Le Monde | 19.02.2016 à 18h21 • Mis à jour le19.02.2016 à 21h41 |Par Roxana Azimi

Ce riche financier conseille un fonds souverain de son pays, rattrapé par un important scandale. Il vient de se délester de toiles de maîtres à des prix inhabituellement bas pour éponger ses dettes. Fin de partie ?

« La philanthropie, c’est cool. C’est tendance. Est-ce bon pour le business ? Bien sûr ! », déclarait Low Taek Jho au magazin “Forbes” au printemps dernier.

Un héritier doué

Qui aurait soupçonné que derrière trois gros lots dispersés en février chez Sotheby’s se cachait le Malaisien Low Taek Jho ? Ce financier de 34 ans basé à Hongkong a tout du nouveau riche. La fortune familiale remonte pourtant à son grand-père, un Chinois qui a investi dans une raffinerie d’alcool et des mines en Thaïlande et en Malaisie. Son père a poursuivi dans l’immobilier. Low Taek Jho (également appelé Jho Low), lui, a su tirer parti de son réseau moyen-oriental tissé lors de ses études à Harrow, prestigieuse école britannique.

Un mondain philanthrope

Low Taek Jho aime les projecteurs. Le play-boy joufflu fraie avec les célébrités, de la party girl Paris Hilton au rappeur Usher. Il a même demandé en mariage la chanteuse taïwanaise Elva Hsiao – qui a décliné sa proposition –  en lui offrant 2 millions de dollars de bijoux lors d’une hallucinante fête privée (mais filmée) qui lui aurait coûté près de 1 million de dollars. Le fêtard donne aussi dans le caritatif grâce à une fondation créée en 2012. « La philanthropie, c’est cool. C’est tendance. Est-ce bon pour le business ? Bien sûr ! »,déclarait-il au magazine économique Forbes au printemps dernier.

Un conseiller sulfureux

Le nom de Low Taek Jho a surgi l’an dernier dans un scandale financier impliquant le premier ministre malaisien Najib Razak. Ce dernier préside le fonds d’investissement souverain malaisien, 1MDB, dont près de 4 milliards de dollars auraient été détournés. Conseiller de ce fonds, Low Taek Jho a été entendu par la justice. D’après le New York Times, il aurait aussi vendu des biens immobiliers américains à une société écran détenue par le beau-fils de Najib Razak.

Un amateur d’art flambeur

En à peine deux ans, Low Taek Jho aurait dépensé 200 millions de dollars dans des œuvres d’art. Selon Bloomberg, il aurait récemment cédé chez Sotheby’s trois œuvres de Claude Monet, Pablo Picasso et Jean-Michel Basquiat pour un total de 54 millions de dollars, une valeur nettement inférieure à leur cote. La vente aurait été réalisée pour rembourser une dette de 100 millions de dollars contractée auprès des services financiers de la maison de vente.

  • Roxana Azimi

    Journaliste au Monde

Le défenseur du PSG en a fait récemment la démonstration : à défaut d’être varié, le langage des joueurs de foot est souvent ordurier. Et pas seulement lorsqu’ils sont sur la pelouse.

1988 : le “sac à merde” d’Eric Cantona

Eric Cantona, le 23 aout 1988 à Paris.

En 1988, Eric Cantona est déjà en décalage avec le milieu du foot. Pour commenter sa non-sélection par Henri Michel, le patron des Bleus, pour un match amical, « Canto » l’intello se réfère au cinéma américain : « Mickey Rourke a dit que celui qui s’occupait des Oscars était un sac à merde. Je pense qu’Henri Michel n’en est pas loin. » Une citation qui lui vaut une suspension de dix mois.

La réaction d’Eric Cantona après sa non-sélection

2006 : la “putain de sœur” de Marco Materazzi

Le 9 juillet 2007, Zinedine Zidane, donne un coup de tête à Marco Materazzi.

