Le Voyage à Nantes, série d’événements culturels dans la métropole de Loire-Atlantique, cultive son Potager de la Cantine : une agriculture bio destinée à nourrir 500 personnes par jour.
Evénement culturel protéiforme,Le Voyage à Nantes déplace les foules tous les étés depuis 2012. Land art, installations durables ou éphémères, parcours urbains décalés, opérations de végétalisation débridées, happenings culinaires, chaque édition apporte son lot de nouveautés au cœur de la métropole de Loire-Atlantique.
Cette année, Le Voyage à Nantes ou VAN (dont le lancement officiel est prévu le 1er juillet) a déjà démarré avec la réouverture de La Cantine du Voyage, haut lieu de cuisine populaire implanté sur les anciens docks de l’île de Nantes depuis quatre ans, mais aussi avec la création d’une vaste annexe potagère.
Lutter contre « l’hostilité urbaine »
Erigé sur un grand carré de bitume nu, Le Potager de la Cantine du Voyage a été inauguré début mai, lors d’un raout où se sont rassemblés près d’une dizaine de milliers de Nantais, jusque tard dans la nuit. Conçu par l’agriculteur Olivier Durand, l’architecte Etienne Péneau et le patron de la Cantine Philippe Clément, conjointement à l’équipe technique du Voyage à Nantes, ce singulier jardin fait le pari de « transformer l’hostilité urbaine en île végétale au cœur de la ville ».
900 m2 d’emprise au sol, 650 m2 de surfaces cultivées, 2 230 palettes transformées en bacs et plateformes, un chantier zéro déchet (les chutes de palettes ayant été utilisées comme porte-pots) et une masse de pousses de salades, radis, concombres, courgettes, tomates, fraises et herbes aromatiques, dont huit variétés de menthe et douze basilics différents, cultivés sans aucun traitement : pensé comme un outil nourricier et agronomique tout autant que pédagogique, ce potager moderne, ouvert au public, veut faire figure d’exemple, puisqu’il s’agit ici de nourrir les foules, et non quelques privilégiés gastronomes.
Tous les légumes produits sont destinés à composer l’entrée de La Cantine, qui propose, 7 jours sur 7, un menu à 10 € le midi et à 13 € le soir (entrée + plat du jour) – soit près de 500 couverts au quotidien, et plus de 75 000 couverts par saison. Une cuisine simple, saine et bon marché, directement reliée à l’histoire du maraîchage nantais.
« Mon idée et mon souhait, explique Olivier Durand, c’est de prouver que l’on peut produire de très bons aliments, en grand volume, sur des surfaces réduites, et à moindre coût. » Reconnu pour la qualité de ses légumes (qu’il cultive par ailleurs en périphérie de Nantes depuis six ans), l’agriculteur sait associer les traditionnelles techniques maraîchères de sa région à des pratiques découvertes lors de ses multiples voyages.
Avec ce nouveau défi, il entend prouver la nécessité et la viabilité de l’agriculture urbaine à grande échelle. « Je rêve de faire revenir les agriculteurs au cœur de la ville, poursuit-il. C’est la manière la plus directe et efficace de nourrir les populations, mais aussi une façon de réinventer nos métiers de paysans, en les insérant dans l’effervescence urbaine et plus dans la solitude du champ. J’aimerais, à Nantes et ailleurs, qu’il ne s’agisse plus seulement de créer de jolis projets de paysagistes, mais de faire vivre les producteurs comme les consommateurs. » Et même si Le Potager de la Cantine est censé disparaître quand le restaurant refermera ses portes, en octobre prochain, Olivier Durand a déjà mille autres idées pour poursuivre son doux rêve vert.
Le Voyage à Nantes, du 1er juillet au 28 août 2016. www.levoyageanantes.fr