La maire de San Germano Vercellese, élue de la Ligue du Nord, a interdit l’accès aux jeux publics et à la cantine scolaire aux enfants des parents qui ne payent pas les taxes municipales.

Les enfants de quelque 200 Italiens ou immigrés démunis sont visés par l'interdiction prise par la maire de San Germano Vercellese, élue du parti xénophobe de la Ligue du Nord.

De San Germano Vercellese, une petite commune de 1 700 habitants située à une cinquantaine de kilomètres de Turin et à une quinzaine de Vercelli (Piémont), on ne sait presque rien. Trois lignes sur Wikipédia, une latitude et une longitude. Principale ressource de la commune : les rizières, rendues célèbres par les cuisses nues de Silvana Mangano dans le film Riz amer (1949), de Giuseppe De Santis.

En revanche, on commence à bien connaître la maire du village, Michela Rosetta – trop peut-être. Cette élue du parti xénophobe de la Ligue du Nord, allié au Front national au Parlement européen à Strasbourg, a décidé de lutter à sa manière contre les mauvais payeurs des taxes municipales : l’IMU, sur la résidence principale, et la TARI, sur le ramassage des ordures. Une décision datée du 28 décembre 2015 interdit désormais aux enfants des parents en délicatesse avec le fisc l’accès au jardin public, au terrain de sport et à la cantine scolaire.

“Je n’accepte pas qu’on me fasse un procès en racisme ou en discrimination. Nous appliquons simplement la loi. Ceux qui ne sont pas contents n’ont qu’à partir.” Michela Rosetta, maire de San Germano Vercellese

La décision de la municipalité de San Germano ­Vercellese vise environ 200 personnes, en majorité parmi les plus pauvres, italiennes ou issues de l’immigration. « Je ne veux pas vraiment interdire, mais éduquer au respect du bien public. Les portes de mon bureau sont toujours ouvertes pour discuter au cas par cas,a expliqué Michela Rosetta au quotidien La Stampa, mais je n’accepte pas qu’on me fasse un procès en racisme ou en discrimination. Nous appliquons simplement la loi. Ceux qui ne sont pas contents n’ont qu’à partir. » « C’est une honte », réagit l’opposition. « Ce n’est pas la première fois qu’on cherche à nous atteindre », se plaint une association d’immigrés.

Michela Rosetta, 48 ans, maire depuis 2013, ne cache pas sa sympathie pour Gianluca Buonanno, un ­parlementaire de son parti. Une sorte de modèle. Ce dernier est également un amateur de positions tranchées. Sur les homosexuels, à qui « tout serait dû », et la Gay Pride, qui le « dégoûte ». Plus récemment, il s’est rendu célèbre en apparaissant, sur sa page ­Facebooket à la télévision, un pistolet automatique à la main, afin de soutenir la légitime défense.

La Ligue du Nord fait sa pub

Reste maintenant à faireappliquer l’arrêté de la commune. Dans le passé, d’autres maires (issus eux aussi de la Ligue du Nord) ont déjà tenté de faire pression sur les enfants pour rappeler les parents à leurs devoirs. Généralement en pure perte. Qu’importe. Ce qui intéresse la Ligue du Nord, devenu le premier parti de droite en Italie, est d’occuper le terrain médiatique et de faire la preuve qu’elle se consacre aux choses concrètes dans les collectivités dont elle est chargée.

A San Germano Vercellese, il en ira sans doute de même, tant il paraît difficile d’envoyer un agent municipal au square avec pour mission d’empêcher les enfants dont les parents n’auraient pas réglé la taxe sur les poubelles d’utiliser le toboggan ou la balançoire… Mais jusqu’alors Michela Rosetta était une inconnue. Ce n’est plus le cas. Elle ne visait pas autre chose.

Pour aussi représentatif qu’il soit, un sondage en ligne du site Web de La Stampa, le quotidien le plus lu du Piémont, pointe que pour 68 % des personnes qui ont répondu à la question : « Êtes-vous d’accord avec la mesure prise par cette élue ? », la réponse était « oui ».

Lire aussi : En Italie, la Ligue du Nord cible ceux qui logent des migrants

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