Même si la période s’avère particulièrement chargée, niveau travail, je m’en moque totalement : quoiqu’il arrive, je reste zen en toutes circonstances, ces derniers temps. Chaque fois qu’un collègue me fait part de son stress, il me suffit de repenser à ce que j’ai fait dernièrement pour retrouver aussitôt le calme et le sourire. Il y a peu, j’ai en effet pratiqué un vol en avion de chasse dans le ciel de Marseille, et comme vous vous en doutez certainement, c’était au-delà de toute description. Les sensations qu’on a là-haut, et notamment durant le vol acrobatique, sont comme les créatures de Lovecraft : indicibles ! Toutefois, j’ai tout de même essayé de décrire ce vol avec mes collègues, et j’ai été assez effaré de la réaction de certains d’entre eux : à les entendre, ils n’admettaient tout simplement pas que j’aie pu investir autant d’argent pour une simple dose d’adrénaline. J’ai été tellement scotché par leurs propos que je n’ai rien trouvé à leur répondre sur le moment. Mais avec le recul, je présume qu’eux et moi avons une conception du monde si différente que toute compréhension est impossible entre nous. Et ce, même si j’avais tenté de leur expliquer des heures durant. Je reconnais que j’aurais pu employer ce capital pour m’offrir le dernier téléphone à la mode. Oui mais voilà : je ne veux pas d’un nouveau téléphone. Celui que j’ai est certes une antiquité, mais il me va. Ce dont j’ai réellement besoin, c’est d’adrénaline, de moments forts et uniques. Il faut remettre les choses par ordre d’importance. Tout le temps qu’on passe sur son iPhone est du temps qui ne marque pas, bon sang ! Alors que la demi-heure que j’ai passée dans ce cockpit restera gravée au fer rouge dans ma mémoire. C’est à cela que ça se résume, au fond : à une manière d’envisager la vie. Qu’est-ce qui est le plus important : le matériel ou les souvenirs ? Pour ma part, j’ai réalisé mon choix il y a de ça pas mal d’années. Et tant pis si certaines personnes me pensent fou de défendre ce point de vue ! Voilà le site par lequel je suis passé pour ce vol en avion de chasse, si vous vous sentez pousser des ailes. Mais autant vous prévenir : on en ressort changé ! Ce n’est pas tous les jours qu’on s’essaye à 5G ! Suivez le lien pour en savoir plus sur ce vol en avion de chasse.

Le candidat écologiste à l’élection présidentielle juge que les discussions engagées avec Benoît Hamon en vue d’un « projet commun » pour la présidentielle « n’avancent pas assez vite ». « Ma responsabilité aujourd’hui est de discuter avec d’autres candidats qui le souhaitent pour faire un projet commun », a déclaré Yannick Jadot jeudi sur RFI. « Après, la question des personnes est seconde, elle n’est pas secondaire, elle est seconde », a-t-il ajouté comme on lui demandait s’il y aurait bien un bulletin Jadot à la présidentielle.

« Le mandat que je considère avoir reçu dans cette primaire écologiste, c’est de faire en sorte que le prochain quinquennat soit écologique, social, européen », a-t-il précisé.

Une première réunion ce week-end

Interrogé sur les avancées d’un possible rapprochement avec le vainqueur de la primaire organisée par le PS, Benoît Hamon, Yannick Jadot a répondu : « On a commencé à discuter, on verra bien. » Il a ajouté qu’il trouvait que les discussions « n’avancent pas assez vite ».

Il a précisé que « ce week-end » aurait lieu « une première réunion sur le projet ». « On discute régulièrement avec Benoît Hamon, simplement il ne faut pas qu’on se prépare pour 2022 ». « Je trouve qu’elles n’avancent pas assez vite parce que la politique c’est de la dynamique. Il y a eu une dynamique autour de sa candidature, et sa candidature n’est certainement pas le fait de rejoindre un Parti socialiste usé dans un vieux bus diesel », a-t-il dit.

Avec Mélenchon, « ce sera compliqué »

Quant au candidat de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, il l’a appelé, mais il ne lui « a pas répondu » et ne l’a « pas rappelé ». « Je considère que si Jean-Luc Mélenchon ne clarifie pas ses positions sur la démocratie comme sur l’Europe, pour moi ce sera compliqué, voilà (…) après il faut discuter. »

Sur RTL, Cécile Duflot, battue à la primaire EELV, a estimé que les courants de gauche avaient « une responsabilité historique qui est de ne pas rater les moments où on peut converger sur le fond, sur un projet. Ce n’est pas un compromis, ce n’est pas un (plus) petit commun dénominateur ».

