L’Australien, businessman de génie, a créé le buzz en lançant une campagne publicitaire avec les membres de Metallica.
Dandy
Barbu, très, très tatoué, Justin O’Shea est un dandy qui ne révèle pas sa date de naissance. Né dans un village d’aborigènes en Australie, il a travaillé à la mine avant d’aller vendre des jeans à Londres, où il a réussi à faireréférencer la petite marque branchée April77 par l’influente boutique Dover Street Market. Début de sa carrière d’acheteur. Il est ensuite embauché par Al Ostoura, un géant de la distribution de luxe au Koweït, avant de rejoindre, en 2009, le site d’e-commerce munichois Mytheresa.com.
Maître du business
L’industrie de la mode est unanime : O’Shea a fait de Mytheresa.com un poids lourd du commerce digital. En 2015, le site annonçait 130 millions de dollars (117,5 millions d’euros) de chiffre d’affaires, avec une croissance de 50 % par an et plus de 170 marques chics à son catalogue. Sa méthode ? Une analyse des ventes quasi journalière, une approche par produit, plus que par marque, et l’œil sur tout : il scrute les réseaux sociaux, guette les sorties de disques et assiste aux foires d’art… Son premier gros coup : des chaussettes Marni à 95 euros… parties comme des petits pains.
Le making of de la campagne Brioni
Designer né
En mars 2016, le groupe Kering, propriétaire de Brioni, tailleur romain créé en 1945 et devenu une maison importante du secteur de la mode homme, prend tout le monde par surprise en embauchant O’Shea. Il devient responsable des collections et de l’image sans avoir fréquenté d’école de mode. En creux, un symbole de l’époque : en 2016, son sens du commerce et ses qualités de communicant font de lui un designer.
Chouchou des réseaux sociaux
Avec une allure pareille et un tel appétit pour la mise en scène de sa vie, Justin O’Shea a vite été repéré. Il a aujourd’hui près de 95 000 abonnés sur Instagram. Et continue, chez Brioni, à alimenter le buzz : lui dans son jet, lui à Cannes, lui en débardeur et manteau de fourrure au final de son défilé parisien, le 4 juillet.
Un mec qui en a
Avec O’Shea, pas d’hésitation : son moteur, c’est la testostérone. Il est hétéro dans un milieu plutôt gay. Il adore le rock qui tache et a redessiné le logo Brioni en lettres gothiques. Dernier coup d’éclat : il a lancé la semaine dernière une campagne avec ses « muses », les membres madrés et virilissimes du groupe de hard Metallica. Un petit choc esthétique dans un univers où l’on chérit plutôt le rockeur souffreteux. Et une certaine idée du (mauvais) goût…
Lions, léopards, éléphants, tigres, gorilles, rhinocéros, ours polaires : le statut d’icône conféré à ces grands mammifères semble leur porter davantage préjudice que chance. Paradoxalement, la fascination que nous inspirent ces majestueux animaux nous mène non pas à assurer leur sauvegarde, mais à les capturer, les chasser, les commercialiser.
Traquées par millions afin d’alimenter le commerce international des trophées, des peaux et d’autres parties de leur corps qui serviront à fabriquer des médicaments ou seront utilisées comme objets de décoration, ces créatures sont également convoitées pour remplir les zoos et les cages de cirques. Victimes de leur succès, la plupart des animaux emblématiques de notre civilisation sont aujourd’hui menacés par la cupidité et l’anthropocentrisme de notre propre espèce.
Folie humaine
La chasse aux trophées, qui consiste à tuer une bête afin d’exposer tout ou partie de sa dépouille, est un exemple frappant de cette folie humaine. Toujours avides d’embellir leur collection, les tueurs d’animaux sauvages favorisent des espèces rares et imposantes. Parmi elles : le zèbre de Hartmann, le léopard, l’ours – brun et noir –, le babouin chacma, l’hippopotame, le crocodile du Nil, le guépard… et le lion, roi de l’Afrique sauvage.
