Le Monde | 20.04.2016 à 16h59

Selon le rapport annuel d’Amnesty International, en 2015 pour la première fois, les pays ayant aboli la peine capitale sont majoritaires. En revanche, le nombre de personnes exécutées a augmenté : 1 634, le chiffre le plus élevé jamais recensé depuis 1989.


Amnesty international : rapport 2015 sur la peine de mort

Face au refus des autorités de son pays de l’aider, cette pugnace Australienne a tenté, en mars dernier, d’aller chercher ses cinq petits-enfants livrés à eux-mêmes en Syrie. Sans succès.

L’Australienne Karen Nettleton raconte dans un reportage diffusé en juin 2015 sur ABC (Australian Broadcasting Corporation) son combat désespéré pour retrouver ses petits-enfants abandonnés en Syrie.

« Je reviendrai, je ne les laisserai pas là…Il faudra peut-être trois, quatre, cinq tentatives. Mais ne sous-estimez pas la détermination de la mamie que je suis. » Les Australiens commencent à bien la connaître, cette grand-mère, Karen Nettleton, qui refuse de se résigner. Ses cinq petits-enfants ainsi que le nourrisson de sa petite-fille de 14 ans se trouvent en Syrie depuis 2014, probablement à Rakka, la capitale de l’organisation Etat islamique (EI) dans le pays. Il y a quelques semaines, elle s’est rendue en Turquie afin d’aller elle-même les chercher, mais l’opération a échoué et elle a dû rentrer seule à Sydney début avril.

A 8 ans, on lui fait brandir une tête tranchée

De cette famille, les Australiens ne connaissent pas seulement la grand-mère. Son gendre, Khaled Sharrouf, est devenu, en août 2014, le plus célèbre des combattants australiens de l’EI. Ses photos diffusées sur Twitter ont horrifié le pays, notamment celle de son enfant de 8 ans brandissant la tête tranchée d’un officiel syrien. « Ça, c’est mon fils ! », écrivait-il fièrement en légende. « C’est la pire chose que j’ai vue dans ma vie », réagissait, en larmes, Karen Nettleton, sur la chaîne de télévision ABC (Australian Broadcasting Corporation). « Cet enfant est tellement adorable. Oui, adorable », priait-elle de croire les téléspectateurs. Mais Khaled Sharrouf a continué de faireposer ses fils, y compris le plus jeune, 3 ans à ce moment-là, en tenue de combattant, une arme à la main.

Australien d’origine libanaise, l’homme a épousé au début des années 2000 la fille unique de Karen Nettleton, Tara, qui était alors âgée de 15 ans et qui s’est convertie à l’islam. En 2013, grâce au passeport de son frère, Sharrouf quitte le pays pour aller combattre en Syrie, réussissant ainsi à déjouer les services de renseignement qui le surveillaient. Un an après, Tara et leurs cinq enfants s’envolent à leur tour, là encore sans être inquiétés. Voici la famille réunie en Syrie, au service de l’EI. A 13 ans, la fille aînée, Zaynab, épouse un combattant : il s’agirait d’un ami de son père, l’Australien Mohamed Elomar. Peu après, elle tombe enceinte.

Cinq enfants orphelins et un bébé

Depuis, son mari aurait été tué dans des frappes aériennes, tout comme son père. Mais le décès de Khaled Sharrouf, annoncé par de nombreux médias, n’a jamais été confirmé par les autorités australiennes. Il y a en revanche peu de doute sur la mort de Tara Nettleton : elle aurait péri en septembre 2015, à l’âge de 31 ans, suite à des complications après une opération de l’appendicite. Zaynab, 14 ans, Hoda, 13 ans, Abdullah, 11 ans, Zarqawi, 10 ans et Humzeh, 5 ans, les petits-enfants de Karen Nettleton, seraient donc livrés à eux-mêmes, sans parents, dans cette Syrie contrôlée par l’EI. Sans oublier le bébé de Zaynab, né il y a quatre mois.