On a beaucoup glosé sur l’insulte prononcée par Marco Materazzi avant que Zinédine Zidane ne lui assène son coup de boule fatal, en finale de la Coupe du monde 2006. Voulant mettre fin aux soupçons de propos racistes, l’Italien finira par révéleravoir dit « Je préfère ta putain de sœur » au Français, qui lui proposait ironiquement de lui donner son maillot après le match.

La fin du « mystère » du coup de boule

2010 : le “fils de pute” de Nicolas Anelka

Nicolas Anelka et Raymond Domenech, en 2012.

« Va te faireenculer, sale fils de pute ! » Cette insulte, proférée par Nicolas Anelka à l’encontre du sélectionneur Raymond Domenech à la mi-temps du match France-Mexique pendant la Coupe du monde en Afrique du Sud, fait la « une » de L’Equipe et précipite les Bleus dans le fiasco dit « de Knysna ». Anelka, lui, n’endossera plus jamais le maillot de l’équipe de France.

2012 : le “nique ta mère” de Samir Nasri

Samir Nasri le 31 mai 2012, lors d'un match amical France-Serbie.

Eliminés de l’Euro, les Français sont invités à commenter leurs performances auprès des journalistes. Agacé, Nasri « zappe » les micros. Un journaliste lui suggère délicatement : « Alors casse-toi… » Après un bref échange d’amabilités, Nasri de conclure : « Va te faire enculer, va niquer ta mère, sale fils de pute. Va te faire enculer, comme ça, tu pourras dire que je suis mal élevé. »

2016 : la “fiotte” de Serge Aurier

La vidéo de Serge Aurier a été diffusée sur l'application Périscope.

Tout allait très bien pour l’Ivoirien du PSG, considéré depuis peu comme l’un des meilleurs défenseurs latéraux au monde. Du moins jusqu’à dimanche dernier, quand il a lâché les vannes lors d’un chat sur les réseaux sociaux. Dans cette vidéo, Aurier traite notamment Laurent Blanc, son entraîneur, de « fiotte » qui « prend les couilles » de Zlatan Ibrahimovic.

Les propos insultants de Serge Aurier


Juste devant les agents d’assurances et les politiques, les journalistes exercent une des professions en qui les Français ont le moins confiance, dit un sondage. Un autre les place juste derrière les banques. Et pourtant, un lundi soir, ils sont quelques centaines de spectateurs à avoir payé pour venirécouter une quinzaine de journalistes sur la scène d’un théâtre parisien.

L’idée, dit le programme de Live Magazine, au théâtre de L’Atelier le 8 février, est celle d’un « journal vivant ». Si on le compare au journal papier, le journal vivant présente quelques inconvénients. Il faut se déplacer, prendre une baby-sitteuse et éteindre son portable. Mais le journal vivant règle aussi d’autres problèmes pour les entreprises de presse. Pas de page tournée avant la fin d’un article, de télécommande à portée de main, de nouvel onglet ouvert en milieu d’article. Nous voilà enfermés avec ses sujets. Impossible de cesser d’écouter ou de regarder ailleurs. Même pour des histoires qui se passent loin de chez nous, même face aux images de Homs dévastée filmées par un drone.

Le journal vivant, sous ses aspects artisanaux, c’est aussi une ébauche de modèle économique à l’heure du tout-gratuit. Il faut payer pour suivreLive Magazine, et le vivant n’est pas piratable. « Pas de captation, pas de replay », promet Florence Martin Kessler, l’organisatrice de l’événement, qui a tout de même prévu un hashtag de la soirée à destination des réseaux sociaux, pour que tous ceux qui en ignoraient l’existence sachent ce qu’ils ont raté. « On n’a pas fini de vousraconter des histoires », promet le programme, ce qui est la moindre des choses de la part de journalistes, maintenant que n’importe quel homme politique ou étiquette de jus de fruits croit indispensable de s’inventer une story.

