Cet animateur jeunesse d’Argenteuil, avec son association Force des mixités, fourmille d’idées pour stimuler les quartiers en difficulté.

Abdellah Boudour a décidé d'organiser une action autour de la littérature dans sa cité d'Argenteuil.

Lorsqu’on le rencontre, avec son air timide et ses épaules qui tanguent à chaque pas, on a du mal à reconnaître le beau gosse un peu frimeur qui parade sur le site de l’association Force des mixités (FDM). Car à l’écran, ce trentenaire, animateur jeunesse à Argenteuil, ne lésine pas. S’affichant en costume noir et chemise blanche, lunettes à la Malcolm X, le regard planté dans vos yeux. L’image suivante, il pose en doudoune moulante au côté de Zinédine Zidane.

Ce matin de décembre, le jeune homme se contente d’un jogging noir et se fraie un chemin entre les tables de la cafétéria Carrefour de Sartrouville. Depuis que le Franprix a fermé, il n’y a plus de café ouvert le matin sur la grande dalle d’Argenteuil. Il a dû plier son mètre quatre-vingt-dix-huit dans sa Smart bleu marine pour trouver un endroit où se poser dans cette banlieue bétonnée du Val-d’Oise. A côté de turfistes chibanis, qui se serrent à la table voisine, le trentenaire raconte son histoire et celle de la Dictée des cités.

Vitor Hugo ou Saint-Exupéry au pied des barres de HLM

Voilà deux ans et demi qu’Abdellah Boudour réussit à fairetranspirer des gamins de banlieue sur des textes de Victor Hugo ou de Saint-Exupéry lors de gigantesques dictées en plein air. Et en plus ils semblent y prendre plaisir. Les enfants et les ados écoutent, torturent leur stylo Bic, raturent et se soufflent discrètement les réponses. On y croise même des adultes – mamies bien mises, grands-pères à casquette ou mères voilées –, qui s’y amusent tout autant. Rassembler ainsi dans une compétition d’orthographe des dizaines d’habitants au pied de leurs barres d’immeubles, ça n’était pas gagné.

Dans ces quartiers populaires, on a plus l’habitude de se tester lors de battles sur des rimes de rap ou de figures de street dance qu’à coups de participes passés ou de subjonctifs. Quand le jeune homme, secondé par l’auteur de polars Rachid Santaki, a lancé la première édition de la Dictée des cités, un soir d’août 2013, lui-même n’y croyait pas. Il voulait faire une action autour de la littérature dans sa cité. Pour changer du hip-hop et de la boxe. Il a distribué ses flyers, alpagué les enfants un par un, avec d’autres bénévoles de son association. « On avait emprunté 40 chaises et on s’est retrouvé avec 250 personnes assises par terre, une feuille sur les genoux », sourit-il.

Abdellah Boudour, chez lui, sur la Dalle à Argenteuil où il a organisé sa première dictée. « On avait emprunté 40 chaises et on s’est retrouvé avec 250 personnes assises par terre. »

Il se souvient encore des visages plein d’excitation, attendant le verdict d’un « zéro faute ». Il y avait une paire de Nike Air Jordan à la clé. Depuis, il se promène de ville en ville. Des quartiers nord de Marseille à La Courneuve, Stains, Toulouse-le Mirail, Strasbourg-la Meinau… Trente-trois dictées ont été organisées. La dernière, à Saint-Denis, a réuni près de mille participants, dont Myriam El Khomri, alors secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville, Valérie Pécresse, le comique Booder, ou le boxeur ­Grégory Choplin.

Abdellah Boudour, fils d’un chauffeur de poids lourd et d’une secrétaire, tous deux venus d’Algérie à la fin des années 1970, n’était pourtant pas porté sur les études. Comme beaucoup de ses camarades, il a décroché au lycée, préférant courir après un ballon plutôt que lire des livres. Avec ses potes de la cité la Haie-Normande, une des barres du grand ensemble HLM, il anime aussi des tournois de football pour les enfants qui ne partent pas en vacances.

Un passage éclair en politique, avec Rachida Dati

Il était là, le 25 octobre 2005, quand Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur et futur candidat à la présidentielle, a fait sa fameuse virée sur la Dalle à Argenteuil, lâchant son célèbre : « On va vousdébarrasser de la racaille ! » Abdellah s’est alors avancé, tentant d’argumenter : il y a aussi des jeunes qui veulent réussir dans les quartiers. Lui est sans diplôme, explique-t-il, mais plein d’ambition. Le lendemain, il est convié au cabinet du ministre, Place Beauvau. Le jeune Argenteuillais va servir durant quelques mois de boîte à idées à Rachida Dati. Ce sera l’une de ses rares incursions politiques. « C’est pas fait pour moi. Je préfère rester autonome, sinon je n’aurai plus de crédibilité. J’en ai vu tellement des associations champignons », lâche-t-il.