« Il faudrait voir à quoi ces enfants ont été exposés et estimer s’ils représenteront une menace, tôt ou tard », Peter Dutton, ministre australien de l’immigration

Karen Nettleton a d’abord appelé le gouvernement australien à sauver ces enfants. En vain. Selon Canberra, une centaine d’Australiens ont rejoint l’EI ou d’autres groupes terroristes en Syrie et en Irak. La ministre des affaires étrangères, Julie Bishop, a décrit les enfants Sharrouf comme « des victimes de l’idéologie extrémiste de leurs parents », qui se trouvent « dans une zone de guerre malgré eux ». Mais, a ajouté la ministre, « en raison de la situation extrêmement dangereuse sur place », l’Australie« n’a pas la capacité de leur apporter une aide consulaire ». Pour son collègue chargé de l’immigration, Peter Dutton, s’ils devaient revenir dans le pays, « il faudrait voir à quoi ces enfants ont été exposés et estimer s’ils représenteront une menace, tôt ou tard ».

Face au refus du gouvernement, Karen Nettleton a décidé d’aller elle-même chercher ses petits-enfants. Avec son avocat, elle a pris l’avion mi-mars 2016 pour la Turquie. De là, elle devait se rendre en Syrie, mais elle a fini par renoncer. Son avocat a reproché au gouvernement de n’avoir été « d’aucune aide ».

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Mme Nettleton a également accusé les médias. Un journal a en effet consacré sa « une » à son plan pour aller chercher ses petits-enfants et d’autres médias ont suivi. Cette couverture médiatique aurait fait peur à des personnes qui devaient aider Karen Nettleton et il lui a été conseillé de quitter la Turquie pour sa sécurité. « C’est horrible, a-t-elle déclaré à la chaîne ABC alors qu’elle s’apprêtait à quitter Ankara. J’imaginais les enfants occuper toute une rangée dans l’avion, Hamze arpenter le couloir, le bébé pleurer. Et maintenant, il n’y a que moi. » A son arrivée à Sydney, elle a été arrêtée par l’unité antiterroriste, qui l’a relâchée au bout d’une heure. Karen Nettleton assure qu’elle n’a pas dit son dernier mot.

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Diffusé par la chaîne KBS, le mélodrame a battu des records d’audience en Corée du Sud et en Chine. Vendue dans 32 pays, la série reflète le succès de la pop-culture coréenne.

Les nombreux fans étaient au rendez-vous pour la diffusion, jeudi 14 avril, du dernier épisode de la série sud-coréenne « Descendants du soleil »,d’autant que la chaîne KBS a fait savoir qu’il n’y aurait pas de saison 2. Et ce, malgré l’incroyable succès qu’a rencontré le mélodrame. En amont, des spoilers en ligne annonçaient même la mort du capitaine Yoo Shi-jin, incarné par l’acteur Song Joong-ki.

La jeunesse sud-coréenne s’est passionnée pour les aventures de ce chef d’une unité des forces spéciales dès le premier épisode, diffusé le 24 février. On l’y voit arrêter un voleur de moto, puis se rendre à l’hôpital pour récupérer le téléphone que le malfrat, blessé, lui a dérobé et y rencontrer la ravissante infirmière jouée par Song Hye-kyo. Il est bientôt envoyé au front en Uruk, pays fictif en guerre, où elle le rejoint à son tour pour soigner les victimes. Le tout ponctué de ces chansons d’amour, dont la K-pop a le secret.

Les acteur Song Hye-Kyo (à gauche) et Song Joong-Ki, le couple star de "Descendants du soleil" K-drama culte à Séoul.

La série a battu des records d’audience en Corée du Sud, passant de 14 % de parts d’audience au premier épisode à plus de 35 % au treizième. Le merchandising a suivi, de la coque de protection de smartphone au dessus-de-lit à l’effigie du capitaine et de l’infirmière. Et la fièvre sentimentale des « Descendants du soleil » a rapidement dépassé les frontières du pays du Matin-Calme pour gagner, notamment, la Chine.

La série, achetée 220 000 euros par épisode, a été diffusée simultanément sur Iqiyi.com,

la plateforme vidéo du moteur de recherche Baidu. Un investissement rentable puisque « Descendants du soleil » avait attiré 2,3 milliards de clics tous épisodes confondus à quelques jours du dénouement. Cet intérêt populaire n’a pas échappé aux autorités chinoises. Non sans faire des envieux, car si la propagande produit à tour de bras des séries glorifiant, dans des décors en carton-pâte, le passé des troupes maoïstes face au Kuomintang ou aux Japonais, elle perd souvent au passage les jeunes téléspectateurs qui leur préfèrent les « K-dramas » romantiques produites à Séoul.