Elle a aussi assuré que Yannick Jadot avait réuni « un peu plus de 400 » parrainages sur les 500 nécessaires à une candidature à l’Élysée. « Je le dis parce que certains racontent le contraire, ils peuvent venir vérifier ils sont physiquement présents les papiers. »

Nous n’en sommes encore qu’aux hypothèses, mais elles s’annoncent moroses pour Manuel Valls et Solférino. Que se passera-t-il si le candidat désigné par le scrutin de janvier ne parvient pas à distancer Emmanuel Macron dans les sondages ? Qui serait responsable d’un probable 21 avril ? Et quid d’une faible participation à la primaire du 22 janvier ? De quelle dynamique disposera le candidat désigné par de maigres troupes de sympathisants ? Et au terme d’une campagne éclair d’à peine quelques semaines ? Les éditorialistes reviennent sur ce scrutin conçu pour asseoir la légitimité d’un candidat et qui pourrait tourner au fiasco pour les socialistes.

Premier problème souligné par Olivier Pirot dans La Nouvelle République du Centre-Ouest : les délais, extrêmement courts. « Dans quel état de forme vont arriver les candidats de la primaire de la gauche ce jeudi pour ce premier débat ? Quatre débats en quinze jours, deux tours d’élections que les protagonistes aborderont en ayant déjà aligné les meetings, les réunions publiques, les plateaux télés et les émissions de radio. Le tout dans un temps très restreint […] Avant le premier tour de la primaire de la droite, il s’était écoulé quasiment un mois entre le 1er et le 3e débat. De quoi prendre le temps de digérer et d’observer la montée en puissance de François Fillon. Cette fois-ci […], on peut se demander ce qu’au final les électeurs retiendront du processus de cette Belle Alliance populaire calibrée au départ pour que François Hollande y participe. En tout état de cause, le vainqueur devra sûrement faire preuve de beaucoup de pédagogie et de clarté pour s’extirper de ce maelstrom annoncé. »

« Deux rock stars »

Deuxième obstacle, la participation, qui pourrait ne pas être à la hauteur, s’inquiète Florence Chédotal dans La Montagne: « La primaire pourrait jouer un bien mauvais tour au camp socialiste […] Une primaire devant servir à compter ses troupes et s’imposer au sein d’une force politique, ce serait un naufrage assuré pour Solférino si les électeurs boudaient les bureaux de vote. Car la politique est une affaire de dynamique […] Pour l’heure, à regarder le taux de remplissage des salles de meeting et le nombre de spectateurs refoulés faute de place, il semblerait qu’elle soit du côté de l’insoumis Mélenchon et du libéral Macron […] Ces deux visages d’une gauche irréconciliable, mais dont la dynamique électorale est potentiellement destructrice pour le PS, si elle devait durer. Deux rock stars qui parasitent avec une délectation assumée cette primaire, alors que les grands débats vont débuter […] »

Troisième enjeu, l’incertitude totale dans laquelle sont les observateurs quant à l’issue de la bataille. Dans Midi Libre, Yann Marec agite le spectre de « la malédiction des favoris » à l’avant-veille du premier débat qui va opposer les candidats. « Attention danger. Pour les sept candidats à la primaire, la semaine qui s’avance ressemble au décollage d’une fusée […] Tout va dépendre de l’air du moment. Pour le favori Manuel Valls parti à la conquête de toutes les étoiles du parti, chaque mot compte. Entre des propositions séduisantes et un semblant de reniement, l’exercice est complexe. À tel point que le Premier ministre, qui pourtant avait juré qu’il ferait jouer son droit de réserve, est venu lui taper la claque. Alors quid des outsiders ? Arnaud Montebourg et Benoît Hamon possèdent un coup d’avance avec une stratégie parfaitement lisible : retrouver le cœur de la gauche. Ça plaît. C’est efficace. Et du coup, cette primaire paraît incertaine. En tout cas, les cartes sont tellement rebattues que le favori pourrait tomber. Comme si la malédiction des favoris de 2016 allait frapper. »

