Le Voyage à Nantes, série d’événements culturels dans la métropole de Loire-Atlantique, cultive son Potager de la Cantine : une agriculture bio destinée à nourrir 500 personnes par jour.

Tous les légumes du Potager  composeront l’entrée de La Cantine, qui propose, 7 jours sur 7, un menu à 10 € le midi et à 13 € le soir.

Evénement culturel protéiforme,Le Voyage à Nantes déplace les foules tous les étés depuis 2012. Land art, installations durables ou éphémères, parcours urbains décalés, opérations de végétalisation débridées, happenings culinaires, chaque édition apporte son lot de nouveautés au cœur de la métropole de Loire-Atlantique.

Cette année, Le Voyage à Nantes ou VAN (dont le lancement officiel est prévu le 1er juillet) a déjà démarré avec la réouverture de La Cantine du Voyage, haut lieu de cuisine populaire implanté sur les anciens docks de l’île de Nantes depuis quatre ans, mais aussi avec la création d’une vaste annexe potagère.

Lutter contre « l’hostilité urbaine »

Erigé sur un grand carré de bitume nu, Le Potager de la Cantine du Voyage a été inauguré début mai, lors d’un raout où se sont rassemblés près d’une dizaine de milliers de Nantais, jusque tard dans la nuit. Conçu par l’agriculteur Olivier Durand, l’architecte Etienne Péneau et le patron de la Cantine Philippe Clément, conjointement à l’équipe technique du Voyage à Nantes, ce singulier jardin fait le pari de « transformer l’hostilité urbaine en île végétale au cœur de la ville ».

900 m2 d’emprise au sol, 650 m2 de surfaces cultivées, 2 230 palettes transformées en bacs et plateformes, un chantier zéro déchet (les chutes de palettes ayant été utilisées comme porte-pots) et une masse de pousses de salades, radis, concombres, courgettes, tomates, fraises et herbes aromatiques, dont huit variétés de menthe et douze basilics différents, cultivés sans aucun traitement : pensé comme un outil nourricier et agronomique tout autant que pédagogique, ce potager moderne, ouvert au public, veut faire figure d’exemple, puisqu’il s’agit ici de nourrir les foules, et non quelques privilégiés gastronomes.

Tous les légumes produits sont destinés à composer l’entrée de La Cantine, qui propose, 7 jours sur 7, un menu à 10 € le midi et à 13 € le soir (entrée + plat du jour) – soit près de 500 couverts au quotidien, et plus de 75 000 couverts par saison. Une cuisine simple, saine et bon marché, directement reliée à l’histoire du maraîchage nantais.

« Je rêve de faire revenir les agriculteurs au cœur de la ville. C’est la manière la plus directe et efficace de nourrir les populations. » Olivier Durand, concepteur du Potager

« Mon idée et mon souhait, explique Olivier Durand, c’est de prouver que l’on peut produire de très bons aliments, en grand volume, sur des surfaces réduites, et à moindre coût. » Reconnu pour la qualité de ses légumes (qu’il cultive par ailleurs en périphérie de Nantes depuis six ans), l’agriculteur sait associer les traditionnelles techniques maraîchères de sa région à des pratiques découvertes lors de ses multiples voyages.

Avec ce nouveau défi, il entend prouver la nécessité et la viabilité de l’agriculture urbaine à grande échelle. « Je rêve de faire revenir les agriculteurs au cœur de la ville, poursuit-il. C’est la manière la plus directe et efficace de nourrir les populations, mais aussi une façon de réinventer nos métiers de paysans, en les insérant dans l’effervescence urbaine et plus dans la solitude du champ. J’aimerais, à Nantes et ailleurs, qu’il ne s’agisse plus seulement de créer de jolis projets de paysagistes, mais de faire vivre les producteurs comme les consommateurs. » Et même si Le Potager de la Cantine est censé disparaître quand le restaurant refermera ses portes, en octobre prochain, Olivier Durand a déjà mille autres idées pour poursuivre son doux rêve vert.

Le Voyage à Nantes, du 1er juillet au 28 août 2016. www.levoyageanantes.fr

Amateur de « short stories », le réalisateur américain a fait venir à Los Angeles une machine qui en distribue. Un coup de projecteur pour la start-up française qui l’a mise au point.

Le réalisateur Francis Ford Coppola a installé un distributeur d’histoires courtes au Cafe Zoetrope, son restaurant de San Francisco.

Alors que d’autres figures du cinéma sont à Cannes, Francis Ford Coppola fait la ­promotion de la ­littérature à San Francisco, au Cafe Zoetrope, son restaurant de North Beach, le quartier italien. Cette brasserie très parisienne, aux rideaux de velours rouge, est située au rez-de-chaussée du Sentinel Building, bâtiment au nez pointu et à la façade de cuivre datant de 1907. Dans ce « Flatiron de San Francisco », que le cinéaste a racheté au début des années 1970, il a installé le siège d’American ­Zoetrope, son studio de ­production, et tout en haut, son bureau.

