

Selon le rapport annuel d’Amnesty International, en 2015 pour la première fois, les pays ayant aboli la peine capitale sont majoritaires. En revanche, le nombre de personnes exécutées a augmenté : 1 634, le chiffre le plus élevé jamais recensé depuis 1989.


Amnesty international : rapport 2015 sur la peine de mort

Face au refus des autorités de son pays de l’aider, cette pugnace Australienne a tenté, en mars dernier, d’aller chercher ses cinq petits-enfants livrés à eux-mêmes en Syrie. Sans succès.

L’Australienne Karen Nettleton raconte dans un reportage diffusé en juin 2015 sur ABC (Australian Broadcasting Corporation) son combat désespéré pour retrouver ses petits-enfants abandonnés en Syrie.

« Je reviendrai, je ne les laisserai pas là…Il faudra peut-être trois, quatre, cinq tentatives. Mais ne sous-estimez pas la détermination de la mamie que je suis. » Les Australiens commencent à bien la connaître, cette grand-mère, Karen Nettleton, qui refuse de se résigner. Ses cinq petits-enfants ainsi que le nourrisson de sa petite-fille de 14 ans se trouvent en Syrie depuis 2014, probablement à Rakka, la capitale de l’organisation Etat islamique (EI) dans le pays. Il y a quelques semaines, elle s’est rendue en Turquie afin d’aller elle-même les chercher, mais l’opération a échoué et elle a dû rentrer seule à Sydney début avril.

A 8 ans, on lui fait brandir une tête tranchée

De cette famille, les Australiens ne connaissent pas seulement la grand-mère. Son gendre, Khaled Sharrouf, est devenu, en août 2014, le plus célèbre des combattants australiens de l’EI. Ses photos diffusées sur Twitter ont horrifié le pays, notamment celle de son enfant de 8 ans brandissant la tête tranchée d’un officiel syrien. « Ça, c’est mon fils ! », écrivait-il fièrement en légende. « C’est la pire chose que j’ai vue dans ma vie », réagissait, en larmes, Karen Nettleton, sur la chaîne de télévision ABC (Australian Broadcasting Corporation). « Cet enfant est tellement adorable. Oui, adorable », priait-elle de croire les téléspectateurs. Mais Khaled Sharrouf a continué de faireposer ses fils, y compris le plus jeune, 3 ans à ce moment-là, en tenue de combattant, une arme à la main.

Australien d’origine libanaise, l’homme a épousé au début des années 2000 la fille unique de Karen Nettleton, Tara, qui était alors âgée de 15 ans et qui s’est convertie à l’islam. En 2013, grâce au passeport de son frère, Sharrouf quitte le pays pour aller combattre en Syrie, réussissant ainsi à déjouer les services de renseignement qui le surveillaient. Un an après, Tara et leurs cinq enfants s’envolent à leur tour, là encore sans être inquiétés. Voici la famille réunie en Syrie, au service de l’EI. A 13 ans, la fille aînée, Zaynab, épouse un combattant : il s’agirait d’un ami de son père, l’Australien Mohamed Elomar. Peu après, elle tombe enceinte.

Cinq enfants orphelins et un bébé

Depuis, son mari aurait été tué dans des frappes aériennes, tout comme son père. Mais le décès de Khaled Sharrouf, annoncé par de nombreux médias, n’a jamais été confirmé par les autorités australiennes. Il y a en revanche peu de doute sur la mort de Tara Nettleton : elle aurait péri en septembre 2015, à l’âge de 31 ans, suite à des complications après une opération de l’appendicite. Zaynab, 14 ans, Hoda, 13 ans, Abdullah, 11 ans, Zarqawi, 10 ans et Humzeh, 5 ans, les petits-enfants de Karen Nettleton, seraient donc livrés à eux-mêmes, sans parents, dans cette Syrie contrôlée par l’EI. Sans oublier le bébé de Zaynab, né il y a quatre mois.