Cette menace qui plane sur la primaire socialiste a poussé le Premier ministre, « qui ne devait pas s’impliquer dans la primaire [à monter] en première ligne, au secours de son prédécesseur à Matignon », souligne Hervé Chabaud dans L’Union/L’Ardennais. « […] À Évry-Courcouronnes, on a usé de superlatifs capables de transformer l’ancien chef du gouvernement en étoile de la Belle Alliance populaire dont l’éclat resplendira demain dans les urnes […] Si le Premier ministre ne s’imaginait pas en porte-parole de son aîné, il l’est devenu par devoir et surtout par son appétence douce pour passer à la moulinette l’ambitieux Macron […] Cette prise de position avant la succession de débats […] répond au calendrier de soutien d’urgence alors qu’ils sont nombreux à vouloir faire payer à Valls le bilan de Hollande dont Macron s’est affranchi avec la roublardise d’un premier de la classe qui n’assume pas. »

Embuscade

En effet, le dernier nuage, et non des moindres, qui assombrit le scrutin de janvier, c’est Emmanuel Macron, cette « bulle » qui devait exploser en quelques semaines et qui ne cesse au contraire de grossir jusqu’à boucher l’horizon du candidat qui sera désigné. Car « de quoi parlent les responsables socialistes depuis quelques jours […] De Macron, croit savoir Cécile Cornudet des Échos. […] La primaire socialiste n’est pas passée que s’échafaudent déjà des scénarios. Si elle désigne Arnaud Montebourg ou Benoît Hamon, une partie des responsables et des élus socialistes pourraient rejoindre Emmanuel Macron […] Si Manuel Valls l’emporte, pas d’hémorragie immédiate, mais une question. Que faire si Emmanuel Macron continue de creuser l’écart dans les sondages ? […] Au nom de l’unité, le Parti socialiste tente de pousser Macron à jeter l’éponge pour éviter tout risque Le Pen […] Mais […] s’il s’avère qu’en mars Emmanuel Macron est le seul capable d’être présent au second tour, alors cet appel s’inversera […] Les sondages ne sont pas prédictifs, mais ils continuent à jouer un rôle majeur dans la vie politique. Ils peuvent transformer un vote séditieux en vote utile. C’est dire. »

Le phénomène Macron s’installe, constate aussi Jean-Louis Hervois dans la Charente Libre. « Par touches subtiles et sans appuyer trop fort sur le trait, Emmanuel Macron s’applique à installer son portrait encadré au centre du paysage politique […] Tous ceux qui attendaient la chute imminente de l’amateur en sont pour leurs frais. La mécanique de communication tourne comme une horloge […] Si les candidats de gauche devaient être d’accord sur un point, c’est contre Macron qu’ils signeraient la pétition […] Macron obsède ou fascine jusqu’à l’extrême droite. Il pique des parts de marché à toute la classe […] Trois débats télévisés à la suite pourraient définitivement ruiner l’esprit de camaraderie […] Emmanuel Macron et son logiciel surprise se tiennent en embuscade. À l’approche des derniers cent jours de la présidentielle, l’heure de vérité ne va plus tarder. »

La réalité virtuelle débarque tout doucement, et je n’ai qu’une chose à dire : vivement ! Dernièrement, j’ai en effet fait un incentive à Milan où j’ai pu tester la VR. Ca faisait un moment que j’en avais envie, mais j’avais un peu peur d’être déçu. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que j’ai été impressionné. Plus que je ne m’y attendais, même ! A tel point que je pense même me faire offrir un Oculus Rift à Noël ! J’étais pourtant assez méfiant à l’égard de cette technologie, tout comme mes amis. Mais c’était à n’en pas douter une erreur de jugement due au manque de connaissances sur le sujet. C’est si bluffant que c’en est confondant, en fait. Ce n’est pas le graphisme qui est impressionnant : l’image est encore pixelisée et il y aura encore des progrès à faire niveau rendu. Mais l’immersion est si présente qu’on a franchement le sentiment de marcher dans cette réalité, si virtuelle soit-elle. Dès l’instant où l’on met le casque, c’est comme si le cerveau était pris de court : il analyse ce qu’il a sous les yeux comme la nouvelle réalité. J’ai pu explorer différents univers, mais ce qui m’a le plus impressionné reste une démonstration de survival horror FPS où il fallait arpenter un hôpital psychiatrique. Même si ce n’était qu’un jeu, tous ceux qui l’ont testé ont fait des bonds tout du long. C’est d’ailleurs très distrayant, à regarder de l’extérieur. Ca n’a absolument rien à voir avec ce qu’on ressent face à un écran. Avec ce dernier, il subsiste une réalité bien visible : la table basse, votre femme, le chien qui ronfle à vos pieds, etc. Mais avec un casque sur la tête, la réalité n’existe pour ainsi dire plus : vous êtes projeté dans un univers inconnu. Je comprends mieux pourquoi tous les géants du net se sont engouffrés dedans, et il me tarde de voir ce que tout ça va donner ! Sinon, j’ai adoré cet incentive à Milan. Voilà l’agence qui s’en est occupé, suivez le lien.