« Il est aisé de voir l’effet qu’a pu exercer le charme de l’acteur principal masculin Song. » Le ministère de la sécurité publique dans un communiqué

Dans un éditorial, le très officiel Quotidien de l’Armée populaire de libération a vu dans les « Descendants du soleil » une « excellente publicité pour la conscription » et a suggéré au passage que la Chine s’inspire de cette faculté coréenne de mise en scène de « l’esprit national ». Mais le ministère de la sécurité publique chinois s’est montré plus circonspect, constatant dans un communiqué : « Il est aisé de voir l’effet qu’a pu exercer le charme de l’acteur principal masculin Song. »

Et de prévenir que le chaos est aux portes des ménages : « Regarder des séries coréennes pourrait être dangereux et même susciter des problèmes juridiques », probable référence au risque, non prouvé pour l’heure, d’une hausse des divorces. Et il n’y a pas qu’en Chine que

la série a connu un tel succès. « Descendants du soleil » a été diffusé dans 32 pays, reflet

du succès de la pop-culture coréenne à travers l’Asie. Prayuth Chan-ocha, premier ministre de la Thaïlande à la faveur d’un coup d’Etat depuis 2014, a lui aussi fait savoir qu’il avait apprécié la série. Notamment le sens du patriotisme qu’elle permettrait de faire naître auprès de la jeunesse…

Extrait d’un épisode de la série « Descendants du soleil »

Disciples, admirateurs ou simples collectionneurs, ils ont subtilisé un doigt, un crâne, un os sur la dépouille de leur idole.


1954 : le crâne de Joseph Haydn

Le crâne de Joseph Haydn.

C’est au moment du transfert de la dépouille du compositeur autrichien (mort en 1809 et d’abord inhumé à Vienne) à Eisenstadt, en 1820, dans l’église du Calvaire, que l’on s’était aperçu que sa tête avait disparu, dérobée par deux étudiants qui ont réussi à la conserver jusqu’à leur mort. Ce crâne sera exposé au musée avant de retrouver sa place en 1954.


2007 : le cerveau d’Einstein

Thomas Harvey (1912-2007) avec le cerveau d'Albert Einstein.

Le physicien, mort en 1955 à Princeton, aux Etats-Unis, avait ordonné que son corps soit incinéré et que ses cendres soient dispersées dans un lieu secret. Mais le médecin chargé de l’autopsie, Thomas Harvey, a ôté en douce le cerveau du théoricien de la relativité et l’a conservé jusqu’à son décès en 2007, date à laquelle il fut acquis par le National Museum of Health and Medicine de Chicago.


2009 : les doigts de Galilée

Le majeur de la main droite de Galilée.

Lors d’une vente, un collectionneur italien achète une dent, un pouce et un doigt qui seront par la suite authentifiés comme étant ceux de Galilée, le célèbre physicien et astronome italien mort en 1642. Les restes trouvés, de même qu’un autre doigt et une côte, avaient été subtilisés par l’un des disciples de Galilée lors du transfert de sa dépouille dans la basilique Santa Croce, à Florence, en 1737.


2010 : les os de saint Nicolas

Le buste reliquaire de saint Nicolas.

La Turquie réclame à l’Italie la restitution des restes du saint, considéré comme l’ancêtre chrétien du Père Noël. Volés à Myre (l’actuelle Demre, en Turquie) au XIe siècle par des marins italiens, ils ont été transférés dans la basilique de Bari, en Italie. Une phalange et quelques morceaux d’os sont également conservés dans la basilique de Saint-Nicolas-de-Port (Meurthe-et-Moselle) et d’autres à Fribourg, en Suisse.


2016 : la tête de Shakespeare

La tombe de William Shakespeare à l'église la Sainte-Trinité à Stratfordupon-Avon (Angleterre).

Dans le cadre d’un documentaire diffusé par la chaîne britannique Channel 4, des archéologues ont effectué une radiographie de la tombe du grand dramaturge qui repose dans l’église la SainteTrinité à Stratfordupon-Avon. Les résultats accréditent la thèse selon laquelle « à un moment de l’histoire, quelqu’un est venu s’emparer de son crâne ». Une chose est sûre, il n’est plus là.

Le directeur de campagne du magnat de l’immobilier avait violemment agrippé une journaliste qui souhaitait poser une question au candidat à la présidentielle américaine.