La glossophobie (la crainte de prendre la parole en public) est une des peurs les plus répandues (oui, la mort n’arrive qu’après). Et c’est par cela que le trio organisateur ouvre la soirée, par des extraits des messages terrifiés des participants qui leur disaient quelques jours plus tôt que, si d’autres personnes étaient sollicitées pour les remplacer, ils n’en prendraient pas ombrage. Mais ils ont beaucoup répété, et ne se croient pas tous obligés de parler sans notes en traversant la scène façon Steve Jobs. Estelle Saget, journaliste à L’Express, lit son texte sur un pupitre devant elle pour raconter l’heure et demie interminable que Michel Catalano a passée avec les frères Kouachi dans son imprimerie de Dammartin-en-Goële. Cette histoire que l’on croyait connaître, on la redécouvre sans photo, sans image, sans la voix même de l’homme pour raconter la descente d’escalier la plus longue du monde pour sortir de son imprimerie. Dans un journal vivant, on s’entend respirer. Plus encore quand la journaliste signale qu’il est assis dans la salle ce soir.

C’est la septième édition de Live Mag.« Le premier, c’était vraiment le premier », reconnaissent ceux qui les ont suivis depuis le début. Le spectacle s’est suffisamment professionnalisé pour en savourer les grumeaux, les « non, ça c’était à moi de le dire », les sorties hors des lignes par le photographe octogénaire Isi Véléris, qui oublie son texte, tout comme il a perdu sa photo de Jimi Hendrix mangeant des corn flakes.

Du Sri Lanka, la journaliste Vanessa Dougnac montre des carnets pleins de témoignages dont elle n’a rien pu faire, des photos qu’elle a prises mais qui ne racontent pas l’essentiel. « Je m’endormais dévastée par mon impuissance », raconte-t-elle de son reportage. Et si c’était comme ça qu’on les aimait les journalistes, loin des fantasmes de quatrième pouvoir et tout en notes de bas de page ?

Baskets rouges et tee-shirt à chaton, Florent Maurin, un ancien d’Okapi, raconte son arrivée en province. Oui, un journaliste parisien qui débarque en Saône-et-Loire, dans une soirée de la capitale, c’est un sujet journalistique. Ses blagues ne racontent pas la Saône-et-Loire bien sûr, mais les Parisiens comme lui, comme tous ceux assis face à lui, incapables de fonctionner hors de Paris. Entre deux histoires de journalistes, des mimes belges parodient les contorsions que nous exécutons désormais automatiquement sous les portiques de sécurité. C’est drôle, au moins autant que l’infographie du classement des pays en fonction du pourcentage de groupes de heavy metal par habitant réalisée par une équipe de datajournalistes. « C’est bien d’avoir des trucs marrants de temps en temps, glisse un spectateur à sa voisine. Un peu comme dans un journal en fait. »

Le Monde | 12.02.2016 à 16h06 |Par Marc Beaugé (Magazine)

[Chronique] L’ex-gouverneure d’Alaska soutient Donald Trump dans sa course à l’investiture républicaine pour la présidentielle américaine. Encore une faute de goût à son palmarès…

1984 : l’étoffe d’une reine

Sarah Palin lors d'un concours de Miss en 1984.

Brillante étudiante en journalisme, championne de basket, joueuse de flûte émérite, Sarah Palin peut pré­ten­dre aux plus prestigieuses carriè­res. Mais, à 20 ans, elle a déjà les élections dans le sang. Ce jour-là, sa robe rouge à bustier cœur lui permet d’être élue Miss Wasilla, la petite ville d’Alaska dont elle est originaire. Douze ans plus tard, elle en deviendra la maire.

Qui a dit « cumul des mandats » ?

2004 : doigt sur la détente

Sarah Palin le 21 juillet 2004.

Devenue soccer mum, Sarah trimballe les gosses au foot et défend ses concitoyens comme une maman. A un sénateur ayant insinué que Wasilla était rempli d’« ordures », elle répond qu’elle est « fière d’être une ordure ». Quelques décennies après le premier tee-shirt à message politique, vendu par le républicain Dewey, en 1948, la tactique touche dans le mille. Sarah a la gâchette facile.

2009 : trêve militaire

Sarah Palin le 5 décembre 2009 à Fairfax, en Virginie.