Pendant près d’un siècle, des milliers de Nord-Américains ont vécu dans la zone contrôlée par les Etats-Unis. Une existence de rêve qu’ils ont dû quitter en 1999, quand le territoire a été restitué.

Le quartier de La Boca, à Balboa, qui fut le centre administratif de la zone du canal.

Ils viennent d’un monde qui n’existe plus.D’un pan de terre d’à peine 16 km de large, bordé par deux océans. L’Atlantique d’un côté, le Pacifique de l’autre. Ceux qu’on appelle les « Zoniens » ont vécu pendant près d’un siècle dans la zone du canal de Panama (« Canal Zone »), ancien territoire sous contrôle américain qu’ils ont dû quitter en 1999, selon les termes des traités signés en 1977 entre le général panaméen Omar Torrijos et le président des Etats-Unis Jimmy Carter. Depuis, une jungle vorace a envahi les infrastructures de l’ancienne colonie laissée à l’abandon.

Le photographe Matias Costa est retourné dans la zone du canal de Panama, contrôlée par les Etats-Unis. Pendant près d’un siècle, des milliers de Nord-Américains y ont vécu une existence de rêve qu’ils ont dû quitter en 1999, lors de la restitution du territoire. Cette ancienne université américaine du quartier de La Boca, dans la zone du canal, est devenue l’Ecole navale panaméenne. Situées face au pont des Amériques, les classes offrent une vue imprenable sur le canal.
Une chemise d’uniforme du Elks Club. Cette confrérie américaine, fondée à New York en 1868, avait ouvert une loge dans la zone du canal. Ses membres se retrouvaient au numéro 1414 de La Boca.
Albrook Mall, le plus grand centre commercial du Panama, est situé dans l’ancienne base militaire américaine de Fort Clayton. Cet espace accueille aujourd’hui la Cité du savoir.
Maria Kisling, 22 ans, pose devant la maison d’une amie, à Los Rios. Fille d’un ancien soldat stationné au Panama, elle a vécu, petite, dans la zone du canal et habite aujourd’hui à Balboa. De nombreux enfants de Zoniens reviennent vivre au Panama, parfois dans la maison qu’occupaient leurs parents.
Le quartier de La Boca, à Balboa, qui fut le centre administratif de la zone du canal.
Au restaurant El Mirador del Canal, à Paraiso, une ville aujourd’hui prisée par la classe moyenne panaméenne.
Des dossiers médicaux dans l’ancien hôpital militaire Gorgas, sur Ancon Hill, où de nombreux Zoniens sont nés. Les locaux sont aujourd’hui occupés par l’Instituto Oncologico Nacional, qui se consacre à la recherche sur le cancer et à son traitement.
Des Diablos Rojos au rebut dans l’ancienne base aéronautique américaine Fort Howard. Jusqu’en 2013, les transports publics de Panama City étaient assurés par ces anciens bus scolaires américains, repeints aux couleurs du pays.
Le jardin de Joe Andrews sur les hauteurs de Curundu. Né en 1950, cet ancien soldat américain a, comme son père et son grand-père avant lui, été envoyé au Panama pour superviser la zone du canal. Il vit aujourd’hui dans cette ancienne base militaire devenue quartier résidentiel.
Chaque année, les Zoniens et leurs familles se retrouvent lors d’un grand rassemblement organisé par la Société du canal de Panama. Ici en 2013, lors d’une pool party à l’hôtel Marriott d’Orlando, en Floride.
Zonie, la mascotte de la Société du canal de Panama.
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Le photographe Matias Costa est retourné dans la zone du canal de Panama, contrôlée par les Etats-Unis. Pendant près d’un siècle, des milliers de Nord-Américains y ont vécu une existence de rêve qu’ils ont dû quitter en 1999, lors de la restitution du territoire. Cette ancienne université américaine du quartier de La Boca, dans la zone du canal, est devenue l’Ecole navale panaméenne. Situées face au pont des Amériques, les classes offrent une vue imprenable sur le canal.

Matias Costa

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Dans les salles d’école, les cahiers sont restés ouverts à la page de la dernière leçon. Les machines de musculation trônent encore au milieu du grand gymnase. Avec ses tables en ordre et son menu toujours affiché, le vieux restaurant Burger King semble attendre les prochains clients. Autant de lieux de vie, témoins d’une époque où l’Amérique se réinventait Etat-providence.