La même année, il fonde Force des mixités (FDM) avec ses amis du quartier. Ses modèles sont Jamie Hector ou Sonja Sohn, deux acteurs noirs de la série américaine « The Wire », investis dans l’aide aux quartiers déshérités de Baltimore. Mais il dit aussi son admiration pour la patronne de Fimalac et présidente de l’association Force Femmes, Véronique Morali. « Il a appris les outils de la com’ et se débrouille assez bien », s’amuse son ami d’enfance Djamel Mazi, aujourd’hui journaliste à iTélé.

“Il suffit de regarder autour de soi dans le quartier pour trouver quoi faire. On voit bien qu’il y a trop de petits dehors, que les mamans ne s’en sortent pas, que les papis sont seuls.”

Avec son association, Abdellah est un touche-à-tout de l’engagement. Commençant par l’aide aux devoirs et les tournois de foot, enchaînant avec la collecte de fournitures scolaires puis celle de denrées alimentaires, organisant des séances de sensibilisation sur les femmes battues, embrigadant des gamins pour porter les packs d’eau pour les retraités lors de la sécheresse… « Il suffit de regarder autour de soi dans le quartier pour trouver quoi faire. On voit bien qu’il y a trop de petits dehors, que les mamans ne s’en sortent pas, que les papis sont seuls », raconte le trentenaire de sa voix douce. Avec son sens de l’image – il associe toujours une célébrité du cru, inonde les réseaux sociaux –, le jeune homme parvient à intéresser les médias et commence à se faire un nom.

Collecte de fournitures scolaires, de denrées alimentaires, aide aux devoirs… Abdellah Boudour multiplie les formes d’engagement.

Ses projets se succèdent. Au plus près du terrain, et en se tenant loin des élus. Le militant n’en démordra pas, malgré les appels du pied des maires successifs. « C’est un acteur associatif qui sort du lot parce qu’il voit grand », remarque Nabil Koskossi, directeur du service jeunesse d’Argenteuil. L’avis est partagé par le rappeur Mac Tyer, qui l’épaule lors de ses opérations caritatives : « Il vous pousse à croire que tout est possible. » En novembre, le « Bernard Pivot des cités » s’est mué en Alain Decaux, avec un nouveau concours pour parler histoire de France dans les quartiers : « La France en questions », un quiz culturel pour « mettre en avant l’histoire de France, la République, après les attentats ». Le premier prix est une PlayStation.

Capture d’écran 2015-12-17 à 17.14.54

You Tube/Libertad Digital / Hospital Carlos Haya de Malaga

C’est une première en Europe, un homme a été opéré du cerveau sans anesthésie générale afin de pouvoir cartographier les zones de son cortex liées au langage musical. Le patient est resté réveillé pendant toute l’opération et a même joué du saxophone pendant qu’on lui retirait une tumeur cérébrale. Mercredi 16 décembre, la presse espagnole a rapporté l’exploit menée par une équipe de seize personnes : neurochirurgiens, neuropsychologues, neurophysiologues, anesthésistes et infirmiers de l’hôpital Carlos Haya de Malaga.

Concrètement, explique El Mundo, Carlos Aguilera, a été maintenu semi-conscient pendant les douze heures de l’intervention, y compris pendant la phase de résection de la tumeur. Il s’agissait de vérifier que la chirurgie ne touchait pas des zones qui affecteraient ses capacités musicales, pour limiter les risques de séquelles. L’opération a eu lieu le 15 octobre et a été présentée ce mercredi à la presse, en présence de l’intéressé, qui a interprété deux morceaux au saxophone, notamment la ballade jazz Misty qu’il avait déjà jouée le 15 octobre.

Cartographier son cortex cérébral

Le jeune homme de 27 ans avait commencé à ressentir des nausées il y a quelques mois. Trente jours à peine après que sa tumeur a été diagnostiquée, il était opéré. Pendant l’intervention, la participation active de Carlos Aguilera était essentielle, aussi bien pendant la première phase, destinée à cartographier les zones de son cortex cérébral, que pendant la phase de résection de sa tumeur.

Il a notamment dû compter à plusieurs reprises de un à dix, lire des textes, une partition, et enfin jouer plusieurs morceaux, pendant que les médecins stimulaient l’aire du cortex où se situent les zones liées au langage musical, raconte le journal La Opinion de Malaga« Lors de la phase finale, il était très important qu’il joue parce que nous intervenions sur une partie très proche du cortex auditif », explique le neurochirurgien Guillermo Ibanez.

A l’hôpital Carlos Haya, douze patients ont déjà été opérés ainsi, sans anesthésie générale, afin que soit réalisée une cartographie des zones du langage de leur cortex cérébral. Un homme a été opéré du cerveau en jouant du violon en 2010 aux Etats-Unis.

Cette technique est très utile, note le neurochirurgien, puisqu’elle permet la résection de zones plus grandes, ce qui diminue la probabilité de rechute.

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