Cette forme particulière de chasse a été mise en lumière il y a un an par la traque illégale du lion Cecil, icône du parc national Hwange, au Zimbabwe. En juillet 2015, ce félin âgé de 13 ans fut abattu par un dentiste Américain qui l’avait attiré à l’extérieur de son habitat, puis pisté pendant quarante heures, avant de le tuer et de le décapiter. L’indignation, alimentée par la presse et les réseaux sociaux, fut mondiale – sans que le tueur soit pour autant inquiété par la justice du Zimbabwe, puisqu’il avait obtenu l’autorisation nécessaire.
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Le lion d’Afrique risque ainsi de n’être bientôt plus qu’un mythe. Alors qu’on en comptait près de 200 000 il y a un siècle, seuls 20 000 sont recensés aujourd’hui. Sa population poursuit sa baisse : elle a diminué de 62 % entre 1993 et 2014 dans la plupart de ses zones de répartition, et n’occupe plus désormais que 8 % de son aire historique.
Réguler un commerce effréné
Menacé par les massacres commis par les populations locales, par le commerce des peaux, des os et autres parties de l’animal (pattes, griffes, crânes, queues, canines) qui approvisionnent le marché de la médecine traditionnelle, le lion est aussi touché par le rétrécissement de son habitat et la raréfaction de ses proies. L’espèce est classée dans la catégorie « vulnérable » du dernier rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), paru en 2015.
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La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites), dont la prochaine grande réunion se tiendra fin septembre à Johannesburg (Afrique du Sud), a pour objectif de réguler le commerce effréné des animaux sauvages. Elle vise à éliminer le trafic et à garantir que le commerce légal des spécimens ne menace pas la survie des espèces. Mais il semble également nécessaire de revoir la relation que l’on entretient avec ces habitants de notre planète si nous ne voulons pas qu’ils fassent bientôt partie de la liste des espèces disparues. Plutôt que les considérer comme des sources de divertissement et de profits, il s’agit maintenant, plus que jamais, d’apprendre à cohabiter avec eux.
Le réalisateur allemand exilé à Hollywood sort le 20 juillet la suite de son blockbuster à base d’envahisseurs extraterrestres, vingt ans après le premier opus.
Un cinéaste qui vaut 3 milliards
Le nom de Roland Emmerich, né en 1955 à Stuttgart, est associé à de grands succès du cinéma américain : Godzilla, Le Jour d’après, 2012, Independence Day (1996), dont la suite, Independence Day : Resurgence, sort le 20 juillet en France. Ses réalisations ont totalisé plus de 3,7 milliards de dollars au box-office. La plupart sont des films catastrophe, ce qui lui a valu le surnom de « maître du désastre ». Mais son nouveau long-métrage, sorti aux Etats-Unis en juin, est un échec. Il compte donc sur les marchés étrangers pour se renflouer.
Un militant LGBT
Homosexuel, il a financé plusieurs associations liées à cette cause. Il a aussi réalisé Stonewall, sorti en 2015 aux Etats-Unis, consacré aux émeutes de 1969 à New York, qui virent naître le militantisme LGBT. Ce film à petit budget, du moins au regard de sa filmographie (13 millions de dollars contre les 165 de cet Independence Day : Resurgence), a suscité une controverse, Emmerich étant accusé de se concentrer sur les Blancs gays et de ne pas mettre en scène de personnages noirs, latinos, drag-queens ou transgenres.
La bande-annonce de « Stonewall »
Un soutien actif d’Hillary Clinton
Compagnon de route du Parti démocrate de longue date, ainsi que de plusieurs mouvements progressistes, le réalisateur soutient Hillary Clinton. Sa maison de Los Angeles a même servi à organiser une soirée de fundraising. Dans le nouvel Independence Day, le président des Etats-Unis est joué par une femme, Sela Ward. Beaucoup d’observateurs hollywoodiens estiment que ce choix, rare dans l’histoire du cinéma américain, n’est pas anodin.