Donald Trump avec (à sa droite) son directeur de campagne Corey Lewandowski lors d'un meeting, à Palm Beach (Floride), le 15 mars.

C’est l’alliance entre le torrent verbal et le silence, entre le cheveu travaillé et le poil ras, entre l’aisance et le laborieux. L’embauche par Donald Trump de Corey Lewandowski, six mois avant sa déclaration de candidature, a été le premier jalon de l’aventure électorale du magnat de l’immobilier. Pour le meilleur, puisque le milliardaire caracole en tête des primaires républicaines en vue de l’élection présidentielle américaine. Mais aussi, désormais, pour le pire, car le zélé Lewandowski doit affronter une embarrassante inculpation pour voie de fait après avoir agrippé trop vigoureusement, le 8 mars, une journaliste qui tentait de poser une question à son patron.

Lire aussi : Le bras droit de Donald Trump accusé de voies de fait

Au départ, l’arrivée du futur directeur de campagne dans l’entourage de Trump n’a surpris personne. Et pour cause. Corey Lewandowski, 42 ans, est un praticien de la politique comme il en existe sans doute des centaines aux Etats-Unis. Et il était plutôt, jusqu’alors, un spécialiste des causes désespérées.

Un parcours éclectique

Son CV, avant de se mettre au service du milliardaire, était banal. Après avoir perdu, en 1994, une campagne pour un siège de représentant à la Chambre du Massachusetts, Corey Lewandowski participe quatre ans plus tard à la réélection d’un membre du Congrès des Etats-Unis, Bob Ney, dont il devient brièvement le chef de cabinet. Mais ce dernier tombe quelques mois plus tard dans le cadre d’une vaste affaire de corruption et de fraude fiscale, le scandale Jack Abramoff.

En 2002, le jeune homme reprend du service pour la campagne d’un ancien républicain passé par la case indépendant, Bob Smith, qui ambitionne de se faireélire au Sénat des Etats-Unis. Ce dernier l’accueille, selon ses souvenirs confiés au Washington Post, par une formule assez peu encourageante : « Si vous cherchez à faire carrière au Parti républicain, vous n’êtes sans doute pas au bon endroit. » Bob Smith se montre perspicace puisque sa défaite lors des primaires républicaines éloigne le jeune ambitieux de la politique active.

Lewandowski s’oriente ensuite vers la défense du secteur de la pêche en Nouvelle-Angleterre, puis vers un cabinet de lobbying. Une formation au sein de la police d’Etat du Massachusetts, en 2006, ajoute une note d’éclectisme à un parcours placé sous le signe de la nécessité. En 2008, il prend encore une autre direction, au sein de l’organisation Americans for Prosperity, un groupe d’intérêts lié aux milliardaires conservateurs Charles et David Koch. Le caractère abrasif de Lewandowski, directeur de l’antenne du New Hampshire, y laisse des traces.

Un sentiment d’impunité

Autant dire que la rencontre avec Donald Trump, en avril 2014, relève pour lui de l’aubaine. D’autant que le milliardaire lui laisse rapidement les coudées franches, s’affranchissant très vite de son ancien conseiller politique, Roger Stone. A l’inverse de ce dernier, qui voulait faire évoluer son image, Corey Lewandowski a toujours plaidé pour que « Trump [soit] Trump », selon le mot d’ordre lancé le jour de la déclaration de candidature, le 16 juin.

Cette attitude respectueuse a assurément garanti la solidité de l’attelage pendant les mois du succès, lorsque le milliardaire convertissait les intentions de vote des sondages en véritables bulletins pour les primaires. Elle a, en revanche, privé Donald Trump d’un garde-fou au moment des épreuves. Le sentiment d’impunité entretenu par les victoires à répétition a-t-il poussé Lewandowski à la faute ? La justice se prononcera le 5 mai sur l’affaire de l’agression présumée de la journaliste Michelle Fields.

En attendant, le magnat de l’immobilier a déjà élargi son cercle. Il bénéficie depuis peu des conseils d’un vétéran de l’industrie politique, Paul Manafort. Exposé à la lumière par la réussite spectaculaire de son modèle, Corey Lewandowski pourrait bien retourner à une ombre beaucoup plus familière.