Une existence privilégiée sous les tropiques

C’est pour avoir aidé les Panaméens à obtenir leur indépendance à l’égard de la Colombie en 1903 que les Etats-Unis s’étaient octroyé cette partie stratégique de l’isthme de Panama. Pour 10 millions de dollars cash et 25 000 dollars annuels, le gouvernement américain s’était offert le droit d’y construire un passage maritime entre les deux continents – des travaux entamés vingt ans auparavant par les colons français.

L’histoire des Zoniens commence ici. Au sein d’une communauté de quelques milliers d’expatriés nord-américains chargés de l’administration du plus grand chantier d’ingénierie de l’histoire, qui fut inauguré en 1914 par la traversée du navire américain SS Ancon. Le temps de trois générations, ces familles de travailleurs ont joui d’une existence privilégiée sous les tropiques. Pour inciter les employés à s’établir loin de chez eux, le gouvernement avait jugé bon de leur offrir toutes sortes d’avantages : exonérations d’impôts, prime pour travail à l’étranger, pas moins de sept semaines de congés payés, vols gratuits vers les Etats-Unis, sans oublier l’assurance d’un emploi public stable et d’un logement dans un complexe résidentiel avec écoles, hôpitaux, cinéma et domestiques. Le tout entièrement subventionné par le ministère de la défense.

2 000 anciens colons nostalgiques

La communauté du canal a ainsi vécu dans une région à part, un îlot socialiste créé par le plus grand gouvernement capitaliste. Cette bulle paternaliste a éclaté après les émeutes « du drapeau », en 1964. Le territoire est à l’époque en proie à des tensions entre colons et Panaméens. Alors qu’une interdiction de laisser flotter le Stars and Stripes (le drapeau américain) sur les sites civils a été décrétée, les étudiants américains de la Balboa High School décident un matin de hisser leur drapeau devant l’école. Une provocation à l’origine de trois jours d’émeutes meurtrières dans tout le pays et de l’ouverture de négociations sur la fin de l’occupation américaine du canal.

Aujourd’hui, les Zoniens sont éparpillés dans toute l’Amérique. Mais ils se retrouvent chaque année en Floride lors du rassemblement de la Société du canal de Panama organisé à l’hôtel Marriott d’Orlando. Près de 2 000 anciens colons nostalgiques, pour la plupart octogénaires, y arborent un tee-shirt portant l’inscription « En voie d’extinction ». Ils le savent. A la mort du dernier Zonien natif, plus personne ne parlera de cette vie dans « la zone », de la construction du canal, de leur paradis tropical à jamais perdu.

Vidéo :Il y a cent ans, le canal de Panama

Le Monde | 29.08.2016 à 11h31 |Par Corine Lesnes (San Francisco, correspondante)

La fille de l’ex-vice-président de George W. Bush est candidate républicaine au Congrès. Néoconservatrice pure et dure, elle soutient Donald Trump malgré leurs différences sur les questions internationales.

Liz Cheney, lors d’un meeting du Tea Party à Emblem, dans le Wyoming, le 24 août 2013.

Fille à papa

A 50 ans, la fille aînée de Dick Cheney, l’ancien vice-président de George W. Bush, vient de remporter la nomination républicaine pour le siège de représentante du Wyoming au Congrès. L’Etat étant farouchement conservateur, elle est assurée d’être élue à la Chambre des représentants le 8 novembre (au fauteuil occupé par son père de 1979 à 1989). Dick Cheney, architecte du programme des prisons secrètes de la CIA après les attentats de 2001, a inspiré Liz qui, en digne fille de son père, défend les interrogatoires musclés et l’Amérique conquérante. Et veut priver le Planning familial de subventions publiques.

« Rodéo Mom » sur le tard

Son goût pour le rodéo dont elle fait état sur son compte Twitter ? Un engouement récent. En fait, Liz Cheney a grandi à Washington. Elle a ensuite étudié dans un établissement privé de McLean, en Virginie, avant d’étudier le droit à Chicago. Liz est mariée à Philip Perry, ancien responsable juridique du département de la sécurité intérieure sous l’administration Bush-Cheney et aujourd’hui chargé de la défense de Monsanto dans un cabinet d’avocats privé de Washington. Ils ont cinq enfants.

Parachutée éconduite

En 2014, Liz s’est présentée au Sénat en espérant détrôner le sortant – et estimé – Mike Enzi, ce qui a semé la zizanie parmi les républicains locaux. Elle a cru se rattraper en affichant son

opposition au mariage gay. Sa sœur lui a alors reproché de traiter les homosexuels de « citoyens de seconde classe ». Mary, 47 ans, est la dissidente de la famille. Mariée à sa compagne depuis 2012, elle a deux enfants. Mais, même si les parents Cheney ont pris son parti, Liz la parachutée a dû renoncer.