La bande-annonce d’Independence Day : Resurgence
Un collectionneur excentrique
Sous des dehors très sages, il s’est forgé, avec sa collection d’œuvres d’art, une réputation de farfelu d’Hollywood. Dans ses résidences, en Californie, à New York ou à Londres, on trouve notamment une représentation (réalisée grâce à Photoshop) de l’ex-président iranien Mahmoud Ahmadinejad dans une position homoérotique, Jésus en tee-shirt du groupe Wham !, un portrait de Saddam Hussein, des objets de la seconde guerre mondiale ou des affiches de propagande de dictatures…
Il dirigea la France de 1969 à 1974, dans un climat économique très favorable. Ce contexte lui permit parfois de lever le pied. Avec un style certain. En 1965, Georges Pompidou est premier ministre depuis trois ans. Porté par les « trente glorieuses », il apparaît irréprochable. Ou presque. Le général de Gaulle en a juste assez de voir son collaborateur depuis 1962 passer de luxueuses vacances sur la Croisette. Alors, direction la Bretagne, et l’île de Sein. Où la maire reçoit chapeautée de la jubilinenn, une coiffe traditionnelle. Comment faire plus terroir ? En glissant un sous-pull en acrylique sous un pull en laine col V, bien sûr.
Après le scandale de la dernière cérémonie, où aucun Noir n’était finaliste, l’Académie hollywoodienne s’ouvre aux femmes et aux minorités. Et se ferme aux réceptions trop cossues.
C’est officiel, l’Académie des Oscars se réforme. Elle l’a annoncé le 30 juin, créant une forme d’émoi dans le microcosme hollywoodien. Cette évolution est un pas en avant gigantesque pour une institution connue pour son conservatisme et sa frilosité. Mais, comme toute révolution dictée par la panique, ce changement, décidé dans une évidente frénésie, part dans tous les sens, parfois en dépit d’un certain bon sens. Il est d’abord apparu nécessaire – à la suite de la récente controverse sur les nommés et gagnants des Oscars, largement masculins, tous blancs – de modifier la sociologie des votants et d’ouvrir la porte à des représentants de différentes minorités, Noirs et femmes en tête.
C’est ainsi que 683 nouveaux membres ont été cooptés par l’Académie et pourront, dès 2017, voter pour les Oscars. Parmi eux, comme l’atteste la statistique fournie par l’Académie, 46 % de femmes et 41 % issus des minorités noire, latino, asiatique. Mais, à peine ce changement institué, plusieurs observateurs en ont pointé les limites. La proportion de membres de l’Académie issus des minorités passe de 8 à 11 %, celle des femmes de 25 à 27 %. Soit une modification à peine perceptible, du moins pour l’année prochaine. Car, d’ici à 2020, le conseil de l’Académie devrait doubler les nombres de femmes et de représentants des minorités ethniques.
Autre souci : la culture cinématographique de ces nouveaux votants. Venus du cinéma indépendant, ne travaillant guère pour les studios hollywoodiens, ils auraient tendance à voter pour des films moins grand public, à ne pas porter leur suffrage sur des stars établies. Ce n’est guère un souci en soi. Mais, si l’on considère que le sens ultime des Oscars réside dans la soirée de remise des récompenses, en février, retransmise à grands frais par la télévision américaine, que se passerait-il en cas de brutale chute d’audience faute des stars promises ?
Le caviar prohibé
L’Académie impose également un autre challenge à ses anciens et nouveaux membres : le défi des petits fours. Il est désormais interdit de participer à une réception dont le luxe serait trop ostentatoire, au risque de se voir suspendre un an, voire à vie en cas de récidive. Les réceptions organisées par les producteurs durant la campagne des Oscars sont une façon de s’attirer les voix des votants, dans ce qui reste une élection, avec les jeux d’influence qu’elle suppose. Sauf que les mots ont parfois un sens difficile à préciser. Qu’est-ce qu’un « luxe ostentatoire » ? On imagine que le caviar l’est, mais le saumon fumé ? Se rendre à un cocktail à Hollywood, c’est la promesse assurée de boire un champagne grand cru et de goûter aux mets des meilleurs traiteurs. Il n’existe pas de moyen terme, dans cette ville tout au moins. L’attrition reste un concept inconnu à Hollywood.