Cinq ans plus tard, peu après la présidentielle de 2008 qui a fait d’elle une star, Sarah a posé son gun. Fin du combat ? Non, coiffée d’une M-1951 Field Cap, cette casquette souple portée par les soldats américains quand ils ne sont pas en première ligne, Sarah reprend des forces. Avant de remonter au front.

2010 : en jambes pour le Tea Party

Sarah Palin lors d'une séance photo pour le "Runners World Magazine".

La voilà déjà repartie. Alléchée par l’essor du très droitier Tea Party, Sarah est devenue l’égérie du mouvement. Et pour bien faire les choses, elle s’est habillée de ce rouge qui lui va décidément si bien. Mais la robe à bustier cœur a laissé la place à une tenue de running. Quoi de mieux, après tout, pour cavaler d’un ­plateau de Fox News à un autre ­plateau de Fox News ?

2016 : vestale de Donald

Sarah Palin lors d'un meeting de soutien à Donald Trump, le 1er février 2016 dans l'Iowa.

Le thé a refroidi mais elle rebondit toujours. Désormais, Sarah Palin court pour Donald Trump. Afin d’aider son favori, en lice pour les présidentielles américaines, elle est même prête à mouiller le châle jusqu’au fond de l’Iowa. Attention quand même, Sarah : sur le cachemire, l’odeur de transpiration (comme celle de parfum) attire les mites.

  • Marc Beaugé (Magazine)

L’autoproclamé plus grand artiste de tous les temps sort un nouvel album, « Waves ». Mais le ramage sera-t-il à la hauteur du plumage ?

2004 : jamais sans son ours


C‘est le rappeur qui monte. A 27 ans, Kanye West traîne avec des stars comme Mariah Carey, Jay-Z ou Alicia Keys. Mais il préfère encore la compagnie des ours en peluche. La pochette de son premier album, The College Dropout, le prouve. Cette photo aussi. Pourquoi tant d’amour pour l’animal de chambre ? Parce que le Polo Bear, logo mythique de la marque Ralph Lauren, est alors un puissant marqueur social, symbole absolu de réussite. Evidemment, le polo rugby de Kanye West est un Ralph Lauren. Sa  chemise à rayures bâton aussi. Preuve que la réussite est déjà là.

2006 : au garde-à-vous


Deux ans plus tard, fini le miel : Kanye a pris du galon, cela saute aux yeux. Sur la scène des Brit Awards, à Londres, « Monsieur Ouest » porte le fameux red coat à brandebourgs que les armées de Sa Majesté arborent, pour les grandes occasions, depuis le XVIIe siècle. Les autochtones y verront un hommage à leurs militaires. Les autres, un clin d’oeil à Michael Jackson, adepte de la même veste vingt ans plus tôt. Et, accessoirement, deuxième plus grand artiste de tous les temps. Derrière qui vous savez.

2010 : dur à cuir


Quatre ans plus tard, Kanye sourit pour masquer sa détresse. Après plusieurs années d’acharnement, et malgré ses succès musicaux, il renonce  officiellement à lancer sa propre marque de fringues pour homme. Le coup est dur pour le rappeur. Il l’est surtout pour ceux qui rêvaient de porter eux aussi un gilet en vison et un bandeau antitranspiration roulotté en cuir. Et ils sont nombreux. Bien plus qu’ils ne devraient.

2013 : mâle masqué


Kanye, 36 ans, est désormais en couple avec Kim Kardashian et plus rien n’arrête son ascension. Après l’avoir rejeté, même la mode s’incline devant lui. Ce jour-là, en route pour le défilé Margiela, Kanye semble d’ailleurs rendre hommage au créateur belge, qui a toujours préservé son anonymat en cachant son visage. A moins que ce ne soit encore un clin d’oeil à Michael Jackson, qui enfilait  parfois une cagoule pour faire ses courses, en pleine période parano. A l’époque où il était encore le plus grand artiste de tous les temps. Il y a bien longtemps.