Vidéo de l’agression de Michelle Fields

La branche américaine des Petites sœurs des pauvres a fait tonner sa voix jusqu’à la Cour Suprême pour ne plus avoir affaire, en tant qu’employeur, à la question de la prise en charge des moyens de contraception de leurs employés.

Le seul fait d’évoquer une méthode contraceptive constitue-t-il une entorse insupportable à la doctrine chrétienne ? Les religieuses des Petites Sœurs des pauvres, soutenues par diverses associations et universités chrétiennes américaines, en sont convaincues. Et ce qu’elles tiennent pour une offense à leur foi s’est frayé un chemin jusqu’à la Cour suprême des Etats-Unis.

Concrètement, avec la réforme de l’Obamacare, le système de santé américain prévoit que les employeurs garantissent à leurs salariées une couverture santé incluant le remboursement des produits contraceptifs et abortifs. Les autorités, prudentes, ont permis aux employeurs qui le souhaitent de refuser cette clause. L’Etat s’engage, dans ce cas, à prendre en charge les moyens contraceptifs utilisés par des salariés. Mais ce geste est insuffisant aux yeux des religieuses.

Le 23 mars devant la Cour suprême à Washington. La branche américaine des Petites Sœurs des pauvres refuse d’être confrontée à la question de la contraception de ses salariées.

Les nonnes estiment en effet que le simple fait de devoirrayer dans les documents administratifs la ligne consacrée aux pilules, stérilets et produits abortifs suffit à leur fairetoucher du doigt des pratiques contraires à leur foi. Il s’agit, selon elles, d’une atteinte à leur liberté religieuse. En septembre, lors de son voyage aux Etats-Unis, le pape François avait pris le temps d’une courte visite chez les Petites Sœurs des pauvres pour leur exprimer tout le bien qu’il pensait d’une telle démarche.

Quelle qu’en soit l’issue, cette offensive ne devrait pas avoir de répercussions sur les droits des femmes américaines. Mais elle illustre la crispation grandissante de groupes religieux sur les questions de l’avortement, de la contraception ou du mariage gay, de même que le fossé béant entre ­conservateurs et libéraux. Un clivage que symbolise ­parfaitement la Cour suprême : délibérant fin mars à ce sujet, les huit juges de la plus haute instance judiciaire sont apparus divisés en deux camps. Ils ont fini par demander aux deux parties de parvenir à un compromis pour sortir de l’impasse d’ici au 20 avril.

Des lobbys religieux offensifs

La polémique déclenchée par les nonnes survient alors que des groupes religieux enregistrent alternativement victoires et défaites à travers les Etats-Unis. Mettant en avant la défense de leur liberté, ils ­promeuvent des textes ayant pour effet de discriminer toute personne dont le mode de vie heurte leurs croyances, en premier lieu les personnes homosexuelles et transsexuelles (LGBT). Ainsi, la Caroline du Nord vient d’adopter une loi interdisant aux personnes transgenres d’utiliser les toilettes publiques correspondant à leur identité sexuelle.

Lors de la manifestation des religieuses, le 23 mars, devant la Cour suprême des Etats-Unis, à Washington.

A l’inverse, le gouverneur démocrate de ­Virginie vient de mettre son veto à une loi du même style, estimant que « ce texte diabolise certaines personnes et qu’il nourrit les peurs et les persécutions ». En Géorgie, un décret qui permettait notamment aux organisations confes­sionnelles et aux particuliers de refuser ­d’embaucher, de louer un logement ou encore d’admettre dans les écoles des personnes menant une vie contraire à leurs valeurs religieuses vient d’être retoqué par le gouverneur républicain. De nombreuses entreprises avaient menacé de boycotter l’Etat, si une telle loi était adoptée.

L’association de défense des LGBT Human Rights Campaign estime que 200 textes discriminatoires envers les homosexuels et les transsexuel­(le)s sont en vigueur dans une trentaine d’Etats américains.

Lire aussi : Etats-Unis : confusions au Parti républicain sur les droits des homosexuels et des transgenres

[Chronique] Politiquement, la situation du premier ministre ne pourrait pas être pire. Stylistiquement ? Elle pourrait être meilleure…

En 1991 : haut placé

Manuel Valls, le 25 janvier 1991, à Matignon.