Le cinéaste féru des formats courts

Ce 10 mai, les convives dînent joyeusement. Parmi eux, Willie Brown, ancien maire de la ville, attablé sous une grande affiche des Vacan­ces de ­Monsieur Hulot. Coppola n’est cette fois pas assis dans l’alcôve décorée de menus artistiquement ­gribouillés qui lui est habituellement réservée, mais sur une banquette, près de l’entrée. Un dîneur parmi d’autres… ou presque. L’assemblée fête la sortie du dernier numéro de Zoetrope : All-Story, un magazine trimestriel de nouvelles. Le réalisateur aime les short stories, un genre, dit-il, qui lui ­rappelle le cinéma. Comme les films, les histoires courtes se consomment d’une traite. Le personnage central, ce soir, n’est pas l’auteur du Parrain mais une machine.

Francis Ford Coppola a permis à Quentin Pleplé, cofondateur de Short Story, de filmer leur entretien lorsque celui-ci est venu lui livrer la machine (en haut à droite, les deux hommes, le 9 mai). Le distributeur trône désormais au Sentinel Building (à gauche), l’immeuble acquis par le cinéaste dans les années 1970, siège de son studio de production ainsi que de sa brasserie.

Cette borne cylindrique terminée par une dalle de bois laquée de verre est un distributeur automatique de nouvelles, connecté à Internet. L’appareil est arrivé de France quelques jours plus tôt. Coppola a insisté pour la placer au centre du café, devant le bar. Avec ses lumières, elle exerce un attrait mystérieux. Les convives hésitent avant d’appuyer sur le bouton à options. Veulent-ils lire pendant une minute ? Trois ? Cinq ? Une fois qu’ils ont décidé, le distributeur leur livre un texte sur un petit rouleau de papier. Format facturette allongée.

« Quelle bonne idée ! Retourner à l’analogique, c’est si rafraîchissant », commente Sam Johnson, un jeune designer « tombé » sur The one who was bored (« celui qui s’ennuyait »), de Sarah Beaulieu. Casson Kauffman, ­plasticienne, apprécie que la machine délivre les textes de manière aléatoire : « C’est cool. Il y a un petit élément de destin. » Elle vient de lire In front of our eyes (« sous nos yeux »), une nouvelle d’une minute de Nicolas Juliam.

Start-up grenobloise

Les textes, traduits pour l’occasion en anglais, ont à l’origine été publiés en ­français sur la plateforme de Short Edition. Cette start-up qui compte maintenant une quinzaine de salariés a été lancée à Grenoble en 2011 avec l’idée de mettre en relations auteurs et lecteurs : les écrivains amateurs y postent leur ­histoire en ligne (condition expresse : qu’elle se lise en moins de vingt minutes). Les lecteurs s’abonnent (gratuitement) et votent (« j’aime cette œuvre »). Quelque 11 000 auteurs ont déjà publié des nouvel­les sur la plateforme, laquelle revendique un fonds de 40 000 textes et plus de 166 000 lecteurs. Chaque histoire est lue avant publication par un comité éditorial d’une centaine de personnes issues de la ­communauté des abonnés.

« L’Interview découverte » de Christophe Sibieude, l’un des cofondateurs de Short Story, sur « La matinale d’Europe 1 », le 3 février 2016 :

C’est en se servant à la machine à boissons de son lieu de travail qu’en 2013, Quentin Pleplé, cofondateur de Short Edition avec sa mère, Isabelle, et Christophe Sibieude, a eu l’idée du distributeur de ­nouvelles. Moins de deux ans plus tard, en octobre 2015, la première borne était installée à l’hôtel de ville de Greno­ble. Depuis, une vingtaine d’autres sont apparues en France, notamment dans les gares de Rennes, Brest, Bordeaux et Quimper ainsi qu’au centre commercial Italie 2, à Paris. « Quarante autres sont en commande », indique Quentin Pleplé, qui est venu installer le distributeur à San Francisco. Les machi­nes sont louées au mois. Les écrivains amateurs touchent des royalties sur la location des bornes. Les utilisateurs ont accès au contenu gratuitement.

Coppola espère faire école aux Etats-Unis

L’histoire du rapprochement avec Coppola se lit comme un conte de fées. Après avoir eu vent d’un article du New Yorker sur l’installation de la première machine à ­Grenoble, le cinéaste a contacté Short Edition. Isabelle Pleplé, qui a reçu son ­courriel, a cru à une farce. Coppola a insisté. « Je suis allé les voir à Paris et je me suis présenté », raconte-t-il, farceur.

Contrairement aux clients « ­ordinaires », le réalisateur a obtenu de pouvoiracheter – et non louer – son distributeur (pour un montant confidentiel). Il entend y introduire des auteurs américains, et en particulier ceux de son magazine. Son objectif est de faire école, de voir fleurir des rouleaux dans les lieux publics, les bars, les files d’attente des administrations, pour que les citoyens puissent « accéder gratuitement à la culture ». Quentin Pleplé, 27 ans, polytechnicien, spécialiste du big data, est éberlué. Non seulement le maestro aime « sa » machine, mais il lui a permis de filmer leur entretien. « Pour nous, c’est une énorme reconnaissance », apprécie-t-il.