« Il faudrait voir à quoi ces enfants ont été exposés et estimer s’ils représenteront une menace, tôt ou tard », Peter Dutton, ministre australien de l’immigration

Karen Nettleton a d’abord appelé le gouvernement australien à sauver ces enfants. En vain. Selon Canberra, une centaine d’Australiens ont rejoint l’EI ou d’autres groupes terroristes en Syrie et en Irak. La ministre des affaires étrangères, Julie Bishop, a décrit les enfants Sharrouf comme « des victimes de l’idéologie extrémiste de leurs parents », qui se trouvent « dans une zone de guerre malgré eux ». Mais, a ajouté la ministre, « en raison de la situation extrêmement dangereuse sur place », l’Australie« n’a pas la capacité de leur apporter une aide consulaire ». Pour son collègue chargé de l’immigration, Peter Dutton, s’ils devaient revenir dans le pays, « il faudrait voir à quoi ces enfants ont été exposés et estimer s’ils représenteront une menace, tôt ou tard ».

Face au refus du gouvernement, Karen Nettleton a décidé d’aller elle-même chercher ses petits-enfants. Avec son avocat, elle a pris l’avion mi-mars 2016 pour la Turquie. De là, elle devait se rendre en Syrie, mais elle a fini par renoncer. Son avocat a reproché au gouvernement de n’avoir été « d’aucune aide ».

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Mme Nettleton a également accusé les médias. Un journal a en effet consacré sa « une » à son plan pour aller chercher ses petits-enfants et d’autres médias ont suivi. Cette couverture médiatique aurait fait peur à des personnes qui devaient aider Karen Nettleton et il lui a été conseillé de quitter la Turquie pour sa sécurité. « C’est horrible, a-t-elle déclaré à la chaîne ABC alors qu’elle s’apprêtait à quitter Ankara. J’imaginais les enfants occuper toute une rangée dans l’avion, Hamze arpenter le couloir, le bébé pleurer. Et maintenant, il n’y a que moi. » A son arrivée à Sydney, elle a été arrêtée par l’unité antiterroriste, qui l’a relâchée au bout d’une heure. Karen Nettleton assure qu’elle n’a pas dit son dernier mot.

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Diffusé par la chaîne KBS, le mélodrame a battu des records d’audience en Corée du Sud et en Chine. Vendue dans 32 pays, la série reflète le succès de la pop-culture coréenne.

Les nombreux fans étaient au rendez-vous pour la diffusion, jeudi 14 avril, du dernier épisode de la série sud-coréenne « Descendants du soleil »,d’autant que la chaîne KBS a fait savoir qu’il n’y aurait pas de saison 2. Et ce, malgré l’incroyable succès qu’a rencontré le mélodrame. En amont, des spoilers en ligne annonçaient même la mort du capitaine Yoo Shi-jin, incarné par l’acteur Song Joong-ki.

La jeunesse sud-coréenne s’est passionnée pour les aventures de ce chef d’une unité des forces spéciales dès le premier épisode, diffusé le 24 février. On l’y voit arrêter un voleur de moto, puis se rendre à l’hôpital pour récupérer le téléphone que le malfrat, blessé, lui a dérobé et y rencontrer la ravissante infirmière jouée par Song Hye-kyo. Il est bientôt envoyé au front en Uruk, pays fictif en guerre, où elle le rejoint à son tour pour soigner les victimes. Le tout ponctué de ces chansons d’amour, dont la K-pop a le secret.

Les acteur Song Hye-Kyo (à gauche) et Song Joong-Ki, le couple star de "Descendants du soleil" K-drama culte à Séoul.

La série a battu des records d’audience en Corée du Sud, passant de 14 % de parts d’audience au premier épisode à plus de 35 % au treizième. Le merchandising a suivi, de la coque de protection de smartphone au dessus-de-lit à l’effigie du capitaine et de l’infirmière. Et la fièvre sentimentale des « Descendants du soleil » a rapidement dépassé les frontières du pays du Matin-Calme pour gagner, notamment, la Chine.

La série, achetée 220 000 euros par épisode, a été diffusée simultanément sur Iqiyi.com,

la plateforme vidéo du moteur de recherche Baidu. Un investissement rentable puisque « Descendants du soleil » avait attiré 2,3 milliards de clics tous épisodes confondus à quelques jours du dénouement. Cet intérêt populaire n’a pas échappé aux autorités chinoises. Non sans faire des envieux, car si la propagande produit à tour de bras des séries glorifiant, dans des décors en carton-pâte, le passé des troupes maoïstes face au Kuomintang ou aux Japonais, elle perd souvent au passage les jeunes téléspectateurs qui leur préfèrent les « K-dramas » romantiques produites à Séoul.