2015 : du neuf avec du vieux


En pleine Fashion Week parisienne, l’Homme est venu faire le beau. Pour l’occasion, il a sorti ses nippes les plus usées. Provoc ? Non, démonstration de force. Car Kanye sait bien qu’au XVIIIe siècle les grands de ce monde se plaisaient à porter des habits vieillis. Certains disposaient même d’un butler, spécialement chargé de porter et d’user leurs vêtements. A en juger par cette image, Kanye dispose lui d’une armée de butlers. Voilà peut-être  ce qui manquait à ce pauvre MJ.

Lire aussi : Kanye West et la comédie sociale de la mode

La maire de San Germano Vercellese, élue de la Ligue du Nord, a interdit l’accès aux jeux publics et à la cantine scolaire aux enfants des parents qui ne payent pas les taxes municipales.

Les enfants de quelque 200 Italiens ou immigrés démunis sont visés par l'interdiction prise par la maire de San Germano Vercellese, élue du parti xénophobe de la Ligue du Nord.

De San Germano Vercellese, une petite commune de 1 700 habitants située à une cinquantaine de kilomètres de Turin et à une quinzaine de Vercelli (Piémont), on ne sait presque rien. Trois lignes sur Wikipédia, une latitude et une longitude. Principale ressource de la commune : les rizières, rendues célèbres par les cuisses nues de Silvana Mangano dans le film Riz amer (1949), de Giuseppe De Santis.

En revanche, on commence à bien connaître la maire du village, Michela Rosetta – trop peut-être. Cette élue du parti xénophobe de la Ligue du Nord, allié au Front national au Parlement européen à Strasbourg, a décidé de lutter à sa manière contre les mauvais payeurs des taxes municipales : l’IMU, sur la résidence principale, et la TARI, sur le ramassage des ordures. Une décision datée du 28 décembre 2015 interdit désormais aux enfants des parents en délicatesse avec le fisc l’accès au jardin public, au terrain de sport et à la cantine scolaire.

“Je n’accepte pas qu’on me fasse un procès en racisme ou en discrimination. Nous appliquons simplement la loi. Ceux qui ne sont pas contents n’ont qu’à partir.” Michela Rosetta, maire de San Germano Vercellese

La décision de la municipalité de San Germano ­Vercellese vise environ 200 personnes, en majorité parmi les plus pauvres, italiennes ou issues de l’immigration. « Je ne veux pas vraiment interdire, mais éduquer au respect du bien public. Les portes de mon bureau sont toujours ouvertes pour discuter au cas par cas,a expliqué Michela Rosetta au quotidien La Stampa, mais je n’accepte pas qu’on me fasse un procès en racisme ou en discrimination. Nous appliquons simplement la loi. Ceux qui ne sont pas contents n’ont qu’à partir. » « C’est une honte », réagit l’opposition. « Ce n’est pas la première fois qu’on cherche à nous atteindre », se plaint une association d’immigrés.

Michela Rosetta, 48 ans, maire depuis 2013, ne cache pas sa sympathie pour Gianluca Buonanno, un ­parlementaire de son parti. Une sorte de modèle. Ce dernier est également un amateur de positions tranchées. Sur les homosexuels, à qui « tout serait dû », et la Gay Pride, qui le « dégoûte ». Plus récemment, il s’est rendu célèbre en apparaissant, sur sa page ­Facebooket à la télévision, un pistolet automatique à la main, afin de soutenir la légitime défense.

La Ligue du Nord fait sa pub

Reste maintenant à faireappliquer l’arrêté de la commune. Dans le passé, d’autres maires (issus eux aussi de la Ligue du Nord) ont déjà tenté de faire pression sur les enfants pour rappeler les parents à leurs devoirs. Généralement en pure perte. Qu’importe. Ce qui intéresse la Ligue du Nord, devenu le premier parti de droite en Italie, est d’occuper le terrain médiatique et de faire la preuve qu’elle se consacre aux choses concrètes dans les collectivités dont elle est chargée.

A San Germano Vercellese, il en ira sans doute de même, tant il paraît difficile d’envoyer un agent municipal au square avec pour mission d’empêcher les enfants dont les parents n’auraient pas réglé la taxe sur les poubelles d’utiliser le toboggan ou la balançoire… Mais jusqu’alors Michela Rosetta était une inconnue. Ce n’est plus le cas. Elle ne visait pas autre chose.