La vending machine (distributeur automatique) a-t-elle un avenir au paradis de la technologie ? Pourquoi les gens de San Fran­cisco adopteraient-ils le papier alors qu’ils peuvent lire le texte directement sur leur smartphone ? Coppola, 77 ans, pionnier des effets ­spéciaux, ami de George Lucas et de Pixar, croit à l’avenir du papier. « C’est une expérience, nous dit-il. Et ce n’est pas commercial. »

Le Parti progressiste démocratique, qui vient d’arriver au pouvoir, pourrait changer la vocation du mémorial dédié à l’ex-dictateur.

Avec ses parois de marbre blanc et son toit octogonal de tuiles bleues, le mémorial de Tchang Kaï-chek, au centre de Taipei, est l’une des attractions favorites des touristes chinois venus du continent. Ils posent pour des selfies devant le bâtiment ou viennent admirer le changement de la garde devant le bronze du « Généralissime » assis sur son trône.

A Taipei, le mémorial de Tchang Kaï-Chek suscite la polémique.

Tchang Kaï-chek, qui avait fui la Chine pour Taïwan en 1949 après la victoire de Mao, a gouverné l’île d’une main de fer jusqu’à sa mort, en 1975. Quarante et un ans plus tard, le culte dont il continue de faire l’objet divise toujours profondément les Taïwanais. Vénéré par les caciques du Kouomintang (KMT), le parti unique sur lequel reposa son règne, l’ancien dictateur est critiqué et même conspué par le camp adverse. Les anciens opposants rappellent les exactions commises par le régime durant la « terreur blanche » qui dura jusqu’en 1987.

La victoire remportée en janvier par Tsai Ing-wen et son Parti progressiste démocratique (le DPP) pourrait changer la vocation du mémorial. Si Taïwan est une démocratie depuis vingt ans, c’est la première fois que l’opposition obtient la majorité au Parlement. Les nouveaux députés ont commencé, le 2 mai, les auditions publiques autour d’un projet de loi sur la justice transitionnelle. Mme Tsai, qui a pris officiellement ses fonctions vendredi 20 mai, devrait consacrer à cet ambitieux chantier législatif les premières grandes décisions de son mandat de présidente.

Lire aussi : Taïwan : la nouvelle présidente, Tsai Ing-wen, tend la main à Pékin

Cette loi vise à faciliter l’accès aux dossiers politico-judiciaires de l’époque et à revenir sur certains verdicts injustes. Sous la « terreur blanche », les procès expéditifs étaient courants. Il s’agira aussi de passer au crible le patrimoine du KMT, issu en partie de spoliations perpétrées sous la loi martiale. Dernier objectif : « Faire disparaître les symboles de l’autoritarisme et préserver la mémoire des injustices. »

Un espace « terreur blanche »

Le mémorial de Tchang Kaï-chek est évidemment concerné. Déjà en 2007, le président Chen Shui-bian, du DPP, mais qui gouvernait sans majorité parlementaire, avait tenté de le rebaptiser Hall national de la démocratie, à Taïwan. L’esplanade contiguë était devenue la place de la Liberté. Mais, dès le retour du KMT au pouvoir en 2009, le mémorial reprit son nom originel. Seule la place de la Liberté survécut.

Désormais dans l’opposition, le KMT, qui estime avoir fait amende honorable, tente de résister. Pour contrer les témoignages d’anciennes victimes et de militants d’ONG, il a mandaté des experts et des historiens censés défendre le legs de Tchang Kaï-chek. C’est grâce à ce dernier, a rappelé un historien pro-KMT, que les trésors des collections impériales chinoises, qui avaient été transférées à Taïwan, sont aujourd’hui l’une des principales attractions touristiques du pays. Avec le mémorial, justement.

L’un de ses confrères s’est emporté : si Tchang Kai-chek est responsable de tout, alors « rasez son mémorial ! », a-t-il lancé. Les promoteurs de la loi sur la justice transitionnelle disent rechercher le consensus. Le mémorial pourrait être transformé en « musée de la démocratie » : des espaces y seraient consacrés à la « terreur blanche », au lieu de l’exposition hagiographique actuelle. D’autres souhaitent y créer un « musée des présidents de Taïwan ». Une chose est sûre, quelle que soit la solution choisie, Tchang Kaï-chek en prendra pour son grade.

Ta-Iset, une momie égyptienne retrouvée en 2000, rejoint le Musée d’histoire locale de la ville des Hauts-de-Seine.

Samedi 21 mai, à l’occasion de la nuit des musées, les 1 600 soldats de plomb napoléoniens du modeste Musée d’histoire locale de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) accueilleront une nouvelle pièce prestigieuse : une authentique momie égyptienne. Les visiteurs pourront faire sa connaissance au rythme de jeux-enquêtes autour des amulettes, des hiéroglyphes et de l’archéologie du pillage. Trois thématiques qui collent parfaitement à l’histoire mystérieuse de Ta-Iset (« celle d’Isis »), retrouvée, en juin 2000, dans les poubelles de Rueil-Malmaison, une commune aisée de l’Ouest parisien.

Origine, cause du décès, précédent propriétaire : seize ans après sa découverte, Ta-Iset est loin d’avoir livré tous ses secrets.