« Il est aisé de voir l’effet qu’a pu exercer le charme de l’acteur principal masculin Song. » Le ministère de la sécurité publique dans un communiqué

Dans un éditorial, le très officiel Quotidien de l’Armée populaire de libération a vu dans les « Descendants du soleil » une « excellente publicité pour la conscription » et a suggéré au passage que la Chine s’inspire de cette faculté coréenne de mise en scène de « l’esprit national ». Mais le ministère de la sécurité publique chinois s’est montré plus circonspect, constatant dans un communiqué : « Il est aisé de voir l’effet qu’a pu exercer le charme de l’acteur principal masculin Song. »

Et de prévenir que le chaos est aux portes des ménages : « Regarder des séries coréennes pourrait être dangereux et même susciter des problèmes juridiques », probable référence au risque, non prouvé pour l’heure, d’une hausse des divorces. Et il n’y a pas qu’en Chine que

la série a connu un tel succès. « Descendants du soleil » a été diffusé dans 32 pays, reflet

du succès de la pop-culture coréenne à travers l’Asie. Prayuth Chan-ocha, premier ministre de la Thaïlande à la faveur d’un coup d’Etat depuis 2014, a lui aussi fait savoir qu’il avait apprécié la série. Notamment le sens du patriotisme qu’elle permettrait de faire naître auprès de la jeunesse…

Extrait d’un épisode de la série « Descendants du soleil »

Disciples, admirateurs ou simples collectionneurs, ils ont subtilisé un doigt, un crâne, un os sur la dépouille de leur idole.


1954 : le crâne de Joseph Haydn

Le crâne de Joseph Haydn.

C’est au moment du transfert de la dépouille du compositeur autrichien (mort en 1809 et d’abord inhumé à Vienne) à Eisenstadt, en 1820, dans l’église du Calvaire, que l’on s’était aperçu que sa tête avait disparu, dérobée par deux étudiants qui ont réussi à la conserver jusqu’à leur mort. Ce crâne sera exposé au musée avant de retrouver sa place en 1954.


2007 : le cerveau d’Einstein

Thomas Harvey (1912-2007) avec le cerveau d'Albert Einstein.

Le physicien, mort en 1955 à Princeton, aux Etats-Unis, avait ordonné que son corps soit incinéré et que ses cendres soient dispersées dans un lieu secret. Mais le médecin chargé de l’autopsie, Thomas Harvey, a ôté en douce le cerveau du théoricien de la relativité et l’a conservé jusqu’à son décès en 2007, date à laquelle il fut acquis par le National Museum of Health and Medicine de Chicago.


2009 : les doigts de Galilée

Le majeur de la main droite de Galilée.

Lors d’une vente, un collectionneur italien achète une dent, un pouce et un doigt qui seront par la suite authentifiés comme étant ceux de Galilée, le célèbre physicien et astronome italien mort en 1642. Les restes trouvés, de même qu’un autre doigt et une côte, avaient été subtilisés par l’un des disciples de Galilée lors du transfert de sa dépouille dans la basilique Santa Croce, à Florence, en 1737.


2010 : les os de saint Nicolas

Le buste reliquaire de saint Nicolas.

La Turquie réclame à l’Italie la restitution des restes du saint, considéré comme l’ancêtre chrétien du Père Noël. Volés à Myre (l’actuelle Demre, en Turquie) au XIe siècle par des marins italiens, ils ont été transférés dans la basilique de Bari, en Italie. Une phalange et quelques morceaux d’os sont également conservés dans la basilique de Saint-Nicolas-de-Port (Meurthe-et-Moselle) et d’autres à Fribourg, en Suisse.


2016 : la tête de Shakespeare

La tombe de William Shakespeare à l'église la Sainte-Trinité à Stratfordupon-Avon (Angleterre).