Nom de dieu ! Manuel Valls est chargé de mission auprès du premier ministre Michel Rocard, sa cravate est correctement nouée d’un four-in-hand, sa chemise à col button down est en place, il est l’avenir du PS, le monde lui appartient. Sauf qu’une masse capillaire d’une hauteur proprement hallucinante, et symptomatique d’une non-maîtrise absolue du séchoir, repose sur son crâne. Et nous oblige à poser une question lourde de sens : un homme si mal coiffé peut-t-il vraiment avoir un « destin » ?

En 2002 : l’art de la diversion

Maire d'Evry (Essonne) et député, Manuel Valls arrive au bureau national du Parti socialiste, le 18 juin 2002.

La réponse à la question est évidemment « non ». L’ambitieux, devenu député et maire d’Evry, se plie donc en quatre pour régler le problème. L’introduction d’une raie aide un peu. Mais Valls mise surtout sur sa tenue pour faire diversion. Et cela marche. A côté de cette chemisette rose à poche à rabat et de ce Motorola StarTac accroché à la ceinture, sa coupe apparaîtrait presque décente. Le mot important dans cette phrase étant presque.

En 2007 : radar à l’orange

Manuel Valls, le 12 novembre 2007.

Cinq ans plus tard, le recours à un coiffeur et à un spray coiffant lui a permis de reprendre le contrôle de la situation. Mais il faut du temps pour refaire un vestiaire. Après le rose, l’orange. En kit. Ne manque que la pochette assortie. Mais gageons que Manuel la garde pour les grands jours.

En 2012 : mariage pour tous

Le ministre de l'intérieur Manuel Valls à son arrivée à la gare Saint-Charles de Marseille le 21 mai 2012.

Le ministre de l’intérieur du gouvernement Ayrault a, de toute évidence, retrouvé une certaine sérénité. Après être venu à bout d’une nature capillaire si récalcitrante, comment ne pas s’attaquer avec optimisme aux enjeux de sécurité ? Valls s’éclate dans son nouveau rôle. Au point d’arborer, ce jour-là, à Marseille, l’une de ces cravates de fête, en soie, couleur ivoire, que l’on observe plus communément dans les mariages.

En 2016 : comment faire le Jobs


La Valls est bel et bien terminée. Venu parlersport dans l’émission préférée des amateurs de cross-country et de water-polo, « Stade 2 », le premier ministre porte un pull col roulé qui rappelle furieusement celui, de la marque St. Croix, que ne quittait jamais Steve Jobs. Mais qui fait surtout craindre le moment du déshabillage. Rien de pire pour bousiller une coiffure que de retirer un peu vite un col roulé.

Manuel Valls dans l’émission « Stade 2 », le 27 mars 2016

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Face à la montée des radicalismes religieux, un groupe d’athées indiens a créé un culte parodique dont la divinité est Dinkan, un célèbre rongeur de BD doté de super-pouvoirs.

Les dinkoistes (ici, le 20 mars, lors du conclave de Kozhikode, dans le Kerala) arborent un tee-shirt à l'effigie de leur divinité : la souris de BD Dinkan.

Pourquoi les athées indiens devraient-ils se priver de religion ?Plusieurs centaines de fidèles se sont réunis, le 20 mars, dans une salle de sport de Kozhikode, une ville du Kerala, dans le sud de l’Inde, pour le premier conclave d’une religion parodique, conçue comme un outil dans la lutte contre la superstition et la montée en puissance des religions. Il faut dire que, depuis l’arrivée au pouvoir des nationalistes du BJP (Bharatiya Janata Party) en mai 2014, les tensions religieuses se sont beaucoup accrues. D’autant que la frange conservatrice du parti nationaliste hindou au pouvoir, le Bharatiya janata Party (BJP), ne cesse de souligner le caractère exclusivement hindouiste du pays.

« Notre religion est la plus adaptée aux valeurs modernes de la société. Elle ne nous dit pas quoi manger, elle soutient le féminisme, adhère aux principes des droits de l’homme. » Sukhesh Vadavil, dinkoiste

Les dévots de ce nouvel athéisme font tout comme les autres croyants. Ils se sont d’abord choisi une divinité, la souris volante Dinkan, personnage principal d’une bande dessinée pour enfants très populaire, Balamangalam, parue en 1983. Dinkan, agressée par des extraterrestres qui voulaient mener sur elle une expérience, a acquis des super-pouvoirs qu’elle utilise pour secourir les animaux.