Quand il l’aperçoit, Joël Gaudichon, qui travaille aux encombrants, est formel : la boîte en bois sculpté, déposée parmi un tas de rebuts près de la caserne Guynemer, ne peut être qu’un cercueil. Avant de rejoindre ce service de la Ville, il était affecté au cimetière, il a donc reconnu du premier coup d’œil la forme si caractéristique déposée furtivement par une femme d’une trentaine d’années, la coupe au carré… L’objet est long d’un mètre de méchant bois de sycomore et tamaris. Des essences typiques de l’Egypte, comme il l’apprendra plus tard de la bouche de spécialistes. L’équipe prévient alors le musée de la ville.

« Nous avons lancé un appel pour découvrir l’identité de ses derniers propriétaires, mais personne ne s’est manifesté. »Olivier de la Serre, adjoint au maire de Rueil-Malmaison

Après un passage dans un cabinet vétérinaire pour quelques radiographies, le sarcophage se voit confié à des égyptologues. Les universitaires affirment aujourd’hui qu’il s’agit de la momie d’une petite fille âgée d’environ 5 ans, issue de la classe moyenne de l’époque ptolémaïque (entre 320 et 30 avant notre ère).

Cependant, après seize ans d’analyses et de restauration, de nombreuses questions demeurent. « Par exemple, le cartonnage orné de motifs a disparu au niveau du visage. Ce pourrait typiquement être l’œuvre de pillards qui arrachaient pour les revendre les plus beaux morceaux des momies. Cependant, en observant les dislocations au niveau du cou, je pense finalement que cette momie a été stockée dans une cave et détrempée par des infiltrations d’eau qui ont détruit cette partie », avance Cédric Magniez, égyptologue qui a longuement travaillé sur l’installation de Ta-Iset dans le musée.

Installation de la momie Ta-Iset au Musée d’histoire locale de Rueil-Malmaison, le 16 mai 2016.

Il s’interroge aussi sur la cause de son décès. « L’enquête a démontré que le squelette est complet, que la fillette n’a pas subi d’accident ou de chute. Elle serait donc morte de maladie, mais rien n’est sûr. De même, nous n’avons que peu d’indices sur sa région d’origine. »

Autre question en suspens : comment cette momie s’est-elle retrouvée à Rueil-Malmaison ? « Nous avons lancé un appel pour découvrir l’identité de ses derniers propriétaires, mais personne ne s’est manifesté. On ne sait donc pas à qui elle appartenait », déplore Olivier de la Serre, adjoint à la culture de la mairie de Rueil-Malmaison.

La personne aperçue par Joël Gaudichon n’a jamais été identifiée. Si la momie se trouvait chez des particuliers qui ont cherché à s’en débarrasser discrètement, la question de ses origines se pose naturellement. A-t-elle été rapportée d’une campagne d’Egypte par des soldats de Napoléon ?

Rien ne permet de l’affirmer avec certitude, mais cela n’aurait rien d’étonnant dans une ville où vécurent l’Empereur et sa cour de généraux et d’officiers. A la momie, désormais, de lancer de toute sa hauteur aux soldats de plomb qui l’entourent : « Vingt siècles d’histoire vous contemplent… »

La momie fait peau neuve, un reportage du « Parisien » :

Ta-Iset, une momie égyptienne retrouvée en 2000, rejoint le Musée d’histoire locale de la ville des Hauts-de-Seine.

Samedi 21 mai, à l’occasion de la nuit des musées, les 1 600 soldats de plomb napoléoniens du modeste Musée d’histoire locale de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) accueilleront une nouvelle pièce prestigieuse : une authentique momie égyptienne. Les visiteurs pourront faire sa connaissance au rythme de jeux-enquêtes autour des amulettes, des hiéroglyphes et de l’archéologie du pillage. Trois thématiques qui collent parfaitement à l’histoire mystérieuse de Ta-Iset (« celle d’Isis »), retrouvée, en juin 2000, dans les poubelles de Rueil-Malmaison, une commune aisée de l’Ouest parisien.

Origine, cause du décès, précédent propriétaire : seize ans après sa découverte, Ta-Iset est loin d’avoir livré tous ses secrets.

Quand il l’aperçoit, Joël Gaudichon, qui travaille aux encombrants, est formel : la boîte en bois sculpté, déposée parmi un tas de rebuts près de la caserne Guynemer, ne peut être qu’un cercueil. Avant de rejoindre ce service de la Ville, il était affecté au cimetière, il a donc reconnu du premier coup d’œil la forme si caractéristique déposée furtivement par une femme d’une trentaine d’années, la coupe au carré… L’objet est long d’un mètre de méchant bois de sycomore et tamaris. Des essences typiques de l’Egypte, comme il l’apprendra plus tard de la bouche de spécialistes. L’équipe prévient alors le musée de la ville.

« Nous avons lancé un appel pour découvrir l’identité de ses derniers propriétaires, mais personne ne s’est manifesté. »Olivier de la Serre, adjoint au maire de Rueil-Malmaison

Après un passage dans un cabinet vétérinaire pour quelques radiographies, le sarcophage se voit confié à des égyptologues. Les universitaires affirment aujourd’hui qu’il s’agit de la momie d’une petite fille âgée d’environ 5 ans, issue de la classe moyenne de l’époque ptolémaïque (entre 320 et 30 avant notre ère).