Pour aussi représentatif qu’il soit, un sondage en ligne du site Web de La Stampa, le quotidien le plus lu du Piémont, pointe que pour 68 % des personnes qui ont répondu à la question : « Êtes-vous d’accord avec la mesure prise par cette élue ? », la réponse était « oui ».

Lire aussi : En Italie, la Ligue du Nord cible ceux qui logent des migrants

Depuis 1999, Ou Zihang est engagé dans une série intitulée « Faire des pompes ». Dans le plus simple appareil, il effectue cet exercice dans des lieux symboliques. En janvier, il a réalisé cette performance artistique devant les locaux de « Charlie Hebdo » et face au Bataclan.

Il observe, attend. Un livreur décharge son camion. Des habitants promènent leur chien, des admirateurs de Charlie déposent des fleurs… Puis, hors de tout regard, il se déshabille et… commence à faire des pompes. Ce 20 janvier, le froid était pourtant perçant à Paris. Mais il n’a pas empêché l’artiste chinois Ou Zhihang de se livrer à cette performance, tout près des anciens locaux du journal satirique, rue Nicolas-Appert, à Paris. Comme un hommage aux onze personnes abattues par les frères Kouachi un an auparavant.

L'artiste chinois Ou Zihang devant les locaux de "Charlie Hebdo", à Paris, le 20 janvier.

Ancien présentateur de télévision, Ou Zhihang est célèbre en Chine pour les autoportraits qu’il réalise de lui, nu, en train de faire des pompes, devant des lieux emblématiques ou associés à un scandale. Une façon de se recueillir mais aussi de demander que la vérité

soit faite.

“La place Tiananmen aurait certainement mérité que j’y réalise ma performance, mais le faire signifierait l’enterrement immédiat de mon projet.”

Débutée en 1999, cette série, intitulée « Faire des pompes », n’a été connue du grand public qu’en 2007. A la veille des JO de Pékin, l’artiste participe à une exposition collective, présentant notamment des œuvres d’Ai Weiwei, qui déclenche une polémique nationale. Dès lors, « Faire des pompes » devient, sur les réseaux sociaux chinois, le symbole de la recherche de la vérité. Quand un scandale explose, les internautes pressent même Ou Zhihang de se rendre sur les lieux.

Ses œuvres sont régulièrement exposées dans de grandes galeries, comme celles de l’Espace 798 à Pékin. Cette série lui vaut pourtant de nombreux heurts avec les autorités chinoises. Ainsi, le 17 octobre dernier, la venue d’Ou ­Zhihang à Bijie, une municipalité reculée du Guizhou, province pauvre du sud-ouest du pays, a fortement déplu aux autorités. Réalisant sa performance pour dénoncer plusieurs scandales, notamment liés à des suicides d’enfants délaissés par leurs parents travailleurs migrants, Ou a dû supprimer ses photos sous les yeux des cadres locaux puis a été interrogé par la police pendant deux heures avant de se faire éjecter de la province.

Plus de 700 performances

Ou Zhihang n’est pourtant pas une tête brûlée. Il refuse par exemple de s’attaquer aux lieux les plus sensibles : « La place Tiananmen aurait certainement mérité que j’y réalise ma performance, admet-il. Mais le faire signifierait l’enterrement immédiat de mon projet. »

Il se contente d’être réactif. Ainsi s’est-il livré à ses célèbres pompes à Tianjin, en août dernier, sept jours après l’explosion meurtrière d’un entrepôt chimique à l’origine du décès de 173 personnes, selon les chiffres officiels. A peine deux semaines après sa visite, malgré les risques sanitaires, les lieux furent recouverts de pelouse. Sur Weibo (le Twitter chinois), l’artiste diffuse sa photo et lance : « Il ne faut pas dissimuler la vérité, sous prétexte d’améliorer la vie locale. »