Les dinkoistes ont aussi un texte sacré, qui explique l’origine du monde : « En se demandant comment tuer le temps, le seigneur Dinkan réalisa soudain qu’il n’avait pas créé le temps. Il se mit alors à éclater d’un rire sacré. Le trou noir dans lequel était plongé l’univers explosa dans un Big Bang qui créa un espace relié au temps, appelé ensuite le monde. »« Notre religion est la plus adaptée aux valeurs modernes de la société. Elle ne nous dit pas quoi manger, elle soutient le féminisme, adhère aux principes des droits de l’homme », explique Sukhesh Vadavil, l’un des premiers disciples. Ce jeune cadre en marketing défend la souris volante : « Si vous contestez cette thèse, alors apportez-moi des preuves. Nos croyances s’accompagnent d’un questionnement perpétuel. »

Des centaines de milliers de sympathisants

Le dinkoisme pourra-t-il aiderles membres du mouvement indien des « rationalistes » à convertir les religieux à l’athéisme ? « Puisque les “rationalistes” ne sont pas pris au sérieux par les croyants, on s’est dit que ce serait plus efficace si on créait nous-mêmes une religion », explique Sukhesh Vadavil. Une tactique plus prudente aussi, car plusieurs « rationalistes » ont été assassinés ces dernières années pour avoir voulu s’attaquer de front aux superstitions.

Le premier conclave dinkoiste, le 20 mars 2016 (The Indian Telegram, 2’:15’’)

Le dinkoisme revendique déjà des centaines de milliers de sympathisants, en majorité sur les réseaux sociaux. Ainsi, le 1er avril, Venkat Raghavan, un cadreur de Madras, a annoncé sa conversion sur Facebook. « La montée du radicalisme religieux m’inquiète (…) et le meilleur moyen de combattre l’irrationalité est de la tourner en dérision. » Car la tension autour des questions religieuses ne cesse d’occuper l’espace public. Au Kerala, des groupes font le guet à la sortie des universités pour protéger les étudiantes hindoues contre les supposés « love jihad » des jeunes musulmans qui les courtiseraient. En mars, des musulmans ont violemment manifesté devant les locaux d’un journal, à Kozhikode, qui aurait selon eux blasphémé le prophète Mahomet.

Dinkan, personnage principal d’une bande dessinée pour enfants, a acquis des super-pouvoirs après avoir été attaquée par des extraterrestres.

Les dinkoistes manifestent eux aussi lorsqu’un livre ou un film « heurte leurs convictions religieuses ». Ils possèdent une « armée de rats », qui s’est rassemblée, en janvier, devant le restaurant appartenant à un acteur qui incarnera bientôt sur grand écran les aventures de Dinkan. Comme les autres religions, le dinkoisme s’est approprié un lieu sacré, la forêt de Pankila, qui a servi de décor aux aventures de la souris. Les fidèles demandent désormais aux autorités l’arrêt des extractions minières illégales qui y sont pratiquées.

Les dinkoistes se sont rendu aussi compte que la religion leur offrait une meilleure visibilité, notamment auprès des autorités, et leur permettait de réclamer la censure de ceux qui les critiquent. Elle pourrait même leur ouvrir les voies de la politique. Et si cela leur permettait de peser lors des prochaines élections…

Le Monde | 06.04.2016 à 09h19 • Mis à jour le06.04.2016 à 09h21 |Par Laurent Telo

Le bouillant édile socialiste n’a pas ménagé Jan Jambon, ministre de l’intérieur, qu’il le juge responsable des perturbations de hooligans lors des hommages aux victimes des attentats du 22 mars.

Yvan Mayeur lors d'une conférence de presse après les attentats de Bruxelles, le 22 mars 2016.

Réformateur

Yvan Mayeur, membre du Parti socialiste francophone, surnommé « Armani » pour son look apprêté, est devenu bourgmestre de Bruxelles le 13 décembre 2013, à 53 ans. A peine élu,il réforme à tour de bras. Il bouleverse notamment les habitudes de la police bruxelloise, qu’il veut moins répressive, et bannit la voiture des grands boulevards du centre-ville.