Consciente du dilemme, l’Académie conseille désormais à ses membres de la consulter avant de se rendre à une quelconque fête. Sangria ? Feu vert. Vin millésimé ? Interdit. La charcuterie grecque, c’est oui ; le caviar, c’est non. La salade de céleri suscite l’enthousiasme, les coquilles Saint-Jacques l’anathème. Sauf qu’à Hollywood c’est caviar et champagne ou rien.
[Chronique] L’homme du Brexit ne sera pas Premier ministre du Royaume-Uni. Dommage, on en aurait pris plein les yeux : en 1985, à 21 ans, il avait déjà un sacré style. Fils de la haute, élève brillant, passé par Eton, Boris Johnson se pavane désormais à Oxford, où il ne respecte aucune règle. Sauf celles du Bullingdon « Binge Drinking » Club. Dans ce club ultrasélectif, ultra-élitiste, on suit le dress-code white tie et l’on porte une queue-de-pie marine sur une chemise à col cassé. Pour aller ensuite picoler, fracasser des chambres d’hôtel ou brûler des billets de 50 dollars devant des mendiants. Elégance, quand tu nous tiens…
Il faudra un jour remettre la médaille du travail à Renaud Lemaire. Cet auteur de bandes dessinées de 36 ans, dit Reno, est considéré comme le précurseur du manga français, un genre qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Après s’être longtemps bornés à traduire les mangas made in Japan, les principaux éditeurs spécialisés de l’Hexagone se sont décidés à passer commande auprès de (jeunes) dessinateurs français habitués aux codes de la BD asiatique (grands yeux, lignes de vitesse, sens de lecture oriental…).
Reno fut le tout premier à essuyer les plâtres. C’était il y a dix ans. Naissait chez l’éditeur Pika sa série Dreamland, un long récit au format pocket mettant en scène un groupe de lycéens capables de voyager dans un monde onirique et loufoque. Une saga – 15 tomes à ce jour, 400 000 exemplaires vendus – qui fut mise à l’honneur les 9 et 10 juillet 2016 à la Japan Expo, le traditionnel rassemblement des fans de pop culture japonaise.
« Les auteurs de BD franco-belge de mon âge ne comprenaient pas pourquoi je participais à l’“invasion” du manga sur le marché français. » Reno
Avant d’en arriver là, Reno a dû « cravacher sévère ». Le manga est un genre soumis à des cadences de travail notoirement infernales en raison de la fréquence rapprochée de ses parutions. Ce qui est vrai au Japon l’est aussi en France. Reno est là pour en témoigner : cela fait dix ans qu’il bosse comme un damné afin de produire un tome de 200 pages de Dreamland tous les huit mois en moyenne, rythme synonyme d’une meilleure fidélisation du public. Ses journées commencent généralement à 9 heures et se terminent vers 2 ou 3 heures du matin, avec une ou deux pauses au milieu. Cela pour les périodes « normales » de travail. Pour les soirs « de rush », Reno a l’habitude de voir le jour se lever au moment de se coucher.
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Longtemps, la communauté de ses fans a cru qu’il faisait tout seul. « Pure légende », comme il le confie ce jour-là dans son petit appartement des environs de Montpellier, au milieu duquel trône sa table à dessin. Un cousin, Romain, et un ancien copain de fac d’arts plastiques, Salim, l’aident depuis ses débuts à dessiner les décors et placer les trames sur les pages. Le trio est passé par des sessions de travail épiques pouvant aller jusqu’à 48 ou 72 heures d’affilée : « A la chinoise, dit Reno, avec deux qui bossent pendant que le troisième dort, et ce à tour de rôle. » Avec aussi « beaucoup de café et de Redbull pour tenir le coup ».