Cependant, après seize ans d’analyses et de restauration, de nombreuses questions demeurent. « Par exemple, le cartonnage orné de motifs a disparu au niveau du visage. Ce pourrait typiquement être l’œuvre de pillards qui arrachaient pour les revendre les plus beaux morceaux des momies. Cependant, en observant les dislocations au niveau du cou, je pense finalement que cette momie a été stockée dans une cave et détrempée par des infiltrations d’eau qui ont détruit cette partie », avance Cédric Magniez, égyptologue qui a longuement travaillé sur l’installation de Ta-Iset dans le musée.

Installation de la momie Ta-Iset au Musée d’histoire locale de Rueil-Malmaison, le 16 mai 2016.

Il s’interroge aussi sur la cause de son décès. « L’enquête a démontré que le squelette est complet, que la fillette n’a pas subi d’accident ou de chute. Elle serait donc morte de maladie, mais rien n’est sûr. De même, nous n’avons que peu d’indices sur sa région d’origine. »

Autre question en suspens : comment cette momie s’est-elle retrouvée à Rueil-Malmaison ? « Nous avons lancé un appel pour découvrir l’identité de ses derniers propriétaires, mais personne ne s’est manifesté. On ne sait donc pas à qui elle appartenait », déplore Olivier de la Serre, adjoint à la culture de la mairie de Rueil-Malmaison.

La personne aperçue par Joël Gaudichon n’a jamais été identifiée. Si la momie se trouvait chez des particuliers qui ont cherché à s’en débarrasser discrètement, la question de ses origines se pose naturellement. A-t-elle été rapportée d’une campagne d’Egypte par des soldats de Napoléon ?

Rien ne permet de l’affirmer avec certitude, mais cela n’aurait rien d’étonnant dans une ville où vécurent l’Empereur et sa cour de généraux et d’officiers. A la momie, désormais, de lancer de toute sa hauteur aux soldats de plomb qui l’entourent : « Vingt siècles d’histoire vous contemplent… »

La momie fait peau neuve, un reportage du « Parisien » :

La réalisatrice de 41 ans a, dès son plus jeune âge, eu l’occasion de se faire les dents sur les plateaux. Son troisième long-métrage, « Le Voyage de Fanny », sort en salles le 18 mai.

Lola Doillon.

Fille du réalisateur Jacques Doillon et de la monteuse Noëlle Boisson, Lola Doillon a commencé à fréquenter les plateaux de tournage si jeune qu’elle ne saurait dire quand. Le souvenir qu’elle en a, sans être désagréable, n’a rien d’une parenthèse enchantée. Ses parents travaillaient énormément, et les mercredis après-midi passés dans le silence en salle de montage n’étaient pas, à quelques détails près (griffonner sur un morceau de pellicule au lieu d’une feuille de papier), si différents de ceux que bien des enfants passent au bureau de leurs parents en attendant le signal du départ.

L’apprentissage avec Jacques Doillon

La vocation de la réalisatrice, dont le nouveau film, Le Voyage de Fanny,sort mercredi 18 mai en salles, est née lorsqu’elle a commencé à mettre la main à la pâte. A 16 ans, le bac en poche, elle fait des petits boulots – photographe de plateau ou assistante réalisatrice – sur les tournages de son père. Le virus la prend alors très vite : en devenant un maillon de la chaîne, elle découvre une sorte de « grande colonie de vacances dans laquelle on travaille beaucoup », s’enthousiasme pour l’énergie qui se dégage de ces efforts conjugués autour d’un même projet.

Lire la critique du « Voyage de Fanny » : L’incroyable épopée d’une passeuse de 13 ans

Elle apprend sur le tas, réalise quelques courts-métrages, puis un premier long remarqué, Et toi, t’es sur qui ?(2006). Elle se partage depuis lors entre télévision (la série « Dix pour cent ») et cinéma, au gré d’envies qui ne se ressemblent pas : le portrait de jeunes filles en fleur, ou d’adultes tourmentés par le syndrome de Stockholm (Contre toi, 2009).

De cette joie première de la « colonie de vacances », Lola Doillon a gardé un goût certain pour le travail à quatre, six, cent mains. Elle est fière de raconter comment, mis au défi de réaliser « Dix pour cent » dans un temps très court, son mari Cédric Klapisch, Antoine Garceau et elle, co-réalisateurs de la série, ont décidé, à rebours des pratiques habituelles, d’appliquer au tournage le principe du pot commun. Choix des décors, casting, planning : tout était décidé ensemble, et le trio tournait en même temps, faisant valser d’un plateau à l’autre les acteurs habitués à ce que chacun tourne ses épisodes indépendamment des autres. « C’était beaucoup de temps gagné, et surtout le plaisir rare de travailler avec d’autres réalisateurs ! », raconte Lola Doillon.

Pour « Le Voyage de Fanny », Lola Doillon a renoué avec la direction d’enfants acteurs.