Dans le cadre d’un documentaire diffusé par la chaîne britannique Channel 4, des archéologues ont effectué une radiographie de la tombe du grand dramaturge qui repose dans l’église la SainteTrinité à Stratfordupon-Avon. Les résultats accréditent la thèse selon laquelle « à un moment de l’histoire, quelqu’un est venu s’emparer de son crâne ». Une chose est sûre, il n’est plus là.

Le directeur de campagne du magnat de l’immobilier avait violemment agrippé une journaliste qui souhaitait poser une question au candidat à la présidentielle américaine.

Donald Trump avec (à sa droite) son directeur de campagne Corey Lewandowski lors d'un meeting, à Palm Beach (Floride), le 15 mars.

C’est l’alliance entre le torrent verbal et le silence, entre le cheveu travaillé et le poil ras, entre l’aisance et le laborieux. L’embauche par Donald Trump de Corey Lewandowski, six mois avant sa déclaration de candidature, a été le premier jalon de l’aventure électorale du magnat de l’immobilier. Pour le meilleur, puisque le milliardaire caracole en tête des primaires républicaines en vue de l’élection présidentielle américaine. Mais aussi, désormais, pour le pire, car le zélé Lewandowski doit affronter une embarrassante inculpation pour voie de fait après avoir agrippé trop vigoureusement, le 8 mars, une journaliste qui tentait de poser une question à son patron.

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Au départ, l’arrivée du futur directeur de campagne dans l’entourage de Trump n’a surpris personne. Et pour cause. Corey Lewandowski, 42 ans, est un praticien de la politique comme il en existe sans doute des centaines aux Etats-Unis. Et il était plutôt, jusqu’alors, un spécialiste des causes désespérées.

Un parcours éclectique

Son CV, avant de se mettre au service du milliardaire, était banal. Après avoir perdu, en 1994, une campagne pour un siège de représentant à la Chambre du Massachusetts, Corey Lewandowski participe quatre ans plus tard à la réélection d’un membre du Congrès des Etats-Unis, Bob Ney, dont il devient brièvement le chef de cabinet. Mais ce dernier tombe quelques mois plus tard dans le cadre d’une vaste affaire de corruption et de fraude fiscale, le scandale Jack Abramoff.

En 2002, le jeune homme reprend du service pour la campagne d’un ancien républicain passé par la case indépendant, Bob Smith, qui ambitionne de se faireélire au Sénat des Etats-Unis. Ce dernier l’accueille, selon ses souvenirs confiés au Washington Post, par une formule assez peu encourageante : « Si vous cherchez à faire carrière au Parti républicain, vous n’êtes sans doute pas au bon endroit. » Bob Smith se montre perspicace puisque sa défaite lors des primaires républicaines éloigne le jeune ambitieux de la politique active.

Lewandowski s’oriente ensuite vers la défense du secteur de la pêche en Nouvelle-Angleterre, puis vers un cabinet de lobbying. Une formation au sein de la police d’Etat du Massachusetts, en 2006, ajoute une note d’éclectisme à un parcours placé sous le signe de la nécessité. En 2008, il prend encore une autre direction, au sein de l’organisation Americans for Prosperity, un groupe d’intérêts lié aux milliardaires conservateurs Charles et David Koch. Le caractère abrasif de Lewandowski, directeur de l’antenne du New Hampshire, y laisse des traces.

Un sentiment d’impunité

Autant dire que la rencontre avec Donald Trump, en avril 2014, relève pour lui de l’aubaine. D’autant que le milliardaire lui laisse rapidement les coudées franches, s’affranchissant très vite de son ancien conseiller politique, Roger Stone. A l’inverse de ce dernier, qui voulait faire évoluer son image, Corey Lewandowski a toujours plaidé pour que « Trump [soit] Trump », selon le mot d’ordre lancé le jour de la déclaration de candidature, le 16 juin.

Cette attitude respectueuse a assurément garanti la solidité de l’attelage pendant les mois du succès, lorsque le milliardaire convertissait les intentions de vote des sondages en véritables bulletins pour les primaires. Elle a, en revanche, privé Donald Trump d’un garde-fou au moment des épreuves. Le sentiment d’impunité entretenu par les victoires à répétition a-t-il poussé Lewandowski à la faute ? La justice se prononcera le 5 mai sur l’affaire de l’agression présumée de la journaliste Michelle Fields.