Des héros comme tout le monde
Cette vie de stakhanoviste du dessin, Reno l’accepte, dit-il, parce qu’il « kiffe et re-kiffe » sa série. Dreamland raconte un peu sa vie, à travers le personnage de Terrence, un garçon de 18 ans scolarisé en filière STMG (ex-STT – sciences et technologies tertiaires) dans un lycée de Montpellier. « Ma scolarité était chaotique, seul le dessin m’intéressait, raconte-t-il. Je me souviendrai toujours du vide sidéral dans les yeux de la conseillère d’orientation du collège quand je lui ai dit que je voulais devenir auteur de BD. Cela ne rentrait dans aucune de ses cases. C’est comme ça que je me suis retrouvé en STT, la voie de garage pour ceux dont on ne sait pas quoi faire. »
Quand ils ne s’échappent pas d’un univers de rêves échevelés, les personnages de Dreamland mènent une existence aussi banale que réaliste. Leurs préoccupations tournent autour du bac, du permis de conduire, de la fumette et bien évidemment de leurs premiers émois sentimentaux. La représentation d’une scène d’amour entre deux jeunes s’apprêtant à perdre leur virginité a valu au tome VIII un macaron « déconseillé aux moins de 15 ans » sur la couverture. C’est en tout cas bel et bien grâce à son pouvoir d’identification auprès de ses lecteurs, et à la grande liberté de ton de ses dialogues, que Dreamland a pu bénéficier d’un bouche à oreille renouvelé au fil du temps.
Cela n’a pas toujours été le cas. « Je me suis fait défoncer sur les forums pendant les deux premières années, se rappelle Reno. D’un côté, les auteurs de BD franco-belge – de mon âge, en particulier – ne comprenaient pas pourquoi je participais à l’“invasion” du manga sur le marché français. De l’autre, les fans de manga hardcore déconsidéraient mon travail, partant du principe qu’un manga non japonais ne peut pas être un bon manga. »
Un cousin pour Son Goku
Son style japonisant lui est venu tout seul, naturellement, explique Reno : « A force de regarderGoldorak à la télé et les séries du “Club Dorothée”. Ma rétine s’est habituée à ce style de dessin depuis tout petit, bien avant que je prenne conscience que cela venait d’un autre pays. » Enfant, Reno va occuper tout son temps libre à dessiner et à s’approprier des univers déjà existants. Il invente de nouvelles histoires à Astérix, imagine un ersatz de Tintin, crée un cousin à Son Goku, le héros principal de Dragon Ball, la série culte de sa génération. Il a 7 000 planches de BD à son actif quand, étudiant, il envoie aux principaux éditeurs français de mangas « un pauvre e-mail avec trois ou quatre dessins et deux ou trois phrases » résumant son projet appelé Dreamland.
Dix ans plus tard, l’auteur n’éprouve aucune lassitude à l’égard de sa série. Juste le besoin de souffler un peu. Ne souhaitant pas que ses « assistants » s’enferment éternellement dans l’ingratitude de leur fonction, il travaille désormais seul à son histoire au long cours. Il évoque l’idée de fonder une famille : « Je vais essayer de lever un peu le pied afin d’avoir une vie sociale. »
La multiplication des étals illégaux exaspère les commerçants qui accusent la maire, proche de Podemos, d’avoir laissé la situation dégénérer.
Tous les jours, près de 800 vendeurs à la sauvette s’installent promenade Joan de Borbó, face au port de plaisance de Barcelone. Contrefaçons de sac à main, de polo ou de lunettes de soleil, bijoux fantaisie, cadeaux souvenirs exposés sur des draps à même le sol… Le week-end, ceux qu’on appelle en Espagne les manteros (« drapiers »), en référence aux tissus qu’ils étendent au sol pour exposer leur marchandise, frôlent le millier. Provoquant l’exaspération des commerçants qui tiennent Ada Colau, la maire de la ville, pour responsable de la situation.
« Les vendeurs à la sauvette ont privatisé l’espace public sur un kilomètre. » María José Lopez Samper, présidente d’une association de voisinage
Mercredi 29 juin, la Commission des victimes de la vente à la sauvette, qui regroupe une centaine d’organisations, a même signé un manifeste critiquant la « passivité de la mairie »et « l’angélisme » de l’édile de Barcelone. « Les vendeurs à la sauvette ont privatisé l’espace public sur un kilomètre. Nous ne pouvons presque plus passer, ni aller à vélo ni promener nos chiens. Et cette concurrence déloyale affecte le commerce », estime María José Lopez Samper, présidente de l’Association de voisinage de la Barceloneta et membre de la commission.