Le défi d’un jeune casting

Alors qu’elle signait seule le scénario de ses deux précédents longs-métrages, c’est à quatre mains, avec Anne Peyregne, qu’elle a écrit celui de son nouveau film, Le Voyage de Fanny : une « belle première fois » que cette co-écriture, adaptant le livre autobiographique de Fanny Ben-Ami, dans lequel cette dernière racontait ses souvenirs d’enfance pendant la seconde guerre mondiale.

Véritable épopée enfantine dans laquelle la jeune Fanny se retrouve chargée d’un groupe d’enfants juifs fuyant vers la Suisse, ce film a donné à Lola Doillon l’occasion de retrouver avec bonheur, après Et toi, t’es sur qui ?, l’exercice délicat du tournage avec un (très) jeune casting. Un travail parfois épuisant, souvent chronophage, car il faut « trouver les mots et le ton pour parler à chaque enfant, le mettre en confiance ». A la clef, un défi dont on comprend sans peine qu’elle s’y soit donnée à cœur joie : la recréation d’une vraie dynamique de groupe, dont la fraîcheur irrigue cette jolie épopée des temps de guerre à hauteur d’enfants.

« Le Voyage de Fanny », de Lola Doillon, avec Léonie Souchaud, Fantine Harduin, Juliane Lepoureau, Ryan Brodie, Cécile de France, Stéphane de Groodt… 1 h 34. En salles le 18 mai.

Le Monde | 17.05.2016 à 16h34 |Par Pierre Jaxel-Truer

Cette députée européenne s’est prononcée en faveur de la contraception et de l’avortement. Au grand dam des tradis du parti d’extrême droite.

Lepéniste comme papa

Fille d’un chirurgien-dentiste franc-comtois militant frontiste, Sophie Montel, 46 ans, est tombée dans la marmite du FN quand elle était petite. Elle a pris sa première carte d’adhérente à sa majorité, fidèle à Le Pen père naguère, dévouée à la fille aujourd’hui.

Politicienne de profession

Sa carrière politique suit la montée en puissance du FN dans sa région. Titulaire d’un DEA en histoire médiévale, elle n’a jamais exercé d’autre métier que celui de femme politique. Elue du conseil municipal de Besançon de 1995 à 2001, elle est conseillère régionale depuis 1998. Sophie Montel est également députée européenne.

« Dédiabolisatrice »

Mariée à Robert Sennerich, secrétaire départemental du FN dans le Doubs, Sophie Montel est une élue plutôt discrète. Dans la galaxie du FN, son profil lisse en fait l’une des figures consensuelles de la stratégie de dédiabolisation du parti d’extrême droite mise en œuvre par Marine Le Pen.

Défenseuse de l’IVG

En soutenant la contraception et l’avortement, le 1er-Mai, elle a jeté un petit pavé dans la mare de son parti et fait ressortir une fracture idéologique latente. Au FN, ces sujets sont toujours sensibles. La branche « catho » conservatrice, emmenée par Marion Maréchal-Le Pen, y est hostile. A l’inverse de la présidente du FN, qui soutient cette ligne.

« Oui, le Front National défend le droit de la femme à disposer de son corps ! » #1erMaiFN

— Sophie_Montel (@Sophie Montel)

« Nous défendons la sanctuarisation de la contraception et la non-remise en cause de l’avortement ! » #1erMaiFN

— Sophie_Montel (@Sophie Montel)

Lire aussi : Marine Le Pen, une féministe à la mémoire courte

  •  Pierre Jaxel-Truer

    Journaliste au Monde
    SuivreAller sur la page de ce journaliste

Plusieurs animateurs-vedette du service public quittent le groupe ou voient leur temps d’antenne réduit. De gré ou de force.

Le 4 mai, Gérard Holtz à la retraite

Gérard Holtz avec son épouse Muriel Mayette, à l’Elysée, en mai 2015.

« Je vais sortir de l’écran comme d’autres sortent de scène », a expliqué Gérard Holtz à Paris Match. Pour le dinosaure du sport de France 2, c’est l’heure de la retraite, à 69 ans. Un dernier Tour de France, cet été, et il partira en Italierejoindre sa femme, Murielle Mayette, directrice de la Villa Médicis. Une décision prise « par amour », dit-il.

Le 3 mai, Patrick Sabatier au placard

Patrick Sabatier.

A 64 ans, Patrick Sabatier sillonne les plateaux télé depuis 1976, avec son sourire plein de dents. Son émission « Mot de passe », diffusée chaque samedi en access prime time sur France 2, ne sera pas reconduite à la rentrée. Clap de fin ? L’animateur affirme avoir d’autres projets.

Le 18 avril, Georges Pernoud au repos

Georges Pernoud, à Nice.

En 2015, « Thalassa » a fêté ses 40 ans. Georges Pernoud, son célèbre animateur, file lui vers ses 69 ans. Il assure ne pas avoir mal pris que son magazine de la mer, institution de France 3, soit prié de passer à un rythme mensuel. Une préretraite heureuse, en quelque sorte.

Le 10 mars, Michel Drucker à la diète

Michel Drucker.

Il y a dix ans, Michel Drucker avait pris la place de Jacques Martin, chaque dimanche en début d’après midi, avec « Vivement dimanche », suivi en fin d’après-midi de « Vivement dimanche prochain ». Seule survivra à la rentrée la seconde partie de l’émission, dans une version un peu allongée, a annoncé le vétéran de 73 ans, qui s’est par ailleurs mis au théâtre.