Vraie « fauconne »

Après l’élection du tandem Bush-Cheney en 2000, elle a été numéro 2 de la politique moyen-orientale américaine au département d’Etat. Elle s’est occupée des dossiers-phares des néoconservateurs : la promotion de la démocratie dans le monde arabe et l’Iran. Après l’arrivée d’Obama, elle a fondé Keep America Safe avec William Kristol, l’un des principaux communicants des « faucons ». L’association a mené la charge pour empêcher Obama de fermer Guantánamo.

Trumpiste malgré elle

Liz Cheney a pris parti pour Donald Trump bien que celui-ci ait accusé son père (et George Bush) d’avoir « menti » sur l’Irak et les armes de destruction massive. Elle est aux antipodes des positions du candidat officiel du parti sur les interventions militaires dans le monde. Mais le magnat de l’immobilier représente un moindre mal, selon elle, par rapport à Hillary Clinton. Une « criminelle », accuse-t-elle.

  •  Corine Lesnes (San Francisco, correspondante)

    Correspondante du Monde aux Etats-Unis basée à San Francisco
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Le Monde | 26.08.2016 à 14h40 • Mis à jour le26.08.2016 à 14h44 |Par Juliette Branciard (journaliste pigiste à M)

Le premier succède à Maïtena Biraben à la tête du “Grand Journal”, le second à Yann Barthès au “Petit Journal”. Les deux rescapés de l’ère pré-Bolloré incarneront le visage de la chaîne cryptée à la rentrée.

Victor Robert et Cyrille Eldin.

Victor Robert

Suppléant brillant. « Le Grand Journal », Victor Robert le connaît bien. Il y intervenait la saison dernière pour présenter les journaux et pour remplacer Maïtena Biraben. La valse des départs dans le groupe lui a profité : le journaliste reprendra les rênes de l’émission en direct à partir du 5 septembre.

Un certain succès. Arrivé à Canal + en 2002 pour présenter « Le Contre-journal » au côté de Karl Zéro, Victor Robert a depuis multiplié les émissions à succès. Touche-à-tout, il s’est fait connaître avec « Ça se dispute », « L’Effet papillon » et « Jour de sport ». Mais il a aussi essuyé des ratés : « Pop Com » et « Un autre midi » se sont arrêtées au bout d’une saison, faute d’audience.

Mission impossible ? « Le Grand Journal » n’est plus ce qu’il a été. Depuis quatre ans, l’émission ne cesse de péricliter, jusqu’à s’incliner face à Cyril Hanouna sur D8 et à « C à vous » sur France 5. C’est dire si Victor Robert est attendu au tournant.

Présentateur-né. Rôdé à l’exercice avec une dizaine d’émissions à son actif, il a les armes pour gagner la partie. Son attitude décontractée et son sérieux journalistique pourraient bien lui permettre de reconquérir les téléspectateurs.

Cyrille Eldin

Trublion doué. Depuis deux ans, Cyrille Eldin apparaissait dans « Le Petit Journal » pour un entretien loufoque de cinq minutes avec une personnalité politique. Vincent Bolloré mise sur l’animateur pour faire perdurer les bonnes audiences de cette case d’infotainment après le départ de Yann Barthès pour TF1.

Un succès certain. « L’emmerdeur des politiques » trouve son style avec une chronique dans « La Matinale » en 2009. Il explose par la suite avec « Eldin Reporter », pastille insolente du « Supplément ». Bolloré souhaitait qu’il ait sa propre émission. C’est fait.

Mission difficile. On ne prend pas les mêmes et on recommence… Cyrille Eldin a la lourde tâche de récupérer une émission incarnée depuis dix ans par Yann Barthès. L’animateur l’a quittée à son apogée emmenant dans ses valises une bonne partie de son équipe. Pari risqué, donc, pour l’ex-chroniqueur.

Provocateur-né. Parole décomplexée et repartie innée, Cyrille Eldin aime déstabiliser les politiques. En 2012, il est à l’origine d’une polémique entre les deux candidates écologistes

à la présidentielle. En réaction à une question concernant Corinne Lepage, Eva Joly avait lâché : « Je l’emmerde »…

  • Juliette Branciard (journaliste pigiste à M)

Le temps d’un été, « M » a interrogé notre rapport aux bêtes. La philosophe Florence Burgat et la photographe américaine Amy Stein se sont intéressées au phénomène des animaux sauvages qui s’aventurent dans notre monde « civilisé ».