Tacticien

Son prédécesseur, Freddy Thielemans, tout en gouaille et en rondeur, aurait préféré qu’un autre socialiste que Mayeur lui succède. Même l’appareil national du parti, emmené par

Elio Di Rupo, avait misé sur Philippe Close… qui n’a jamais osé se présenter. Yvan Mayeur, habile tacticien politique, avait réussi à rallier à sa cause les cadres intermédiaires du parti.

Intransigeant

Ancien militant de SOS racisme, Mayeur est un opposant médiatique du pouvoir fédéral incarné par une coalition de libéraux et de démocrates-chrétiens flamands. Un gouvernement bancal pas vraiment au goût du bourgmestre, qui ne se gêne pas pour l’interpeller sur Twitter : « Il n’y a plus d’Etat belge », clame-t-il lorsque le pouvoir tergiverse sur l’accueil des migrants.

Le ministre belge de l'intérieur Jan Jambon (à g.) et le maire de Bruxelles Yvan Mayeur, le 26 mars 2016, lors d'une conférence de presse à la suite du double attentat qui a fait 32 morts et 340 blessés dans la capitale belge.

Fort en gueule

La cible favorite de Mayeur : les nationalistes flamands qu’il faudrait, dit-il, « mettre hors d’état de nuire ». Le 27 mars, l’hommage aux victimes de Bruxelles a été perturbé par 400 hooligans. Mayeur a accusé le ministre de l’intérieur, Jan Jambon, un nationaliste flamand ultra, d’avoir délibérément laissé débarquer ces « fascistes » en plein Bruxelles.

Lire aussi Attentats de Bruxelles : Anne Hidalgo main dans la main avec le bourgmestre, Yvan Mayeur

  • Laurent Telo

    Journaliste au Monde

Le Monde | 04.04.2016 à 14h43 • Mis à jour le04.04.2016 à 15h42 |Par Julien Bouissou (New Delhi, correspondance)

Véritable passion nationale, les histoires drôles sur les Sikhs ne font pas rire tout le monde. En particulier les membres de la communauté, qui ont saisi la Cour suprême pour les faire interdire.

Lors d'une célébration sikhe, à Nihang, dans le nord de l'Inde, un homme porte un turban de 650 m de long.

La très prestigieuse Cour suprême indienne va-t-elle interdire les histoires drôles ? L’avocate Harvinder Chowdhury a saisi l’auguste institution pour réclamer l’interdiction des plaisanteries tournant en dérision les Sikhs. Selon elle, ces blagues heurtent les sentiments de la communauté, et ridiculisent les « Sardars », ceux qui portent le turban, en les faisant passer pour des « personnes idiotes et ridicules ». « Cela équivaut à une violation du droit fondamental à la dignité humaine garanti par la Constitution », a plaidé l’avocate, en octobre 2015, pour convaincre les juges de se saisir de cette plainte.

Ces histoires drôles sont sans doute, après le cricket, la deuxième passion du pays. Pas un Indien qui ne veuille impressionner son interlocuteur en lui livrant la dernière blague sikhe. En voici un modeste florilège : « Tiens, un oiseau mort, observe un passant. – Où est-il ? », demande le Sardar en levant les yeux vers le ciel. Ou encore : « Pourquoi un Sardar n’a-t-il jamais de glaçons chez lui ? Parce qu’il ne connaît pas la recette. »

5 000 sites Internets spécialisés

Les blagues sikhes sont au reste des Indiens ce que les blagues belges sont aux Français. Plusieurs humoristes indiens ont été arrêtés par la police pour avoir porté atteinte au sentiment et au respect d’autrui, qui limite la liberté d’expression dans le pays. Il suffit qu’un individu soit offusqué pour pouvoir réclamer la censure au nom de toute sa communauté. Mais « comment, concrètement, interdire ces histoires drôles ? », a demandé l’un des juges de la Cour suprême en octobre 2015. Il est en effet difficile d’identifier leurs auteurs ou d’obtenir la preuve que quelqu’un a ri en écoutant une blague interdite.

Les plaignants ont fourni une liste de 5 000 sites Internet spécialisés dans les blagues sikhes dans l’espoir que le ministère indien des nouvelles technologies en bloque l’accès. L’un des juges a observé que ces histoires sont si populaires parmi les Sikhs que ces derniers seront sans doute les premiers à se plaindre de leur interdiction. L’audience est prévue le 5 avril.

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  • Julien Bouissou (New Delhi, correspondance)

    Journaliste au Monde
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