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La nouvelle équipe municipale, qui gouverne Barcelone depuis mai 2015, était pourtant pleine de bonnes intentions lorsqu’elle a mis le sujet sur la table l’été dernier. Ex-militante du droit au logement, Ada Colau, entourée d’autres représentants des luttes sociales, avait l’idée d’aborder la question autrement. Elue au sein de la plateforme citoyenne Barcelone en commun, alliée au parti de la gauche anti-austérité Podemos, elle voulait tenir compte de la « vulnérabilité » de ces personnes, majoritairement par des Africains en situation irrégulière. Elle était aussi convaincue que la pression policière, manifestement incapable de résoudre le problème, n’était pas la solution : « C’était devenu le jeu du chat et de la souris », résume-t-on à la mairie.
La police locale a donc été invitée à modérer ses interventions, à se limiter à empêcher l’installation des manteros au petit matin, mais à ne pas tenter de les déloger en pleine journée, afin d’éviter les risques d’affrontement. Par ailleurs, elle a décidé de mener en parallèle une politique de réinsertion. Onze manteros ont été formés pour devenir pêcheurs l’an dernier, et quarante nouveaux plans de « reconversion » ont été lancés la semaine dernière. Plutôt que pénaliser uniquement les vendeurs, Ada Colau a également décidé d’augmenter la pression sur les acheteurs de contrefaçon, en imposant 235 amendes l’an dernier, pouvant aller jusqu’à 500 euros, grâce à une directive municipale déjà existante.
Un « ghetto » en pleine ville
Un an plus tard, cependant, l’expérience est loin d’avoir porté ses fruits. Au contraire. L’irritation des comités de voisinage du quartier de la Barceloneta, des associations de commerçants et des syndicats de policiers a atteint son paroxysme. « La mairie n’aborde pas correctement le problème de fond de l’occupation de la voie publique, et du non-respect des lois, juge Valentín Anadón, porte-parole de la Fepol (Fédération des professionnels de la sécurité publique), un syndicat policier. Elle a favorisé la création d’un ghetto, en confinant les vendeurs dans un espace de permissivité. »
Le malaise a encore grandi le mois dernier après l’agression d’un policier municipal par un mantero qui lui a asséné un violent coup sur la tête avec une branche d’arbre. Tout en condamnant l’agression, le groupe municipal Barcelone en commun a critiqué la décision du juge de placer le suspect en prison préventive. Et l’appel téléphonique du conseiller municipal Jaume Asens à l’avocate de la police locale, pour savoir si elle avait sollicité une peine de prison et pour quelles raisons, a été perçu comme une tentative de pression.
Les commerçants ont en outre mal vécu la création, en octobre dernier, du Syndicat populaire de vendeurs ambulants de Barcelone. Celui-ci a réclamé à la mairie un emplacement où vendre leurs marchandises (que ses membres disent acheter légalement dans des entrepôts), moyennant le paiement d’une « taxe raisonnable ». Demande restée vaine pour l’instant. Mais les manteros poursuivent leur objectif de « construire un corps politique capable de reprendre les requêtes et les nécessités du collectif face à la persécution, la discrimination et le racisme ». La tension autour des manteros n’est pas près de retomber à Barcelone.
Un entrepreneur ultrareligieux a construit une réplique de la mythique embarcation, en vue de « diffuser le message chrétien ».
L’été promet d’être biblique dans le Kentucky. Non pas que les abords champêtres de la petite ville de Williamstown aient des allures de mont Ararat. Mais c’est là qu’un entrepreneur très chrétien a choisi de poser une réplique « grandeur nature » de l’arche de Noé, dont l’ouverture au public était prévue le 7 juillet. L’œuvre est colossale : longue comme un terrain de foot et demi, haute de sept étages, elle s’appuie sur une charpente de bois qui serait la plus grande jamais construite aux Etats-Unis.