Image tirée de la série « Domesticated » et mise en scène à Matamoras, en Pennsylvanie.

Les animaux ne sont pas les bienvenus dans les territoires que l’homme occupe. Perçus comme des intrus, des fauteurs de troubles, des producteurs de saletés, ceux ayant un propriétaire, donc identifiés et en principe soignés, y sont au mieux « tolérés » sous certaines conditions, comme le précise la réglementation. Cet encadrement répond, pour une part et dans certains contextes, à des motivations rationnelles ; et, pour une autre part, au grand rêve de l’entre-soi qu’est l’anthropocentrisme.

Les animaux doivent être tenus à l’écart – de multiples façons. Ils sont par principe, dans les cités occidentales en tout cas, tenus en main ou parqués. Alors comment les animaux sauvages qui arrivent dans les villes – un retour qui, en vérité, ne saute pas aux yeux – sont-ils perçus ? Voyons, pour répondre, la place réservée à ceux qui habitent les lieux urbanisés.

Des loups, des daims ou des ours qui s’aventurent près des maisons. Dans ses clichés, la photographe américaine Amy Stein sonde le sentiment d’étrangeté qui jaillit de ces rencontres inattendues en Pennsylvanie.
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Des loups, des daims ou des ours qui s’aventurent près des maisons. Dans ses clichés, la photographe américaine Amy Stein sonde le sentiment d’étrangeté qui jaillit de ces rencontres inattendues en Pennsylvanie.

Amy Stein

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Le chien ou le chat domestique qui, s’étant perdu, devient « errant », « divaguant », est exposé à l’élimination par la fourrière municipale ; il a changé de catégorie, n’est plus sous contrôle et se rapproche de l’animal sauvage qui ferait irruption dans un espace quadrillé qui l’exclut. Quant aux animaux qui vivent dans nos quartiers, car ils y trouvent leurs moyens de subsistance, mais qui ne sont ni domestiqués, ni apprivoisés, ni appropriés – pigeons, rats, souris… –, ils font l’objet de régulières opérations de capture : ce sont des « nuisibles », considérés comme des vecteurs de maladies.

Le fantasme du grand méchant loup

Sans ignorer les problèmes que peuvent causer les cohabitations en général, les fantasmes qui gravitent autour des animaux sont remarquables par leur caractère archaïque. Le retour spontané de quelques loups en France l’illustre à l’envi. Animal sauvage par excellence, du moins dans les esprits, le loup n’est-il pas encore perçu comme le grand méchant loup, une machine à dévorer ? Les battues organisées par les autorités relèvent de la volonté de maîtrise de l’homme sur l’animal, en particulier sur l’animal libre.

A la fin du XVIIIe siècle, le philosophe allemand Johann Gottlieb Fichte juge que « la fin première de la chasse est la protection de la civilisation » et que « l’état sauvage doit partout reculer devant la civilisation ». Sous couvert de menaces plus ou moins imaginaires, n’est-ce pas en effet la défense d’un territoire vidé d’animaux libres qui s’exprime ? Ces remarques d’ensemble sont nécessaires pour évaluer la perception des animaux sauvages dans les villes.

Image tirée de la série « Domesticated », de la photographe américaine Amy Stein.

La rencontre subreptice, le face-à-face fugace, avec un blaireau, un renard, un chevreuil… dans la ville est d’abord quelque chose d’incongru, comme si l’animal s’était trompé de route. Les animaux sauvages nous sont devenus étranges : présence insupportable pour beaucoup ; magique pour quelques autres, conscients que c’est la réduction de leur habitat qui les pousse vers l’ennemi de toujours.

Lire aussi (édition abonnés) : Cerfs et loups envahissent les villes américaines

Florence Burgat est directrice de recherche en philosophie à l’INRA, spécialiste de la condition animale et du droit animalier, auteure d’Une autre existence. La condition animale (Albin Michel, 2012) et de La Cause des animaux. Pour un destin commun (Buchet-Chastel, 2015).

« Domesticated », la série photographique d’Amy Stein, à voir sur www.amystein.com

Par Florence Burgat

A Combien de vies un bâtiment a-t-il droit ? En se réincarnant pour la énième fois depuis les années 1930, les Magasins généraux de Pantin (93) ont atteint, s’il existe, le quota autorisé. Dans l’entre-deux-guerres, on appelait ces entrepôts jumeaux de 20 000 m2 le « grenier de Paris » – ici transitaient le grain, la farine, les céréales, le papier et le tissu acheminés par camion et péniche. Le « grenier » s’est ensuite mué en bâtiment des douanes, avant d’être abandonné et investi au début des années 2000 par les graffeurs, qui en ont fait une cathédrale éphémère du street art. Fin de l’histoire, récente et ancienne. L’automne 2016 marque le début d’une nouvelle existence.