Lire aussi : Michel Drucker annonce l’arrêt de « Vivement dimanche »

Le 7 janvier, Julien Lepers hors jeu

Julien Lepers.

Lorsque la direction de France Télévisions lui a annoncé qu’il ne présenterait plus « Questions pour un champion », Julien Lepers, 66 ans, s’est fâché tout rouge. Depuis, il a fait une pige sur Comédie +, tourné une pub et joué les chroniqueurs pour Cyril Hanouna. On l’a aussi vu, entre autres, au Salon des seniors de Reims.

Lire aussi : La première timide de Samuel Etienne à « Questions pour un champion »

Afin d’apporter des informations vérifiées aux migrants, le présentateur de la télévision publique grecque ERT anime chaque jour trois JT en arabe.

En quelques minutes, la fumée embrume le champ de poussière. Les centaines de silhouettes courent dans tous les sens. Derrière les barbelés, les sentinelles en noir s’agitent. Les gaz lacrymogènes frappent indistinctement hommes, femmes, enfants. Le 10 avril, Idomeni, à la frontière gréco-macédonienne, où se dresse un camp de réfugiés de 10 000 personnes, s’est embrasé. Les policiers macédoniens ont repoussé les migrants voulant forcer le passage fermé depuis deux mois. Faisant, selon Médecins sans frontières, 260 blessés.

En Grèce, les migrants peuvent désormais suivre, grâce à leur portable, les actualités les concernant. L’Ert, la chaîne nationale, et ANA-MPA, l’agence de presse gréco-macédonienne, ont mis en place des sites en arabe à leur intention (ici, dans le camp d’Idomeni).

Ce jour-là, s’ils étaient si nombreux à espérer une brèche, c’est à cause de LA rumeur. La frontière gréco-macédonienne « devait rouvrir ». Tous espéraient partir du camp insalubre.

La colère a succédé à la désillusion. « Cette rumeur dangereuse revient souvent, déplore le journaliste gréco-libanais Walid Elias, basé à Athènes. C’est avant tout pour lutter contre ça que nous avons créé ces programmes. »

Depuis le 22 mars, ce présentateur de la radio-télévision publique grecque ERT (Ellinikí Radiofonía Tileórasi), anime chaque jour trois JT en arabe. « La frontière est fermée », martèle-t-il à chacune de ses interventions consacrées aux migrants coincés en Grèce. Ces 54 000 déracinés d’Irak, d’Afghanistan, de Syrie rêvent d’Europe de l’Ouest, mais attendent dans des camps précaires ou des hôtels glauques du pays. Ne parlant pas le grec, mal l’anglais, ils s’informent généralement par bouche-à-oreille ou sur les réseaux sociaux, pour ceux qui ont les moyens d’acheter des cartes de téléphone locales avec accès Internet.

Les migrants peuvent télécharger les podcasts des journaux en langue arabe sur leur portable… Quand la connexion Internet s’y prête (ici dans le camp d’Idomeni).

Glanant des données parfois floues ou invérifiables. Un manque d’information auquel pallient les JT en arabe, que les migrants peuvent ensuite retrouver sous la forme de podcast, grâce à leur mobile, en suivant le hashtag #Ert4refugees sur Twitter et Facebook. Des rediffusions également disponibles sur le site Ert4refugees, en grec uniquement, mis en place afin d’informer plus spécifiquement les habitants sur les façons d’apporter de l’aide aux réfugiés.

Livrer des « infos pratiques » aux migrants

L’ambition des journaux en arabe est de livrer des « infos pratiques » aux migrants, insiste le présentateur, qui adopte une ligne éditoriale différente des journaux nationaux. « Je ne parle pas de la situation économique du pays, cela ne les intéresse pas ! » Il choisit d’évoquer la météo, « comme le niveau des vents, pour ceux qui seraient tentés de traverser l’Egée de la Turquie ». D’expliquer les procédures pour faire une demande d’asile, « où est-ce qu’ils doivent se rendre, quels numéros Skype contacter pour les services d’immigration ». De détailler la situation dans les camps officiels, « les conditions de vie ne sont pas bonnes, mais meilleures que dans les camps improvisés ».

Le JT en langue arabe, présenté par Walid Elias sur la chaîne grecque ERT.

Pour Petros Demetropoulos, responsable de l’agence de presse ANA-MPA (Athens News Agency-Macedonian Press Agency), informer c’est aussi donner une existence à ces exilés. Comme l’ERT, l’agence a lancé mi-mars une page d’actualités en arabe sur son site. « Les réfugiés ne sont pas des marchandises, mais des gens avec une histoire. Il faut les aider à s’intégrer, à comprendre où ils sont », explique ce Grec. S’adresser à ces exclus était pour lui devenu un « devoir professionnel ».

Alors que près d’un million de personnes ont transité par le pays, que la crise migratoire a tragiquement pris le dessus sur la crise économique. « Tous ces migrants vont rester bloqués ici peut-être des mois, voire des années. Il faut être là pour le leur expliquer », justifie Petros Demetropoulos. Le reporter n’oubliera jamais les images des femmes en pleurs, de bébés aux yeux arrondis de frayeur, progressant dans une eau boueuse.