Les Amish, réputés pour leur savoir-faire en menuiserie et ébénisterie, ont prêté main-forte aux ambitions de Ken Ham, le promoteur de ce projet 100 % créationniste. Il fallait bien cela pour reconstituer le refuge qui, selon la Bible, sauva la Création du déluge et le monde des péchés. Loin des centaines d’espèces qu’y entassèrent Noé et sa famille, seules trente d’entre elles ont finalement trouvé leur place dans l’arche de M. Ham. Mais au-delà des classiques ours, girafes et moutons, le public pourra admirer un couple de… Tyrannosaurus Rex. Ce qui mérite une explication.
La Bible vue comme un livre d’histoire
Pour M. Ham, comme pour nombre de croyants les plus orthodoxes, la Bible est un livre d’Histoire, avec un grand « h » et sans « s » : Dieu créa le monde en six jours il y a six mille ans ; depuis, hommes et animaux n’ont connu que de très légères évolutions. Rien d’incongru donc à ce que les dinosaures aient côtoyé le sauveur de l’espèce humaine. Et qu’un arche-musée en atteste.
« Ici, ce ne sera pas le monde de Disney, où les gens viennent pour s’amuser. Le but est religieux. »
Ken Ham, promoteur du projet
Car, pour M. Ham, l’intention est claire : « Ici, ce ne sera pas le monde de Disney ou d’Universal, où les gens viennent pour s’amuser. Le but est religieux », a-t-il récemment détaillé dans le New York Times. Comme au Musée de la Création, qu’il a fondé il y a neuf ans à quelques dizaines de kilomètres de l’arche, ou dans le matériel pédagogique dont il inonde des centaines d’églises sous le label explicite « Réponses dans la Genèse », il s’agit ici de diffuser le « message chrétien ».
Ou en tout cas, un certain message chrétien. Car, si 42 % des Américains croient toujours que Dieu a créé les humains dans leur forme actuelle, selon un sondage Gallup de 2014, tous ne sont pas pour autant convaincus que cette œuvre a pris six jours, et une bonne partie accepte la théorie de l’évolution. Ken Ham et ses soutiens appartiennent à un groupe de croyants particulièrement réfractaires à cette idée. Affolés par la « sécularisation » et les innombrables « péchés » de la société actuelle, ils dénoncent sans relâche l’avortement, le mariage gay et l’athéisme.
Avantages fiscaux et subventions
A l’embauche, les salariés de l’arche ont dû signer une « déclaration de foi », qui revenait à exclure les homosexuels. Malgré une plainte de l’Etat du Kentucky, qui, au vu de ces exigences, rechignait à accorder des avantages fiscaux à ce projet religieux non exempt de visées commerciales, la justice a donné raison au patron précautionneux et les subventions ont été confirmées par le tribunal. Elles ont contribué au budget de 102 millions de dollars nécessaire à l’entreprise.
Des scientifiques, des associations athées et des chrétiens moins rigoristes mettent en garde contre les dommages que pourrait causer sur l’éducation de jeunes cerveaux une sortie dominicale à l’arche. Surtout si, comme l’espère M. Ham, elle est couplée avec une visite au Musée de la Création, qui a déjà vu passé plus de 2 millions de visiteurs. Et si les enfants viennent d’Etats tels que le Texas, le Missouri ou l’Alabama, où les programmes scolaires ont toute latitude pour une « analyse critique » de la théorie de l’évolution.
[Chronique] Son mari porte le pantalon au nombril. Mais, en termes de style, ce n’est pas lui qui porte la culotte. Ici, en 1975, Bernadette Chirac a la tête haute. Que cherche-t-elle comme ça, du regard ? Du réconfort, peut-être. A 42 ans, elle est en souffrance. L’homme qu’elle a épousé dix-neuf ans plus tôt vient d’être nommé premier ministre et s’est épris d’une journaliste du « Figaro ». Elle le sait, elle l’a vu. Son couple vacille mais Bernadette soigne les pparences. Brushing bouffant et twin-set Chanel (regardez le double C sur les boutons) : pour une fille de la haute, née Chodron de Courcel, voilà des valeurs refuges.