Les entrepôts de Pantin dans les années 1960.

Amarré au bord du canal de l’Ourcq, le bâti industriel et ses nombreux balcons aux garde-corps en forme de bastingage évoquent un paysage portuaire ou balnéaire. Tel un énorme paquebot, les Magasins généraux émergent de l’espace urbain d’une façon presque onirique. Pendant huit ans, Rémi Babinet, patron de l’agence de publicité BETC, avait contemplé l’immeuble avec envie, à la recherche d’un lieu dans lequel regrouper ses équipes, jusqu’ici réparties sur sept sites différents dans le 10e arrondissement de Paris.

Une « Factory » à la Warhol

Babinet connaît l’histoire et le potentiel des Magasins généraux. « Ce bâtiment d’ingénieur fait pour les marchandises et non pour les hommes permet des expérimentations spatiales inédites », lui promet alors l’architecte Frédéric Jung, qui a dirigé le chantier pour BETC. Tellement inédites que, par le passé, beaucoup de projets immobiliers ont été balayés.

La marque Chanel avait par exemple envisagé d’englober le bâti d’une bulle de verre géante, avant de renoncer pour finalement s’installer de l’autre côté du canal. Jung a, lui, fait le pari de dénuder les piliers de béton centraux en reculant la structure originelle pour fairerespirer le cœur de cette construction monstre traversée de verre, d’acier et de bois.

Time lapse de la dernière tranche des travaux (par BETC Paris)

Les salariés de l’agence de publicité ont pris possession de leurs bureaux le 18 juillet. Le mot d’ordre donné au studio de design T & P Work Unit était clair : aucune décoration superflue, la tonalité d’ensemble doit être celle d’une « Factory » à la Warhol.

Le champ lexical du mobilier tourne, de fait, autour de l’outil et de la fabrique, avec la conception de « plans de travail » inspirés de l’établi d’artisan, de cabanes posées ici ou là, et pensées comme des « ateliers » pour s’isoler en petit groupe, le tout dans une éco-conception poussée. Dans le dédale de coursives courant sur les cinq étages occupés par BETC, il est aussi question de « bureau libre » : personne, pas même les cadres dirigeants, ne dispose ici d’un poste fixe. « Comme pour l’open space à l’époque, beaucoup de salariés ont protesté, confie Rémi Babinet. Je les ai convaincus en leur disant qu’il faut que les métiers se croisent, que des rencontres inédites aient lieu. Nous ne sommes pas dans une logique productiviste, nous avons bien plus de places que de salariés présents. »

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Sans borne d’accueil, l’entrée des Magasins généraux est ouverte au public, avec son passage couvert menant au canal et son mobilier urbain légèrement détourné. A l’automne,

le rez-de-chaussée sera enrichi de deux espaces commerçants. Le premier, Les Docks de La Bellevilloise, sera une cantine bistrot associée à un concept store sur l’univers des sports de plein air (vélo, bateau, paddle…).

« Des associations en lien avec ces activités y prendront la parole », annonce Renaud Barillet, le fondateur de l’espace culturel La Bellevilloise (Paris 20e) qui ouvre ainsi une nouvelle antenne. L’entrepreneur a par ailleurs racheté sur un coup de tête Le Lutèce, amarré juste à côté, dans le canal voisin. Il compte transformer ce bateau-pompe qui éteignit l’incendie des moulins de Pantin, bombardés en 1944, en lieu voué à l’événementiel.

L’architecte Frédéric Jung a reculé la structure originelle du bâtiment pour dégager le cœur du bâtiment, où s’entremêlent verre, acier et bois.

Le second espace du rez-de-chaussée sera une halle de commerce bio, pensée par Augustin Legrand, militant pour le droit au logement et créateur du restaurant Le Bichat, à Paris. L’agence BETC évoque, quant à elle, la gestion d’un espace artistique de 800 m2. Bien sûr, tous misent sur le développement du Grand Paris pour doper leur future clientèle. Soutenue par la Ville de Pantin, la réhabilitation des Magasins généraux fait en effet partie d’une opération immobilière plus large, qui comprend la construction de 300 logements aux abords du bâtiment.

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