« Il faut mettre les réfugiés en garde contre les trafics. » Petros Demetropoulos, responsable de l’agence de presse ANA-MPA

« Mi-mars, plus de 1 500 migrants ont tenté de passer la rivière entre la Grèce et la Macédoine », soupire l’homme. Trois Afghans sont décédés. Pour prévenir ce genre d’incident « indigne », « il faut mettre les réfugiés en garde contre les trafics, estime-t-il. Nous aimerions faire du contenu en farsi, pour les Afghans, mais nous n’en avons pas les moyens. »

Ces nouvelles ont encore du mal à percer chez les migrants. Il n’y a pas de télévisions et les connexions Wi-Fi mises en place dans les camps ne sont pas toujours efficaces, parfois saturées. « Avec une entreprise de télécommunications, nous y distribuerons bientôt des cartes Sim, afin qu’ils aient un accès à Internet et puissent consulter le site », annonce Petros Demetropoulos. ANA envisage aussi de lancer un compte Twitter en langue arabe. « La fréquentation des podcasts du site ERT progresse, se réjouit de son côté Walid Elias. Des Syriens, comme des Grecs, nous remercient. »

Le premier ministre Alexis Tsipras a également félicité sur Twitter les initiatives internes des deux médias publics. Mais elles ne sont pas du goût de tous, en témoignent des réactions radicales sur la page Facebook de l’ERT. « Ici, on parle grec, pas arabe », « Y a-t-il des JT grecs en Arabie saoudite ? Non, alors pourquoi fait-on des infos en arabe en Grèce ? », « Qui paie ce JT ? », cite Walid Elias.

Le 23 mars, une image de leur journal a été détournée et relayée. On pouvait y voir une présentatrice voilée. Le journaliste nuance : « Il y a des extrémistes, mais la majorité des habitants comprend l’odyssée de ces gens. Car une partie des Grecs sont eux-mêmes des descendants de réfugiés, venus de l’Anatolie. »

Ils se déchirent, mais ils restent en pleine forme. Dans le dernier opus du studio Marvel, Civil War, Captain America et ses amis la Sorcière rouge ou le Soldat de l’hiver entrent en guerre contre Iron-Man, Spider-Man et Black Widow. Une vraie lutte idéologique entre les partisans de la liberté et ceux d’un Etat fort et régulateur.

Faut-il y déceler une ressemblance avec les élections américaines ? En tout cas, cette bagarre de gros muscles plein d’idéaux fait les délices des spectateurs et donc de Disney, producteur et distributeur du film. Sur le seul premier week-end de sa sortie, le groupe a engrangé plus de 180 millions de dollars (158 millions d’euros) de recettes. Deux fois plus que le précédent Captain America, le Soldat de l’hiver, sorti en avril 2014.

Une résurrection spectaculaire

Magie du cinéma, qui dans sa version plus « intellectuelle » fait la fête à Cannes à partir de mercredi 11 mai. Si l’on compte les recettes internationales du film sorti en Europe une semaine avant les Etats-Unis, Disney a déjà amassé plus de 400 millions de dollars et donc remboursé en quelques jours l’intégralité du coût de production du film (250 millions plus les frais de lancement).

Et ce n’est pas fini. Après Le Livre de la jungle et Zootopia en début d’année, les fans pourront retrouver cet été une nouvelle version d’Alice de l’autre côté du miroir et la suite de Nemo, du studio Pixar. Les analystes estiment que Disney pourrait enregistrer la plus belle année de son histoire avec une part du marché américain qui approchera les 30 %. Du jamais-vu.

Une résurrection spectaculaire pour la plus célèbre entreprise de média du monde. Entre 1995 et 2005, la firme ne parvient pas à enrayer le déclin progressif de ses dessins animés, en panne d’imagination et de talents. Arrivé en 2015, son PDG, Bob Iger, a eu l’intelligence de régénérer l’entreprise par l’acquisition de Pixar, auteur des célèbres Toy Story, et de placer son patron John Lasseter à la tête de l’ensemble. Puis, ont suivi les acquisitions du studio Marvel et de Lucas Films, le papa des Star Wars. Depuis 2010, la société enchaîne les succès avec une régularité stupéfiante. Chaque année, à l’exception de 2014, elle sortira des films dépassant le milliard de dollars de recettes par an.

Bien sûr, le cinéma ne représente plus que 15 % du chiffre d’affaires de l’entreprise, mais il est le cœur du réacteur, indispensable au bon fonctionnement de ses très lucratives divisions de ventes de jouets et de parcs d’attractions. Cela est d’autant plus nécessaire que le pilier télévision, autrefois vache à lait du groupe, vacille. Les analystes n’ont pas du tout aimé que lors de la présentation des résultats trimestriels, mardi 10 mai, la firme a révélé perdre des abonnés sur sa chaîne câblée sportive ESPN et du chiffre d’affaires publicitaire sur son réseau ABC. Face à la tempête qui secoue le monde de la télévision aux Etats-Unis, Captain America et son bouclier étoilé n’ont pas encore trouvé la parade.

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