En attendant, le magnat de l’immobilier a déjà élargi son cercle. Il bénéficie depuis peu des conseils d’un vétéran de l’industrie politique, Paul Manafort. Exposé à la lumière par la réussite spectaculaire de son modèle, Corey Lewandowski pourrait bien retourner à une ombre beaucoup plus familière.

Vidéo de l’agression de Michelle Fields

La branche américaine des Petites sœurs des pauvres a fait tonner sa voix jusqu’à la Cour Suprême pour ne plus avoir affaire, en tant qu’employeur, à la question de la prise en charge des moyens de contraception de leurs employés.

Le seul fait d’évoquer une méthode contraceptive constitue-t-il une entorse insupportable à la doctrine chrétienne ? Les religieuses des Petites Sœurs des pauvres, soutenues par diverses associations et universités chrétiennes américaines, en sont convaincues. Et ce qu’elles tiennent pour une offense à leur foi s’est frayé un chemin jusqu’à la Cour suprême des Etats-Unis.

Concrètement, avec la réforme de l’Obamacare, le système de santé américain prévoit que les employeurs garantissent à leurs salariées une couverture santé incluant le remboursement des produits contraceptifs et abortifs. Les autorités, prudentes, ont permis aux employeurs qui le souhaitent de refuser cette clause. L’Etat s’engage, dans ce cas, à prendre en charge les moyens contraceptifs utilisés par des salariés. Mais ce geste est insuffisant aux yeux des religieuses.

Le 23 mars devant la Cour suprême à Washington. La branche américaine des Petites Sœurs des pauvres refuse d’être confrontée à la question de la contraception de ses salariées.

Les nonnes estiment en effet que le simple fait de devoirrayer dans les documents administratifs la ligne consacrée aux pilules, stérilets et produits abortifs suffit à leur fairetoucher du doigt des pratiques contraires à leur foi. Il s’agit, selon elles, d’une atteinte à leur liberté religieuse. En septembre, lors de son voyage aux Etats-Unis, le pape François avait pris le temps d’une courte visite chez les Petites Sœurs des pauvres pour leur exprimer tout le bien qu’il pensait d’une telle démarche.

Quelle qu’en soit l’issue, cette offensive ne devrait pas avoir de répercussions sur les droits des femmes américaines. Mais elle illustre la crispation grandissante de groupes religieux sur les questions de l’avortement, de la contraception ou du mariage gay, de même que le fossé béant entre ­conservateurs et libéraux. Un clivage que symbolise ­parfaitement la Cour suprême : délibérant fin mars à ce sujet, les huit juges de la plus haute instance judiciaire sont apparus divisés en deux camps. Ils ont fini par demander aux deux parties de parvenir à un compromis pour sortir de l’impasse d’ici au 20 avril.

Des lobbys religieux offensifs

La polémique déclenchée par les nonnes survient alors que des groupes religieux enregistrent alternativement victoires et défaites à travers les Etats-Unis. Mettant en avant la défense de leur liberté, ils ­promeuvent des textes ayant pour effet de discriminer toute personne dont le mode de vie heurte leurs croyances, en premier lieu les personnes homosexuelles et transsexuelles (LGBT). Ainsi, la Caroline du Nord vient d’adopter une loi interdisant aux personnes transgenres d’utiliser les toilettes publiques correspondant à leur identité sexuelle.

Lors de la manifestation des religieuses, le 23 mars, devant la Cour suprême des Etats-Unis, à Washington.

A l’inverse, le gouverneur démocrate de ­Virginie vient de mettre son veto à une loi du même style, estimant que « ce texte diabolise certaines personnes et qu’il nourrit les peurs et les persécutions ». En Géorgie, un décret qui permettait notamment aux organisations confes­sionnelles et aux particuliers de refuser ­d’embaucher, de louer un logement ou encore d’admettre dans les écoles des personnes menant une vie contraire à leurs valeurs religieuses vient d’être retoqué par le gouverneur républicain. De nombreuses entreprises avaient menacé de boycotter l’Etat, si une telle loi était adoptée.

L’association de défense des LGBT Human Rights Campaign estime que 200 textes discriminatoires envers les homosexuels et les transsexuel­(le)s sont en vigueur dans une trentaine d’Etats américains.

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