La performance artistique d’Ou Zhihang devant le Bataclan

Ou Zhihang est lui-même surpris de la longévité de son projet en Chine où la censure se fait de plus en plus pesante. Il comptabilise près de 700 performances à ce jour. La dernière en date est celle qu’il a réalisée juste après son hommage aux victimes de Charlie Hebdo, lorsqu’il s’est rendu au Bataclan. « Normalement, il aurait dû y avoir des policiers, des vigiles, des caméras devant un lieu si sensible. D’autant plus, dans un pays en état d’urgence, remarque-t-il. Finalement, il n’y a eu ni contrôle ni contrainte. Cela m’a laissé perplexe. » Pas exactement ce à quoi il est habitué en Chine.

Par Zhulin Zhang

Le Monde | 03.02.2016 à 10h43 • Mis à jour le03.02.2016 à 18h48

Par Julien Guintard


Au gré de l’actualité, certains mots s’invitent à la “une”. “M” vous propose une plongée dans les archives du “Monde” pour retrouver leur première utilisation.

 

Dans son édition du 21 février 1979, Le Monde s’intéresse à la spéculation sur le marché des produits pétroliers. Où l’on découvre une nouvelle profession. « A Rotterdam, les prix flambent sous la pression spéculative de négociants ou de courtiers. A 320 dollars la tonne, par exemple, le supercarburant est trois fois plus cher que lors de la flambée de 1973. (…) Ces “traders” et jobers(…) font des achats de couverture à des prix aberrants ; des cargaisons stockées dans un but spéculatif changent ainsi plusieurs fois de main – sur le papier – avec un gain substantiel à chaque échange. » Une semaine plus tard, le journal reçoit une mise au point de M. Spuller, de la société Fretoil, « courtiers en pétrole depuis quarante-trois ans » : « Il y a une grande différence entre le négociant (trader), qui prend des positions spéculatives – et qui peut, en effet, tirer avantage d’une situation donnée – et le courtier, qui est rémunéré par une commission basée sur la quantité et qui ne peut, de ce fait, suivre les prix à son avantage, à la hausse comme à la baisse. » De grâce, ne mélangeons pas les torchons et les serviettes. Pas plus que le fioul lourd et l’essence légère.

Lire aussi, La première fois que “Le Monde” a écrit : “Ebola”

Chaque semaine, “M” vous sert sur un plateau une série de petites infos qui ont souvent tout autant de sens que les grandes.

Le podium


1 – Emirats Arabes Unis 2 – Qatar 3 – Koweït

 Il s’agirait des trois pays ayant la plus grande proportion d’immigrés sur leur sol, respectivement 88,4 %, 75,51 % et 73,64 % de la population, selon les statistiques 2015 de l’ONU analysées par The Telegraph. Cette proportion serait, en France, de 12,09 %.

Aux mots près


Ces derniers temps, il a été beaucoup de diesel. Que signifie-t-il vraiment ? Ses voisins de dictionnaires en disent presque autant que sa définition.

Dièse : signe d’altération ou d’accident qui élève d’un demi-ton chromatique la note devant laquelle il est placé.

Diesel : moteur à combustion interne dans lequel l’allumage est obtenu par compression.

Dies Irae : chant de la messe des morts, dans le rite catholique romain.

Un nombre, trois possibilités : 181


 1 – C’est, en milliards de dollars, le montant global des accords négociés par les banques, les courtiers et les organismes de crédits américains pour fairecesser les poursuites liées à la crise des subprimes de 2008. (source : Jeff Nielsen, du cabinet de litiges Navigant cité par The Wall Street Journal).

 2 – C’est, en milliers, le nombre de copies de Blackstar, le dernier album de David Bowie, écoulées aux Etats-Unis entre le 8 et le 14 janvier. Le meilleur démarrage jamais enregistré par la star britannique disparue le 10 janvier, à l’âge de 69 ans.

 3 – C’est le nombre de convives ayant participé, dimanche 10 janvier, au repas des aînés de Saint-Denis-de-Pile (Gironde) organisé par le Centre communal d’action sociale. Seul critère pour s’attabler : avoir plus de 70 ans.